L’audition est ouverte à 15h15.

M. Christian Cambon, président. – Je vous remercie, Madame l’ambassadrice, d’avoir accepté cette audition par le groupe d’amitié France-Maroc du Sénat, qui fait suite à celle de Son Exc. M. Chakib Benmoussa, ambassadeur du Maroc en France, le 3 mars 2021. Nommée ambassadrice du Maroc en 2019, vous avez été notamment ambassadrice de France en Israël de 2016 à 2019, après avoir occupé plusieurs fonctions à Paris et à l’étranger.

Tout d’abord, je souhaite rendre hommage à votre action et à celle de vos équipes. Je tiens en effet à saluer la qualité des services offerts aux milliers de nos compatriotes expatriés au Maroc et aux touristes français, tant par les autorités consulaires que les services de l’ambassade. Je pense en particulier au rapatriement en France des milliers de touristes français bloqués au Maroc en raison de la fermeture des frontières. En matière d’échanges avec les autorités marocaines, je tiens également à dire que vous avez fourni un travail absolument exemplaire.

La France entretient une relation forte et ancienne avec le Maroc. Le groupe d’amitié France-Maroc du Sénat, que j’ai l’honneur de présider, constitue l’un des groupes d’amitié les plus anciens et les plus actifs du Sénat. Il comporte 60 membres, qui entendent contribuer à approfondir les relations entre les deux pays. Dans le cadre de cet entretien, je souhaiterais que l’on aborde trois thèmes non-exclusifs où votre analyse et vos conseils nous seront précieux. Tout d’abord, la situation actuelle au Maroc sur les plans économique, politique, social, et sanitaire. Des élections parlementaires se dérouleront bientôt au Maroc, nous voulions donc avoir un panorama du paysage politique actuel au Maroc. Sur le plan économique, le Maroc constitue une porte d’entrée de choix pour les entreprises françaises, souhaitant conquérir d’autres marchés en Afrique. En ce qui concerne la situation sanitaire, plus de 4 millions de personnes sont vaccinées au Maroc, ce qui représente une belle performance. En second lieu, nous aimerions recueillir votre perception de la politique étrangère du Maroc, notamment au sujet du rétablissement des relations diplomatiques avec Israël, en contrepartie de la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Enfin, nous souhaitions vous interroger sur l’état de la relation bilatérale, et nous sommes intéressés de savoir comment le groupe d’amitié pourrait y participer, en plus des nombreuses activités que nous avons entreprises, parmi lesquels le jumelage en cours avec la Chambre des Conseillers (1), ou encore le forum parlementaire franco-marocain. Quelles sont vos attentes et comment pouvons-nous vous aider dans votre mission ?

Mme Hélène LE GAL, Ambassadrice de France au Maroc. – Je vous remercie pour ces mots qui me touchent. Effectivement, le rapatriement de plus de 60 000 Français bloqués au Maroc entre mars et juillet 2020 (sur les 350 000 français rapatriés dans le monde), alors même que nous n’étions pas en période de vacances scolaires, montre à quel point l’imbrication humaine entre les deux États est forte.

En ce qui concerne la situation sanitaire, celle-ci est sous contrôle au Maroc, où l’on compte 8 700 morts du COVID. La prévalence du COVID est en diminution depuis le pic de novembre-décembre 2020. Ces bons résultats ont été atteints grâce à la mise en place de mesures sanitaires strictes et respectées (port du masque obligatoire et respect des gestes barrières, couvre-feu à 21h, fermeture de nombreux lieux de culte avec seulement 6000 mosquées ouvertes, forces de l’ordre très présentes et dispensant des amendes et des contraventions importantes. Les frontières sont fermées avec de nombreux pays. Elles sont maintenues ouvertes uniquement avec l’Espagne et la France, les Etats-Unis et le Golfe, ainsi qu‘avec certains pays africains, car ces pays constituent les principales fenêtres économiques du Maroc. La grande crainte est celle des variants… Concernant les vaccins, 12% des Marocains ont été vaccinés. La priorité porte sur les plus de 60 ans (Marocains et étrangers y compris le personnel diplomatique présent au Maroc, comme notre propre ambassade), les enseignants de plus de 45 ans et les personnes exerçant des fonctions d’autorité. Au départ, la priorité avait été donnée au vaccin chinois Sinopharm. Néanmoins, la Chine n’ayant pas livré à temps et en nombre suffisant , c’est finalement le vaccin Astrazeneca (en provenance d’usines de fabrication indiennes) qui a vacciné 80 % des Marocains, contre seulement 20% pour Sinopharm. Aujourd’hui, le Maroc fait face à une pénurie de vaccin, notamment en raison de l’arrêt des exportations du vaccin Astrazeneca par l’Inde.  Le Royaume essaie donc de diversifier ses partenaires et a notamment entamé des discussions avec la Russie pour le vaccin Sputnik. Il n’y a aucune polémique sur l’efficacité des vaccins.  Le Maroc a fait le choix d’une politique nationale forte . Et ce choix semble payant : 95% des vaccins administrés en Afrique l’ont été au Maroc.

