Groupe d'études « Statut, rôle et place des Français établis hors de France »

7 avril 2021 - 13h30

Le 7 avril 2021, sous la présidence de Mme Jacky DEROMEDI  (Les Républicains – Français établis hors de France), présidente, le groupe d'études « Statut, rôle et place des Français établis hors de France » a auditionné M. Olivier BROCHET, Directeur de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE) avec Mme Raphaëlle DUTERTRE, Conseillère aux relations institutionnelles à l’AEFE.

Étaient également présents : M. Olivier CADIC (UC – Français établis hors de France), Mmes Hélène CONWAY-MOURET (SER – Français établis hors de France), Catherine DI FOLCO (LR – Rhône), Marie EVRARD (RDPI – Yonne), MM. Christophe-André FRASSA (LR – Français établis hors de France), M. Rémi FERAUD (SER – Paris), Jean-Yves LECONTE (SER – Français établis hors de France), Ronan LE GLEUT (LR – Français établis hors de France), Mmes Claudine LEPAGE (SER – Français établis hors de France), Marie MERCIER (LR – Saône-et-Loire), M. Richard YUNG (RDPI – Français établis hors de France).

Dans ses propos introductifs, Mme Jacky DEROMEDI a rappelé l’importance de l’AEFE, qui dispense un enseignement français de qualité aux citoyens français expatriés. En effet, à travers les 540 établissements qu’elle soutient ou gère directement dans près de 140 pays dans le monde, l’AEFE accueille 365 000 élèves dont un peu moins de 120 000 Français. Dotée d’un budget de 1,1 milliards d’euros, l’AEFE représente un investissement important pour l’avenir de notre jeunesse et la diffusion de nos valeurs dans le monde. La présidente a présenté à M. Olivier BROCHET les principales préoccupations du groupe d’études : le plan de développement de l’enseignement français à l’étranger du Président de la République (et ses différents leviers : formation de nouveaux enseignants, financement de travaux d’agrandissement, création de nouvelles écoles…), le nouveau dispositif de garantie d’emprunt se substituant à celui de  l’Association Nationale des Écoles Françaises à l’Étranger (ANEFE), l’impact de la crise sanitaire sur le réseau de l’AEFE et le plan d’urgence adopté par le Parlement, notamment concernant les bourses scolaires, et enfin l’orientation des bacheliers de l’enseignement français à l’étranger vers les établissements d’enseignement supérieur.

M. Olivier BROCHET, soulignant que la scolarisation de leurs enfants était l’une des premières préoccupations des Français à l’étranger, a brièvement présenté l’agence. Il a rappelé que l’AEFE exerçait une mission de service public  à l’égard des communautés françaises de l’étranger et était un acteur de la diplomatie d’influence. Faisant valoir l’ampleur de cette mission, il a rappelé que l’agence est dotée d’un budget de 1,1 milliard d’euros (9ème opérateur public de l’État par son budget), dont environ 400 millions d’euros au titre du Programme 185, 100 millions d’euros au titre du programme 151 et 600 millions d’euros de recettes propres (qui proviennent principalement des frais d’inscriptions versés par les familles).

Il a également rappelé que le réseau compte 540 établissements (chiffre en hausse) accueillant près de 370 000 élèves (dont 119 000 Français) et répartis entre trois catégories d’établissement : «établissements sous gestion directe » (EGD), « établissements conventionnés » (privés de droit local, mais ayant une mission de service public donc disposant de moyens publics) et « établissements partenaires » (privés de droit local, mais ne disposant pas de moyens publics importants en dehors de l’accès à certains services : bourses, formation des enseignants…).

Rappelant que l’année 2020 a été marquée par le 30ème anniversaire de l’AEFE, M. Olivier BROCHET a insisté sur la préservation de sa vocation d’origine : une agence qui veille à la cohérence du réseau, qui assure sa coordination et soutienne son développement tout en garantissant sa qualité.

Dans une première partie consacrée à l’impact de la crise de la Covid-19, M. Olivier BROCHET  a indiqué que 40 % des établissements étaient actuellement ouverts en présentiel, tandis que 60 % demeurent fermés ou dans un format hybride (avec des dispositifs variés). Les conditions d’accueil dépendent des autorités locales des pays hôtes et les établissements doivent adopter les modalités d’enseignement  Pendant toute la durée de la crise, l’AEFE a conduit une politique reposant sur trois axes :

- apporter un cadre réglementaire « clair et simple » afin de donner des repères aux établissements.

