(Mise à jour 10 juin 2011)
A l’issue de cette deuxième lecture, le Sénat a adopté conforme la position de l’Assemblée nationale posant à l’article 23 le principe d’interdiction de la recherche sur l'embryon humain, les cellules souches embryonnaires et les lignées de cellules souches. Des dérogations sont prévues mais strictement encadrées puisqu’il sera nécessaire d’établir expressément « qu'il est impossible de parvenir au résultat escompté par le biais d'une recherche ne recourant pas à des embryons humains, des cellules souches embryonnaires ou des lignées de cellules souches ». « Une recherche ne [pourra] être menée qu'à partir d'embryons conçus in vitro dans le cadre d'une assistance médicale à la procréation et qui ne font plus l'objet d'un projet parental (…) avec le consentement écrit préalable du couple dont les embryons sont issus ».
Le Sénat a ensuite complété l’article 6 du projet de loi en étendant les dispositions applicables aux cellules souches hématopoïétiques issues de la moelle osseuse et du sang périphérique aux « cellules mononuclées sanguines » qui servent également à la préparation de produits de thérapie cellulaire.
Le Sénat a supprimé la mention du caractère anonyme et non dirigé du prélèvement, estimant inutile cette précision, insérée dans le texte par l’Assemblée (article 7).
A l’issue de cette seconde lecture, la position du Sénat et de l’Assemblée sont proches s’agissant de l’information que doivent recevoir les femmes enceintes quant aux examens entrant dans le cadre du diagnostic prénatal - DPN - (article 9). Cette information doit être « loyale, claire et adaptée à la situation » des femmes enceintes. Il convient de noter que le terme « appropriée » retenu par l’Assemblée nationale a été remplacé par « adaptée à la situation » suite à l’adoption d’un amendement afin de « rétablir le nécessaire équilibre dans le dialogue médecin-patiente sans trop présumer de l'autonomie de la femme enceinte ».
L’article 12 bis qui prévoit que dans un délai d'un an le Gouvernement remet au Parlement un rapport sur le financement et la promotion de la recherche médicale pour le traitement des anomalies cytogénétiques a été complété par le vote d’un amendement ayant pour objet de mentionner explicitement la recherche sur la trisomie 21, affection génétique la plus répandue, pour laquelle le Sénat estime important que des fonds publics soient engagés dans la recherche en vue de sa guérison et non seulement en vue du dépistage.
Le Sénat a par ailleurs supprimé l’article 12 ter qui visait à préciser les critères de viabilité d'un enfant décédé avant que sa naissance n’ait été déclarée à l'état civil. Cet article avait été supprimé par l’Assemblée en deuxième lecture mais rétabli par la commission des affaires sociales du Sénat.
Le Sénat a également supprimé un alinéa inséré à l’article 18 bis par l’Assemblée nationale en deuxième lecture qui prévoyait que les modalités d'application du contrôle exercé par la commission nationale informatique et libertés (Cnil) sur les conditions de conservation des informations relatives aux donneurs de gamètes par les centres d'étude et de conservation des œufs et du sperme humains (Cecos) seraient fixées par décret en Conseil d'Etat. Le Sénat a estimé inutile un tel décret « puisque la loi informatique et libertés est déjà applicable » aux Cecos.
Le Sénat a adopté un amendement à l’article 19 A du projet de loi relatif au don d'ovocytes par des femmes n'ayant pas encore procréé et à l’autorisation d'absence au bénéfice des donneuses, afin de supprimer la possibilité, ouverte par un amendement voté en commission des affaires sociales, d’autoriser le don d'ovocytes dans des centres privés lucratifs. Sur les autres dispositions de l’article, le Sénat a suivi la commission en s’opposant à l’idée d’autoconservation des gamètes et en supprimant les dispositions relatives à la nécessité d'un certificat médical pour obtenir une autorisation d'absence.
L’article 19 C qui autorise la congélation ultra-rapide des ovocytes a été rétabli en deuxième lecture.
S’agissant des couples qui pourront avoir accès à l'assistance médicale à la procréation (AMP), les deux assemblées ont rapproché leur position : l’AMP sera ouverte aux couples « mariés, liés par un pacte civil de solidarité ou en mesure d'apporter la preuve d'une vie commune d'au moins deux ans ». En revanche, le Sénat n’a pas rétabli, à cet article 20, la mention des couples homosexuels qui avait été adoptée lors de la première lecture.
Concernant l’application et l’évaluation de la loi bioéthique, le Sénat a rétabli le caractère obligatoire du débat public sous forme d'états généraux avant tout projet de réforme dans le domaine de la bioéthique (article 24 ter A du projet de loi), ainsi que la clause de révision de la loi dans un délai de cinq années après son entrée en vigueur. Cette clause avait fait l'objet d'un très large consensus au Sénat en première lecture (article24 ter B). Enfin, le Sénat a rétabli l’article 24 quinquies A relatif à la déclaration des liens d'intérêts des membres du conseil d'orientation et des groupes d'experts de l'agence de la biomédecine.
Le Sénat a rétabli le titre VII destiné à créer un cadre juridique unique pour la recherche impliquant la personne humaine. L’ajout de ce titre permet d’insérer dans le projet de loi le contenu de la proposition de loi relative aux recherches sur la personne dans le texte adopté par le Sénat le 20 décembre dernier ; texte qui, en l'absence de convocation par le Gouvernement de la commission mixte paritaire, n’a pu parvenir à son terme.
Extrait du débat en séance publique du 6 avril :
« C’est un texte progressiste, humain et profondément républicain » a déclaré Jean-Pierre Godefroy, qui a voté ce texte tout comme Alain Milon, rapporteur, qui a salué la qualité des débats de la semaine : « J’ai le sentiment que nous avons réussi à marier la raison et la sagesse ».
Réunie le mercredi 30 mars 2011, la commission des affaires sociales a examiné le rapport de M. Alain Milon, rapporteur, sur le projet de loi bioéthique, adopté par l’Assemblée nationale le 15 février dernier, et établi le texte qui est examiné en première lecture en séance publique depuis le mardi 5 avril.
Lors de cette réunion, la commission des affaires sociales a apporté les modifications importantes ci-après :