En ce qui concerne les conséquences économiques de la pandémie, certains secteurs ont été très touchés. Le secteur du tourisme a été fortement frappé, ainsi que l’économie informelle, le chômage a sensiblement augmenté (notamment parmi les jeunes où il s’élève à 30%). Le secteur aéronautique n’est également pas épargné (l’écosystème Airbus et Boeing). Mais d’autres secteurs s’en sortent bien. On constate une augmentation des exportations vers l’Union Européenne dans le secteur de l’agroalimentaire, le secteur de l’automobile a repris sa progression (tiré notamment par les entreprises Peugeot et Renault),  tandis que l’industrie textile a fait preuve d’agilité ( en se recyclant dans la fabrication de masques).

Le Maroc a pris deux séries de mesures de soutien à l’économie : tout d’abord, un fort soutien à la trésorerie des entreprises ainsi que des mesures sociales (entre mars et septembre 2020 notamment).  Pour le financement, le Maroc a fait appel aux marchés financiers. Le taux d’emprunt, à 2.5%, témoigne d’une grande confiance du marché mondial envers le Maroc. Quelques bailleurs ont abondé les fonds de soutien (notamment l’Union Européenne). Aujourd’hui, le déficit public se situe à 8% et la dette est à 75 % du PIB. La croissance est quant à elle de -7% en 2020 mais avec des prévisions de 5 à 6% en 2021.

Un grand plan de relance est également prévu pour un montant de 12 milliards d’euros (soit 13% du PIB) grâce à un fonds d’investissement annoncé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Il reposera notamment sur un effort d’industrialisation du Maroc visant à limiter les importations. En effet, la crise a montré qu’il était possible de produire ce qui était auparavant importé d’Asie à un coût équivalent (comme par exemple les tests PCR désormais produits au Maroc). De plus, une grande réforme de la protection sociale au Maroc est prévue et s’étalera sur deux ans. Elle concernera dans un premier temps l’assurance maladie, puis les branches retraites et famille. La crise a donc permis une accélération des changements et des réformes au Maroc.

Néanmoins, le Maroc est un État ouvert sur le monde et reposant sur une économie libérale. Sa santé économique dépend donc de celle des autres États, notamment européens. 70 % de ses échanges économiques se font avec l’UE. Ainsi, la bonne santé du Maroc dépend de celle de l’UE.

La crise a également permis au Maroc de développer avec succès la « e-administration » : par exemple la plateforme de vaccination COVID est accessible uniquement par internet ou SMS (le 1717). Celle-ci centralise l’adresse, la date et l’heure du rendez-vous de la vaccination. Elle a été un véritable succès et cette réussite encourage le gouvernement marocain à aller plus loin en matière d’e-administration, qui semble même réconcilier les Marocains avec l’administration.

En ce qui concerne la situation politique, nous entrons dans une période d’élections. La date exacte de celles-ci n’est pas encore fixée, mais elles auront probablement lieu en septembre 2021. Les élections parlementaires, régionales et communales auront lieu au même moment. Cela devrait permettre de diminuer le fort taux d’abstention constaté habituellement lors des élections, qui constitue un véritable défi au Maroc. Une réforme de la loi électorale est actuellement en discussion.

