(Mise à jour 15 novembre 2011)
Le Sénat a rejeté les tableaux d’équilibre des exercices 2010 et 2011, qui affichent, du fait de la crise et de l’absence de mesures de redressement, des déficits d’un montant historique. Il s’est également opposé aux équilibres pour 2012 ; il a dénoncé le caractère irréaliste du cadrage macroéconomique présenté par le Gouvernement.
Il a souhaité proposer un budget « plus responsable, en réduisant les déficits de plus de 3,5 milliards », selon Yves Daudigny, rapporteur général. Annie David, présidente de la commission des affaires sociales, estime pour sa part, que le Sénat a « construit un texte nouveau, sans que [celui-ci] constitue un Plfss alternatif ». Pour ce faire, les sénateurs ont notamment voté :
· l’abrogation de l’article 1er de la loi TEPA qui institue des exonérations sociales et fiscales pour les heures supplémentaires ;
· la réduction des niches sociales par le relèvement du forfait social, des contributions relatives aux parachutes dorés, à l’attribution de stock-options et d’actions gratuites et aux retraites chapeau, ainsi que par un meilleur ciblage des allégements généraux de cotisations sociales ;
· la création d’une nouvelle contribution patronale lorsqu’un employeur substitue la production automatisée au recours à des salariés et une autre sur les bonus des opérateurs de marchés financiers ;
· la création d'une taxe sur les produits cosmétiques au profit de l’Afssaps.
Concernant l’assurance maladie, le Sénat a souhaité privilégier l’amélioration de l’accès aux soins :
· en refusant l’augmentation de la taxe sur les contrats d’assurance complémentaire solidaires et responsables (porté de 3,5 % à 7% en septembre dernier) ; en exonérant de la taxe les contrats couvrant les étudiants et en attribuant un label « responsable » aux contrats « gros risque » ;
· en votant le maintien du droit actuel sur le calcul des indemnités journalières et en facilitant le cumul d’une indemnité journalière et du salaire en cas de reprise du travail à temps partiel pour motif thérapeutique ;
· en supprimant le secteur optionnel, mauvaise solution à la question essentielle des dépassements d’honoraires ;
· en privilégiant un mécanisme de baisse des prix sur les médicaments plutôt que le système de ristournes sur le chiffre d’affaires, moins transparent et moins perceptible pour les assurés ; en demandant aux prescripteurs de justifier l’utilisation de la mention « non substituable » auprès du médecin conseil de l’assurance maladie ;
· en permettant la vaccination des populations les plus fragiles dans le cadre du bilan de santé ;
· en soumettant le versement des aides publiques au respect par les établissements publics et privés ainsi que les maisons de santé des tarifs opposables.
Les sénateurs ont également décidé de lutter contre le renoncement aux soins en demandant au Gouvernement de présenter, d’ici le 30 septembre 2012, un rapport sur ce sujet et les moyens d’y remédier.
S’agissant de l’assurance vieillesse, les modifications portent notamment :
· sur l’apprentissage : un rapport est demandé au Gouvernement sur les modalités de calcul de la retraite pour les périodes d'apprentissage ;
· sur les pensions de réversion : les sénateurs souhaitent une évaluation des conditions d'extension du bénéfice de la pension de réversion aux personnes liées par un pacte civil de solidarité.
Le Sénat a également amendé les dispositions relatives aux accidents de travail et maladies professionnelles :
· les règles de l’indemnisation des accidents du travail ou maladies professionnelles en cas de faute inexcusable de l’employeur sont étendues aux gens de mer ;
· il est rappelé au Gouvernement l’exigence d’agir pour améliorer la reconnaissance des maladies professionnelles.
Les dispositions relatives à la branche famille ont également été modifiées :
· le Sénat a supprimé l’article qui reportait au 1er avril (au lieu du 1er janvier) la revalorisation des prestations familiales ;
· il a autorisé la modulation du montant de l’allocation de rentrée scolaire en fonction de la filière suivie, les formations professionnelles étant plus coûteuses que les formations générales.
Enfin, sur les dispositions relatives à l’organisation, au contrôle et à la lutte contre la fraude :
· le Sénat a supprimé la contribution de 35 € pour toutes les procédures judiciaires liées à des contentieux de sécurité sociale (contribution mise en place par le collectif budgétaire de juillet 2011) ;
· le dispositif relatif au contrôle des retraités établis hors de France bénéficiant d’une pension française (justificatif d’existence) a été harmonisé ;
· les Urssaf pourront enfin, si elles le souhaitent, demander un recouvrement amiable des cotisations sociales.
Le PLFSS sera discuté en commission mixte paritaire (CMP) le 16 novembre 2011 à 9 heures, dans le but de rechercher un accord entre les deux chambres du Parlement