PRESENTATION DES
VOEUX A LA PRESSE
(mercredi 17 janvier
2001, au Sénat)
Chers amis,
Je suis
particulièrement heureux de vous accueillir aujourd'hui dans les Salons de
la Présidence
du Sénat pour vous présenter mes voeux très amicaux à l'orée de ce troisième
millénaire.
Il ne faut pas être grand clerc, Chers Amis, pour affirmer que ce XXIème
siècle sera
celui de la mondialisation, processus irréversible qui suscite chez nos
concitoyens bien
des appréhensions : peur de l'uniformité, hantise de l'instabilité, en
particulier
économique, obsession de l'inégalité ...
Les femmes et les hommes politiques de ce pays doivent préparer la France à
cet
inéluctable choc du futur, avant qu'il ne soit trop tard !
Premier préalable, à mon sens, pour relever ce formidable défi : s'atteler
à bâtir
une véritable société de confiance. Il faut pour cela replacer l'individu -
et non pas
l'Etat - au coeur du projet politique.
Dans cette bataille, la reconstruction de l'école républicaine est une
impérieuse
nécessité car, faut-il le rappeler, l'ascenseur social est singulièrement
en panne
depuis de longues années.
L'école doit enfin avoir pour objectif majeur de donner à tous nos enfants
un bagage
commun solide, afin de pouvoir acquérir ultérieurement des connaissances
spécialisées.
Construire une société de confiance, c'est aussi promouvoir l'esprit
d'entreprise. J'ai
personnellement multiplié les actions en ce sens depuis mon élection à la
Présidence
du Sénat.
Cette véritable révolution culturelle ne se fera pas sans la maîtrise des
dépenses
publiques et la réduction des prélèvements obligatoires, toutes choses que
les
excédents de la croissance auraient dû permettre.
Il faut aussi et surtout s'attaquer à la réforme de l'Etat. Celui-ci doit
se recentrer
sur ses missions régaliennes, au premier rang desquelles figure la sécurité
des
personnes et des biens, sécurité sans laquelle, on ne le redira jamais
assez, il n'y a
pas de liberté, ni de vraie justice sociale, puisque, hélas, la délinquance
et la
violence frappent d'abord les plus démunis.
Nous ne viendrons pas à bout de ce fléau sans impliquer les exécutifs
locaux dans la
définition et la mise en oeuvre des politiques de sécurité. Encore cette
exigence
doit-elle s'accompagner, de mon point de vue, d'une sanction systématique
des premières
infractions commises par les jeunes délinquants.
Mais préparer la France aux inéluctables conséquences de la mondialisation
suppose
également d'approfondir notre démocratie. Car notre démocratie est à bien
des égards
inachevée et je doute que les observateurs avertis de la vie politique que
vous êtes,
puissent contredire cet état de fait.
L'approfondissement de notre démocratie passe par une revalorisation du
rôle du
Parlement, un Parlement bicaméral, bien sûr, un Parlement qui ait les
moyens de
contrôler efficacement l'action du Gouvernement et des administrations.
Réinventer la démocratie, c'est aussi réinventer le débat politique au sens
noble du
terme. A cet égard, je me félicite que Public-Sénat se soit affirmée, en
seulement
neuf mois, comme une chaîne crédible et une source d'information pour tous.
Mes déplacements hebdomadaires, pour ne pas dire quotidiens, sur le terrain
m'ont
conforté dans l'idée que le Sénat, représentant constitutionnel des
collectivités
locales, et aussi - fait moins connu - des Français établis hors de
France, est un
élément moteur dans la vitalité de notre démocratie.
Parce qu'elle dispose de la stabilité et de la sérénité, l'assemblée que je
préside
est sans doute la mieux à même de résister aux pressions de nature
"politicienne" et aussi - pardonnez-moi, chers amis -
"médiatique".
Il n'y aura pas non plus de rénovation de notre démocratie sans un véritable
accroissement des responsabilités locales. Cette "République
territoriale",
que je n'ai cessé d'appeler de mes voeux depuis mon élection à la
Présidence du
Sénat, est du reste le meilleur antidote face aux excès de la
mondialisation.
Sans pour autant remettre en cause le caractère unitaire de notre Etat, il
me semble
aujourd'hui indispensable - c'est le Président du Sénat qui vous parle -
d'instiller une
dose de "girondisme".
Il ne s'agit pas, soyons clair, de conférer à une seule collectivité
métropolitaine le
monopole de la singularité, mais plutôt d'accorder de nouvelles compétences
à
l'ensemble des régions métropolitaines en ouvrant, pour certaines d'entre
elles, le
droit à l'expérimentation.
Cette avancée doit s'accompagner d'une stabilisation des relations
financières entre
l'Etat et les collectivités locales.
Je me félicite, à cet égard, que l'action du Sénat et mon engagement
personnel au
service de la décentralisation, notamment au travers de l'organisation
oecuménique des
Etats généraux des élus locaux dans chaque région de France, ait contribué
à ce que
le Gouvernement prenne enfin conscience du bien fondé de la
décentralisation.
L'adoption de la proposition de loi du Sénateur Fauchon sur les délits non
intentionnels
en est l'illustration. J'espère que le Gouvernement se montrera également
ouvert sur la
proposition de loi de notre collègue Vasselle, qui sera discutée demain et
dont
l'objectif est de donner enfin un statut digne de ce nom aux élus locaux.
Mais la France ne pourra pas affronter le choc du futur si elle ne
participe pas
également activement à la construction d'une Europe plus intégrée.
Dans cette perspective, je reste convaincu que le couple franco-allemand
demeure un atout
décisif, qu'il s'agisse en particulier de la défense européenne, du
pilotage politique
de l'Euro ou encore de l'élargissement de l'Europe.
L'Europe doit être plus intégrée. Elle doit être aussi plus proche des
citoyens. La
création d'une seconde chambre représentant les nations, aux côtés de
l'actuelle
assemblée qui représente le peuple européen, serait un gage supplémentaire
d'efficacité.
Ce Sénat européen, auquel je réfléchis beaucoup avec les autres sénats
européens que
j'ai réunis dans une association depuis novembre 2000, pourrait
veiller en
particulier à la stricte application du principe de subsidiarité.
Voilà, chers amis, les quelques pistes de réflexion que je voulais tracer
avec vous en
ce début de troisième millénaire.
Je vous remercie encore d'être venus si nombreux et je vous renouvelle mes
voeux amicaux
de bonne et heureuse année pour vous-mêmes et tous ceux qui vous sont
chers.