- apporter un soutien actif, à la fois pédagogique et économique, aux établissements

- avoir une approche plus déconcentrée, en se reposant plus largement sur les chefs d’établissements et les postes diplomatiques, mieux en mesure de gérer directement la diversité des situations, tandis que l’agence s’attache à répondre à leurs demandes.

M. Olivier BROCHET a salué le sens de la responsabilité et la mobilisation du personnel de l’AEFE, reconnaissant que si tout ne va pas bien et que le réseau a indéniablement souffert de la crise, le système a bien résisté. Il s’est dit confiant sur un retour à la normale dans un avenir proche avec des modalités d’enseignement plus habituelles.

Sur le plan pédagogique, le directeur de l’AEFE a rappelé combien la recherche d’outils pratiques pour construire l’enseignement à distance est importante, à la fois pour poursuivre la mission d’enseignement mais aussi pour la pérennité des établissements, qui doivent impérativement continuer de percevoir les écolages, notamment pour rémunérer les enseignants. Les subventions de l’État français ne représentent en effet qu’une partie des recettes de l’ensemble des établissements du réseau (environ 3 milliards d’euros). Globalement, les familles et élèves reconnaissent une progression du réseau dans son adaptation à la pandémie. Ce succès est le fruit du travail des enseignants et des 500 enseignants-formateurs (qui exercent 50 % du temps une mission d’enseignement et 50 % du temps une mission de formation de leurs pairs), avec le pilotage des inspecteurs de l’Agence. Leur rôle a été déterminant durant la crise. Ils ont ainsi conduit plus de 90 000 actions de formation, à la fois pour accompagner les professeurs dans la maîtrise des nouveaux outils mais aussi pour enrichir les pratiques pédagogiques et le contenu des cours. Reconnaissant la complexité de l’enseignement à distance, M. Olivier BROCHET a estimé qu’il était désormais bien maîtrisé, ce qui serait un atout pour l’avenir. Sur le plan budgétaire, les crédits du plan de soutien, votés dans la loi de finances rectificative n°3 de 2020, ont permis de limiter l’impact de la crise sur le réseau. On constate toutefois que le nombre des élèves français a diminué, à la fois parce que certaines familles ont fait le choix de différer leur départ à l’étranger, tandis que d’autres n’ont pas pu revenir après les vacances estivales. Si le niveau des effectifs connaît dans son ensemble une quasi stabilité (- 0,35%) entre mars 2020 et mars 2021, on dénombre 5,5 % d’élèves français en moins, représentant 6 000 des 8 000 élèves ayant quitté le réseau à périmètre constant. Ces pertes ont été en partie compensées par l’arrivée d’établissements nouvellement homologués. La tendance à la baisse du nombre d’élèves est également perceptible après la rentrée des classes 2021 dans les pays du rythme sud, avec 6 % d’élèves en moins dans les établissements sans que cela n’occasionne toutefois de fermeture d’établissements.

Dans la gestion de la crise, les crédits destinés au réseau ont été articulés autour de trois grands volets :

- premier volet : l’accompagnement des familles françaises en difficulté, grâce à un abondement des bourses scolaires de 50 millions d'euros supplémentaires. Le montant des crédits consommés sur l'enveloppe dédiée aux bourses s’élevait à 110 millions d’euros en 2021. Si l’augmentation est significative, elle est néanmoins plus faible que ce qui avait été envisagé, à la fois en raison de la gestion pluriannuelle du programme de bourses et d’une sous-consommation des crédits dédiés aux  activités parascolaire et aux transports notamment. Les crédits restants sont reportés sur l’année 2021.

- deuxième volet, l’aide aux familles étrangères et aux établissements – pour répondre à leurs grandes difficultés financières et pallier aux investissements du fait de la crise –, avec une subvention supplémentaire de 50 millions d'euros. La première phase de ce plan d’urgence, d’un montant de 13,4 millions d’euros, concernait 18 400 élèves dans 250 établissements, dont 5 millions d’euros et 9 000 élèves pour les seuls établissements du Liban. La seconde phase concernait l’ensemble des établissements pour couvrir leurs frais d’adaptation à la crise (17,5 millions d’euros). Enfin, 7 millions d’euros vont prochainement être alloués après consultation sur les modalités auprès des membres du conseil d’administration de l’AEFE.

