La Bibliothèque du Sénat transformée en prison. On distingue nettement, sur le mur de droite au dessus des personnages, des tiges métalliques horizontales. Elles servaient de support et de fixation aux cases de rangement des livres, entièrement démontées pendant les procès en Haute Cour

Le Petit journal du 8 octobre 1899

"Il fallait une prison exceptionnelle à ces prisonniers exceptionnels que va juger la Haute Cour. Ce procès d’opérette comportait des cachots spéciaux ; on les a improvisés dans la magnifique bibliothèque du Sénat.

Dans la longueur de la galerie on a construit pour ces redoutables criminels, dont le plus important est Déroulède, des cachots très peu " paille humide ". C’est plutôt " modern style ", comme on dirait dans le jargon actuel. Chacun mesure 5,50 m de longueur sur 3,50 m de large, avec 4 m de hauteur. Combien souhaiteraient une chambre d’aussi agréables dimensions ?

La tenture est de satinette vert olive, avec plafond de toile blanche, le tapis de linoleum ; le lit est en fer laqué blanc comme une couchette de jeune fille, éclairage électrique à réflecteur, confortable fauteuil rembourré de crin, etc. C’est vraiment à donner envie de comploter, et je ne plains plus que ces pauvres sénateurs méchamment gênés dans leurs goûts de lecture. Ils n’auront plus si facilement les romans égrillards qui leur permettraient de supporter l’éloquence de M. Trarieux. "

Première page du Petit journal du 8 octobre 1899 – Supplément illustré