|
commission des affaires sociales |
Projet de loi Projet de loi relatif à la lutte contre les fraudes sociales et fiscales (1ère lecture) (n° 24 ) |
N° COM-80 3 novembre 2025 |
AMENDEMENTprésenté par |
|
||||
|
Mmes PONCET MONGE et SOUYRIS ARTICLE 27 |
|||||
Supprimer cet article.
Objet
Selon le dernier rapport du Haut conseil du financement de la protection sociale (HCFPS) en 2024, la fraude sociale serait évaluée à près de 13 milliards d’euros par an. Cette somme, tout à fait importante, est néanmoins à décomposer afin d’en saisir réellement les composantes.
Ainsi, contrairement à ce que laissent accroire certaines prises de position au sein du débat public, cette fraude reste majoritairement patronale : selon le HCFiPS, la fraude aux cotisations patronales représente 56 % de la fraude totale pour un montant de 7,25 milliards de fraudes aux URSSAF et à la MSA et 10 % de la fraude aux prestations reste le fait des professionnels de santé.
Quant à la fraude relative aux prestations de la CNAF à 3,87 milliards d’euros, à la CNAM à 1,71 milliards d’euros (essentiellement des professionnels de santé) et à la CNAV à 0,04 milliards d’euros.
Pour la fraude aux prestations de la CNAF, les deux principaux postes de fraude soit le RSA et la PA ; or les erreurs déclaratives vont être fortement réduites par la généralisation depuis le 1er mars 2025 du dispositif de solidarité à la source.
Enfin, quant à la fraude à France Travail, elle représente 0,11 milliard. Pourtant, ce sont les fraudes des assurés qui occupent le débat public.
Le débat est en grande partie idéologique, et non basé sur les faits.
Déjà, les demandeurs d’emploi sont sans cesse sommés de justifier leur situation, sous peine de radiations, lesquelles, pour des raisons économiques, sont de plus en plus fréquentes. Au premier trimestre 2023, Pôle Emploi enregistrait 53 000 radiations, tandis que le Médiateur de Pôle Emploi, dans son rapport de 2022, constatait « que ces sanctions deviennent de plus en plus sévères, avec un usage fréquent des radiations de six mois et surtout, des suppressions définitives du revenu de remplacement. (…) au regard des circonstances, certaines de ces sanctions semblent véritablement disproportionnées, tant dans leur gravité que dans leurs conséquences. ».
L’article 27 ouvre ainsi à France Travail la possibilité d’émettre des saisies administratives à tiers détenteur et lui permet de retenir la totalité des versements à venir d’allocations d’assurance-chômage en cas d’indus engendrés par manquement délibéré ou manœuvres frauduleuses.
L’avis du Conseil d’État est négatif au sujet de cette mesure : « Le Conseil d’État constate tout d’abord qu’aucun élément de l’étude d’impact ne permet d’apprécier l’importance des situations, vraisemblablement marginales, mentionnées au deuxième paragraphe du présent point et que le Gouvernement n'a pas été en mesure de lui apporter plus d’informations au cours de l’examen du projet de loi. Il souligne ensuite les difficultés d'articulation de la mesure avec la mise en œuvre des dispositifs visant à garantir un niveau de ressources minimal. Dans ces conditions et au regard des objectifs poursuivis par le projet de loi, le Conseil d’État suggère de ne pas retenir la mesure envisagée ».
Il s’agirait de légiférer pour des situations « vraisemblablement marginales » et en contredisant le principe d’une garantie d’un niveau de ressources minimal.
Pour toutes ces raisons, nous proposons de supprimer l’article 27.