L’Assemblée générale du groupe interparlementaire d’amitié France‑Australie s’est tenue, mercredi 16 décembre 2020, sous la présidence de M. Jean-Michel HOULLEGATTE (Socialiste, Écologiste et Républicain –  Manche).

Étaient également présents :

Mme Florence BLATRIX CONTAT (Socialiste, Écologiste et Républicain – Ain), M. Stéphane DEMILLY (Union centriste –Somme), M. André GATTOLIN (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants – Hauts-de-Seine), Mme Catherine PROCACCIA (Les Républicains – Val-de-Marne) et M. Laurent SOMON (Les Républicains – Somme).

M. Jean-Michel HOULLEGATTE, Président, a vivement remercié les membres de leur présence en cette période de crise sanitaire. Il s’est déclaré très honoré d’avoir succédé à M. Marc DAUNIS aux fonctions de président du groupe et lui a rendu un hommage appuyé. En effet, M. Marc DAUNIS est intervenu à de multiples reprises afin de favoriser la conclusion du contrat australien des sous-marins avec la société DCNS, devenue aujourd’hui Naval Group. Il a également permis au groupe d’amitié de se déplacer à deux reprises en Australie, en 2015 et 2019.

Souhaitant poursuivre les engagements pris ces dernières années, après une année marquée par la crise sanitaire de la Covid, M. Jean‑Michel HOULLEGATTE, Président, a indiqué avoir d’ores et déjà pris l’attache, à deux reprises, du nouvel Ambassadeur de France, M. Jean-Pierre THÉBAULT.

I.                Revue générale

Puis il a fait un point sur les sujets d’actualité australiens ainsi que sur les enjeux que représente une relation bilatérale approfondie.

  1. Les enjeux économiques

Tout d’abord, la présence française dans la région Asie-Pacifique, à travers les collectivités d’outre-mer ‑ en particulier la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et les îles Wallis et Futuna ‑ représente un atout majeur pour les Australiens, qui cherchent à rééquilibrer leurs rapports face à la puissance chinoise.

Indépendamment de l’intérêt géostratégique, la France peut constituer également pour l’Australie un partenaire économique essentiel alternatif. La conclusion d’un partenariat stratégique franco-australien en 2018, les crispations australiennes envers le voisin chinois ainsi que le Brexit favorisent la mise en œuvre de relations économiques approfondies.

L’expertise technologique française est bien connue des Australiens. Elle a permis à Naval Group de conclure le contrat pour la construction de douze sous-marins océaniques en 2019. En 2018, c’était Thales qui avait signé un contrat de modernisation de la surveillance du trafic aérien en Australie. 39 des entreprises du CAC 40 sont implantées en Australie ; derrière ces « géants nationaux », ce sont de petits sous-traitants français qui bénéficient d’une ouverture à l’international.

La diplomatie parlementaire peut jouer un rôle actif en matière économique. Ainsi, l’Ambassadeur de France a souhaité le soutien du groupe afin, d’une part, de consolider les opportunités créées par le contrat avec Naval Group et, d’autre part, de permettre la conclusion de nouveaux contrats dans d’autres secteurs économiques. Le contrat a ouvert des perspectives qu’il convient aujourd’hui de faire fructifier.

Avant la crise économique, l’Australie avait bénéficié, en 2019, d’une croissance ininterrompue pendant 27 années, la plaçant au treizième rang des économies mondiales.

L’épidémie de COVID risque d’entrainer une récession sévère de l’ordre de 6 % du PIB selon les estimations. Le Gouvernement et la Banque centrale ont annoncé des plans de relance représentant un effort de 16 % du PIB (320 milliards AUD).

En effet, si l’Australie n’a enregistré que 908 décès pour 25 millions d’habitants, c’est au prix de mesures drastiques. Un des plus longs confinements au monde a été imposé à Melbourne, obligeant la fermeture de presque tout établissement, à l’exception des épiceries et des hôpitaux, pour environ quatre mois.

