Medaille de Victore Hugo

Né à Besançon le 26 février 1802 et mort à Paris le 22 mai 1885, Victor Hugo a parcouru le siècle. Ardent défenseur des libertés, l’immortel auteur de la Légende des siècles a mis son génie au service des grandes causes : le refus de la misère, la liberté d’expression, la cause des femmes, l’abolition de la peine de mort, les droits de l’enfant, l’abolition de l’esclavage et l’instruction gratuite et obligatoire pour tous.

Il défend à maintes reprises ses convictions à la tribune parlementaire où sa carrière se déroule sous différents régimes. Il intervient au Palais du Luxembourg en tant que pair de France et sénateur de la IIIe République.

Sous la monarchie de juillet, il est pair de France de 1845 à 1848. « Je jure d’être fidèle au Roi des Français, d’obéir à la Charte constitutionnelle et aux lois du Royaume, et de me conduire en tout comme il appartient à un bon et loyal Pair de France ».

C’est par ces mots que Victor Hugo prête serment le 28 avril 1845 et est admis à siéger à la Chambre des Pairs. Nommé par le roi Louis-Philippe, il y entre en tant que vicomte Hugo, membre de l’Institut, trente ans après Chateaubriand, son modèle.

Son premier discours est prononcé le 14 février 1846 au sujet d’un projet de loi relatif aux modèles et dessins de fabrique au cours duquel il plaide pour le droit d’auteur : « Pour de grands artistes, qui cherchent à faire de grandes œuvres, ce qui importe surtout c’est le temps, c’est la durée, c’est que la loi assure le respect de leur pensée, de leur propriété ». Lors de l’annexion de Cracovie par l’Autriche, il exige une intervention morale de la France dans un style non dénué de lyrisme : « Quand la France parle, le monde écoute ; quand elle conseille, il se fait un travail mystérieux dans les esprits ; dans tous les temps, à toutes les époques, la France a joué dans la civilisation ce rôle considérable, et ceci n’est que du pouvoir spirituel ». Même sur le sujet des ports de commerce son éloquence est intarissable : « Eh bien ! cette province menacée, c’est le littoral de la France ; cet ennemi, c’est l’océan ! »,  ce qui amène le Chancelier à lui faire observer que « malgré le haut intérêt qui s’attache à ses paroles, il est impossible de ne pas voir qu’il est en dehors de la question à traiter ».

En 1847, il appuie la pétition du prince Jérôme Napoléon demandant la suppression de la loi d’exil frappant la famille Bonaparte et conseille non sans ironie « d’oser faire ce qu’aucun Gouvernement n’aurait fait avant l’époque où nous sommes, d’oser en un mot, être magnanime et intelligent ». Il engage le Gouvernement à se préoccuper plutôt des masses laborieuses où il y a tant de courage, tant d’intelligence, tant de patriotisme et tant de ferments redoutables. « Il ne faut pas que le peuple souffre ! il ne faut pas que le peuple ait faim ! Là est la question sérieuse ».

La Chambre des Pairs est aussi une cour de justice chargée de juger les attentats à la sûreté de l’Etat et certains crimes de haute trahison. Dans le procès Lecomte, qui devait être condamné à mort et exécuté, Victor Hugo, déclare, avant de voter pour la détention perpétuelle : « J’ai sur les peines irréparables des idées arrêtées et complètes depuis dix-huit années… Simple écrivain, je les ai publiées, homme politique, si Dieu m’aide, je les appliquerai ».

Buste de Victor HugoVictor Hugo aimait à rappeler qu’il avait « assisté à la fin d’un monde évanoui ». « Quand j’étais pair de France [disait-il] et que je siégeais, à gauche avec Montalembert, Wagram, Eckmühl, Boissy et d’Alton-Shée, j’avais à ma droite un soldat qui était maréchal de France deux ans après ma naissance et qui, lorsque j’arrivais au Luxembourg, me disait : Jeune homme, vous êtes en retard ! C’était Soult, maréchal en 1804 ».

Après les événements de 1848, Victor Hugo se rallie à la République et est élu représentant à l’Assemblée constituante de juin 1848 à mai 1849. A la tribune de cette assemblée, il intervient en faveur de la réforme des ateliers nationaux, de la liberté de la presse et de l’abolition de la peine de mort.

