Le mercredi 25 novembre 2015, le groupe interparlementaire d’amitié France–Asie du Sud-Est a reçu Son Exc. Mme Maria Theresa P. Lazaro, Ambassadrice des Philippines en France, pour un petit déjeuner de travail. Elle était accompagnée Mme Deena Joy D. Amatong, Ministre conseiller, et de Mme Rapunzel Acop, Troisième Secrétaire.

Pour le groupe d’amitié, étaient présents : M. Gérard Miquel, Président du groupe d’amitié ; M. Jean-Claude Requier, Vice-président ; M. Simon Sutour, Président délégué pour les Philippines ; M. Jean-Claude Lenoir, Président délégué pour le Brunei ; M. Jérôme Durain, Président délégué pour le Bangladesh ; MM. Philippe Kaltenbach et Robert Laufoaulu, membres du groupe d’amitié.

En préambule, le Président Gérard Miquel s’est enquis de la situation des Philippines après le typhon qui a touché le pays à la mi-octobre, après celui de novembre 2013. L’ambassadrice s’est voulue rassurante soulignant la rapidité des travaux de reconstruction. Le Président Hollande a d’ailleurs eu l’occasion de visiter les villes touchées par le typhon lors de sa visite en février 2015. À cet égard, Son Exc. Mme Lazaro a salué l’aide précieuse des entreprises et des ONG françaises.

Soulignant la bonne santé des relations économiques entre la France et les Philippines, l’ambassadrice a confirmé la forte présence d’entreprises françaises aux Philippines, en particulier dans le domaine des infrastructures, évoquant la RATP, Bouygues et Alstom. Elle a mentionné des besoins d’équipement des ports maritimes et de transports pour effectuer les liaisons entre les Iles des Philippines. M. Gérard Miquel a évoqué à cet égard une entreprise de son département qui construit notamment des ponts livrés et montés dans des délais très courts.

Rappelant la dernière réunion interparlementaire de juin 2014, l’ambassadrice a fait part du souhait des sénateurs philippins d’accueillir une délégation du groupe d’amitié en 2016, de préférence en septembre, le Sénat philippin devant être renouvelé pour moitié au mois de mai. Les sénateurs sont élus pour un mandat de 6 ans, et ne peuvent en effectuer plus de deux consécutivement. Les députés, qui sont élus pour trois ans, peuvent effectuer au plus trois mandats consécutifs tandis que le mandat du Président de la République, qui est de 6 ans, n’est pas renouvelable.

À M. Jean-Claude Lenoir, qui s’est enquis de l’engagement des Philippines pour la Conférence des Parties (COP 21), Son Exc. Mme Lazaro a fait valoir que les Philippines sont « l’un des pays les plus ambitieux de l’Asie du Sud Est dans ce domaine », avec un objectif de réduction de 70 % de ses émissions de gaz à effet de serre.

Évoquant ensuite la forte croissance démographique aux Philippines, l’ambassadrice a fait valoir qu’elle était facteur de dynamisme économique, l’âge moyen de la population étant de 23,5 ans et la population comptant environ 100 millions d’habitants. Les prévisions de l’OCDE pour 2016 prévoient une augmentation du PIB de l’ordre de 6 %.

Répondant à une question du Président Miquel sur les politiques mises en œuvre à destination de la jeunesse, l’ambassadrice a exposé les mesures prises en faveur de la lutte contre la pauvreté, visant principalement à favoriser l’accès des enfants à l’école et à la vaccination. Elle a également salué l’accord signé lors de la venue du Président François Hollande sur l’enseignement supérieur et la recherche, appelant de ses vœux le développement des échanges universitaires entre la France et les Philippines.

Interrogée sur les relations que les Philippines entretiennent avec la Chine, l’ambassadrice a précisé que les relations bilatérales économiques et sociales entre son pays et la Chine étaient relativement bonnes, malgré les ambitions chinoises en mer de Chine, en particulier aux abords des Iles Spratleys et du récif de Scarborough, ce qui préoccupe grandement les autorités philippines. Elle a indiqué que les Philippines étaient en attente d’une décision du tribunal d'arbitrage de l'ONU concernant les visées chinoises sur la partie orientale de la mer de Chine considérées par son pays comme illégales.

À M. Simon Sutour qui soulignait que cette question concerne aussi d’autres pays de la région (Japon, Vietnam, Malaisie, Taïwan, Sultanat de Bruneï) et qui s’interrogeait sur les possibles actions de l’ASEAN dans ce contexte, l’ambassadrice a expliqué qu’il était délicat pour l’ASEAN d’intervenir, dans la mesure où certains pays, tels que le Cambodge et le Laos, soutiennent activement la Chine, forte militairement et politiquement. D’autres pays de la zone sont également dépendants de la Chine et ne peuvent prendre le risque de s’opposer à elle.

En réponse à la question de M. Sutour sur un éventuel processus d’intégration au sein de l’ASEAN, sur le modèle européen, l’ambassadrice a confirmé l’existence d’une volonté d’intégration basée sur trois piliers (politique, économique, social et culturel), affirmée lors d’un récent sommet en Malaisie. Toutefois, l’ASEAN n’a pas pour l’heure l’ambition d’atteindre le même niveau d’intégration que l’Union Européenne, les pays membres désirant conserver leur monnaie nationale et leur souveraineté. Le développement de la coopération serait principalement axée sur une intégration économique, concentrée sur les prix et les droits de douane.

Les Philippines, désireuses de consolider leurs forces armées, peuvent compter sur l’aide de leurs principaux alliés stratégiques, les États-Unis, le Japon et le Vietnam. Les États-Unis ont par ailleurs récemment promis la livraison de trois navires de guerre à l’archipel. L’Union Européenne est également un des principaux partenaires économiques des Philippines. L’ambassadrice a annoncé que le Conseil européen avait récemment donné son feu vert pour la négociation d’un accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) entre l’Union Européenne et les Philippines. Elle s’est réjouie de l’intensification des relations entre son pays et l’Union Européenne et de la visite du Président de la République François Hollande dans l’archipel en février 2015, première visite d’un chef d’État français.

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