L’ambassadeur d’Indonésie à Paris, S.E.M. Hotmangaradja Pandjaitan, accompagné de sept de ses collaborateurs, a convié à déjeuner les membres du groupes d’amitié, afin de faire le point sur les relations franco-indonésiennes et sur la situation dans son pays. Mmes Catherine Procaccia (Les Républicains-Val-de-Marne) et Jacky Deromedi (Les Républicains- Français de l’étranger), vice-présidentes du groupe d’amitié, et MM. Jean-Jacques Lozach (Soc.-Creuse), vice-président, Jean-Léonce Dupont (UDI-UC-Calvados) et Jean-Yves Leconte (Soc.-Français de l’étranger) ont participé à ce déjeuner.

L’ambassadeur a d’abord remercié les membres du groupe d’amitié pour leur action en faveur du dialogue franco-indonésien et pour leur intérêt concernant certains dossiers à caractère économique, notamment autour de la question de l’huile de palme. Il a souligné que l’année 2017 serait marquée par des échanges de haut niveau entre la France et l’Indonésie puisque le ministre des affaires étrangères, M. Jean-Marc Ayrault, prévoit de se rendre en Indonésie en février et que le Président de la République, M. François Hollande, effectuera un voyage officiel dans le pays en mars. Par ailleurs, le MEDEF va envoyer une délégation en Indonésie dans les prochaines semaines. Ces échanges devraient favoriser l’essor de la coopération entre les deux pays.

Mme Catherine Procaccia a indiqué que le groupe d’amitié continuerait à entretenir des liens étroits avec l’ambassade y compris pendant la période de suspension des travaux parlementaires. Sur la question de l’huile de palme, elle a fait observer qu’un amendement avait été adopté au Sénat dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances rectificatives ; si cet amendement n’a pas été retenu par l’Assemblée nationale, son adoption montre néanmoins que ce sujet demeure sensible et qu’une vigilance s’impose. Mme Catherine Procaccia a ensuite souhaité obtenir des précisions concernant le bilan du séisme qui a eu lieu au mois de décembre à Aceh.

M. Hotmangaradja Pandjaitan a indiqué que ce séisme, d’une intensité de 6,4 sur l’échelle de Richter, avait fait 64 morts, 360 blessés et environ 2000 sans-abris, qui ont été accueillis dans des hébergements d’urgence. Le président Joko Widodo s’est rendu plusieurs fois dans la région et un plan de reconstruction est lancé. Puis l’ambassadeur a abordé la question de l’exemption de visa que l’Indonésie souhaite obtenir de l’Union européenne pour ses ressortissants.

M. Jean-Yves Leconte a répondu que quatre pays – la Turquie, l’Ukraine, le Kosovo et la Géorgie – étaient aujourd’hui engagés dans une négociation avec l’Union européenne en vue d’obtenir une telle exemption. L’Union européenne est sensible au risque de flux migratoires lorsqu’elle examine ces demandes. En parallèle, l’Union européenne prévoit de mettre en place, d’ici dix-huit à vingt-quatre mois, un « Esta européen », qui serait imposé à tous les voyageurs qui veulent pénétrer dans l’espace Schengen, même s’ils sont ressortissants d’un pays exempté de visas.

Mme Catherine Procaccia a souligné les efforts réalisés par l’ambassade de France à Jakarta pour répondre plus rapidement aux demandes de visas présentées par les ressortissants indonésiens. Par ailleurs, il arrive que des ressortissants français souhaitant obtenir un visa pour travailler ou pour effectuer un stage en Indonésie rencontrent eux aussi des difficultés pour l’obtenir.