En ce qui concerne la politique étrangère, le dossier du Sahara Occidental est revenu sur le devant de la scène en trois étapes : en premier lieu, au sein de l’Union africaine, où un grand nombre de pays jadis favorables à la reconnaissance de l’indépendance du Sahara occidental, ont revu leur position et ouvert pour une vingtaine d’entre eux un consulat au Sahara. C’est également le cas des Emirats Arabes Unis, de Bahrein et de la Jordanie. La seconde étape a été le blocage par le Front Polisario de la frontière avec la Mauritanie à Guerguerat, qui représente le principal point de transit entre le Maroc et l’Afrique. Face au refus du Front Polisario de se retirer, le Maroc a repris le contrôle de cette bande de territoire, au cours d’une intervention militaire, sans faire de victime. Enfin, la décision prise par le Président américain Donald Trump de reconnaître la pleine souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental a marqué la troisième étape.

Aujourd’hui, le front POLISARIO a indiqué reprendre les hostilités avec le Maroc.  Il s’agit « d’escarmouches ». La situation est sous contrôle. Néanmoins, cette crise a montré que la reprise du dialogue politique était une nécessité et qu’elle devait se faire dans le cadre des Nations Unies. Après la démission de M. Horst Kohler, un nouvel envoyé spécial pour le Sahara occidental doit être désigné par le Secrétaire Général des Nations Unies. Il apparait nécessaire de mettre un terme à ce conflit qui n’a que trop duré. Le « plan d’autonomie » présenté par le Maroc en 2007  représente à cet égard une base solide de négociation.

S’agissant maintenant des relations bilatérales franco-marocaines, celles-ci sont excellentes et caractérisées par une grande imbrication humaine entre les deux pays. Les liens sont nombreux, extrêmement diversifiés et la coopération est multidimensionnelle : aucun secteur ne prédomine sur les autres (politique, économie, culture, éducation, etc.).

De nombreuses visites ministérielles ont eu lieu récemment malgré la crise sanitaire : M. Eric Dupond-Moretti, garde des sceaux, est venu le 6 et le 7 décembre 2020. M. Jean-Yves LE DRIAN, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères s’est déplacé le 9 novembre 2020, et le 1er et 2 mars 2020. M. Gerald DARMANIN, ministre de l’Intérieur est quant à lui venu le 15 et 16 octobre 2020. Enfin, M. Franck RIESTER, ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, en charge du Commerce extérieur et de l’Attractivité s’est déplacé au Maroc le 11 et 12 octobre 2020 et nous accueillons cette semaine le Secrétaire d’Etat aux transports, M. Jean-Baptiste DJEBBARI.

Sur le plan des investissements, le Maroc se positionne pour l’après-Covid et cherche à attirer sur son territoire des entreprises marocaines et européennes qui avaient délocalisé en Asie (afin de privilégier la proximité et la relocalisation). De même, des entreprises asiatiques pourraient investir au Maroc pour exporter vers l’Union Européenne. Pour cela, le Maroc s’efforce d’encourager et de faciliter l’accueil des entreprises étrangères. La décarbonatation de l’industrie est une priorité du Maroc, notamment dans l’optique de se conformer aux attentes présentes et à venir de l’Union Européenne en matière de législation environnementale. Le Maroc a accueilli la COP22 et souhaite s’imposer comme un modèle en matière d’économie « décarbonnée ».

Sur le plan de la coopération éducative et culturelle au Maroc, plus de 42 000 étudiants marocains étudient en France, et pas moins de 44 000 élèves marocains sont inscrits dans les établissements scolaires français au Maroc, ce qui constitue une belle promesse pour la coopération à venir.

Enfin la diplomatie parlementaire a un rôle majeur à jouer dans la promotion des relations franco-marocaines, par exemple dans les secteurs de l’énergie verte ou encore de la protection sociale. Le Sénat peut également jouer un rôle moteur dans la promotion du développement territorial et de la coopération décentralisée, en encourageant la mobilisation des territoires. Dans un contexte de réforme de la territorialisation au Maroc, avec une place accrue accordée aux régions, je suis persuadée qu’il est opportun d’encourager les liens au niveau local plutôt que se de contenter d’une relation interétatique. Et dans ce cadre, je pense que le Sénat pourrait jouer un rôle utile.

