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Direction de la séance |
Projet de loi Projet de loi de finances pour 2026 (1ère lecture) SECONDE PARTIE MISSION COHÉSION DES TERRITOIRES (n° 138 , 139 , 140, 142, 143) |
N° II-814 rect. 4 décembre 2025 |
AMENDEMENTprésenté par |
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MM. ROUX, BILHAC, CABANEL, FIALAIRE, GOLD, GROSVALET, GUIOL, LAOUEDJ et MASSET et Mme PANTEL Article 49 (crédits de la mission) (État B) |
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Modifier ainsi les crédits des programmes :
(en euros)
Programmes | Autorisations d’engagement | Crédits de paiement | ||
| + | - | + | - |
Hébergement, parcours vers le logement et insertion des personnes vulnérables |
| 200 000 000 |
| 200 000 000 |
Aide à l’accès au logement |
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Urbanisme, territoires et amélioration de l’habitat | 200 000 000 |
| 200 000 000 |
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Impulsion et coordination de la politique d’aménagement du territoire dont titre 2 |
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Politique de la ville dont titre 2 |
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Interventions territoriales de l’État |
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TOTAL | 200 000 000 | 200 000 000 | 200 000 000 | 200 000 000 |
SOLDE | 0 | 0 | ||
Objet
Amendement de repli.
En 2025, la dotation versée à l’Anah pour la rénovation énergétique des logements privés (MaPrimeRénov’) et l’adaptation des logements au vieillissement (MaPrimeAdapt’) avait subi une coupe budgétaire conséquente, portant son enveloppe totale de 4 milliards à environ 2,3 milliards d’euros.
Pour 2026, la dotation versée par le programme 135 à l’Anah est encore moins importante qu’en 2025 (passant de 2 265 M€ en AE et 2 035 M€ en CP en 2025, à respectivement 1 506 M€ et 1 535 M€ en 2026). Cette réduction prévue pour l’année 2026 est permise par deux évolutions notables. D’une part, il est prévu en 2026 une mobilisation importante de la trésorerie de l’Anah quand bien même il a été constaté une chute visible de sa trésorerie au cours de l’exercice 2024 en lien avec la forte sollicitation de l’Agence. D’autre part, la baisse des crédits budgétaires est compensée par l’intégration au budget de l’Anah de sommes issues des certificats d’économie d’énergie (CEE). Cette ressource, qui représentait 10 % du budget en 2025, s’élèverait à 34 % en 2026. Il s’agirait, en montant brut, d’un passage d’environ 300 millions d'euros de CEE captés en 2025 par l’Anah à un montant proche de 900 millions d'euros prévu pour 2026.
Pourtant, l’Anah a indiqué qu’il pourrait manquer, en 2026, environ 200 millions d'euros de recettes pour que le stock de dossiers restant puisse être traité tout en atteignant les objectifs de rénovation fixés pour 2026. Le risque d’une fermeture temporaire du guichet ou d’un ralentissement des décaissements pour les nouveaux dossiers demeure donc pour l’exercice à venir, après celle déjà survenue entre le 23 juin et le 30 septembre 2025. Si le gouvernement avait invoqué le risque de fraude trop important, pour la Fondation du logement, il s’agissait surtout d’une mesure de restriction budgétaire : « l’insuffisance des budgets a amené l’Anah à prioriser les ménages très modestes pour la rénovation performante » ainsi que le recentrage des rénovations dites « monogestes » pour les seuls travaux d’isolation des combles et des sols et pour la mise en place de poêles à bois et à granulés.
Par ailleurs, le désengagement progressif de l’État dans le présent programme par ce recours accru au CEE intervient au moment où la rénovation énergétique décroche, comme le souligne une récente analyse provisoire du secrétariat général à la planification écologique. Les émissions du secteur du bâtiment ont ainsi légèrement augmenté au premier semestre 2025, alors qu’elles devaient chuter de 7,1 % selon le rythme annuel moyen prévu par le projet de SNBC à l’horizon 2030.
Rappelons également que si, dans un contexte très contraint pour les finances publiques, le Gouvernement mise sur le dispositif dit « extra-budgétaire » des CEE pour garder le cap de la transition écologique et financer plus d'aides dans la rénovation énergétique des logements, ce dispositif des CEE n'est pas sans conséquence sur le consommateur puisque les primes générées sont répercutées en partie dans les factures d'énergie. Le coût de la rénovation énergétique n'est ainsi plus supportée par le contribuable, mais par le consommateur. Une évolution qui ne peut être neutre socialement étant donné que le coût de l'énergie représente une part plus importante du budget des plus modestes.
Un rapport de la Cour des Comptes de 2024 dénonce par ailleurs le dispositif, le considérant de plus en plus complexe, surestimant les économies d’énergie réalisées, et dont la lutte contre les fraudes est défaillante.
Enfin, cette débudgétisation de la rénovation énergétique réduit le contrôle parlementaire et le périmètre de l'action publique quant au soutien à la rénovation énergétique.
C’est pourquoi, cet amendement propose de diminuer la baisse des crédits alloués à l’Anah pour la rénovation énergétique des logements privés dans le cadre de MaPrimeRénov’et abonde le programme du montant réclamé par l'Anah afin que le stock de dossiers restant puisse être traité tout en atteignant les objectifs de rénovation fixés pour 2026.
En conséquence, et pour respecter les règles de recevabilité financière, cet amendement opère un transfert d’un montant de 200 millions d’euros en AE et en CP du programme 177 « Hébergement, parcours vers le logement et insertion des personnes vulnérables » vers l’action 04 « Réglementation, politique technique et qualité de la construction » du programme 135 « Urbanisme, territoires et amélioration de l’habitat ».
Néanmoins, l’intention de cet amendement n’étant pas de réduire les moyens affectés à ce programme, son auteur appelle le Gouvernement à lever le gage.