- troisième volet, une enveloppe de 50 millions d'euros d'avances de l'Agence France Trésor (AFT) permettant à l'AEFE de soutenir la trésorerie des établissements, qui peinent parfois à percevoir les frais d’écolage. Sur cette enveloppe, 20 millions d’euros ont été effectivement mobilisés, ce qui a permis à l’Agence d’accorder des délais de paiement aux établissements conventionnés (20 millions d’euros) et des avances de trésorerie aux établissements partenaires (5 millions d’euros).

M. Olivier BROCHET a également soulignée le soutien accordé au dispositif FLAM, qui vise à promouvoir la langue et la culture française, avec un budget rehaussé à 500 000 euros au lieu de 250 000 euros précédemment.

Si le réseau pris dans son ensemble a été résilient, M. Olivier BROCHET a fait part de son inquiétude concernant certains établissements, en particulier au Liban. Leur situation est suivie de près par l’AEFE et des conventions temporaires ont été proposées à certains.

Dans une seconde partie, M. Olivier BROCHET est revenu sur la mise en œuvre du Plan de développement de l’enseignement français, présenté le 3 octobre 2019 par Messieurs Jean-Yves LE DRIAN, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Michel BLANQUER, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et Jean-Baptiste LEMOYNE, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Piloté par l’AEFE, ce plan a pour objectif de doubler le nombre d’élèves accueillis dans les établissements d’enseignement français à l’étranger à l’horizon 2030 (pour le porter à environ 700 000 élèves). Un contrat pluriannuel d’objectif et de moyens (COM) est en cours de finalisation et devrait être communiqué prochainement pour avis au Parlement. L’AEFE a par ailleurs fait l’objet d’une réorganisation interne, avec un nouvel organigramme depuis septembre 2020, pour permettre un meilleur pilotage et une plus grande efficacité. Désormais, le service de l’appui et du développement du réseau (SADR) de l'AEFE est l’interlocuteur unique des investisseurs et porteurs de projets, qui visent une homologation (ou l’extension d’une homologation) pour leurs établissements scolaires. Il accompagne actuellement 54 établissements vers l’homologation et se charge de trouver de nouveaux investisseurs.

M. Olivier BROCHET a ensuite évoqué le Plan de formation continue des personnels, qui vise à la fois à accroître la qualité du réseau et à répondre aux besoins des nouveaux établissements scolaires homologués. L’engagement du ministère de l’Éducation nationale de détacher 1 000 enseignants titulaires d’ici à 2030 ne couvrira qu’une partie des besoins et l’AEFE travaille à renforcer la formation des enseignants sous contrat local. Le plan de formation repose sur la création de seize « instituts régionaux de formation » (IRF), , prévue initialement le 1er janvier 2020, qui a dû être reportée à janvier 2022, car elle suppose une modification de nature législative du Code de l’Éducation. Il s’agit en effet de modifier leur mode de gouvernance et d’en faire des établissements en gestion directe avec un budget autonome. Les IRF pourront mettre en place des formations diplomantes en lien avec d’autres structures. Ainsi, un Master « Enseignement Français à l’Étranger » a été lancé en octobre 2019 en Tunisie et il a vocation à être intégré à la nouvelle université franco-tunisienne pour l’Afrique et la Méditerranée (UFTAM). C’est un partenariat dynamique et structurant qui devrait en inspirer de nouveau à l’avenir selon M. Olivier BROCHET. En France, les Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (INSPE) proposeront une certification spécifique à l’enseignement français à l’étranger (EFE), dans le cadre du Master « Métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation » (MEEF) : le « Certificat d’aptitude à participer à l’enseignement français à l’étranger » (CAPEFE).

