À l’occasion de sa réunion en Assemblée générale, le 8 décembre 2020, le groupe interparlementaire d’amitié France-Pays de la Corne de l’Afrique du Sénat a reçu l’Ambassadeur de la République fédérale d’Éthiopie, S.E. Henok Teferra Shawl, afin de l’entendre sur la situation actuelle de son pays, en particulier s’agissant du conflit dans la région du Tigré.

Après quelques mots d’accueil de M. Cédric Perrin, président du groupe d’amitié, S.E. Henok Teferra Shawl a tout d’abord présenté le contexte général du conflit au Tigré. Selon lui, jusqu’en avril 2018, quand M. Abiy Ahmed a été nommé Premier ministre de l’Éthiopie, le Front populaire de libération du Tigré (TPLF), parti dominant dans cette région, exerçait de facto un pouvoir autoritaire sur l’ensemble du pays ; les réformes démocratiques entreprises par M. Abiy ayant mis à mal cette emprise, le TPLF est peu à peu sorti des voies constitutionnelles dans son opposition au nouveau Gouvernement fédéral, jusqu’à lancer une attaque surprise, au début de novembre, contre les forces armées fédérales stationnées dans la région, commettant ainsi l’irréparable. Le Gouvernement aurait alors été forcé de riposter pour rétablir l’ordre dans le Tigré, libérer la population de cette région de ses dirigeants non-élus démocratiquement et livrer ces criminels à la justice, dans la perspective de l’organisation de nouvelles élections libres en 2021, après la fin de la pandémie. L’Ambassadeur a insisté sur les efforts du Gouvernement éthiopien pour protéger les populations civiles des conséquences humanitaires de ce conflit armé et s’est félicité de sa conclusion rapide.

En réponse aux inquiétudes du président Cédric Perrin, de M. Jean-Yves Roux, président délégué pour l’Éthiopie, de MM. Olivier Cigolotti, Philippe Mouiller et Hugues Saury sur les risques de déstabilisation du pays et de dérapage du conflit en affrontements ethniques, sur le rôle des États voisins et les possibilités de médiation, l’Ambassadeur a dénoncé le rôle déstabilisateur joué par le TPLF tant en Éthiopie qu’à l’étranger, par la désinformation et l’encouragement d’affrontements ethniques : selon lui, la survie du pays était bien en jeu, mais l’action résolue du Gouvernement a permis de le sauver à temps et d’éviter une catastrophe humanitaire ; la capacité de nuisance du TPLF serait aujourd’hui anéantie. Il s’est voulu rassurant, affirmant que l’Éthiopie est une nation unie et que les craintes de représailles contre l’ethnie tigréenne sont infondées.

Enfin, en réponse aux questions de M. Cédric Perrin, président, et de MM. Olivier Cadic et Hugues Saury sur l’avancée des discussions avec l’Egypte, concernant le barrage Grande Renaissance, l’Ambassadeur a exprimé son espoir d’une issue positive des négociations en cours avec l’Égypte et les autres États du bassin du Nil et s’est dit confiant dans la capacité de l’Éthiopie à poursuivre son développement économique en dépit de la crise sanitaire et de la crise agricole produite par les invasions de sauterelles ; le pays devrait même devenir exportateur net de blé.

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