OUVERTURE DES ETATS GENERAUX DES ELUS LOCAUX DE LA REGION BRETAGNE
(vendredi 7
décembre 2001, à Rennes)
Monsieur
le Président du conseil régional de Bretagne, Cher Josselin de
Rohan
Monsieur le Ministre, Monsieur le député-maire de Rennes, Cher
Edmond Hervé,
Messieurs les Présidents de conseils généraux,
Mesdames et Messieurs les parlementaires et chers collègues,
Monsieur le Préfet de région,
Mesdames et Messieurs les élus locaux et chers collègues,
D'emblée, vous me permettrez de vous rendre hommage, à vous chers
collègues élus locaux qui, il y a bientôt deux ans,
avez eu à subir puis à lutter contre la souillure
provoquée par le naufrage de l'Erika.
Oui, Mesdames et Messieurs les Maires, oui Mesdames et Messieurs
les Conseillers Généraux et Conseillers Régionaux, la
France entière fut meurtrie par cette terrible épreuve dont nous
pensions tous, depuis l'Amoco Cadiz, qu'elle était révolue !
Très clairement, je le dis, en lieu et place de ceux qui, venant sur les
plages, en pleine marée noire, n'avaient pas su trouver les mots pour
vous le dire : la France a eu mal à sa Bretagne, à sa
Loire-Atlantique, à sa Vendée et à sa
Charente-Maritime !
C'est votre mobilisation, celle des élus de proximité, qui a
été déterminante pour donner du courage à vos
administrés et les mobiliser pour mener un combat salvateur pour vos
côtes.
Vous l'avez compris, je ne suis pas de ceux qui viendront vous demander de
relativiser cette catastrophe : je suis au contraire de ceux qui disent
« plus jamais ça » et, surtout, de ceux qui
disent que nous devrions enfin nous donner les moyens d'éviter le pire.
Nous y reviendrons dans le courant de la matinée.
Permettez-moi, maintenant, de vous remercier vous, les élus locaux, de
la région Bretagne :
- merci, pour votre participation active à la
préparation de ses Etats généraux des élus locaux
puisque plus de 40 % d'entre vous ont répondu à la
consultation que nous avons engagée auprès de vous ; cette
participation est d'autant plus méritoire que répondre à
un questionnaire de dix pages n'était pas une sinécure.
Mais peut-on résumer le thème de « la
décentralisation au service de l'environnement » en deux ou
trois questions ?
- merci, également de votre présence nombreuse, ce
matin, car je sais que nombre d'entre vous , élus des Côtes
d'Armor, du Finistère, d'Ille-et-Vilaine et du Morbihan, ont
dû parfois faire un long chemin pour nous rejoindre, ici, au
« Triangle » à Rennes.
*
* *
A
l'orée de ces Etats généraux, je tenais, à rappeler
que le Sénat, assemblée parlementaire à part
entière, qui bénéficie en outre d'un « bonus
constitutionnel » de représentant des collectivités
territoriales de la République est, plus que jamais, animé par sa
volonté d'être au contact de ceux qui font vivre leur
territoire -au singulier comme au pluriel-
c'est-à-dire vous, les élus locaux de toutes sensibilités
politiques.
Réforme bénéfique, la décentralisation a
permis, en effet, une éclosion des initiatives locales, un
rapprochement entre l'élu et le citoyen et une
amélioration de l'efficacité de l'action publique.
Plus que jamais, la démocratie de proximité
répond au besoin des Français, amplifié par la
mondialisation, d'enracinement dans un terroir et une communauté.
Plus que jamais, c'est aux élus locaux que revient la noble et
exaltante charge de présider aux destinées des territoires qu'ils
administrent.
Pourtant, la décentralisation, qui fait désormais partie de notre
patrimoine républicain, s'apparente à un processus
inachevé, au « milieu du
gué », et même fragilisé par les
tentations recentralisatrices.
Tel est le contexte dans lequel s'inscrivent les Etats
généraux des élus locaux que je tiens dans les
régions françaises.
