Le 9 avril 2014, le groupe d’amitié France-Afrique centrale s’est réuni pour un déjeuner de travail centré sur la question centrafricaine, autour de M. Jean-Christophe Belliard, directeur Afrique-Océan Indien au Ministère des affaires étrangères.

Ont participé à ce déjeuner Mmes Catherine Tasca, Christiane Kammermann, Kalliopi Ango Ela et MM. Jean-Pierre Cantegrit, Jacques Chiron, Jacques Legendre, Jeanny Lorgeoux, André Dulait, Michel Bécot, Robert Del Picchia, Ronan Dantec, Jean-Claude Réquier et François Fortassin.

À titre liminaire, M. Jean-Pierre Cantegrit, Président du groupe, a rappelé le rôle essentiel joué par la France dans le conflit en Centrafrique. Il a fait part de ses impressions sur la rencontre entre M. Jean-Pierre Bel, Président du Sénat, et Mme Samba-Panza, Chef de l’Etat de transition de la RCA, qui s’est tenue le 1er avril dernier. Il a notamment souligné la lucidité et la détermination du Chef d’Etat centrafricain à obtenir le soutien de la communauté internationale.

M. Jean-Christophe Belliard a dressé un constat relativement optimiste de l’évolution de la situation en République centrafricaine. Sur le plan sécuritaire tout d’abord, l’envoi prochain de contingents européens ainsi que la création d’une opération de maintien de la paix devraient permettre, au cours des prochains mois, de poursuivre la sécurisation du pays au-delà de Bangui, notamment dans les régions plus périphériques, à l’Est et à l’Ouest du pays.

M. Belliard a souligné les progrès significatifs également réalisés en matière de reconstruction de l’État, avec l’assistance déterminante de la communauté internationale : les aides financières versées par certains États africains ont permis la reprise du paiement des fonctionnaires ; de nombreux experts, dont des fonctionnaires du Ministère des Finances français, ont été envoyés sur le terrain pour faciliter la remise en marche des circuits financiers de l’État.

Enfin, M. Belliard s’est félicité que, sur le plan humanitaire, l’amélioration de la situation sécuritaire facilite désormais l’acheminement, à moindre coût, de l’aide, ainsi que le redéploiement des ONG et des agences onusiennes.

Malgré les efforts menés, M. Belliard a constaté que la question de la réconciliation constituait aujourd’hui le défi principal de la RCA d’ici les prochaines élections présidentielles, prévues en février 2015. La tâche ne sera pas aisée, notamment en raison de l’islamisation et de la volonté sécessionniste des franges les plus radicales de la Séléka.

En réponse à M. Robert Del Picchia, qui s’interrogeait sur la portée de l’intervention française, M. Belliard a insisté sur le rôle clé de la France dans la prise de conscience internationale du problème centrafricain.

Se voulant rassurant en réaction aux propos dubitatifs de certains sénateurs quant à l’organisation d’élections présidentielles dès février 2015, M. Belliard a fait valoir que plusieurs missions d’experts, envoyées par l’ONU sur le terrain, avaient d’ores et déjà confirmé la possibilité de respecter le calendrier électoral fixé. Il a rappelé que la RCA recevrait une assistance importante du PNUD dans le cadre de la préparation des élections, notamment pour la reconstitution des états civils.

En ce qui concerne le cas tchadien, sur lequel Mmes Kalliopi Ango Ela et Catherine Tasca ont souhaité obtenir des précisions, M. Belliard a annoncé que le retrait des troupes tchadiennes de la MISCA (Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine) ne signifiait pas un désengagement complet du Tchad de la RCA. Le pays devrait maintenir des positions dans le Nord-Est du pays, où leur présence pourrait s’avérer plus utile qu’à Bangui.

S’agissant de la situation des Français résidents en RCA, M. Belliard a confirmé à Mme Kammermann qu’aucune difficulté majeure n’était survenue et que la situation s’était nettement améliorée au cours des dernières semaines, le lycée français de Bangui ayant même réouvert ses portes.

Enfin, M. Belliard a échangé avec M. Ronan Dantec sur les perspectives de développement économique à moyen terme de la RCA. Il a souligné que les principaux obstacles à la croissance économique du pays relevaient aujourd’hui d’un défaut de gouvernance, qui nuit à la redistribution des revenus provenant de l’exploitation minière au profit de la population. Il a néanmoins affirmé que l’Afrique montre aujourd’hui une volonté de se doter des capacités pour renforcer sa gouvernance. Son souhait est que la France et l’Union européenne lui apportent son assistance dans la réalisation de cet objectif.

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