« J'ai traversé 25 ans de Révolution. J'ai vu autour de moi les circonstances changer mille fois et je suis resté le même. »

D'origine modeste, Henri Grégoire entre dans les ordres après des études théologiques.

Élu député aux États-Généraux, il se rallie rapidement au Tiers-État. Il vote avec enthousiasme l'abolition des privilèges et la Constitution civile du clergé. Il est le premier prêtre à prêter serment.

Il combat toutes les initiatives tendant à réduire les moyens d'expression des citoyens (restriction du droit de pétition, cens électoral) et défend la cause des juifs et des esclaves (il obtient en 1794 l'abolition de l'esclavage).

Lors de la constitution de la Convention, il demande l'abolition de la royauté. Il réclame le jugement du roi dès son arrestation à Varennes mais s'oppose à sa condamnation à mort, demandant l'abolition de cette peine.

Il refuse d'abjurer sa foi lorsqu'on le lui demande, réclamant la liberté des cultes et la libération des prêtres réfractaires.

Il est un membre actif du comité de l'instruction publique. Il survit aux changements de régimes, successivement député du Conseil des Cinq-Cents, puis du Corps Législatif qu'il préside.

Il devient sénateur le 4 nivôse an X, refusant de céder à ceux qui lui demandaient de renoncer à la manifestation de ses croyances, jugée incompatible avec la dignité sénatoriale. Il se signale alors par plusieurs positions singulières : il s'oppose au Concordat (donnant sa démission d'évêque), à l'établissement de l'Empire, au rétablissement des titres de noblesse et au divorce de l'Empereur.

Les honneurs qu'il reçoit (titre de comte, Commandeur de la Légion d'honneur) n'entament pas son opposition.
Ses opinions lui valent d'être écarté pendant les Cent-Jours et la Restauration.

Son élection comme député en 1819 provoque un scandale, la Chambre ne voulant pas de ce prêtre républicain, qualifié d'indigne. Devant son refus de démissionner, l'élection est annulée.
Il fait ensuite l'objet de violentes attaques royalistes et est rayé des listes électorales en 1824.

Au moment de mourir, il refuse de renoncer au serment fait à la Constitution civile, prenant le risque de se voir refuser les derniers sacrements, qui lui sont finalement administrés par un abbé désobéissant à sa hiérarchie.
C'est un prêtre étranger qui doit célébrer la messe de son enterrement, l'Église refusant sa dépouille.

Un cortège de deux mille personnes l'accompagnent au cimetière Montparnasse. Son inflexibilité lui valut d'être surnommé « Tête de fer » par Michelet.

Ses cendres sont transférées au Panthéon en 1989 lors des célébrations du bicentenaire de la Révolution.