Je vous remercie pour votre attention et serais ravie de répondre à vos questions.   
 
M. Christian Cambon, président. – Merci beaucoup Madame l’ambassadrice pour vos réponses. Nous allons à présent passer aux questions des Sénateurs. J’aimerais pour ma part vous poser la question suivante : pourriez-vous nous indiquer si la visite d’État du président de la République Emmanuel Macron, reportée suite à la pandémie de la Covid-19, est de nouveau programmée ?

Mme Hélène Le Gal, ambassadrice de France au Maroc. – En effet, cette visite était initialement prévue en février 2020, avant d’être reportée en avril, puis finalement reportée à un horizon incertain compte tenu de la pandémie.  C’est l’évolution de celle-ci qui sera déterminante pour fixer une nouvelle date en fonction du calendrier de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

M. Olivier Cadic (UC – Français établis hors de France). – Je souhaite d’abord vous témoigner ma reconnaissance pour l’action que vous menez au service de nos ressortissants avec les 6 consulats français , et votre résilience lorsque nos ressortissants sont attaqués.  Par exemple, la communauté française est actuellement vaccinée au Maroc. Concernant l’influence de la Chine, dans la ville de Tanger ou dans les contrats de chemins de fer par exemple, les Marocains sont-ils satisfaits ? Par ailleurs, que pouvons-nous faire pour accompagner les Marocains sur le dossier du Sahara occidental, autrement que par l’ouverture d’un consulat supplémentaire ? Enfin, je souhaite souligner qu’il y a une forte attente des entrepreneurs et des retraités français expatriés au Maroc pour bénéficier d’aides sociales.

Mme Hélène Le Gal, ambassadrice de France au Maroc. – Les récentes ouvertures de consulats étrangers au Sahara occidental sont des gestes essentiellement politiques. Or, la France ne conçoit pas les consulats comme des entités politiques mais comme des représentations au service des Français. Or, on ne dénombre que 300 français au Sahara occidental… Pour autant, la France a une présence sur ce territoire ; elle conduit par exemple une action éducative, à travers deux écoles françaises. Nous devons poursuivre notre engagement sur ce sujet  dans le cadre multilatéral, et encourager à la nomination d’un envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental.

La Chine est moins implantée au Maroc qu’en Algérie ou dans certains pays d’Afrique subsaharienne.

Enfin, concernant les aides sociales, les consulats de France ont en effet pu ressentir de nouvelles sollicitations en raison de la crise sanitaire. Les dispositifs sont normalement connus, mais nous communiquerons davantage.

Mme Michelle Gréaume (CRCE – Nord). – Je souhaite souligner l’importance des tensions en cours entre l’Algérie et le Maroc, après l’expulsion par l’Algérie de cultivateurs de dattes marocains de l'oasis de Figuig, située dans la région frontalière au sud-est du Maroc, au cœur de l’Atlas. La situation est susceptible de se dégrader encore davantage.

M. Alain Cazabonne (UC – Gironde). – Ma première question concerne le développement de l’hydrogène décarboné au Maroc, grâce aux cellules photovoltaïques. Ma seconde question concerne l’action du Maroc pour freiner l’exportation de cannabis, dont la culture est autorisée dans la région de Ketama, au nord.

Mme Hélène Le Gal, ambassadrice de France au Maroc. – Le Maroc bénéficie d’un grand territoire, de vent et d’un ensoleillement important, trois éléments très propices au développement de l’énergie renouvelable, et par extension de l’hydrogène vert. Ce sujet intéresse beaucoup les pays européens. Nous nous tenons à la disposition des entreprises françaises qui seraient intéressées pour les accompagner et nouer des partenariats sur ce dossier.

Pour ce qui concerne le cannabis, le trafic est combattu et réprimé au Maroc mais sa culture existe au Nord du pays Un projet de loi est en cours d’examen pour la légalisation du cannabis à usage thérapeutique et industriel. Les arguments avancés en faveur de la légalisation sont la baisse à attendre du trafic, la fin des cultures clandestines sans déclaration, et la protection de l’environnement.