L’ambassadeur a indiqué qu’il serait attentif à ces demandes et qu’il échangerait sur cette question avec son homologue français à Jakarta. Il a rappelé que l’Indonésie avait supprimé l’exigence de visa pour les touristes français qui veulent séjourner moins de 30 jours dans le pays, ainsi que pour les personnes qui demandent un visa socio-culturel pour une durée inférieure à 60 jours. Il a dit espérer obtenir le soutien de la France en vue de l’ouverture de négociations au niveau européen. Il a ensuite regretté que le projet d’organiser une année de l’Indonésie en France, en 2017, ait dû être suspendu en raison du différend né de la condamnation à mort d’un ressortissant français.

Mme Catherine Procaccia a souligné que des échanges nourris avaient déjà eu lieu sur ce dossier : sans se prononcer sur la décision prise par la justice indonésienne, la France défend une position de principe d’opposition à la peine de mort. Cependant, les entretiens entre les présidents Widodo et Hollande, en mars prochain, fourniront peut-être une occasion d’avancer sur ce sujet.

M. Hotmangaradja Pandjaitan a indiqué avoir rencontré le conseiller du Président de la République française en charge de la défense. Si les échanges se poursuivent sur les questions d’achat d’armement, il semble plus difficile de mettre en place des initiatives concrètes en matière de coopération sur les questions de sécurité.

Mme Jacky Deromedi a fait observer que l’attaché de défense basé à Singapour est également compétent pour l’Indonésie et qu’il pourrait organiser des stages et des formations pour des militaires indonésiens. La coopération de la France avec les puissances régionales se déroule de manière globalement satisfaisante.

M. Jean-Yves Leconte a ajouté que l’Indonésie et la France font face à des défis assez voisins en matière de sécurité. Il faut reconnaître toutefois que les théâtres d’opération prioritaires pour la France sont l’Afrique et le Moyen-Orient. Alors que les moyens à la disposition de nos armées sont limités, cela peut expliquer la difficulté à développer un partenariat plus étroit avec l’Indonésie.

M. Jean-Yves Leconte a ensuite évoqué les violentes manifestations qui se sont produites ces derniers mois, à Jakarta, autour de l’affaire « Ahok », du nom du gouverneur de la capitale. Les attaques contre le gouverneur sont préoccupantes et elles conduisent à s’interroger sur l’évolution de l’islam indonésien, qui semble traversé par des courants plus radicaux, ainsi que sur l’attitude que peut adopter le président indonésien.

M. Hotmangaradja Pandjaitan a admis que certains partis politiques tentent d’exploiter la religion à des fins partisanes. Deux grandes organisations modérées dominent l’islam indonésien : la Muhammadiyah et la Nahdlatul Ulama (NU). Ce sont d’autres groupes, financés par l’étranger, le Front pour la défense de l’islam (FPI) par exemple, qui sont à l’origine de ces troubles. Toutefois, les autorités gardent le contrôle de la situation et l’islam indonésien reste fondamentalement tolérant.

M. Jean-Léonce Dupont a demandé quelle était la position de l’Indonésie face à la perspective de l’arrivée prochaine au pouvoir de M. Donald Trump.

M. Hotmangaradja Pandjaitan a répondu que les autorités indonésiennes n’avaient pas encore eu de contacts de haut niveau avec le président américain élu et qu’elles attendaient de voir quelles décisions il prendrait après sa prise de fonction.

L’ambassadeur a ensuite proposé de relancer le projet de création d’une association franco-indonésienne, sur la modèle de l’association Etats-Unis-Indonésie, qui existe depuis une trentaine d’années et qui joue un rôle utile pour consolider les liens entre les deux pays.

Après avoir fait part de son intérêt pour un tel projet, Mme Catherine Procaccia s’est réjouie, en conclusion, que l’Indonésie ait pris l’initiative de lancer une campagne publicitaire, l’an dernier, afin de promouvoir le tourisme sur l’ensemble de son territoire, au-delà de la seule île de Bali bien connue des vacanciers européens.

L’ambassadeur a souligné que la stratégie du gouvernement indonésien consistait à promouvoir le tourisme sur dix sites afin de contribuer à un développement équilibré du territoire national.

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