Le chômage des jeunes est un mal français endémique auquel le gouvernement a décidé de s'attaquer en priorité : le taux de chômage des 15-24 ans est de 22,8 % dans notre pays contre 11,7 % en Allemagne et 10,9 % en Grande-Bretagne.
Ce que les autres pays européens ont réussi pour leurs jeunes, nous pouvons et devons le réussir pour les nôtres.

Pour remporter cette bataille, le gouvernement multiplie les initiatives : ouverture des filières d'apprentissage dès l'âge de 15 ans, nouveau contrat de qualification jeunes, création du contrat d'insertion des jeunes dans la vie sociale (CIVIS), encadrement plus strict du régime des stages en entreprises…

Au-delà de ces nouveaux outils, si adaptés soient-ils, on observe encore une véritable inadéquation entre la formation initiale des jeunes diplômés et les offres des entreprises sur le marché du travail. Si elle porte parfois sur les savoirs et les compétences, cette inadéquation concerne aussi les savoir faire. Semblant résulter d'un fort cloisonnement entre l'université et le monde du travail, elle explique la longue attente entre l'acquisition du diplôme et l'insertion durable dans l'entreprise, ainsi que la diversité des étapes, souvent laborieuses, de l'entrée sur le marché du travail.

Or, la jeunesse étudiante a récemment exprimé ses attentes à l'égard du monde du travail, et démontré qu'elles étaient exigeantes. A l'inverse, les employeurs connaissent des difficultés de tout ordre pour recruter des collaborateurs qualifiés répondant à leurs besoins. Aussi me paraît-il important de susciter des occasions d'échanges, d'analyses, de propositions ou de demandes entre étudiants, jeunes professionnels, enseignants, responsables syndicaux et patrons, notamment de grandes entreprises. Pour, ensemble, identifier les problèmes, analyser et tirer profit des réussites, décloisonner les expériences et multiplier les propositions.

C'est dans cet esprit qu'avec mes collè gues du Sénat Jacques VALADE, président de la commission des Affaires culturelles, et Nicolas ABOUT, président de la commission des Affaires sociales, j'ai souhaité organiser cette séance de travail consacrée au thème des " Entreprises et Jeunes diplômés ", en présence de Gérard LARCHER, ministre délégué à l'emploi, au travail et à l'insertion professionnelle des jeunes. Tous, nous attendons beaucoup de cette rencontre entre les principaux intéressés, qui doit être l'occasion d'un débat enrichissant au cours duquel chacun formulera ses attentes, développera ses idées, discutera des bonnes pratiques et des meilleurs moyens d'en favoriser la diffusion...

Le Sénat est le lieu du débat : il le démontre dans son activité quotidienne, et ce colloque en est l'un des témoignages. Je suis heureux de vous y accueillir et, en vous remerciant d'avoir répondu à l'invitation de la commission des Affaires économiques, je vous souhaite une fructueuse après-midi de travail.

Jean-Paul EMORINE
Sénateur de Saône-et-Loire
Président de la commission des Affaires économiques