Mme Catherine Procaccia, présidente du groupe d’amitié France-Vanuatu -Iles du Pacifique en cours de reconstitution, a reçu au Palais du Luxembourg, le 9 novembre 2017, M. Philippe Janvier-Kamiyama, ancien consul général à Osaka et Kobe, puis à Pondichéry, qui vient d’être nommé ambassadeur en Papouasie-Nouvelle Guinée (PNG).

Cet entretien a permis de faire le point sur un pays au très fort potentiel de développement, dont la France aurait tort de se désengager. Si sa production d’huile de palme par exemple ne rivalise pas avec celle de l’Indonésie ou de la Malaisie, ses ressources considérables en bois précieux sont aujourd’hui exploitées, principalement au profit de la Chine et du Japon. Malgré les risques environnementaux liés à la déforestation, ce pays encore très pauvre tente depuis quelques années de valoriser ses atouts naturels.  La PNG se distingue  surtout par la richesse de son sous-sol  (or, cuivre, nickel) et de ses gisements off-shore (gaz, pétrole). Total a ainsi remporté, au sein d’un groupement dont fait aussi partie Exxon, un appel d’offres pour  la prospection et l’exploitation de champs gaziers. Les investissements de Total pour la construction d’un gazoduc devraient s’amorcer dès 2018 et pourraient s’élever au total à 10 milliards d’euros.

La croissance démographique du pays est particulièrement élevée. Sa population comptant environ 10 millions d’habitants aujourd’hui - sous réserve de la fiabilité relative des recensements -, devrait dépasser celle de l’Australie d’ici 2050. La capitale Port Moresby se transforme rapidement et la croissance urbaine peut aussi constituer un marché intéressant pour les entreprises françaises en matière d’eau, d’assainissement, d’équipements sanitaires…

Les freins au développement  demeurent la corruption et la criminalité dans un État encore en construction, comme dans bon nombre de pays en développement. Les Australiens et leurs entreprises sont  très présents comme dans le reste de la zone du Pacifique Sud et savent se doter de protocoles et d’équipes de sécurité efficaces, aussi bien dans l’intérieur des terres que dans les villes de la côte. La croissance du secteur de la sécurité privée se fait d’ailleurs au profit surtout d’entreprises australiennes.

Il ne faut pas non plus négliger l’impact du droit coutumier, en particulier en matière de foncier, lorsque les entreprises veulent investir en PNG. Les négociations pour obtenir des droits de passage ou d’installation sur des terres coutumières nécessitent toujours de longues négociations avec les chefferies locales. Le résultat et les accords passés peuvent  être remis en cause par un tiers, qui réclame alors une indemnisation supplémentaire. Dans certains cas, les droits coutumiers peuvent apparaître  « instrumentalisés », la tendance s’accroissant avec la monétarisation des échanges entre tribus et entre individus.

Par ailleurs, ce paradis des anthropologues compte de très nombreuses ethnies qui parlent plus de 700 langues distinctes avec un pidgin (créole à base anglaise) comme langue véhiculaire et l’anglais comme langue officielle. Le suivi de la situation politique est complexe d’autant que la dimension ethnique est présente dans le fonctionnement des partis. Un référendum d’autodétermination de l’Île de Bougainville est prévu en 2019 à la suite de sa tentative de sécession et après le retrait des forces d’interposition australiennes. Cependant un report reste encore possible compte tenu de l’instabilité.

Quant aux relations avec l’Indonésie, elles sont difficiles en raison de la rébellion en  Papua ( ex Irian Jaya) mais la PNG ne la soutient pas et son action se limite essentiellement à l’accueil des réfugiés Papua sur son sol.

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