MM. Michel Berson (app. SOC – Essonne), président du groupe interparlementaire d’amitié France-Albanie, Yann Gaillard (UMP – Aube), vice-président, François TRUCY (UMP – Var), vice-président, Jean-Yves Leconte (SOC – Français établis hors de France) et Charles Revet (UMP – Seine-Maritime) ont participé à un déjeuner de travail, offert par le groupe d’amitié, en l’honneur de S. Exc. M. Dritan Tola, ambassadeur d’Albanie en France, après les élections législatives du 23 juin 2013 en Albanie, suivi d’une visite du Palais du Luxembourg.

L’ambassadeur a rappelé que la coalition de gauche, emmenée par le Parti socialiste de M. Edi Rama, avait remporté les élections législatives, mettant ainsi un terme à huit années de pouvoir du Parti démocratique du Premier ministre sortant, M. Sali Berisha, qui a rapidement reconnu sa défaite. Il a indiqué que le gouvernement en place allait expédier les affaires courantes jusqu’à l’entrée en fonction du nouveau Parlement, et du nouveau gouvernement dont il procède, en septembre prochain. Il a précisé que le Mouvement socialiste pour l’intégration (LSI), de M. Ilir Meta, issu d’une scission avec le Parti socialiste, mais qui avait gouverné avec le Parti démocratique au cours des dernières années avant de rejoindre la coalition de gauche durant la campagne électorale, avait largement contribué à la victoire de cette dernière, en quadruplant son nombre de sièges. Il a noté que, selon de nombreux observateurs, les électeurs albanais, en portant leurs suffrages sur cette formation, avaient cherché à briser le face-à-face Parti démocratique/Parti socialiste. Il a relevé que la participation avait été plus importante que lors des précédentes élections législatives en 2009, 53,5 %, contre 49 %, les jeunes ainsi que de nombreux Albanais résidant à l’étranger s’étant fortement mobilisés.

Il s’est félicité du bon déroulement du processus électoral et a considéré que les deux principaux candidats s’étaient comportés avec beaucoup de dignité au lendemain de l’annonce des résultats, laissant présager une transition apaisée, ce qui constitue un progrès appréciable en Albanie.

S. Exc. M. Dritan Tola a indiqué que ses compatriotes ont fondé des espoirs importants sur l’alternance, en particulier dans la perspective de l’obtention par l’Albanie du statut de pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne. Il a rappelé que beaucoup d’efforts avaient été entrepris dans ce but, mais que ce statut avait déjà été refusé à trois reprises à son pays. Il a dès lors jugé que l’Union européenne devait donner des gages à l’Albanie et lui envoyer des signaux positifs, sauf à prendre le risque de décourager les dirigeants et la population, qui, contrairement à certains sondages alarmistes, n’avait pas cédé aux tentations nationalistes, l’Alliance rouge et noire ayant subi un revers électoral. Il a insisté sur l’échec du nationalisme en Albanie, contrairement à plusieurs pays d’Europe centrale et balkanique.

En réponse à plusieurs questions relatives aux relations franco-albanaises, l’ambassadeur a souligné l’excellence des relations politiques entre les deux pays. Il a indiqué que la France avait pris l’initiative de réunir un sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays des Balkans occidentaux, le 25 juillet prochain, en Slovénie, auquel l’Albanie participerait. Il a rappelé le rôle de la France dans l’indépendance du Kosovo, aujourd’hui reconnue par une centaine d’États. Il a cité le jumelage, effectué dans le cadre d’un projet européen, entre le début 2012 et la mi-2013, entre le Parlement albanais et le Parlement français, M. Michel Berson ayant assisté aux cérémonies de lancement et de clôture, à Tirana. Enfin, il a rappelé l’importance de la francophonie et le dynamisme des alliances françaises, dont le nombre d’inscrits croît chaque année, contrairement à la tendance observée dans d’autres pays de la région.

L’ambassadeur a qualifié la présence économique française en Albanie de « timide ». Il a néanmoins cité plusieurs exemples de coopération économique : la réalisation des papiers d’identité albanais par la société SAGEM, dont le marché vient d’être renouvelé, l’achat par le ministère de la défense albanais de plusieurs hélicoptères militaires français ou encore la construction par la Compagnie nationale du Rhône de quatre centrales hydro-électriques en Albanie. Il a présenté une initiative franco-albanaise consistant à organiser à Tirana, à l’automne prochain, un salon de l’agriculture réunissant les acteurs du secteur pour l’ensemble des Balkans. Il a considéré que l’Albanie offrait des opportunités dont les entreprises françaises, selon lui, ne se saisissaient pas suffisamment, par exemple dans le tourisme et dans les transports, et a regretté l’absence de vol direct entre Paris et Tirana, qui existait pourtant à l’époque du régime communiste, même si des négociations sont en cours entre Air France et la compagnie albanaise Belle Air. Il a estimé que les entreprises françaises se montraient trop prudentes envers ce qu’elles considèrent comme un marché étroit, alors que l’Albanie constituerait pour elles une « porte d’entrée » dans les Balkans.

Enfin, S. Exc. M. Dritan Tola a évoqué le projet d’un déplacement du futur président du Parlement albanais, M. Ilir Meta, dans les deux assemblées du Parlement français, par exemple à l’automne prochain.

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