illustration :photo de la plaque commémorative©Sénat


INTERVENTION
de Monsieur Christian PONCELET
PrÉsident du SÉNAT

 

À l’occasion de la pose de la plaque commémorative au siège du Président Edgar Faure

Mercredi 21 février 2007 à 11 heures 45

dans l’hémicycle du Sénat

 

Mesdames, Monsieur le ministre, mes chers collègues, Mesdames et Messieurs,

Notre Assemblée a coutume, fidèle à son histoire d’honorer, en le réservant à un nombre très restreint de personnalités éminentes, les sénateurs qui ont le plus marqué l’Histoire de notre pays en déposant, pour l’éternité, dans l’hémicycle, au siège qu’ils ont occupé, une plaque qui perpétue l’écho de leur * voix.

Le Président Edgar Faure est d’évidence de ces hommes d’exception. Brillant avocat, qui avait prêté serment à 21 ans, très tôt passionné par la Russie autant que par les problèmes nouveaux du pétrole et du cinéma, nommé par le Général De Gaulle chef des services législatifs du Gouvernement d’Alger, Procureur au Tribunal de Nuremberg, il prend très vite place dans la grande histoire à un rôle en rapport avec son intelligence hors du commun.

Treize fois ministre, deux fois Président du Conseil, Président de l’Assemblée Nationale, on doit à Edgar Faure la plupart des réformes économiques les plus brillantes de la Quatrième République, le processus pacifique d’indépendance du Maroc mais également de la Tunisie, et la conférence de Messine. On lui doit aussi – et je ne serai pas exhaustif, loin de là – la relance de la construction européenne après l’échec de la CED, la politique agricole commune et la fin de la politique de la chaise vide, la réforme votée à l’unanimité après les événements de mai 1968 de l’université française, la fondation de l’Assemblée des régions d’Europe.

On lui doit surtout le bonheur d’avoir su donner de la politique l’idée la plus haute, appuyée par une érudition impressionnante, une vision d’avenir, et une éloquence hors pair. Comment ne pas citer enfin un humour exceptionnel – même s’il ne l’a peut-être pas toujours servi face au prestige qu’ont curieusement dans notre pays les esprits chagrins ?

Cette personnalité flamboyante a aussi apporté au Sénat la marque de son originalité puisque, au-delà de ses contributions fulgurantes et profondes à nos débats, il y siégea deux fois, d’une part de 1959 à 1966 et d’autre part de 1980 à 1988, mais pour représenter deux département différents, d’abord le Jura, puis le Doubs !

Entouré de mes collègues, de plusieurs de ses collaborateurs les plus proches, c’est une grande émotion pour moi, pour avoir eu la chance d’être Secrétaire d’État auprès de lui lorsqu’il était ministre des Affaires sociales dans le gouvernement de Pierre Messmer, puis pour avoir goûté dans cet hémicycle à son éloquence chaleureuse et humaniste, d’accomplir aujourd’hui ce geste de mémoire.

J’invite sa fille Sylvie et Madame Edgar Faure à dévoiler la plaque avec moi.