Dans plusieurs villes, des barrages routiers ont été aménagés afin de s’assurer que les habitants restaient chez eux. Lorsque les restrictions ont été assouplies, un couvre-feu nocturne a été instauré.

La seconde vague de l’épidémie ayant été maîtrisée, M. Jean-Michel HOULLEGATTE, Président, a fait valoir que la technologie française doit pourvoir à de nombreux besoins australiens auxquels le pays ne peut lui-même satisfaire, dans le cadre de l’effort australien de relance.

  1. L’accord de libre-échange

Un autre sujet d’intérêt est la négociation, en cours depuis juin 2018, d’un accord de libre-échange entre l’Australie et l’Union européenne. Le neuvième cycle des négociations vient de s’achever le 11 décembre 2020. Leur conclusion n’est pas prévue avant la fin 2021.

S’agissant du volet développement durable, la France souhaite :

-   l’inclusion de l’accord de Paris comme clause essentielle du futur accord ;

- un chapitre juridiquement contraignant sur le commerce et le développement durable.

Concernant l’agriculture, le volet tarifaire de l’accord devrait tenir compte des sensibilités françaises, en particulier s’agissant de la filière bovine, afin de ne pas déstabiliser la production européenne. L’Australie est, en effet, fortement exportatrice de viande bovine et ovine ainsi que de produits laitiers.

Enfin, il convient de veiller à la préservation des intérêts des territoires d’outre-mer, notamment la Nouvelle-Calédonie. Cette dernière n’est pas intégrée à la politique commerciale de l’Union européenne (UE). Or, elle pourrait être pénalisée par une concurrence accrue en provenance de l’Australie pour ses exportations vers l’Union.

  1. Le renforcement des échanges académiques

Les échanges académiques constituent un enjeu majeur des relations franco-australiennes car de nombreux étudiants français souhaitent étudier en Australie. M. Jean-Michel HOULLEGATTE, Président, a rappelé que la conclusion des accords d’échange est nécessaire mais ne suffit pas : il convient en effet de les faire vivre.

  1. Le rapatriement des dépouilles des aborigènes

Fort de ses observations lors de son déplacement en Australie avec une délégation sénatoriale conduite par Mme Valérie LÉTARD et M. Claude RAYNAL en 2019, M. Jean-Michel HOULLEGATTE, Président, a évoqué la fraternité d’armes qui s’est créée entre la France et l’Australie pendant la première guerre mondiale. Celle-ci a conduit à la mort de plus de 60 000 soldats australiens. Parmi ces soldats figuraient des Aborigènes qui, morts en France, ne peuvent accéder, selon leurs croyances, à la paix de l’âme.

Il est question de 59 dépouilles dont le rapatriement constitue une question primordiale pour les Australiens. Il contribuerait à la réconciliation de ces derniers avec les Aborigènes et représenterait un geste fort aux yeux de la population.

  1. Une évolution climatique préoccupante

L’Australie s’est engagée à agir en faveur de l’environnement lors de la signature de l’accord de Paris sur le climat. Toutefois, elle a renoncé à inscrire dans la loi ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Sa dépendance au charbon, malgré ses efforts pour aller vers des énergies renouvelables, fait d’elle l’un des plus importants pays émetteurs de gaz à effet de serre par habitant.

Or, M. Jean-Michel HOULLEGATTE, Président, a précisé que le carbone constituait un marqueur politique. Le gouvernement de Scott Morrison avait fait campagne, en 2019, contre le plan climatique de l’opposition travailliste, estimant qu’il conduirait le pays à la ruine et mettrait en péril l’emploi minier. La réélection du Premier ministre avait alors conduit le Gouvernement à favoriser en priorité l’économie sur l’environnement.

Toutefois, les feux de brousse ayant ensuite ravagé le pays ont fait évoluer le discours gouvernemental vers une plus grande prise en compte des défis climatiques. L’Australie a en effet connu la pire saison d’incendies entre la fin de 2019 et le début de 2020, et se trouve en ce moment à nouveau frappée par des feux de grande ampleur. Plus grande île de sable du monde, l’île Fraser, depuis six semaines la proie de ces terribles incendies, a déjà été ravagée à plus de 40 %.

