Les femmes obtiennent le droit de vote et d'éligibilité par l'ordonnance du gouvernement provisoire de la République française, signée par le général de Gaulle à Alger, le 21 avril 1944. Dès la Libération, les partis politiques inscrivent des candidates sur leurs listes. Les premières femmes élues à la Chambre Haute en 1946 sont d'ardentes patriotes issues des rangs de la Résistance.

La moitié d'entre elles se compose de communistes s'étant illustrées sous l'Occupation, en prenant la tête de mouvements clandestins ou en participant à la libération du sol national. Elles ont mis en place des filières d'évasion pour les prisonniers de guerre, rempli les fonctions d'agent de liaison ou diffusé des journaux clandestins. Certaines d'entre elles ont été arrêtées et déportées.

Mais la bravoure n'est pas l'apanage des communistes. De nombreuses femmes ont fait preuve de patriotisme et d'abnégation pendant la seconde guerre mondiale. Parmi elles, Eugénie Eboué-Tell, s'est engagée dans les Forces françaises libres féminines. Elle a servi comme infirmière à l'hôpital militaire de Brazzaville et a vu son action reconnue par la Croix de guerre et la médaille de la Résistance.

Le mardi 24 décembre 1946, malgré ces actes de courage qui méritaient à juste titre une reconnaissance nationale, ces femmes font leur entrée au Sénat dans l'indifférence générale. Jules Gasser, président d'âge, prononce son allocution sans faire aucune mention de leur présence. Auguste Champetier de Ribes, élu président du Conseil de la République lors de la séance du 27 décembre, n'y fera pas davantage allusion dans son discours.

Les nouvelles élues sont principalement affectées aux commissions de la famille, de la population et de la santé publique ; de l'éducation nationale, des Beaux-Arts, des sports, de la jeunesse et des loisirs ; des pensions et à celle du ravitaillement. Pour la plupart mères de famille, elles vont devoir apprendre à concilier les exigences maternelles avec celles d'un nouveau métier.