Alexandre BérardRepris en octobre 1918, un nouveau rapporteur, Pierre-Etienne Flandin, député de l'Yonne, est nommé ; il émet lui aussi un avis favorable mais limite le texte aux seules élections municipales.

Mai 1919 : c'est enfin la discussion en séance publique.

René Viviani, ancien président du Conseil, prononce un discours qualifié de "somptueux" par les journaux de l'époque et convainc les députés d'adopter l'égalité totale en matière électorale entre les hommes et les femmes. Le 23 mai, la proposition de loi adoptée est transmise au Sénat.

En juin 1919, 1500 suffragettes, d'après les journaux, se présentent au Palais du Luxembourg pour essayer d'appuyer le texte de leurs revendications ; la commission législative à laquelle il a été renvoyé, accepte de les recevoir.

Mais le 3 octobre 1919, Alexandre Bérard, sénateur de l'Ain et rapporteur, émet un avis défavorable sur la proposition de loi.

Ce n'est qu'en novembre 1922 que le texte est inscrit à l'ordre du jour de la Haute Assemblée, avec deux autres propositions de loi de Louis Martin, sénateur du Var et Georges Beauvisage, sénateur du Rhône. Le 21 novembre, le Sénat rejette l'ensemble par 156 voix contre 134.

En 1925, la Chambre se prononce à nouveau en faveur du vote des femmes. Mais le Sénat multiplie les manœuvres de retardement. Finalement, en juin 1932 il accepte d'examiner une nouvelle proposition de loi de Louis Martin tendant à reconnaître aux femmes le droit de vote et l'éligibilité. Du 23 juin au 13 juillet les orateurs se succèdent ; la discussion aboutit au renvoi du texte en commission : il ne sera plus réexaminé. En 1935 et 1936, de nouvelles propositions de loi sont adoptées par la Chambre, dont la dernière à l'unanimité. Transmises au Sénat, elles ne seront pas inscrites à l'ordre du jour.

Georges Beauvisage

A la veille de la guerre, la législation sur le droit de vote et l'éligibilité n'a pas progressé. Et pourtant dès 1925, des candidates se présentent aux élections municipales sur la liste du Parti Communiste ; elles profitent d'une lacune de la Constitution qui ne prévoit pas qu'il faut être éligible pour être candidat. Une dizaine de femmes sera élue et siégera en attendant que leur élection soit invalidée par le Conseil d'État.