Logo : Sénat français

Direction de la séance

Projet de loi

Projet de loi de finances pour 2026

(1ère lecture)

PREMIÈRE PARTIE

(n° 138 , 143, 144)

N° I-908

24 novembre 2025


En attente de recevabilité financière

 

AMENDEMENT

présenté par

C
G  

M. FARGEOT


ARTICLE ADDITIONNEL AVANT ARTICLE 31


Avant l’article 31

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Lorsqu’une disposition législative ou réglementaire décidée par l’État modifie l’assiette, le taux, les exonérations, l’abattement, l’exigibilité ou les modalités de recouvrement d’une imposition locale, l’État assure aux collectivités territoriales concernées une compensation financière intégrale et pérenne garantissant la neutralité de la réforme.

II. – Toute évolution des modalités de cette compensation fait l’objet d’une évaluation préalable et d’une information détaillée du Parlement, incluant une analyse de son impact sur l’autonomie financière des collectivités, précisant ainsi ses conséquences.

Objet

Les relations financières entre l’État et les collectivités territoriales ne peuvent reposer durablement sur des engagements non tenus et des mécanismes de compensation instables. Depuis plusieurs années, chaque réforme nationale modifiant les impositions locales s’accompagne d’un engagement de compensation intégrale, avant de donner lieu, les années suivantes, à des “ajustements”, “maîtrises de la dynamique”, rebasages ou plafonnements qui reviennent, dans les faits, à réduire les ressources locales.

Cette pratique fragilise la confiance entre l’État et les collectivités, et porte atteinte à la loyauté financière qui devrait présider à toute réforme fiscale nationale. Elle déstabilise également le pilotage budgétaire local, alors que les collectivités assument des responsabilités croissantes, investissent massivement dans l’action publique de proximité et contribuent directement aux priorités nationales, qu’il s’agisse de réindustrialisation, de transition énergétique, de sécurité, de logement ou d’infrastructures.

L’article 72-2 de la Constitution garantit pourtant qu’aucune charge nouvelle résultant d’un transfert décidé par l’État ne peut être supportée par les collectivités sans compensation. Ce principe de neutralité financière suppose que les engagements pris soient tenus dans la durée, et non soumis à des révisions unilatérales ou à des ajustements indirects opérés via les prélèvements sur recettes.

Le présent amendement vise à réaffirmer ce principe de manière claire :

_ en posant l’obligation d’une compensation intégrale et pérenne pour toute réforme nationale affectant l’assiette, les taux, les exonérations ou le recouvrement des impositions locales ;

_ en exigeant qu’aucune modification de cette compensation ne puisse intervenir sans évaluation préalable et information détaillée du Parlement sur ses conséquences ;

_ en réaffirmant la nécessité de relations financières stables, lisibles et loyales entre l’État et les collectivités.

Il s’agit d’un engagement moral fort, destiné à empêcher la répétition de pratiques qui affaiblissent l’autonomie financière des territoires, brouillent les trajectoires budgétaires et fragilisent la capacité des collectivités à investir au service de leurs habitants ;