La droite reprend le Sénat à la gauche, le FN a deux élus
Par Thierry MASURE et Vincent DROUIN
 Paris : La droite a repris comme prévu à la gauche la majorité au
            Sénat, lors des élections sénatoriales de dimanche, et pour la
            première fois le Front national y fait son entrée avec deux élus.
            
            Il s'agit de la troisième défaite électorale en six mois pour la
            gauche au pouvoir, après les municipales de mars, et les européennes
            de mai.
            
            Vers 17H30, sur la base de résultats encore partiels, l'UMP et l'UDI
            enregistraient un gain net de 16 sièges, selon l'entourage d'un haut
            responsable UMP du Sénat, alors que la majorité sortante de gauche
            était de sept sièges. Selon une autre source UMP, la droite pourrait
            obtenir au final une majorité de 10 à 20 sièges.
            
            Si elle admet sa défaite, la gauche souligne toutefois que la
            victoire de la droite est plus étroite que prévu.
            
            De son côté, le Front national entre pour la première fois dans
            l'histoire de la Ve République au Sénat avec deux élus, David
            Rachline dans le Var et Stéphane Ravier dans les Bouches-du-Rhône, a
            annoncé à l'AFP la présidente du parti, Marine Le Pen, qui s'est
            félicitée "d'une victoire historique". Après cette "nouvelle
            marche", "il n'y a plus qu'une seule porte à pousser, celle de
            l'Elysée", a lancé Stéphane Ravier.
            
            La droite retrouve ainsi au Sénat la majorité qu'elle avait perdue
            en 2011 au profit de la gauche. "La parenthèse se referme", a twitté
            la sénatrice UMP Catherine Deroche.
            
            L'opposition partait largement favorite, de par l'effet mécanique de
            sa domination lors des élections municipales de mars dernier.
            
            Seule la moitié du Sénat (179 sièges sur 348) était renouvelée au
            cours de ce scrutin, dans 59 départements métropolitains et cinq
            collectivités d'outre-mer. Quelque 87.000 grands électeurs, pour
            l'essentiel des conseillers municipaux, votaient.
            
            Etaient connus en milieu d'après-midi les résultats de 11 des 29
            circonscriptions où le vote a lieu à la proportionnelle (119 sièges
            concernés), ainsi que du premier tour de 31 des 35 départements ou
            collectivités d'outre-mer (59 sièges en tout) votant au scrutin
            majoritaire.
            
            Dans 20 de ces départements métropolitains, le ou les deux sièges en
            jeu n'ont pas été pourvus au premier tour, et un deuxième tour a eu
            lieu jusqu'à 17H30.
            
            - Défaite en Corrèze -
            
            Symbole du recul des socialistes, l'ancien fief de François
            Hollande, la Corrèze, où l'UMP Daniel Chasseing, avec 51,73% des
            voix, a pris un siège au PS. Les socialistes ne sont même pas du
            tout certains de conserver leur deuxième siège, qui pourrait échoir
            à un candidat UMP si on en juge par les résultats du premier tour.
            
            Outre la Corrèze, la gauche a perdu les deux sièges en Haute-Saône,
            et en a abandonné un en Corse du sud (l'UMP obtenant le score
            écrasant de 86,4%), un dans l'Aveyron et un dans le territoire de
            Belfort. Trois sièges ont été perdus par le PS, deux par les
            radicaux de gauche. Le sixième siège perdu est celui de Anne-Marie
            Escoffier, ex-ministre déléguée à la Décentralisation du
            gouvernement, qui s'est désistée pour le socialiste arrivé devant
            elle.
            
            La défaite de Mme Escoffier est elle aussi un symbole, puisque
            l'ancienne sénatrice avait défendu le premier volet de la réforme
            territoriale, créant notamment les métropoles.
            
            En Haute-Saône, l'une des figures du Sénat, Jean-Pierre Michel, qui
            avait défendu au Palais du Luxembourg la loi sur le mariage
            homosexuel (et, en 1999, son ancêtre le PACS) a mordu la poussière.
            "Sa compétence, son expertise, son inlassable combat pour l'égalité
            nous manqueront beaucoup", a commenté la sénatrice EELV Esther
            Benbassa.
            
            La nette poussée de la droite se retrouve de manière éloquente dans
            l'élection de François Baroin. Actuellement député et par ailleurs
            seul candidat à la présidence de l'Association des maires de France
            (AMF) en novembre prochain, l'ancien ministre UMP a obtenu 76,58%
            des voix.
            
            Dans la Vienne, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, 66
            ans, qui brigue la présidence du Sénat, en obtient 59,61% des voix.
            
            Dans le Tarn-et-Garonne, c'est le siège du président du PRG
            (radicaux de gauche), Jean-Michel Baylet, qui vacille puisqu'il a dû
            se contenter de 37,4% des suffrages au premier tour. L'autre siège a
            échu à un divers gauche. En Savoie, l'ex-secrétaire d'Etat Thierry
            Repentin (PS) affronte un deuxième tour incertain.
            
            Le PS maintient ses positions dans ses places-fortes comme l'Aude
            (deux sièges conservés) ou l'Ariège (un siège), et pourrait garder
            ses deux élus en Dordogne.
            
            Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste,
            s'est dit "déçu" de cette défaite, "effet mécanique" des résultats
            des élections municipales, qui n'a pas cependant pas "l'ampleur"
            pronostiquées.
2014/09/28 18:09:31 GMT+02:00
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