En 1861 eut lieu un bras de fer entre le préfet et le Sénat à propos du projet d'amputation du jardin du Luxembourg. Haussmann commence ainsi son intervention : « Ce n'est pas que je me dissimule, messieurs, combien j'ai peu de chances de faire triompher mon opinion auprès de vous ». Et, plus loin, ce qui irritera les sénateurs : « Est-il à propos, si le Sénat a quelque objection à faire au Gouvernement dans cette affaire, qu'il la présente autrement que d'une façon directe ?... L'instruction est finie... ; l'exécution est commencée... ; une maison a été bâtie. Quant au service du Sénat, s'il est encore temps de faire entendre des réclamations, c'est au grand référendaire qu'il appartient de les soulever. » Ce dernier réplique : « Nous sommes en pleine jouissance du palais du Luxembourg et de ses dépendances, et nous ne pouvons en être dépossédés que par un sénatus-consulte... Et puis maintenant on vient nous dire qu'il y a décret rendu, expropriation commencée, qu'il n'y a plus de remède... Il fallait avoir plus de considération pour les autorités du Sénat.. ». Peine perdue, les travaux, suspendus pendant un an à la suite du renvoi de la pétition par le Sénat au Gouvernement, auront bien lieu.

Il prit également la parole lors de la discussion de la loi sur les embellissements de Paris à laquelle le Sénat apporta son soutien, le déplacement des cimetières de Paris, la dérivation des eaux de la Dhuys ainsi qu'à diverses reprises en tant que rapporteur de pétitions diverses.

Le projet de traité avec le Crédit Foncier donna lieu à de vifs débats au Corps législatif en 1869. Il s'agissait d'une opération de liquidation portant sur 465 millions remboursables en 60 ans, destinée à régulariser les procédures irrégulières où le baron avait, par le système des bons de délégation, emprunté sans en avoir le droit et où le Crédit de son côté avait prêté ces sommes considérables sans autorisation légale. Le projet de loi étant passé de justesse au Corps législatif, Haussmann eut à affronter le Sénat lors de la séance du 13 avril 1869 : « ...Appelé à la préfecture de la Seine en 1853 lorsque je figurais déjà en tête du tableau des préfets de première classe, aurais-je donc occupé depuis seize ans ce poste hors ligne, si longtemps réservé à des personnages politiques, pour y perdre les traditions d'ordre et de régularité qui sont l'honneur de l'administration française et pour compromettre, en ma personne, la bonne renommée dont elle jouit dans l'Europe entière ? ». Il conclut sur ces termes : « A quelque moment que nous quittions l'Hôtel de ville de Paris, nous en sortirons comme nous y sommes entrés, la tête haute et le cœur ferme, certains de nous y être conduits en gens de bien, en hommes d'honneur, en serviteurs fidèles, avec courage et résolution, mais aussi avec une loyauté persévérante et un dévouement sans reproche (Nombreuses approbations et félicitations) ».

Au total, l'union d'Haussmann avec le Sénat fut harmonieuse et bénéfique aux deux parties : Haussmann put y faire entendre sa voix et le Sénat exerça sur sa gestion un contrôle vigilant et scrupuleux mais bienveillant.