Ouvert par un message de M. Gérard LARCHER, Président du Sénat et placé sous le parrainage du groupe interparlementaire d’amitié France-Vanuatu-Iles du Pacifique, un colloque sur « les incidences du changement climatique sur les îles du Pacifique » a réuni une centaine de personnes au Palais du Luxembourg, le 9 juin 2015.

M. Tommy REMENGESAU, Président de la République des Palaos, invité d’honneur, Mme Catherine PROCACCIA, Présidente du groupe d’amitié France-Vanuatu-Iles du Pacifique, M. Hervé MAUREY, Président de la commission du Développement durable des infrastructures, de l'équipement et de l'aménagement du territoire et M. Vladimir RYABININ, Secrétaire exécutif de la commission océanographique intergouvernementale et sous-Directeur général de l’UNESCO, ont pris la parole en ouverture de cet évènement.

Le Président de la République des Palaos, M. Tommy REMENGESAU, a remercié la France pour son engagement auprès des États insulaires du Pacifique dans la lutte contre les menaces climatiques. Il a souligné le caractère crucial de la Conférence Paris Climat 2015 CDP/COP 21 qui se tiendra à Paris en décembre 2015 et a mis en avant le fait que les îles du Pacifique sont depuis longtemps impliquées dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les îles Palaos ont ainsi pris l’initiative de déclarer leur zone économique exclusive « sanctuaire marin national », seuls 20% de cette zone économique exclusive pouvant être exploités pour l’écotourisme et la pêche commerciale.

Dans son allocution, Mme Catherine PROCACCIA a salué la présence dans la salle de nombreux océaniens pouvant témoigner des effets concrets du changement climatique dans leur vie quotidienne et a tenu à rappeler que les petits États insulaires du Pacifique, premières victimes des conséquences du réchauffement climatique, sont pourtant les plus faibles contributeurs au réchauffement  climatique car ils ne représentent que 0,03% des émissions de carbone mondiales. Elle a relevé la prise de conscience de la communauté internationale à ce sujet et formé le vœu d’un accord ambitieux en décembre prochain.

M. Hervé MAUREY qui sera le rapporteur pour la déclaration des Parlements du monde examinée au Sénat pendant le volet parlementaire de la COP 21 (volet placé sous l’égide de l’Union interparlementaire et dont le Sénat accueillera la conclusion le 6 décembre 2015), a insisté sur la nécessité de parvenir, lors de cette Conférence, à un accord universel et contraignant afin de garantir le suivi et l’efficacité des mesures qui seront prises par les pays en matière de développement durable et de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Pour sa part, M. Vladimir RYABININ a mis en évidence le fait que la hausse du niveau de la mer dans les eaux chaudes du Pacifique était liée à la fonte des glaciers polaires, un phénomène préoccupant par son ampleur et sa gravité. Il a également exposé les méthodes scientifiques de prévention des cyclones tropicaux ainsi que leur impact sur les îles du Pacifique. Face à ces phénomènes toujours plus nombreux et plus intenses, la question de l’aide à la résilience des petits États insulaires du Pacifique a été évoquée et des solutions ont été proposées, notamment la mise en place d’un mécanisme de solidarité financière alimenté par les grands États émetteurs de gaz à effet de serre et l’optimisation de la gestion du Fonds vert.

Les intervenants ont ensuite échangé sur de nombreux thèmes autour de deux tables rondes consacrées respectivement à l’avenir des îles du Pacifique face au dérèglement climatique et au défi de concilier croissance et protection des écosystèmes océaniques, qui ont été animées par MM. Serge MASSAU et Steeven GNIPATE, journalistes à Outre-mer 1ère.

Les conséquences du dérèglement climatique ne sont pas uniquement environnementales puisque, comme l’ont rappelé Son Exc. M. Christian LECHERVY, Secrétaire permanent de la France pour le Pacifique et Ambassadeur représentant permanent de la France auprès de la communauté du Pacifique, et M. Lam DANG, Directeur de la législation au Parlement des États fédérés de Micronésie, la sécurité alimentaire, les ressources en eau douce et l’habitat des populations des îles du Pacifique sont aussi directement menacés.

M. Robert LAUFOAULU, Sénateur de Wallis et Futuna, a évoqué le sentiment d’insécurité des habitants des côtes face aux phénomènes extrêmes qui se multiplient et qui les contraignent à trouver refuge à l’intérieur des terres. Il a souligné le besoin d’adopter une approche territoriale globale. Plus grave encore, le réchauffement climatique fait dès aujourd’hui des morts, a affirmé M. Anthony LECREN, membre du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, citant l’exemple du cyclone Pam qui a ravagé le Vanuatu à près de 80%, soulignant que dès lors, ce sont également des savoirs ancestraux et des traditions millénaires qui sont en danger.

Dans ce contexte, Mme Isabelle AUTISSER, Présidente de WWF France, a précisé que la République des Palaos fait figure d’État pionnier en matière de protection des aires marines et que océan et climat étant intimement liés, l’extension des aires maritimes protégées a un impact positif à la fois sur l’environnement et sur l’économie d’un pays.

Lors de son intervention, M. Jean-Michel DASQUE, Président de l’Institut du Pacifique, a dressé un panorama général des handicaps et des défis auxquels sont confrontés les États insulaires du Pacifique. M. Nicolas IMBERT, Directeur exécutif de Green Cross France et Territoires, a notamment présenté diverses solutions à ces défis, en matière d’agriculture locale, de gestion de crise et de reconstruction, qui pourraient voir le jour grâce à ces contributions financières.

Les États et territoires du Pacifique doivent donc investir dans de nouvelles stratégies de développement, selon S. E. M. Rimarkindu KALINOE, Ambassadeur de la Papouasie-Nouvelle Guinée à Bruxelles. Il est nécessaire d’encourager les modèles « d’économie bleue » fondée sur la protection des ressources marines et « d’économie verte », pour la préservation des forêts tropicales. M. Daniel RAOUL, Vice-président du groupe d’amitié France-Vanuatu-Iles du Pacifique  a ajouté que face au développement démographique et économique des pays émergents, la lutte contre le réchauffement climatique représentait un véritable défi pour l’humanité toute entière.

Lors du discours de clôture, M. Nicolas HULOT a insisté sur le fait que la crédibilité et le succès de la Conférence reposent sur la capacité des parties à mettre en place des instruments concrets visant à de changer de paradigme en matière de développement et à sortir enfin de « l’économie carbone ».

Ce colloque a donc permis de donner la parole à des représentants des îles du Pacifique et à des spécialistes venus d‘horizons divers, tous conscients des défis immenses que doivent affronter les petits États insulaires océaniens et de formuler des propositions afin de donner de l’espérance aux populations qui vivent véritablement « l’urgence climatique ». Les représentants des îles du Pacifique ont insisté sur d’ardente obligation de parvenir à la conclusion d’un accord limitant l’élévation de la température, l’objectif de 2°C de réduction apparaissant à tous un minimum absolument indispensable.

Ces sujets ne manqueront pas d’être de nouveau abordés lors du  grand sommet France-Océanie qui sera organisé à Paris avant la Conférence Climat.

      

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