Enfin, afin de renforcer l’attractivité du réseau AEFE dans un contexte très concurrentiel, M. Olivier BROCHET a indiqué que l’AEFE mettait en place une communication plus offensive, parfois en partenariat avec l’Education nationale, avec la parution de plaquettes multilingues (« Choisir l'école maternelle française internationale », « Entrez dans le réseau de l’enseignement français à l’étranger »…) qui insistent à la fois sur la qualité du réseau, son inclusivité (sensibilité des familles non-francophones) et sur sa spécificité, celle d’un enseignement plurilingue. Créé en juin 2016 par l’AEFE, en lien avec la Mission laïque française (Mlf), l’Observatoire pour les élèves à besoins éducatifs particuliers (OBEP) s’est par ailleurs réuni le 25 mars, notamment pour examiner la prise en compte des élèves à besoins éducatifs particuliers dans l’enseignement à distance.

Le directeur a également rappelé l’importance de la qualité des infrastructures comme levier d’attractivité. Aussi, a-t-il également attiré l'attention des sénateurs sur la présence depuis 2010 de l’AEFE sur la liste des organismes divers d'administration centrale (ODAC) ayant interdiction de contracter un emprunt dont le terme est supérieur à douze mois. Cela contraint l’AEFE à utiliser d’autres modalités de financement, qui pèsent sur les frais de scolarité, et qui sont mal acceptées par les familles. En ce sens, M. Olivier BROCHET a rappelé que le financement de l’AEFE avait considérablement évolué depuis 2010, les ressources propres de l’agence étant désormais supérieures aux financements de l’État, ce qui devrait techniquement faire sortir l’AEFE de la liste des ODAC Ces emprunts sont indispensables, car ils doivent permettre la rénovation et l’extension d’établissements  en gestion directe, incitant à la création d’écoles maternelles et primaires conventionnées ou partenaires en leur permettant la continuité pédagogique.

À cet égard, M. Olivier BROCHET a regretté le blocage, depuis plus de deux ans, des investissements immobiliers financés jusqu’alors via le dispositif de garantie d’emprunt de l’Etat porté par l’ANEFE. Le nouveau dispositif devrait faire l’objet d’un nouvel arrêté publié avant la fin du mois d’avril par le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance et le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

Remerciant M. Olivier BROCHET de sa présentation très complète, Mme Jacky DEROMEDI a demandé des précisions sur les recettes globales du réseau de l’AEFE, ainsi que sur un éventuel assouplissement des critères d’octroi des bourses, l’ensemble des crédits ouverts n’ayant pas été consommés.

M. Olivier BROCHET a indiqué que le chiffre d’affaires de l’ensemble des 540 établissements du réseau représente environ 3 milliards d’euros. L’AEFE soutient l’ensemble des établissements qui contribuent pour leur part de façons très différentes selon leur statut au fonctionnement du réseau, selon qu’ils bénéficient d’u soutien fort de l’Etat (établissements en gestion directe et conventionnés) ou plus limités (partenaires). Se disant conscient que le dispositif actuel ne répond pas à toutes les demandes, M. Olivier BROCHET  a indiqué qu’un groupe de travail de la Commission nationale des bourses (CNB) s’était réuni à ce sujet, la veille, et se réunirait de nouveau début mai, afin d’étudier des ajustements. Il a rappelé que les calculs pour l’octroi d’une bourse reposaient sur la détermination d’un quotient de référence dit Qmax selon des modalités s’apparentant à celles quotient familial. Ce quotient a été porté à 23 000 euros il y a trois ans, permettant à quelques dizaines d’élèves d’obtenir une bourse. Nous avons fait des simulations de relèvement de Qmax à  30 000 euros. Cela  ne permettrait d’en faire bénéficier que 150 boursiers supplémentaires et serait extrêmement onéreux. Il semble préférable dès lors de maintenir le niveau à 23 000 euros, et de travailler sur d’autres hypothèses pour  réduire le reste à charge (RAC) pour les familles, plus utile selon lui.

M. Ronan LE GLEUT (LR – Français établis hors de France), a souligné le problème que pose l’homologation de nouveaux établissements scolaires qui vont ainsi entrer en concurrence avec ceux précédemment homologués. À titre d’exemple, il a évoqué le projet de fermeture de l’internat du lycée Gustave Flaubert de La Marsa (Tunisie), qui accueille plus d’une centaine d’élèves. Il a ensuite alerté sur le coût substantiel pour les familles des tests antigéniques, obligatoires pour accéder à certains établissements, et qui nécessiterait d’envisager selon lui des mesures d’accompagnement de l’AEFE. Enfin, il a fait part de ses inquiétudes concernant les défaillances de la plateforme « Ma classe à la maison » du Centre national d’enseignement à distance (Cned), qui s’est révélée être le plus souvent inaccessible.