Il est élu ensuite à l’Assemblée nationale unique mise en place par la Constitution de 1848 qui instaure la IIe République. Il y siège en tant que représentant de la Seine de mai 1849 à décembre 1851. Il intervient pour défendre des droits fondamentaux, notamment l’instruction obligatoire, le suffrage universel, la liberté de la presse et dénoncer la misère sociale.

Opposé au coup d’Etat du 2 décembre 1851, Victor Hugo connaît un exil de dix-huit ans sous le Second Empire et revient en France en 1870.

Le 30 janvier 1876, il retrouve le Palais du Luxembourg qui abrite provisoirement le Conseil municipal de Paris. Les délégués l’élisent sénateur de la Seine par 115 voix sur 209. Jusqu’en 1879 le Sénat siégera à Versailles.

Ses interventions sont peu nombreuses mais remarquées. En 1876 il dépose une proposition d’amnistie pour les condamnés de la Commune, qu’il défend à la séance du 22 mai. « Il y avait au Sénat, dit la chronique, comme on dit dans une certaine langue, une belle chambrée. Jamais depuis que la première assemblée existe, nous n’avions vu une pareille affluence, un tel luxe de toilettes féminines… On savait que le poète devait porter la parole ». Son sens de la formule se déploie dans ses interventions sur l’amnistie en 1879 et en 1880 : « En politique, oublier, c’est la grande loi » ou bien encore « Sur une vaste faute, il faut un vaste oubli ». Il défend le bicamérisme en s’opposant à la dissolution de la Chambre des députés en 1877 : « Deux chambres sont-elles utiles ? Une seule chambre est-elle préférable ? En d’autres termes, faut-il un Sénat ? Chose étrange, le Gouvernement en croyant poser la question de la Chambre des députés, a posé la question du Sénat. Et, chose non moins remarquable, c’est le Sénat qui va la résoudre ».

Il est facile de l’imaginer tel que nous le dépeint un journaliste : « Il s’avance lentement, prenant du temps, échangeant une poignée de main avec M. Schoelcher, un mot avec M. Peyrat, et une fois à la tribune, il reste encore un bon moment à se camper, à regarder l’auditoire, à ranger devant de grands feuillets de papiers couverts de cette large écriture que tout le monde connaît. L’attention étant ainsi excitée à point, le maître commence ».

Le 4 mars 1881, une ovation est faite à l’illustre poète : il entre dans la salle des séances et toute la gauche se lève et applaudit. Victor Hugo remercie et le président déclare : « Le génie a pris séance. Le Sénat a applaudi et il reprend le cours de sa délibération ».

Victor Hugo décède le 22 mai 1885. En signe de deuil, le président Le Royer propose au Sénat de lever la séance et le Gouvernement présente un projet de loi pour que des funérailles nationales lui soient faites.

En 1902, le Sénat fête le centenaire de sa naissance et décide d’apposer une plaque commémorative à Emplacement hémicycle (JPG - 199 Ko)sa place dans l’hémicycle, d’installer dans le salon des Messagers d’Etat le buste décoré du poète et de distribuer à chaque sénateur et aux principaux fonctionnaires du Sénat la médaille en argent gravée pour le centenaire.

En 1985, à l’occasion du centenaire de sa mort, un hommage solennel a lieu dans l’hémicycle et des discours sont prononcés par Alain Poher, Maurice Schumann et Robert Badinter.

Enfin, en 2002, des manifestations sont organisées par le Sénat pour le bicentenaire de la naissance de Victor Hugo. En séance publique, un orateur de chaque groupe politique traite  l’action de Victor Hugo en tant qu’homme politique et des textes du poète sont lus. Une exposition est organisée dans la salle des conférences. Le 16 février 2002, jour anniversaire de sa naissance, une délégation du Bureau du Sénat se rend à Jersey et Guernesey pour rendre hommage au poète exilé. Pour clore cette célébration, le Sénat organise en novembre un colloque international sur le thème de l’exil et une séance solennelle a lieu dans l’hémicycle avec des personnalités internationales de la politique et des arts.

Signature de Victor Hugo

Victor Hugo sur le site du Sénat