OUVERTURE DU COLLOQUE
ORGANISE PAR LE SENAT FRANCAIS ET L'OCDE SUR LE THEME :
"RENFORCER LE
CONTROLE DU PARLEMENT SUR L'EXECUTIF : L'EVOLUTION DU ROLE DU PARLEMENT
DANS LE PROCESSUS
BUDGETAIRE"
(mercredi 24 janvier
2001, au Sénat)
Mesdames,
Mesdemoiselles, Messieurs,
Permettez moi tout d'abord de vous adresser à tous, mes voeux de plus
cordiale
bienvenue au Sénat de la République française que j'ai l'honneur de
présider. Je
sais que certains d'entre vous ont fait un long voyage pour être ici parmi
nous
aujourd'hui et je leur adresse, tout spécialement, mes voeux de bon
séjour dans
notre pays.
Je suis particulièrement heureux de vous accueillir ici aujourd'hui et ce
pour trois
raisons au moins.
En premier lieu, cette réunion est co-organisée par le Sénat
français et
l'Organisation pour la coopération et le développement économique
qui a
davantage pour habitude de travailler avec les Exécutifs nationaux. Je me
réjouis donc
que la réunion d'aujourd'hui soit la première d'une longue série associant
les
représentants des Parlements de l'OCDE et je félicite mon collègue
et ami Alain
Lambert d'en avoir pris l'initiative.
En second lieu, je suis particulièrement satisfait que cette réunion
sur le
thème du contrôle budgétaire ait lieu au Sénat, c'est à dire dans
une chambre
haute. En effet, il eût été légitime de penser, s'agissant du processus
budgétaire, que ce colloque soit organisé par une des chambres basses de
l'OCDE,
lesquelles ont, en matière budgétaire, une prééminence naturelle liée au
consentement
à l'impôt.
Or, je vois dans le fait que cette réunion a lieu au Sénat, un symbole
intéressant.
Je considère en effet, qu'en cette matière, les chambres hautes ont
un rôle
particulier à jouer, du moins pour ce qui est des régimes
parlementaires. En
effet, dans de tels régimes les chambres basses ont pour mission première
de soutenir
leur gouvernement. Sans qu'il y ait soumission des unes aux autres, il est
en tout cas
nécessaire que s'établisse, en permanence, une étroite harmonie de pensée
entre le
gouvernement en place et la majorité des députés qui le soutiennent. C'est
de cette
harmonie que dépend le bon fonctionnement d'un régime parlementaire. Mais
dans ces
conditions le contrôle parlementaire, et le contrôle budgétaire en
particulier, sont
toujours des exercices difficiles, car peut-on vraiment bien contrôler
quelqu'un que
l'on soutient ?
Je dis cela sans esprit de polémique car cette contradiction, inhérente au
fonctionnement du régime parlementaire, est valable quelque soit la couleur
politique du
gouvernement en place.
C'est pourquoi je considère que les chambres hautes ont un rôle spécifique
à jouer en
matière de contrôle budgétaire, distinct de celui des chambres basses, mais
distinct
également des autorités de contrôle extérieures au Parlement, telles que
par exemple
les Cours des comptes. Le contrôle budgétaire, tel que je le conçois est
moins un
contrôle de la régularité budgétaire qu'un contrôle de
l'opportunité
budgétaire, c'est à dire une vérification de l'adéquation des moyens
budgétaires
aux besoins de l'action de l'Etat. Pour toutes ces raisons, j'ai souhaité,
lors de mon
élection à la présidence du Sénat, faire du contrôle la seconde nature
du
Sénat français. Je pense avoir été entendu par les deux présidents des
commissions
disposant de pouvoirs spéciaux en la matière, qu'il s'agisse aussi bien de
la commission
des affaires sociales, que de celle des finances et je tiens à saluer ici
le travail
effectué, loin des feux médiatiques, par Alain Lambert.
Enfin, je me réjouis que cette première réunion ait lieu au Sénat français,
car comme
vous le savez peut-être le Parlement français est en train de travailler à
une réforme
de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959 qui est en quelque sorte notre
" Constitution
financière ". Cette constitution, très restrictive à l'égard
des droits
budgétaires des parlementaires, méritait en effet d'être modifiée. La
situation en
France a considérablement changé depuis 1958, et loin des débordements
démagogiques de
la IVème République, l'expérience la plus récente des pays de
l'OCDE montre
que les pays où les droits budgétaires des parlementaires sont les plus
faibles ne
sont pas nécessairement ceux dans lesquels les finances publiques sont les
mieux
gérées.
C'est pourquoi une proposition de loi a été déposée à l'Assemblée nationale
par le
rapporteur général du budget, M. Didier Migaud. Elle sera examinée
dans les
jours qui viennent par une commission spéciale présidée par le Président de
l'Assemblée nationale, M. Raymond Forni. Alain Lambert et
moi-même sommes
impliqués directement dans ce processus qui devrait déboucher, je l'espère,
sur une
réforme significative d'ici à la fin de l'année. Sachez donc que ce que
vous direz ici
aujourd'hui inspirera directement la réflexion des parlementaires français
et des
sénateurs en particuliers.
Je vous remercie de votre attention et vous souhaite de très fructueux
débats.