Le Sénat français promis à la droite, une nouvelle claque pour le pouvoir socialiste
Par : Vincent DROUIN
 Paris : La gauche au pouvoir en France s'apprête à essuyer
            dimanche un nouvelle claque électorale lors du renouvellement de la
            moitié du Sénat, qui devrait voir la haute assemblée rebasculer à
            droite et peut-être ouvrir ses portes à l'extrême droite.
            
            Ce revers, le troisième de l'année après les municipales et les
            européennes, n'aura pas d'impact majeur pour le gouvernement
            socialiste, mais il va constituer un mauvais signal de plus pour le
            président François Hollande, très impopulaire.
            
            L'écrasante victoire de l'opposition de droite aux élections
            municipales de mars est une quasi-garantie pour celle-ci de
            reprendre le contrôle du Sénat, passé à gauche pour la première fois
            en septembre 2011.
            
            Le résultat des municipales est déterminant pour ce scrutin: les
            sénateurs sont élus au suffrage indirect par un collège de grands
            électeurs représentant à 95% les communes.
            
            Pour la même raison, une grande première pourrait être l'arrivée au
            palais du Luxembourg d'un sénateur Front national. Le parti
            d'extrême droite devrait tirer profit de sa percée de mars,
            notamment dans le sud-est de la France.
            
            "Un probable, deux possibles", résume le vice-président du FN,
            Florian Philippot. La formation de Marine Le Pen place notamment ses
            espoirs dans un jeune élu de la Côte-d'Azur, le maire de Fréjus,
            David Rachline, 26 ans.
            
            Dans la pratique, les conséquences du scrutin de dimanche seront
            limitées. En France, le dernier mot revient aux députés, en cas de
            désaccord entre les deux chambres du Parlement sur un texte
            législatif.
            
            La tâche du gouvernement sera simplement plus compliquée avec un
            Sénat de droite, qui pourrait retarder l'adoption des projets
            auxquels il serait hostile. L'accord de la chambre haute est
            également indispensable pour réviser la Constitution et pour adopter
            les lois régissant son fonctionnement.
            
            Le fait que le Sénat ait basculé à gauche en 2011, avant l'accession
            de François Hollande à l'Elysée, n'a pas été d'un grand secours pour
            l'exécutif depuis le début de son mandat car les socialistes n'y ont
            pas la majorité.
            
            Des projets de loi très importants, comme les textes budgétaires, y
            ont été rejetés par l'addition des voix des élus communistes à
            celles de la droite.
            
            "Le Sénat, même quand on l'a, ça ne sert à rien. Donc, à partir de
            là, on s'en fout...", résumait peu amène un responsable
            gouvernemental cette semaine, pour relativiser d'emblée la défaite
            attendue.
            
            Sur un total de 348 sénateurs, 179 étaient à renouveler dimanche. La
            droite compte actuellement 168 sièges et doit en décrocher sept de
            plus pour reconquérir la majorité.
            
            Or, six mois après les municipales, qui ont vu des dizaines de
            municipalités passer à droite, la gauche est en encore plus mauvaise
            posture, en panne sèche de résultats économiques avec une croissance
            nulle au premier semestre et un chômage à plus de 10%.
            
            Tombée mi-septembre à un tréfonds de 13% seulement d'opinions
            positives, sans précédent pour un président de la République, la
            cote de François Hollande a légèrement rebondi, bénéficiant du
            soutien de l'opinion à l'intervention française en Irak.
            
            Pour autant, le chef de l'Etat continue de souffrir d'une
            impopularité massive, avec plus de trois quarts des Français ne lui
            faisant pas confiance et 86% considérant que la politique du
            gouvernement n'est pas efficace, selon un sondage publié vendredi.
            
            Dans les campagnes, qui fournissent les gros bataillons d'électeurs
            pour les sénatoriales, les socialistes pourraient aussi payer une
            réforme territoriale en discussion au parlement. Maires et
            conseillers généraux, de droite mais aussi de gauche, ont pesté
            contre le projet de supprimer à terme les assemblées
            départementales.
            
            Le premier acte des nouveaux sénateurs sera mercredi l'élection de
            leur nouveau président, le sortant socialiste Jean-Pierre Bel se
            retirant de la vie politique. Le poste est très convoité à droite et
            l'un des prétendants les plus en vue est l'ancien Premier ministre
            Jean-Pierre Raffarin (2002-2005).
            
            En France, le président du Sénat est le deuxième personnage de
            l'Etat. Il assure l'intérim en cas d'empêchement du président de la
            République, de décès ou de démission.
2014/09/28 12:18:11 GMT+02:00
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