Groupe France-Ukraine

L’assemblée générale du groupe interparlementaire d’amitié France-Ukraine s’est tenue mercredi 13 janvier 2021, sous la présidence de Mme Nadia Sollogoub (Union centriste – Nièvre).

Étaient également présents : M. Jean-Yves Leconte (Socialiste, écologiste et républicain – Français établis hors de France) et Hervé Maurey (UC – Eure), Mmes Marie Mercier (Les Républicains – Saône-et-Loire) et Evelyne Perrot (UC – Aube), et M. Jean-Paul Prince (UC – Loir-et-Cher).

L’assemblée générale a procédé à la désignation du président d’honneur et des vice-présidents du groupe, le président étant préalablement nommé par les groupes politiques.

Il en ressort la composition du bureau suivante :

Mme Nadia Sollogoub, Présidente, a rapporté avoir rencontré dernièrement, avec M. Hervé Maurey, l’ambassadeur d’Ukraine en France, qui a évoqué en particulier les problématiques culturelles et économiques de son pays, notamment à l’échelon territorial. S’agissant des projets du groupe, elle a dit souhaiter les orienter en fonction de l’actualité ukrainienne. Elle a également cité la possibilité éventuelle d’organiser un colloque au Sénat sur l’Ukraine avec Business France.

Puis il a été procédé à l’audition de M. Etienne de Poncins, Ambassadeur de France en Ukraine.

M. Etienne de Poncins, Ambassadeur, a tout d’abord fait un point sur la situation politique en Ukraine. Il a rappelé que la victoire, aux élections présidentielles de 2019, de Volodymyr Zelensky, face au chef de l'État sortant, Petro Porochenko, avait fait souffler un vent de nouveauté et de fraicheur sur le paysage politique. Jeune et dynamique, le nouveau président, fort d’une majorité absolue à la Rada, l’assemblée du parlement monocaméral ukrainien, a en effet entrepris un programme de réformes et cherché à fédérer un pays divisé schématiquement entre une partie occidentale nationaliste et une partie orientale pro-russe. Cependant, la mise à l’écart des réformateurs au profit des anciens oligarques, qui a eu lieu à l’occasion du remaniement ministériel de mars 2020, a notablement isolé et fragilisé le président Zelensky, contraint désormais de s’appuyer, dans le processus législatif, sur son prédécesseur ou sur des coalitions.

à titre d’exemple, M. Etienne de Poncins, Ambassadeur, a fait état du démantèlement fin octobre 2020 par la Cour constitutionnelle ukrainienne, de la législation anti-corruption, déclarée anticonstitutionnelle, remise en cause qui pourrait s’étendre à d’autres domaines comme le secteur bancaire. Elle illustre l’affaiblissement du pouvoir central face à certaines institutions, accaparées par les oligarques pro-russes, mais aussi face aux collectivités, et notamment aux grandes villes, dont une loi de décentralisation a renforcé l’autonomie. Dans ce jeu institutionnel complexe, le ministre de l’intérieur, Arsen Avakov, constitue toutefois un pôle de stabilité et a montré sa proximité avec la France.

M. Etienne de Poncins, Ambassadeur, a également évoqué le caractère fructueux des relations franco-ukrainiennes. Trouvant notamment son origine dans la bonne entente entre les deux présidents, il permet à notre pays de bénéficier d’une visibilité particulière à l’égard de l’Ukraine, que ce soit dans le « Format Normandie », mis en place lors de la guerre du Donbass, comme au sein du G7. Il permet également d’y développer des projets économiques d’importance (livraison d’équipements militaires et de transport, implantation d’usines de traitement des eaux...), au moyen pour certains d’accords inter-gouvernementaux, en s’appuyant notamment sur une commission mixte co-présidée par le ministre français de l’économie et le ministre ukrainien de l’intérieur.

Interrogé sur ce point par les membres du groupe, M. Etienne de Poncins, Ambassadeur, a ensuite évoqué l’impact de la pandémie de Covid-19 en Ukraine, qu’il a jugé relativement limité, le système de soins n’ayant pas été débordé et la population ayant toujours pu se procurer des masques. L’accès aux vaccins, cependant, a soulevé un débat opposant les partisans d’un recours au vaccin russe et ceux, dont le président Zelensky, préférant s’approvisionner en Europe.

Citant pour finir les points forts que constituent les secteurs de l’agriculture et des nouvelles technologies pour l’économie ukrainienne, M. Etienne de Poncins, Ambassadeur, a conclu en évoquant le changement d’approche concernant une éventuelle adhésion à l’Union européenne, qui a évolué d’une revendication relativement appuyée à une démarche plus pragmatique consistant à se concentrer sur le développement interne du pays, permettant à terme d’envisager naturellement l’intégration.

• M. Jérémy ROUBIN
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