Sénat: vers un basculement à droite dimanche?
Par Jean-Louis PREVOST
 Paris : Le Sénat devrait rebasculer à droite dimanche, lors du
            renouvellement de la moitié des sièges de la Haute assemblée, ce qui
            constituerait le troisième revers électoral de la gauche cette
            année, après les municipales et les européennes.
            
            C'est en effet le résultat des municipales qui est déterminant pour
            ces élections: les sénateurs sont élus au suffrage indirect par un
            collège de grands électeurs représentant à 95% les communes. "Les
            municipales sont le premier tour des sénatoriales", dit-on à la
            Haute Assemblée.
            
            De la même manière, un sénateur Front national pourrait faire pour
            la première fois son entrée au Palais du Luxembourg, après les
            succès du parti d'extrême droite en mars, en particulier dans le
            sud-est. "Un probable, deux possibles", pronostique le
            vice-président du parti Florian Philippot.
            
            Toutefois, les conséquences d'un Sénat d'opposition pour le
            gouvernement seraient minimes. En cas de désaccord entre les deux
            chambres sur un texte législatif, c'est toujours l'Assemblée qui a
            le dernier mot. Les choses seraient simplement rendues plus
            compliquées avec un Sénat de droite qui utiliserait toutes les
            ficelles procédurières pour retarder l'adoption des textes auxquels
            il serait hostile.
            
            En revanche, le passage du Sénat à droite à mi-mandat de François
            Hollande serait un mauvais signal politique, surtout au moment où
            Nicolas Sarkozy se lance pour la présidentielle de 2017.
            
            Au total, sur 348 sénateurs, 178 sénateurs dans la moitié des
            départements seront renouvelés par un collège de 87.500 grands
            électeurs. A noter que le vote est obligatoire.
            
            Un 179ème siège est mis en jeu, celui du centriste Jean Arthuis
            (Mayenne), qui a démissionné après avoir été élu au Parlement
            européen.
            
            Six mois après la raclée des municipales, "le climat s'est empiré",
            juge un poids-lourd socialiste au Sénat. "Outre la situation
            nationale, les élus sont refroidis par la réforme territoriale,
            celle des rythmes scolaires, ou la baisse des ressources financières
            des collectivités". Les affaires Trierweiler et Thévenoud, dont
            l'épouse était la plus proche collaboratrice du président du Sénat
            sortant Jean-Pierre Bel (PS), ont encore plombé l'ambiance.
            
            La gauche avait remporté les sénatoriales pour la première en
            septembre 2011, une victoire qualifiée d'"historique" avant celle de
            François Hollande à la présidentielle huit mois plus tard.
            
            Avec 177 sénateurs, la gauche - PS, RDSE (à majorité PRG),
            communistes et écologistes - était devenue majoritaire, la majorité
            absolue étant de 175 sièges. Elle avait ensuite élu au plateau, la
            présidence du Sénat, Jean-Pierre Bel, aux dépens de Gérard Larcher,
            le président UMP sortant. La droite de son côté détient 168
            sénateurs, plusieurs sièges étant vacants. Il lui faut donc gagner
            sept sièges pour remporter la majorité.
            
            Cette année sont renouvelés les sénateurs des départements compris,
            par ordre alphabétique, entre l'Ain et l'Indre, puis du Bas-Rhin à
            l'Yonne, hors ceux de l'Ile-de-France, ainsi que ceux de Guyane, de
            Polynésie française, de Saint-Barthélemy, de Saint-Martin, des Iles
            Wallis et Futuna, et un en Mayenne.
            
            Les sénateurs sont élus au scrutin majoritaire à deux tours dans les
            départements qui ont un ou deux sénateurs (59 sénateurs en tout),
            proportionnel ailleurs (119).
            
            Outre Jean Arthuis, plusieurs personnalités tirent leur révérence du
            Palais du Luxembourg: l'ancien président du Sénat Christian
            Poncelet, élu des Vosges, qui met fin à une carrière parlementaire
            commencée en 1962, l'ancien ministre de François Mitterrand,
            Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du MRC et représentant
            du Territoire de Belfort, ou l'ancien maire de Rennes Edmond Hervé.
            
            En revanche, l'ancien ministre de Jacques Chirac François Baroin,
            candidat dans l'Aube, est assuré d'y faire son entrée pour la
            première fois
            
            Jean-Pierre Bel a annoncé de son côté qu'il renonçait à la vie
            politique. Outre Gérard Larcher, l'ancien Premier ministre UMP
            Jean-Pierre Raffarin, le président du groupe PS Didier Guillaume, le
            sénateur UMP Philippe Marini et la centriste Nathalie Goulet
            briguent pour le moment sa succession. L'élection du président du
            Sénat aura lieu le 1er octobre, premier acte du mandat des nouveaux
            sénateurs.
            
          
2014/09/26 09:00:08 GMT+02:00
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