Cyber-débat avec Philippe Arnaud, Sénateur de Charente

Dan : Les derniers cas de vache folle plaident-ils en faveur d'une épidémie importante ?

Certes, il y a de quoi s'inquiéter, et c'est pourquoi, en ce domaine qui touche à la santé publique, le principe de précaution me parait devoir s'imposer. Je ne pense pas que l'on soit à la veille d'une épidémie importante.

Frank : Où en est la crise de la listeria ?

La crise de la listeria relève d'abord et essentiellement de problèmes sanitaires dans la chaîne agroalimentaire. Il y a des normes strictes qui doivent être respectées dans l'élaboration des produits, leur conservation, leur transport, leur distribution. Lorsque ces normes sont respectées, ces problèmes sanitaires sont évités. Ce serait une erreur que d'incriminer un produit particulier. J'ajouterai qu'en ce domaine comme en d'autres, le risque zéro n'existe pas.

Virgile : Quelles réflexions vous inspirent le combat de José Bové ?

C'est un combat très humain d'un homme qui se révolte contre la toute puissance de l'économie et des marchés. On peut se demander si ce combat n'est pas un peu comme le combat de Don Quichotte. De vrais problèmes sont posés, les solutions à ces problèmes ne peuvent ignorer les réalités de l'économie et de la mondialisation qui est le fruit de l'activité humaine. N'oublions jamais que c'est l'homme qui crée son monde, quelle place s'y réserve-t-il ?

La vache folle : Pendant des siècles les normes sanitaires ont été inexistantes, pourquoi cette soudaine phobie pour le danger alimentaire tout de même infime?

Parce que compte tenu des systèmes de distribution, le moindre accident touche un grand nombre de consommateurs et devient une catastrophe.

Louts : Label rouge, label bio.. On s'y perd ! Pourquoi ne pas créer un ou deux labels très simples ?

Ce serait tellement simple que ce serait trop simple !

Frank : Êtes-vous pour ou contre les OGM ?

Je suis très méfiant mais il faut aussi reconnaître que les OGM ont déjà envahi nos assiettes.

Samir : Pourquoi en France a-t-on fait le choix de la quantité et non de la qualité en agriculture. Et pourquoi persiste-t-on dans ce sens ?

1 : Parce qu'il y avait d'abord une nécessité alimentaire. 2 : Parce que les consommateurs ont toujours voulu payer moins cher leur nourriture. 3 : Enfin, et heureusement, on revient vers la qualité et on peut aller encore plus loin si le consommateur le veut bien.

Hugues : Comment expliquer le refus d'augmenter le nombre de sénateurs dans l'hémicycle ?

Vous ne croyez pas qu'il y a déjà assez de parlementaires ? Que tous les parlementaires, députés et Sénateurs, travaillent et ce sera bien.

Mohammed : Bonjour, pourquoi le bicamérisme ?

Pour l'équilibre et la stabilité d'une démocratie. Une Assemblée pour représenter les populations et une autre pour les territoires et leurs collectivités locales. Une constamment dans l'actualité, l'autre avec du recul sur l'événement.

Penin : Quand les Charentais disposeront-ils d'accès Internet à haut débit ?

Quand ? Je ne sais pas, c'est en tout cas à l'étude et fait partie des projets de développement du département.

Sur quels dossiers travaillez-vous à titre personnel ?

Sur plusieurs actuellement, plus précisément sur les procédures de consultations publiques lors de la réalisation de grandes infrastructures. Et les sujets de responsabilité des élus locaux et présidents d'associations.

Frank : C'est la première fois que vous participez à un chat ?

Oui, il y a un début à tout !

Valy : Les élus locaux hésitent à rempiler parce qu'ils ont peur de voir leurs responsabilités mises en cause pour un rien. Qu'en pensez-vous ?

Ils ont raison. C'est un vrai problème comme pour les présidents d'association. Si l'on continue comme ça, la démocratie et le bénévolat sont en danger.

Gaia : La philosophe Dominique Meda propose une réduction du temps de travail et une recomposition du temps libéré en temps politique. Qu'en pensez-vous ?

Que chacun organise son temps comme il le peut et comme il le veut, s'il peut s'épanouir c'est l'essentiel. Le bonheur ne se décompose pas en temps.

Mohammed: Aimez-vous ce mode de communication et aimeriez-vous faire votre campagne sur Internet ?

Mode de communication intéressant, mais faire campagne par ce moyen me paraît frustrant au niveau des relations humaines. Le Web c'est bien, c'est un outil, c'est rapide mais ça manque un peu de cœur et de chair, d'humanité tout simplement.

Frank : Et la pollution de l'Erika, ça en est où ?

L'Erika ce n’est pas fini. Seule une réglementation draconienne évitera ce genre de catastrophe.

Mohammed : Est-ce à l'État de payer pour Total ? Si celui ci est peu puni, il continuera la politique du pire.

Chacun doit prendre sa part de responsabilité et contribuer à l'indemnisation des dommages. C'est l'État qui a en charge les réglementations, c'est aux transporteurs et affréteurs de les appliquer. Les USA ont bien réglé ce problème.

Jacques : J'ai eu l'occasion d'assister à un discours récent de M. Christian Poncelet, il m'a paru très inquiet sur la politique économique actuellement menée. Est-ce le sentiment personnel de M. Poncelet ou est-ce le sentiment général des sénateurs ?

C'est en tout cas mon sentiment. Les mesures prises actuellement ne favorisent pas l'initiative et le développement économique.

Casseb : Beaucoup de politiciens ont été impliqués dans des affaires de marchés publics. Aujourd’hui, quels sont les garde-fou ?

Les garde-fou sont fous. Certes, il est impératif de disposer de règles strictes et précises concernant les marchés publics pour éviter des abus ou détournements, mais bientôt il faudra faire un marché pour acheter des crayons à papier que l'on paiera plus cher qu'au libraire du coin.

Florian : Désolé de changer le sujet de la conversation mais, la légalisation du cannabis est-elle prévue ?

Pas à ma connaissance.

Merci beaucoup, Monsieur Philippe Arnaud. Le mot de la fin...

Pour une première expérience, que je trouve intéressante, j'espère avoir satisfait aux questions par des réponses aussi brèves. Un grand merci aux internautes, c'est bien qu'ils s'intéressent au Sénat car il s'y passe beaucoup de choses, et beaucoup de choses intéressantes. A nous, Sénateurs, de le faire savoir. Merci, à bientôt !