Ce tour de France ne constitue pas une croisade politique, au sens
politicien du terme : il s'agit, à l'inverse, d'une
démarche réfléchie, institutionnelle et
consensuelle qui s'inscrit dans la vocation constitutionnelle du
Sénat, toutes tendances politiques confondues.
Ces Etats généraux sont, en effet, destinés à
prendre le pouls des élus locaux, à
recueillir leurs préoccupations et à envisager
ensemble les voies et moyens d'une relance de la
décentralisation, cette réforme positive.
Car les Etats généraux, loin d'être des grand'messes
républicaines sans lendemain, sont des ateliers de
réflexion au service de l'action politique, au sens noble du
terme.
Ils ont vocation à déboucher sur des réponses
concrètes. C'est ainsi que, pour n'en retenir qu'un seul exemple,
les Etats généraux de Lille, en septembre 1999, sont à
l'origine de la loi Fauchon, d'initiative sénatoriale, qui
délimite la responsabilité pénale des élus locaux
pour les délits non intentionnels.
Pour ces Etats généraux des élus locaux de la
région Bretagne, -les huitièmes du genre après
l'Alsace, le Nord-Pas-de-Calais, la Basse-Normandie, l'Aquitaine, l'Auvergne,
le Centre et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur-, nous avons
décidé de travailler, en accord avec M. Edmond Hervé
et l'ensemble de vos sénateurs, que je remercie de leur précieux
concours, sur le thème très dense de « La
décentralisation au service de l'environnement »
La décentralisation est, en effet, véritablement
« au service de l'environnement », au point
d'affirmer que les élus locaux sont, « sans
doute », les « premiers écologistes de
France ».
Force est de constater qu'il n'y aurait pas, en France, de véritable
politique de l'environnement sans les collectivités locales qui
assument, maintenant, près de 80 % du total des dépenses
publiques de protection de la nature et de l'environnement, soit
aujourd'hui plus de 170 milliards de francs par an.
Voilà qui me paraît nous donner, à nous élus locaux,
«voix au chapitre ».
Serait-ce céder à une mode que de vouloir parler
spécialement d'environnement ? Sincèrement, et malgré
la multiplication des candidatures à l'élection
présidentielle se réclamant à un titre ou à un
autre de l'écologie, je ne le crois pas. Quoiqu'il en soit, et je vous
rassure tout de suite : en décidant de venir débattre
aujourd'hui avec vous d'environnement, ce n'est pas pour annoncer ma propre
candidature !
Plus sérieusement, il m'est apparu, ainsi qu'à l'ensemble de vos
sénateurs, indispensable d'engager avec vous, gestionnaires de
proximité, une réflexion et un dialogue puisque, alors même
que c'est vous qui faites vivre l'écologie au quotidien, vous
apparaissez bien souvent comme les « caissiers
passifs » et les « trésoriers
contraints » de politiques sur lesquels vous n'avez pas d'emprise
ou de prise.
Alors, dans l'absolu, il nous aurait fallu -c'est une boutade- au mois trois
jours de débat continu pour « passer tout en
revue ». Aussi avons-nous fait le choix de concentrer notre
réflexion autour de deux grands axes.
Il s'agit pour nous, en premier lieu, de porter un regard à la
fois sur la politique des déchets ménagers au regard de
l'échéance du 1er juillet 2002 ainsi que sur la
prévention des risques naturels ou industriels.
En second lieu, nous aborderons, à l'heure où le
Gouvernement s'apprête à soumettre au Parlement, en cette toute
fin de législature, un important projet de loi sur l'eau, la gestion
décentralisée de l'eau qui caractérise notre pays depuis
1964.
Mesdames et Messieurs les élus, je laisse maintenant la parole
à M. Franck Guérin, journaliste au Bulletin Quotidien, qui
va avoir la noble et lourde tâche d'animer nos débats et de vous
permettre une très large expression. Je vous remercie.