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(Mise à jour 29 octobre 2011)
 

Les apports du Sénat en première lecture
 

Le Sénat a adopté jeudi 27 octobre le projet de loi relatif au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé, destiné à empêcher la réédition d'un scandale sanitaire comme celui du Mediator, en introduisant notamment la possibilité d'actions de groupe des victimes.

Les sénateurs ont adopté toutes les dispositions proposées par leur commission des Affaires sociales, sur le rapport de Bernard Cazeau (Soc, Dordogne), visant notamment à :

- renommer l'actuelle Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), très critiquée pour sa passivité dans le scandale du Mediator, par une Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm). Les sénateurs ont préféré l'appeler Agence française de sécurité des produits de santé (Afseps).
 - accroître la transparence des liens d’intérêts entre les autorités sanitaires chargées de la police du médicament et les laboratoires pharmaceutiques : les dirigeants et les experts des instances publiques devront désormais faire des déclarations publiques d’intérêts aux différents ministères et instances dont ils relèvent, déclarations qui seront centralisées par la commission de déontologie, et donc mieux contrôlées ;
- donner tout son sens aux dispositions tendant à créer un "Sunshine Act" à la française notamment en imposant la publication des rémunérations et avantages versés par les entreprises du médicament aux acteurs du système de santé, y compris aux élus et en les rendant consultables sur un site Internet unique permettant l'accès par laboratoire ou par personne physique ou morale destinataire, le défaut de déclaration étant sévèrement réprimé ;
- renforcer le contrôle citoyen sur l'Afssaps (renommée Ansm) : son conseil d’administration sera élargi aux associations de victimes d’accidents médicamenteux et de patients n’ayant pas de liens avec l’industrie ; il délibèrera sur le programme de travail de l’agence ;
- rendre plus efficace le contrôle exercé par cette agence : elle pourra demander le test des nouveaux médicaments contre d’autres médicaments et non pas simplement contre des placebos. De plus, un médicament ne sera remboursé par la sécurité sociale que s’il a fait l’objet d’essais comparatifs, ce qui devrait restreindre la diffusion des médicaments les moins efficaces ;
- réécrire l'article 9 bis qui conditionne l'inscription d'un médicament sur la liste des médicaments remboursables à la conduite d'essais comparatifs, dans le but de rendre sa rédaction plus claire, plus concise et plus cohérente avec la terminologie utilisée ;
- informer sur Internet - site public à créer sous l’égide de la HAS - du bon usage des produits de santé, afin de lutter contre leur usage détourné ;
- informer le patient du caractère remboursable ou non du médicament s’il est prescrit hors du champ de l’autorisation de mise sur le marché ;
- clarifier le régime des ATU, autorisations temporaires d’utilisation, pour que les patients puissent avoir un accès précoce aux traitements dont ils ont besoin sans risquer d’abus de la part des industriels ;
- demander à la HAS un bilan sur la sécurité des dispositifs médicaux (tous appareillages ou matériels) et des propositions de réforme.

Un amendement de la sénatrice Aline Archimbaud (Soc-EELVr, Seine-Saint-Denis) a par ailleurs introduit une procédure issue du droit anglo-saxon permettant à un groupe de personnes ayant subi un préjudice similaire « d'engager ensemble une seule procédure pour obtenir réparation » a expliqué Ronan Kerdraon (Soc-EELVr, Côtes-d’Armor), qui a défendu l’amendement en séance publique. Adopté par la majorité de gauche (CRC, SOC-EELVr), cet amendement a reçu le soutien du groupe centriste (UCR).

Enfin, un amendement du groupe communiste Républicain et citoyen a été adopté demandant au gouvernement de remettre avant le 30 juin un rapport sur la création d'un corps d'experts publics de la santé. Les sénateurs ne pouvaient pas directement voter cette création car la Constitution interdit au Parlement de voter des dépenses nouvelles sans recettes correspondantes. Le gouvernement devra également remettre avant début 2012 un rapport sur l'avenir des 18 000 visiteurs médicaux, accusés de confondre information des médecins et promotion des médicaments, et dont les effectifs ne cessent de baisser.
 

L'examen par la commission des affaires sociales :

Trente-trois articles composent ce projet de loi au lendemain de l’adoption du texte par la commission des affaires sociales, sur le rapport de Bernard Cazeau (Soc., Dordogne). Son objet est :

Les apports de l'Assemblée nationale

Parmi les compléments importants apportés par l'Assemblée au texte du gouvernement, le premier est la création d'une base publique informatique des maladies et de leurs traitements confiée à la HAS. Ce portail public répondra à une aspiration profonde de la population à une information sanitaire indépendante, de qualité et facilement accessible.

L'apport essentiel est cependant constitué par l'article 9 bis, qui conditionne l'inscription d'un médicament sur la liste des médicaments remboursables à la conduite d'essais comparatifs. Cette disposition permet, en toute conformité avec le droit communautaire, de demander enfin le plus haut niveau de preuve scientifique pour qu'un médicament soit pris en charge par la collectivité. Ce dispositif, qui devrait être étendu aux dispositifs médicaux une fois leur régime légal mieux défini, doit encore être conforté et précisé.

La commission des affaires sociales du Sénat qui juge cet article fondamental, a adopté une nouvelle rédaction, à l'initiative de son rapporteur, avec le souci de la rendre plus claire, plus concise et plus cohérente avec la terminologie utilisée