M. Marc Massion, président et les membres du groupe d’amitié France-Chypre ont accueilli au Sénat mardi 2 avril 2013, à sa demande, son Exc. M. Marios Lyssiotis, Ambassadeur de Chypre en France.

M. Marios Lyssiotis, Ambassadeur de Chypre en France, a souhaité exposer la situation actuelle de son pays devant les membres du groupe interparlementaire France-Chypre. S’agissant de l’accord financier conclu le 25 mars dernier entre le Président chypriote et l’Eurogroupe sous la forme d’un prêt, il a indiqué que les besoins de financement de l’économie chypriote pour sortir de la crise s’élèvent à 17 milliards d’euros. Il a déploré cependant que cet accord soit assorti d’une demande de restriction de l’économie de l’île, qui repose essentiellement sur le tourisme et les services, avant d’en énumérer les atouts : un système politique fiable, une administration efficace, une main d’œuvre qualifiée et une position géographique stratégique.

Il a fait remarquer que l’accord intervenu impose, dans le délai d’une semaine, une modification de la taille du secteur bancaire, sous prétexte de l’existence d’éventuelles opérations de blanchissement d’argent ou des investissements d’oligarques russes. Il a précisé que le montant des avoirs étrangers  à Chypre s’élève à 20 millions d’euros, tout en rappelant l’existence d’accords de double imposition avec la Russie.

Il a cependant souhaité une application dans les meilleures conditions possibles de l’accord conclu, qui doit être finalisé lors d’une réunion de travail avec l’Eurogroupe.

M. Marios Lyssiotis a aussi fait part du sentiment de mépris à l’égard de l’économie chypriote ressenti par ses compatriotes et a insisté sur le coût social et financier du plan de sauvetage proposé par l’Eurogroupe. Il a rappelé les mesures importantes prises par le gouvernement de Chypre dans sa politique de maîtrise de la crise, telles que la diminution de 15 % des salaires de la fonction publique. Considérant l’affaiblissement du système financier et la grande incertitude actuelle, il a évoqué le risque d’un chômage à plus de 25 %, avec la diminution des effectifs du secteur bancaire, la fermeture d’entreprises et de magasins.

Revenant sur la gestion de la crise dans la zone euro, il s’est étonné du traitement particulier qui a été fait à son pays : le recours au secteur privé pour participer au financement de la dette, et la perte d’une grande partie de ses avoirs. C’est une situation unique en Europe puisqu’aucun autre pays n’a subi des pertes aussi importantes. Il a souligné parallèlement que son pays avait accepté d’être solidaire de la Grèce et des pays de la zone euro.

Tout en reconnaissant les erreurs passées commises par le gouvernement chypriote, il a fait remarquer que les difficultés de son pays s’inscrivaient dans un schéma classique qui se répète de plus en plus souvent dans l’Union européenne. Abordant le débat actuel sur les responsabilités de la crise dans son pays, il a affirmé que la sortie de l’euro n’était pas une option.

M. Marios Lyssiotis a enfin fait appel à la solidarité européenne, et a encouragé les membres du groupe d’amitié à relayer des messages de stabilisation et de compréhension, considérant que la perte de confiance a des répercussions politiques dans l’ensemble de l’Europe.

M. Marc Massion a ensuite abordé la question du contrôle des dépôts provenant de l’étranger. M. Marios Lyssiotis a indiqué qu’ils faisaient désormais l’objet d’un contrôle, mais que d’autres pays étaient actifs pour attirer les capitaux étrangers placés à Chypre. Des mesures restrictives ont d’ailleurs été mises en place à titre provisoire concernant la libre circulation des capitaux.

Il a précisé aussi que le gouvernement appliquait un taux imposition unique sur les sociétés, un tel taux facilitant la prise de décision, et que l’Etat chypriote n’avait plus accès aux marchés financiers depuis la crise grecque.

Pour conclure, M. Marios Lyssiotis a affirmé que l’Europe ne peut fonctionner sans une politique active de la France. En réponse, M. Marc Massion a indiqué que la politique actuelle du gouvernement français s’inscrivait dans une volonté de réorienter l’Europe et nécessitait de disposer d’alliés.

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