Concernant l’internat du lycée Gustave Flaubert, M. Olivier BROCHET a dit avoir été saisi du dossier 2 ou 3 jours auparavant. Il a confirmé que la logique d’extension du réseau est directement en lien avec cette fermeture, les élèves de Sousse par exemple disposant désormais de leur propre lycée français. Cette fermeture ne serait toutefois pas immédiate mais progressive. Concernant les tests antigéniques, il a déclaré être informé de cette problématique qui ne concernerait que quelques établissements tels que le Lycée français du Caire, établissement en gestion directe de l’AEFE. M. Olivier BROCHET a dit être attentif à la situation des élèves et des enseignants pour éventuellement les accompagner sachant que les coûts des tests peuvent être très élevés à l’étranger, et que ce problème pourrait concerner d’autres établissements du réseau prochainement. Enfin, concernant les difficultés informatiques, le directeur de l’AEFE a rappelé que les établissements avaient leurs propres dispositifs d’enseignement à distance, et n’était pas dépendants des outils mis en place en France tels que « Ma classe à la maison » (Cned).

M. Jean-Yves LECONTE (SER – Français établis hors de France), après avoir rappelé que les élèves des lycées français de l’étranger avaient l’atout de la maîtrise des langues, qui joue notamment un rôle important dans la réussite au baccalauréat, a interrogé le directeur de l’AEFE sur l’existence d’indicateurs permettant de mesurer régulièrement le niveau des élèves dans l’ensemble des disciplines. De même, il a questionné la possibilité de doubler le nombre d’élèves accueillis dans les établissements d’enseignement français à l’étranger à l’horizon 2030 alors même que l’on constate une baisse du nombre d’élèves français. Il s’est ensuite interrogé sur le rôle de l’AEFE, qui dans certains pays (Maroc, Tunisie, Sénégal…) semble se substituer aux autorités locales défaillantes dans la formation des enseignants. Selon lui, il deviendrait difficile de « faire réseau » avec le développement de financements privés. Enfin, s’agissant du coût des tests PCR qui peut atteindre jusqu’à 150 euros, il a souligné une situation anormale au Caire, appelant à leur prise en charge par l’établissement.

M. Olivier BROCHET a d’abord rappelé la qualité du réseau de l’AEFE, avec un taux de réussite au baccalauréat de près de 99 % et un taux de mention élevé. Il n’existe pas à ce stade  de moyennes statistiques disponibles par matière et M. Olivier BROCHET a reconnu qu’il était nécessaire de travailler sur de nouveaux indicateurs. Concernant la baisse du nombre d’élèves de nationalité française, il a dit espérer « retrouver les élèves disparus durant la crise », en travaillant également à un ajustement de la politique des bourses afin de diminuer notamment le reste à charge qui, selon lui, aurait augmenté au cours de la décennie écoulée. Concernant le développement du réseau, il a rappelé que ce développement était piloté localement en lien avec l’ambassade. À cet égard, la dynamique d’homologation de nouveaux établissements en Tunisie fait figure de référence dans le réseau. Cela crée une concurrence saine entre les établissements, contribuant à améliorer la qualité de l’enseignement offerte. Concernant le taux de provision exigé pour obtenir des garanties de financement pour les projets d’investissement des établissements du réseau, M. Olivier BROCHET a indiqué que ce dispositif ne concernait pas les établissements en gestion directe et était réservé aux seuls établissements conventionnés et partenaires. Enfin, concernant les tests, M. Olivier BROCHET a fait valoir qu’actuellement, au Caire, les élèves avaient le choix entre le retour à l’école en présentiel ce qui suppose la réalisation d’un test payant, ou le respect d’un isolement à la maison durant une dizaine de jours tout en bénéficiant d’un enseignement à distance. Il a néanmoins indiqué que l’AEFE réfléchissait à un dispositif de prise en charge.

