Le 7 Octobre 2020, le groupe interparlementaire d’amitié France-Liban, présidé par Mme Christine Lavarde  (Les Républicains – Hauts-de-Seine), a reçu le président du groupe d’amitié franco-libanais, M. Simon Abiramia. Étaient en outre présents Mmes Catherine Morin-Desailly (Union Centriste – Seine-Maritime) et Sylvie Goy-Chavent (Les Républicains – Ain), MM. Bernard Fournier, (Les Républicains – Loire), Christophe-André Frassa (Les Républicains – Français établis hors de France), Xavier Iacovelli (Rassemblement des Démocrates, Progressistes et Indépendants– Hauts-de-Seine) et Dominique de Legge (Les Républicains – Ille-et-Vilaine).

Au cours de l’entretien, M. Simon Abiramia a fait une description détaillée de la situation libanaise, deux mois après l’explosion du port de Beyrouth.

Il s’est d’abord inquiété de la « misère économique » du pays, soulignant que plus de la moitié de la population libanaise a basculé sous le seuil de pauvreté, notamment à cause de la forte hausse du taux de chômage (50 % de la population active) et de mesures de restrictions bancaires drastiques. Du fait des plafonnements stricts de retraits aux guichets, les Libanais redoutent de perdre leurs économies. Selon le président du groupe d’amitié, les réserves obligatoires de la banque centrale libanaise seraient proches de leur niveau minimal. Selon lui, plus de 150 milliards de dollars auraient disparu des comptes.

À ce problème financier s’ajoute une crise politique d’ampleur, caractérisée par l’impuissance de la classe dirigeante, comme en témoigne  le renoncement du Premier ministre Mustapha Adib à former un gouvernent, quelques semaine seulement après sa désignation.

Cet échec repose la question de la transition vers un État laïc. En réponse à la question de M. Xavier Iacovelli sur l’avenir du système confessionnel, M. Simon Abiramia a dénoncé la recherche permanente d’un équilibre entre confessions,  ce qui ralentit les processus de décision et rend de fait le pays « ingouvernable ». Néanmoins, ce système présente un avantage : celui de préserver la place des chrétiens, alors que leur part dans la population décroit, notamment du fait de la présence de plus de 1,9 millions de réfugiés syriens et palestiniens. Il a fait valoir qu’un Etat laïc ne pourrait fonctionner que si l’ensemble des communautés en respectent les règles. Si tel n’était pas le cas, la présence même de l’identité chrétienne pourrait être remise en cause par la réalité démographique.

En réponse à Mme Sylvie Goy-Chavent, qui l’interrogeait sur la pertinence d’une réforme visant à mettre en place une transmission de la nationalité par filiation maternelle (aujourd’hui seulement transmise par filiation paternelle), M. Simon Abiramia, qui s’est dit favorable au principe de cette réforme, a alerté sur la nécessité d’étudier son impact sur l’équilibre communautaire au Liban.

A Mme Lavarde, qui s’est enquis de l’action  gouvernementale visant à limiter l’exode de la population libanaise à l’étranger, le président du groupe d’amitié a regretté l’inertie des autorités libanaises face à ce phénomène, dont l’ampleur est croissante et concerne tout particulièrement la population chrétienne.

Enfin, en réponse à M. Bernard Fournier qui souhaitait savoir comment avait été perçue la dernière conférence de presse du Président Emmanuel Macron, M. Simon Abiramia a reconnu à la France le mérite d’avoir impulsé une dynamique politique avec une feuille de route claire, se montrant toutefois plus nuancé quant à la responsabilité du Hezbollah dans l’échec de la constitution d’un gouvernent de transition. Pour sa part, il a estimé que la trop grande proximité du Premier Ministre Moustapha Adib avec l’ancien Premier Ministre S. Hariri pourrait avoir suscité la crainte « d’une revanche sunnite », la communauté chiite préférant soumettre sa propre liste de ministres.


Entretien avec Simon Abiramia, président du groupe d’amitié Liban-France

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