Auguste Lacaussade né, comme Leconte de Lisle, à l’Ile-Bourbon, le 17 février 1817, fut destiné au notariat et fréquenta quelque temps une étude, qu’il abandonna pour prendre à Paris des inscriptions de médecine. Mais sa véritable vocation était la littérature. En 1839 il donnait ses Salaziennes, en 1842 une traduction des oeuvres d’Ossian, en 1852 Poèmes et Paysages, en 1861 Les épaves, en 1888 une traduction de Léopardi.

Secrétaire de Sainte-Beuve (1848-1852), collaborateur de la Revue contemporaine, rédacteur en chef de la Revue européenne, il avait été nommé le 14 mai 1870 conservateur de la bibliothèque du ministère de l’Instruction publique, poste qu’il échangea, le 1er janvier 1873, pour celui de " bibliothécaire à la bibliothèque du Luxembourg ", devenu, le 1er juillet 1876, celui de " bibliothécaire du Sénat ", et qu’il conserva jusqu'à sa mort survenue le 31 juillet 1897.

Auguste Lacaussade

Dans " Les poètes assis ", Claude-Louis fait le portrait de Lacaussade bibliothécaire :

" Lacaussade était, sans conteste, le plus administratif de nos poètes. Une mauvaise langue l’a surnommé " le parfait notaire de la poésie ". Petit, propret, un collier de barbe blanche soigneusement rasé à la mode 1830, il ressemblait suffisamment à un officier ministériel. (…)

Lacaussade avait imaginé et s’était attribué le " Service extérieur " de la bibliothèque. Cette trouvaille géniale lui permettait de s’absenter chaque fois qu’il le désirait. Mais - en fonctionnaire méticuleux qu’il voulait paraître -, il avait soin dans ces occasions fréquentes d’étaler sur son bureau une feuille de papier ministre, portant cette mention stéréotypée : " M. Auguste Lacaussade est aux Beaux-Arts, pour le service de la bibliothèque. Ne pas l’attendre ; il ne reviendra pas. " Inversement, lorsqu’il éprouvait le besoin de se décerner à lui-même un brevet d’assiduité, il passait à la bibliothèque vers onze heures et demie (heure à laquelle il n’y avait personne) et laissait, à l’adresse du chef, une fiche portant cette autre formule invariable : " Il est onze heures et demie. Je vais déjeuner ; il ne s’est rien passé d’insolite à la bibliothèque ! ". "

Dossier d'archives : Leconte de Lisle - juin 2000