M. Christian Cambon (LR – Val-de-Marne), président. – En décembre 2020, Donald Trump a annoncé que les États-Unis reconnaissaient la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental  , avant d’entamer début janvier 2021 le processus d'ouverture d'un consulat américain au Sahara occidental. Quelle réponse apporter aux médias marocains qui interrogent sur la position de la France ? De plus, quel est l’état de la relation entre le Maroc et l’Allemagne ? Enfin, quel regard portez-vous sur l’Agence française de développement (AFD) ? Je précise que l’on accueillera le directeur de l’AFD prochainement et que nous examinons actuellement le projet de loi de programmation relatif au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales.

Mme Hélène Le Gal, ambassadrice de France au Maroc. – Sur la question du Sahara occidental, la position de la France est constante et bien connue des autorités marocaines. La France s’est toujours tenue aux côtés du Maroc et a apporté son soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc, que nous considérons comme une solution réaliste et crédible. Une position marquée par la continuité dans le temps et fondée sur des valeurs (respect du multilatéralisme, etc.). Nous souhaitons agir dans le cadre de l’ONU. La diplomatie repose sur la constance et la durée.

Concernant l’Allemagne, les relations maroco-allemandes connaissent un certain nombre d’irritants, liés au dossier du Sahara occidental, mais aussi à la Libye. Le Maroc a souhaité manifester son mécontentement en annonçant le 1er mars  « suspendre tout contact, interaction ou action de coopération, en aucun cas ou sous aucune forme » avec l’Ambassade d’Allemagne au Maroc. Le Maroc souhaite peut-être provoquer ainsi une sorte de « reset » des relations avec l’Allemagne.

Enfin, même si je sais qu’il existe au sein des ambassadeurs de France des positions très différentes au sujet de l’Agence française de développement (AFD), je suis personnellement très admirative de l’action de cette agence. En tant qu’ambassadrice de France au Maroc, je considère l’AFD comme un service faisant pleinement partie de l’ambassade. Ainsi, l’AFD est au fait des priorités de la France au Maroc et y concourt pleinement dans une relation de partenariat avec les autorités marocaines. Le Maroc est le premier partenaire de l’AFD, qui dispose d’un budget de prêts au Maroc de 300 à 400 millions d’euros par an. Je rappelle que les projets du Maroc ne sont plus autant tournés vers les infrastructures mais davantage vers l’éducation ou la protection sociale. Si cette évolution qualitative offre moins de retours sur investissement pour nos entreprises à court terme, il faut saisir les opportunités créées sur le long terme et ne pas négliger la contribution de cette réorientation de l’aide au développement à la préservation de l’environnement et à la lutte contre l’immigration illégale.

M. Robert del Picchia (LR – Français établis hors de France). – Peut-on s’attendre à de nouveau progrès dans les relations du Maroc avec l’Union européenne, alors que le Maroc bénéficie déjà d’un statut avancé ?

Mme Hélène Le Gal, ambassadrice de France au Maroc. – L’Union européenne et le Maroc ont une grande proximité, bien que certains refroidissements surviennent parfois notamment du fait des recours du Front Polisario contre l’accord de pêche et l’accord agricole signés entre l'Union européenne (UE) et le Maroc. Mais il faut se rappeler que le Maroc s’engage énormément au côté de l’Union européenne sur un certain nombre de secteurs précis. Pour la transition écologique par exemple, le Maroc est déterminé à aller le plus loin possible et cela fait écho au « Green deal » lancé par l’Union européenne. On pourrait imaginer des relations plus étroites entre l’UE et le Maroc dans certains secteurs précis, comme les énergies renouvelables par exemple. 

M. Christian Cambon (LR – Val-de-Marne), président. – Nous vous remercions Madame l’Ambassadrice pour votre présentation.

(1) Le Sénat a remporté l’appel d’offres de l’Union européenne en vue  du  jumelage  institutionnel  avec  la  Chambre  des  Conseillers  du  Maroc.  Ce    jumelage    européen,   d’une    durée    de    18 mois et doté d’un budget de 800 000 euros, vise  à  renforcer  les  capacités  de  la  Chambre  des   Conseillers   du   Maroc   en   matière   de   législation  et  de  contrôle,  ainsi  que  sur  les  aspects  administratifs.

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