Le 10 décembre 2014, le groupe sénatorial d’information internationale sur le Tibet a été convié par le Groupe d’études sur la Question du Tibet de l’Assemblée nationale, à rencontrer Mme Dicki Chhoyang, ministre de l’Information et des Relations internationales de l’administration centrale tibétaine, à l’occasion de la célébration du 25ème anniversaire de la remise du prix Nobel de la Paix au Dalaï Lama. Cette dernière était accompagnée de M. Tsering Dhondup, secrétaire du Bureau du Tibet de Paris.

Mme Dicki Chhoyang, de nationalité canadienne, issue de la deuxième génération née en exil, a été élue députée au Parlement tibétain en exil, lors des élections législatives de 2011. Elle a été aussitôt désignée pour un mandat de cinq ans comme ministre au sein du cabinet exécutif, composé de six autres membres, sous l’autorité du Premier ministre, M. Lobsang Sangay.

Sa visite a pour objet de promouvoir la question tibétaine en France, en développant la position officielle de la « voie médiane » du gouvernement en exil. Ayant renoncé à l’indépendance, celui-ci revendique l’autonomie réelle, conformément aux dispositions de la Constitution de la République Populaire de Chine ainsi que celles de la Loi nationale sur l’autonomie régionale.

Ce souhait d’autonomie se traduit par une double revendication :

-       d’une part, que l’ensemble du peuple tibétain soit regroupé, à l’instar de la population mongole, en une seule entité territoriale, afin de mettre fin à sa dispersion actuelle, dans le cadre de cinq provinces chinoises ;

-       d’autre part, que soient attribués des pouvoirs décisionnels au peuple tibétain dans onze domaines essentiels à la préservation de son identité culturelle, tels que la langue, la culture, la religion, l’enseignement, la protection de l’environnement, l’utilisation des ressources naturelles, le développement économique, la santé et la sécurité publiques, la régulation de la migration de populations ainsi que les échanges culturels et religieux avec d’autres pays.

Mme Dicki Chhoyang a insisté sur le tournant historique qu’a constitué la fin du rôle politique exercé par l’institution des dalaï lamas au cours de ces quatre derniers siècles. En effet, le XIVème Dalaï Lama s’est attaché à démocratiser la société politique tibétaine depuis les années 1950. Il a ainsi créé le premier Parlement tibétain en exil.

Chaque décennie a été marquée par de nouvelles avancées. En 1991, a été adoptée une Charte des Tibétains en exil. Dès 2001, le Premier ministre a été élu par les Tibétains. En 2011, le transfert de l’intégralité des pouvoirs politiques du Dalaï Lama à des représentants élus a visé à garantir la pérennité d’un système de gouvernance, au-delà des personnes qui ont pu l’incarner jusqu’à présent.

En réponse aux interrogations de M. Michel Amiel, sénateur, sur la succession religieuse du Dalaï Lama, la ministre a indiqué que ce dernier communiquera ses instructions à l’âge de 90 ans.

Quant aux immolations qu’elle déplore profondément, elle a tenu à souligner que celles-ci résultent de l’absence d’espace autorisé permettant de manifester. En effet, toute protestation d’un Tibétain tend à conduire à son arrestation. S’établissant à 132 actuellement, leur nombre semble, heureusement, ne plus progresser depuis.

Nonobstant l’absence de dialogue officiel avec les autorités chinoises depuis 2010, Mme Dicki Chhoyang a perçu une évolution favorable de l’opinion publique chinoise, à l’égard du Tibet. Dharamsala est une ville de plus en plus visitée par la population chinoise qui compte trois cents millions de bouddhistes. Quant à la question de l’exode de la population tibétaine, soulevée par Mme Martine Lignières-Cassou, députée, Mme Dicki Chhoyang a évoqué les difficultés auxquelles sont confrontés les Tibétains souhaitant se rendre au Népal.

Enfin, s’agissant des relations parlementaires, MM. Michel Amiel et Michel Berson, sénateurs, ont rappelé l’adoption de la résolution sénatoriale relative à l’action européenne en faveur de la protection des droits des Tibétains, le 27 novembre 2012, à l’initiative du groupe d’information internationale sur le Tibet du Sénat. MM. Jean-Patrick Gille et Noël Mamère, députés, co-présidents du Groupe d’études sur la Question du Tibet ont également annoncé le dépôt d’une proposition de résolution similaire devant l’Assemblée nationale.

Espérant pouvoir être entendue par une des commissions de l’Assemblée nationale, Mme Dicki Chhoyang a proposé de venir y exposer les aspects écologiques de la question tibétaine qui constituent un enjeu  mondial, rappelant que le plateau tibétain comprend un quart des glaciers de la planète et qu’il est frappé de désertification.

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