Outre la sécheresse, les questions liées à la préservation de la grande barrière de corail et à la conservation de la biodiversité sont également préoccupantes.

M. Jean-Michel HOULLEGATTE, Président, a considéré que le pays devrait à plus ou moins long terme s’ouvrir à la transition énergétique. Les opportunités pour la France sont nombreuses dans ce secteur.

À titre d’illustration, l’hydrogène constitue une piste sérieuse que l’entreprise ENGIE exploite. Elle a élaboré un projet de production d’hydrogène à partir d’énergie solaire sur un site d’engrais en Australie à l’horizon 2030. La technologie française est également capable d’exploiter les terres rares de manière respectueuse de l’environnement.

II.              Programme du Groupe interparlementaire d’amitié

À la suite de cette revue générale, M. Jean-Michel HOULLEGATTE, Président, a présenté le projet de programme du groupe d’amitié.

Outre le suivi de l’actualité des différents points évoqués précédemment, il a proposé de poursuivre les actions entreprises lors du dernier déplacement en Australie, en se focalisant notamment sur :

- l’accueil d’une délégation de parlementaires australiens ;

- la coopération décentralisée ;

- le rapatriement des dépouilles aborigènes.

Le Bureau du Sénat a émis un avis favorable à l’accueil d’une délégation de parlementaires australiens, dans la mesure où les conditions sanitaires le permettraient.

Dans cette perspective, une série d’entretiens, en présentiel ou en visioconférence, selon le cas, seront programmés notamment avec:

- le Directeur de l’Asie et de l’Océanie du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, M. Bertrand LORTHOLARY ;

- le nouvel ambassadeur d’Australie en France, S.E. Mme Gillian BIRD.

S’agissant de la promotion de la coopération décentralisée, M. Jean‑Michel HOULLEGATTE, Président, a proposé que le groupe d’amitié joue le rôle de relais dans la transmission des informations sur les atouts économiques des territoires entre les exécutifs régionaux et le poste diplomatique. Dans cette perspective, il a suggéré de faire un point bimensuel avec M. Jean-Pierre THÉBAULT, Ambassadeur de France, par visioconférence.

Enfin, s’agissant des dépouilles aborigènes, l’attache des ministères compétents ainsi que celle du nouvel ambassadeur d’Australie en France seront prises par le groupe d’amitié.

L’Assemblée générale a ensuite procédé à la désignation des membres du Bureau. M. Jean-Michel HOULLEGATTE, Président, a précisé que le groupe comprenait à ce jour 24 membres dont neuf appartenant au groupe Les Républicains (LR), six au groupe Union centriste (UC), cinq au groupe Socialiste, Écologiste et Républicain (SER), deux au groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants (RDPI), un au groupe Écologiste – Solidarité et Territoires (GEST) et un au groupe Rassemblement démocratique et social européen (RDSE).

Puis M. Jean-Michel HOULLEGATTE, Président, a rappelé les règles encadrant la composition du Bureau. Cette dernière doit impérativement  tenir compte des équilibres politiques au sein du Sénat et du groupe d’amitié ainsi que de la représentation obligatoire de chaque groupe au sein du Bureau.

Il en résulte la composition du Bureau suivante :

Président :

M. Jean-Michel HOULLEGATTE (Socialiste, Écologiste et Républicain)

Vice-Présidents :

Mme Catherine PROCACCIA (Les Républicains)

M. Rémy POINTEREAU (Les Républicains)

M. Laurent SOMON (Les Républicains)

M. Lucien STANZIONE (Socialiste, Écologiste et Républicain)

M. Stéphane DEMILLY (Union centriste)

Secrétaires :

M. André GATTOLIN (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants)

M. Guillaume GONTARD (Écologiste - Solidarité et Territoires)

M. Jean-Yves ROUX (Rassemblement Démocratique et Social)

Mme Lana TETUANUI (Union centriste)

Mme Joëlle GARRIAUD MAYLAM (Les Républicains)

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