A la demande du Président de la République, M. René Coty, les Présidents des deux Assemblées, André Le Troquer et Gaston Monnerville, rencontrent à Saint-Cloud, dans la nuit du 28 au 29 mai 1958, le Général de Gaulle, " afin de bien connaître ses intentions réelles ".

L’entretien est difficile : il semble que les Présidents aient eu quelque mal à convaincre le Général de respecter toutes les procédures pour revenir au pouvoir. Le Général répugnait, surtout, à l’idée d’être, dans les formes, investi par l’Assemblée nationale.
A la rigueur, en son absence...

En revanche, l’accord est facile sur les grandes lignes de la future Constitution : renforcement de l’Exécutif, séparation des pouvoirs... Gaston Monnerville réjoint encore plus le Général, sur le second objet de l’entretien : l’avenir de l’Outre-Mer et la création de la Communauté.

Le lendemain, 29 mai, Monnerville apporta à Le Troquer le procès-verbal de la rencontre. Le Président de l’Assemblée Nationale en approuva tous les termes.

Le 1er juin, le Général de Gaulle est investi par l’Assemblée nationale, qui, le 3 juin, débat du projet de loi constitutionnelle ; le texte modifie l’article 90 de la Constitution de 1946 et crée le Comité Consultatif Constitutionnel (le C.C.C.), chargé de préparer à l’intention du Gouvernement le nouveau projet de Constitution.

Lorsque le débat vient au Palais du Luxembourg, le Général rend visite à Monnerville, fait allusion à la nuit du 28 au 29 mai, et dit " Mon cher Président, je vous remercie. Vous vous rendrez compte plus tard du service que vous avez rendu à la France ".

Le 28 septembre 1958, le peuple français adopte la nouvelle Constitution, promulguée le 4 octobre.