Mars 1944 : le texte issu des travaux de la commission est discuté en assemblée plénière. Trois hommes vont défendre la cause des femmes : Robert Prigent, syndicaliste chrétien, membre du parti démocrate populaire dépose un amendement pour modifier l'article 1er qui réserve aux seuls hommes l'élection de l'Assemblée constituante, l'extension du droit de vote aux femmes étant retardée : "quand il s'agit de jeter les femmes dans le creuset de la guerre, est-ce que nous attendons ? Sera-t-il dit toujours que l'on exigera de nos compagnes l'égalité devant l'effort de la peine, devant le sacrifice et le courage, jusque devant la mort sur le champ de bataille et que nous mettrons des réticences au moment d'affirmer cette égalité ?" Son amendement est adopté. Le 24 mars arrive en discussion l'article 16 organisant les élections

Premier vote des femmes lors des élections municipales de Paris, en 1945

locales. Fernand Grenier, représentant du Parti communiste, exige que les femmes soient électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes : "dans le domaine de la lutte contre l'ennemi, les femmes se sont révélées les égales des hommes... Ainsi, ces femmes qui dans tous les domaines, font preuve d'un courage admirable, n'auraient pas le droit de vote ? Si la commission persistait à le leur refuser, je déclare que nous ne la suivrions pas et que nous demanderions à l'Assemblée de prendre ses responsabilités par un scrutin public". La discussion s'engage ; les délégués radicaux prétextent des problèmes de temps, d'organisation etc... provoquant la colère du gaulliste Louis Vallon :" Je retrouve dans ce débat les traditions de l'ancien Parlement français dans ce qu'elles avaient de plus détesdivs. A maintes reprises, le Parlement s'est prononcé à la quasi-unanimité pour le principe du vote des femmes, mais, chaque fois, l'on s'est arrangé par des arguments de procédure pour que la réforme n'aboutisse pas. Ces petits subterfuges doivent cesser." L'amendement Grenier est adopté.

Le 21 avril, l'ordonnance portant organisation des pouvoirs publics en France après la Libération est publiée.