SYNTHÈSE DES RÉPONSES
AU DEUXIÈME QUESTIONNAIRE


 1 - La limitation ou l'interdiction du cumul des mandats électifs vous paraissent-elles de nature à faciliter l'accès des femmes à la vie publique ?

Les réponses, dans leur ensemble, ne sont pas aussi tranchées que celles que l'on prête généralement à l'opinion publique sur le cumul des mandats.

Pour un courant minoritaire qui se déclare très favorable, la grande majorité des réponses s'y déclare favorable, mais sans illusion et souvent de façon nuancée ; quelques-unes soulignent d'ailleurs que certains mandats sont complémentaires, et de citer les " sénateurs-maires "... Sont également mis en avant la compétence et le charisme, indépendants du sexe de la personne certes, mais qui semblent être considérés comme une denrée rare pouvant justifier le cumul !

Tous reconnaissent néanmoins que l'interdiction du cumul de certains mandats libérerait des places dont pourraient bénéficier, mais en partie seulement, les femmes.

Les plus favorables considèrent en outre que cela éviterait la confiscation des mandats, cette confiscation favorisant l'existence d'un monde clos, incapable de se renouveler, où il est difficile d'entrer et auquel d'ailleurs les femmes ne souhaitent pas accéder, notamment parce que le cumul quasi obligatoire actuel est incompatible avec leurs disponibilités. L'interdiction du cumul leur faciliterait la décision de se présenter car elles sauraient ne pas être contraintes à tout sacrifier pour exercer plusieurs mandats. Enfin, ce courant considère que le cumul empêche d'exercer correctement chacun des mandats.

Les nuances exprimées par la majorité des réponses sont de divers ordres.

Certains pensent que le fait de libérer des places ne suffit pas, car le problème est davantage culturel et matériel que d'ordre législatif. Les femmes ne seraient pas véritablement demanderesses ni disponibles, et elles ne disposent pas de réseaux susceptibles de constituer des appuis extérieurs, ceux-ci étant d'autant plus nécessaires qu'il y a cumul de mandat. Des actions en profondeur (éducation...) seraient donc nécessaires.

D'autres expriment quelques doutes sur l'efficacité de la mesure, celle-ci pouvant être facilement tournée : il est ainsi cité le remplacement de l'élu par son conjoint, ce qui ne conduit pas au renouvellement de la classe politique attendu. Il est également observé que les postes les plus prestigieux seraient conservés par les hommes.

Quoiqu'il en soit, semblent dire les internautes, même s'il ne faut pas attendre de miracle de cette mesure, du moins faut-il la mettre en oeuvre pour ouvrir le monde fermé de la politique en commençant si besoin par les " petits mandats municipaux ".

2 - Quelles dispositions un éventuel statut de l'élu(e) devrait-il contenir pour faciliter spécifiquement aux femmes l'exercice de leur mandat, notamment en leur permettant de concilier cette fonction avec leur vie familiale ?

Sur cette question, les avis sont très partagés.

Il y a tout d'abord ceux qui contestent le libellé même de la question qui semble présupposer que les femmes ont seules à devoir assumer les responsabilités familiales. Ces internautes considèrent que le vrai problème n'est pas celui du statut de l'élu(e), qu'ils ne jugent pas nécessaire, mais celui du statut du père afin qu'il puisse assumer davantage de responsabilités au sein de la famille. Un obstacle culturel est également évoqué, celui de la conception qu'ont les femmes de leur rôle de mère, peu compatible avec l'exercice d'un mandat. La solution est alors essentiellement dans l'éducation des filles.

D'autres considèrent qu'il n'y a rien de spécifique à prévoir en faveur des femmes, car il n'y a pas à les favoriser, seul comptant le processus démocratique de l'élection, que les femmes, plus nombreuses, sont à même de remporter. En outre, des mesures spécifiques conduiraient à leur reconnaître une certaine infériorité, alors qu'il faut encourager la volonté de faire des choix, de se battre, faute de quoi les mandats qu'elles obtiendraient seraient exercés au rabais, au détriment des électeurs.

Néanmoins, la majorité, qui inclut la plupart de ceux qui contestent la question, formule des suggestions : crèches, horaires adaptés (suppression des séances en soirée ou de nuit) ou allocation de garde d'enfant (bien que celles-ci soient souvent refusées par les tribunaux, mais l'exemple cité vient de Grande-Bretagne). Il est aussi observé que faute de ces aides, seules les femmes de milieu aisé peuvent exercer un mandat (cf. la nouvelle chambre des communes britannique). D'une façon générale, ces mesures visent à rendre compatible l'exercice d'un mandat avec la vie familiale (mais d'après un internaute cela devrait aussi concerner le secteur privé : cadres, ingénieurs...) et concernent tout autant l'homme que la femme, dès lors qu'il y a un vrai partage des responsabilités au sein de la famille. L'éventuel statut de l'élu(e) ne doit pas comporter de discriminations positives.

Il est cependant proposé des mesures spécifiques aux femmes, mais elles ne concernent que les femmes enceintes et les mères d'enfants en bas âge : certaines dispositions du code du travail (non précisées) devraient ainsi être élargies à l'exercice d'un mandat. En dehors de ces périodes, les femmes et les hommes doivent être traités sur un strict pied d'égalité.

3 - Pensez-vous que les femmes, en étant plus nombreuses dans la vie publique et en y assumant davantage de responsabilités, auraient des approches des sujets et des comportements très différents de leurs collègues masculins ?

Si l'on excepte une réponse qui attaque violemment le monde politique dont les défauts rebutent les femmes au point qu'il n'y a pas lieu de s'interroger sur leur apport spécifique tant qu'il ne se sera pas réformé de lui-même, les avis sont très nuancés.

Certains répondent par un oui catégorique, mais sans argumenter, ou en évoquant la synergie qu'engendrerait la diversité.

Cependant, les plus nombreux considèrent qu'il est difficile de se prononcer, tout en inclinant pour une réponse positive, mais sans préciser en quoi l'approche serait différente. Il est suggéré que les femmes pourraient s'intéresser à d'autres sujets, mais il semble admis qu'en ce qui concerne les sujets traditionnels -défense, économie par exemple- leurs solutions seraient sans doute les mêmes. Quoiqu'il en soit leur apport ne devrait pas se cantonner au domaine social ou familial. En outre, cette différence d'approche se réduirait progressivement.

D'autres considèrent que l'arrivée des femmes dans la vie publique ne changera rien, observant que cette prétendue différence ne repose que sur des préjugés ; leur pragmatisme, leur refus de rechercher la gloire, leur absence d'agressivité seraient démentis par les faits (cf. Mme Thatcher), ce qui serait dans l'ordre des choses puisque le monde politique supposerait une certaine agressivité.

En outre, cette absence d'apport spécifique est totalement étrangère au débat, car seule l'exigence de démocratie justifie leur entrée dans la vie publique.

Quant à la preuve de cette absence d'apport spécifique, elle serait apportée par l'existence de femmes policiers, avocats, magistrats : la société n'en a pas été changée pour autant. En revanche, souligne un internaute, l'exercice de ces métiers a sûrement poussé les femmes à modifier leurs conceptions de leur rôle et à déléguer nombre de tâches au sein de la famille.