M. Jean-Pierre Vial, Président, et plusieurs membres des groupes d’amitié France-Irak et France-Syrie, dont Mmes Christiane Kammermann et Jacky Deromedi, MM. Rachel Mazuir  et Claude Nougein , se sont entretenus avec Mgr Nikodemus Daoud Sharaf, archevêque de Mossoul, Duhok, Erbil, Souleymanie, et Kirkouk, lors de sa visite au Palais du Luxembourg, le mercredi 18 mai 2016.

Mgr Nikodemus était notamment accompagné de M. Benjamin Blanchard, co-fondateur de l’association SOS-Chrétiens d’Orient, et de Mme Tala Massaad.

Mgr Nikodemus a indiqué que les populations chrétiennes avaient dû quitter leurs terres et leurs maisons il y a deux ans et que leurs églises ainsi que leur patrimoine cultuel et culturel avaient été dévastés ou confisqués. Alors que les Chrétiens représentaient encore 1,6 million d’habitants en 2003, ils ne sont plus aujourd’hui que 300 000. L’exode est donc massif.

Il a décrit les conditions extrêmement précaires dans lesquelles survivent actuellement les réfugiés. Les Chrétiens représentent 200 000 des 1,3 millions de réfugiés accueillis par le Kurdistan irakien. Le gouvernement régional a facilité leur accueil, notamment en leur délivrant des papiers d’identité pour remplacer ceux qui avaient été confisqués par Daech. Mais débordé par l’afflux de réfugiés et lui-même confronté aux difficultés économiques provoquées par la baisse des cours du pétrole, il ne leur apporte plus aucune aide, non plus que le Gouvernement de Bagdad.

En réponse à M. Claude Nougein, il est convenu que la reprise de Mossoul était souvent présentée comme un objectif que se fixaient les forces américaines pour la fin de l’année. Mais il a estimé que cette reconquête militaire ne suffirait pas pour inciter les Chrétiens à revenir, car le lien de confiance avec les populations d’autres confessions avait été rompu.

Il a indiqué à Mme Christiane Kammermann que les efforts en faveur des Chrétiens d’Orient devraient privilégier dans l’avenir leur réinstallation dans la plaine de Ninive, actuellement sous le contrôle de Daech, car de nombreux villages chrétiens y étaient encore récemment implantés. Ils s’y réinstalleront, une fois cette région libérée, à condition toutefois que leur sécurité soit garantie par le pouvoir. M. Jean-Pierre Vial, Président du groupe France-Syrie, a rappelé que Mgr Gollnisch, directeur de l’œuvre d’Orient, privilégiait aussi cet objectif.

Mgr Nikodemus lui a ensuite précisé que de nombreux Chrétiens d’Orient s’étaient réfugiés un peu partout dans le monde, en Amérique, en Australie, en Europe et qu’il était vain d’espérer les faire revenir si leur sécurité n’était pas garantie par un pouvoir fort qui leur permettre de vivre dans la dignité et d’offrir un avenir à leurs enfants.

En réponse à Mme Jacky Deromedi et à M. Rachel Mazuir, il a estimé que la cohabitation entre diverses communautés religieuses n’était possible qu’autant qu’il existait un gouvernement fort, ne se réclamant d’aucune religion, et qui se porte garant de l’application d’une loi laïque. Il a dénoncé le biais islamique de la Constitution et du Gouvernement actuels, et s’est inquiété des risques présentés par un projet de loi actuellement en discussion devant le Parlement irakien, qui se propose d’islamiser les enfants, en leur imposant l’Islam dès lors qu’un de leurs parents se convertirait à cette religion, et en leur interdisant, par la suite d’épouser une personne qui n’appartiendrait pas à cette confession.

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