Le groupe interparlementaire d’amitié a reçu, à l’occasion d’un déjeuner de travail, Mme Vera el-Khoury Lacoeuilhe, diplomate libanaise et candidate à la direction générale de l’UNESCO.

Etaient présents : Mme Bariza Khiari (Paris – La République En Marche), présidente du groupe interparlementaire d’amitié, Mme Christiane Kammermann (Français établis hors de France – Les Républicains), vice-présidente, M. Jean-Pierre Vial (Savoie – Les Républicains), secrétaire, Mmes Hélène Conway-Mouret (Français établis hors de France – Socialiste et républicain) et Catherine Morin-Desailly (Seine-Martime – Union Centriste) et M. Jackie Pierre (Vosges – Les Républicains).

Travaillant depuis près de vingt ans au sein de l’organisation internationale, Mme el-Khoury Lacoeuilhe a présenté le programme qu’elle entendait mener pour la moderniser. Sa priorité va, en premier lieu, vers une dépolitisation de l’UNESCO, estimant que son action est affectée par les conflits entre certains de ses membres (conflit israélo-palestinien, tensions en Mer de Chine, Haut-Karabagh, etc.). Cette situation n’est pas sans conséquence sur l’état des finances de l’agence internationale, qui présente un déficit de 50 millions d’euros, imputable en large partie au gel de contributions nationales. Cette évolution est liée à la perte de confiance de certaines États membres dans l’UNESCO, accusée d’être partie dans certaines oppositions.

Mme el-Khoury Lacoeuilhe souhaite parallèlement moderniser l’UNESCO en l’ouvrant davantage aux nouvelles technologies. Elle juge le fonctionnement de l’institution obsolète, lent et bureaucratique. Elle insiste notamment sur la procédure budgétaire, trop longue, qui finit par paralyser la mise en œuvre des programmes. Si elle est élue directrice générale, la candidate souhaite se rapprocher du gouvernement estonien, pionnier en matière de numérisation de l’administration, pour accomplir une démarche semblable au sein de l’UNESCO.

S’agissant de l’action en tant que telle de l’UNESCO, Mme el-Khoury Lacoeuilhe privilégie deux axes : le « droit d’asile » des œuvres d’art et l’éducation.

En ce qui concerne le « droit d’asile » des œuvres, elle souhaite mettre en place un mécanisme d’alerte précoce. Elle a rappelé que l’UNESCO était la seule organisation légitime pour la mise en place d’un tel dispositif, tout en regrettant la création d’un fonds mondial de protection des œuvres d’art, financé par les pays du Golfe persique et installé à Genève, qui tend à la concurrencer directement.

Au sujet de l’éducation, Mme el-Khoury Lacoeuilhe a insisté sur la nécessité de ne pas se limiter à la promotion de l’accès aux savoirs élémentaires et de mettre en avant des exigences en matière de qualité des enseignements. Il s’agit, selon elle, de la seule voie possible pour permettre à certains pays de sortir de la pauvreté de manière effective.

L'élection à la direction générale doit se dérouler le 9 octobre prochain. Sept candidats sont en lice. Outre Mme el-Khoury Lacoeuilhe, trois candidats représentent le monde arabe : une Égyptienne, un Irakien et un Qatarien. Mme Audrey Azoulay, ancienne ministre de la Culture et de la Communication, est également candidate à la succession de Mme Irana Bokova (Bulgarie).

Présent à ce déjeuner, M. Ghady el-Khoury, chargé d’affaires a.i à l’Ambassade du Liban en France, a effectué un rapide tour d’horizon de l’actualité libanaise. Il a notamment plaidé pour une aide internationale spécifique pour aider son pays à faire face à l’afflux de réfugiés, des familles fuyant Mossoul et Raqqa ayant ainsi trouvé refuge au Liban ces dernières semaines. L’hypothèse d’une infiltration par des soldats de Daech n’est, d’ailleurs, pas écartée. Le pays accueille aujourd’hui plus de deux millions de personnes, en majorité syriennes. Cette situation n’est pas sans incidence sur la vie économique du pays. Cependant, une intervention du Fonds monétaire international n’apparait pas judicieuse aux yeux du chargé d’affaires, les difficultés que connaît le Liban dépassant les stricts points de vue macro-économique, financier ou budgétaire. Par ailleurs, M. el Khoury a souligné une amélioration du fonctionnement des institutions au Liban depuis l’élection à la présidence de la République de M. Michel Aoun, le 31 octobre dernier. Celle-ci a mis fin à une vacance à la tête de l’Etat de plus de 2 ans.

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