Mme Hélène CONWAY-MOURET (SER – Français établis hors deFrance) a salué le travail exceptionnel de l’Agence durant la crise, ce qui lui a permis, avec un budget modeste, de bien résister. Elle a souhaité avoir des précisions sur les travaux conduits par le groupe de travail de la Commission nationale des bourses, ainsi que sur ses membres, indiquant son souhait que les parlementaires y soient associés. Elle a également demandé davantage de communication sur les publications de l’Observatoire pour les élèves à besoins éducatifs particuliers (OBEP), pour favoriser la remontée des bonnes pratiques. Cela présenterait un intérêt pour l’Éducation nationale mais aussi pour les parlementaires.

M. Olivier BROCHET a indiqué que faisaient partie de la Commission nationale des bourses les membres du conseil d’administration de l’AEFE ainsi que plusieurs élus. Le Sénat n’y est plus représenté, ce que M. Jean-Yves LECONTE a dit regretter, tandis que Mme Claudine LEPAGE a pointé une représentation déséquilibrée entre l’Assemblée nationale et le Sénat au sein de cette Commission.

M Jean-Yves LECONTE a par ailleurs déploré le caractère intrusif du dossier de demande des bourses, évoquant en particulier la nécessité de fournir 3 mois de relevés bancaires et s’interrogeant sur la légalité de la conservation du dossier par les consulats au regard du règlement général sur la protection des données (RGPD). En réponse, M. Olivier BROCHET a fait valoir que l’ensemble des pièces exigées ont été passées en revue par le groupe de travail et qu’il semble difficile de supprimer certaines pièces.

M. Olivier CADIC (UC – Français établis hors de France) a salué le travail des équipes de l’AEFE dans cette situation historiquement difficile. Concernant la réforme de l’ANEFE pilotée par le ministère de l’économie et des finances, il a souligné l’urgence de la publication d’un nouvel arrêté. Soulignant l’importance de la diplomatie éducative, il s’est dit prêt à s’engager en tant que sénateur à conforter la place de l’enseignement français à l’étranger et atteindre l’objectif d’augmentation des élèves scolarisés dans le réseau d’enseignement français à l’étranger de 30 000 par an. À cette fin, il a demandé si l’AEFE pouvait transmettre aux parlementaires le nombre d’élèves scolarisés dans le réseau AEFE depuis 20 ans, avec une distinction par types d’établissements. Il a ensuite relativisé la revalorisation du budget alloué au dispositif FLAM à hauteur de 500 000 euros, rappelant qu’il disposait d’un budget de 600 000 euros il y a dix ans. Enfin, il a appelé l’attention sur le projet de fermeture d’une classe de seconde à l’annexe du lycée international Alexandre-Dumas (LIAD) de Oran (Algérie) comptant une dizaine d’élèves, qui seraient contraints de s’inscrire en internat à Alger,.

M. Olivier BROCHET a renouvelé son impatience concernant la mise en oeuvre d’un dispositif spécifique en remplacement de celui de l’ANEFE. Il a dit s’attendre à une hausse exponentielle et non linéaire du nombre d’élèves scolarisés dans le réseau au cours des prochaines années, en lien avec la montée des cohortes dans les nouveaux établissements créés.. Concernant le dispositif FLAM, il a confirmé qu’il avait reçu un soutien budgétaire dégressif au cours des 5 dernières années. Il a rappelé que le soutien apporté aux associations était conçu depuis le début comme dégressif sur cinq ans pour accompagner leur création. Il n’est donc pas étonnant que l’enveloppe budgétaire globale ait diminué sur 10 ans. Aujourd’hui, ce sont surtout des projets des associations qui sont soutenus. Enfin, il a indiqué que la fermeture d’une classe de seconde à Oran s’expliquait par la fragilité des effectifs.

Enfin,  à Mme Jacky DEROMEDI qui souhaitait savoir dans quels pays le baccalauréat français n’était pas encore reconnu, constituant dans ces pays un frein au développement de l’enseignement français à l’international, M. Olivier BROCHET a indiqué que le baccalauréat était reconnu dans tous les grands États. Il a fait valoir la croissance du nombre d’élèves qui poursuivent leurs études dans l’enseignement supérieur français (52 % des bacheliers du réseau actuellement contre 46% il y a deux ans), ainsi que la hausse des inscriptions sur Parcoursup. L’agence offre aux bacheliers un accompagnement dans leur orientation et leurs démarches, afin de leur faciliter l’accès aux meilleures universités françaises. Ils bénéficient ainsi d’un suivi personnalisé, particulièrement apprécié et a priori sans équivalent en France.