État civil :
Né le 11 janvier 1747
Décédé le 27 mars 1827
Liens externes :
Lettres patentes (institution d'un titre de Pairie) extraites du "Livre de la Pairie" [Archives nationales CC//961]
Pairs de France

Pair de France

    Nommé lors de la première Restauration, il redevient membre de la Chambre de la seconde Restauration après la période des Cent-jours.
    Son fils François est admis à siéger à la Chambre à titre héréditaire le 3 mai 1827.

Pair de France  (Extrait du Dictionnaire des Parlementaires français « Robert et Cougny » (1889-1891))

Pair de France

LA ROCHEFOUCAULD-LIANCOURT (FRANCOIS ALEXANDRE FREDERIC, DUC DE), député de la noblesse aux Etats généraux de 1789 pour le bailliage de Clermont-en-Beauvaisis, Président de l'Assemblée nationale du 18 juillet au 2 août 1789, pair dès 1814, représentant à la Chambre des Cent-Jours, membre de la Chambre des Pairs.

Né au château de La Roche-Guyon le 11 janvier 1747 d'une famille charentaise d'ancienne noblesse, il est issu du mariage de deux La Rochefoucauld. Son père, Louis Armand François de La Rochefoucauld de Roye, duc d'Estissac, est grand maître de la Garde-robe du roi depuis 1758. Sa mère, Marie de La Rochefoucauld, est la deuxième fille du duc Alexandre de La Rochefoucauld (1690-1762) dépourvu d'héritier mâle survivant. Pour éviter l'extinction de ce nom et de ce titre, Louis XV autorise en 1732 leur transmission par les filles du duc à la seule condition qu'elles épousent des La Rochefoucauld issus de branches collatérales. Âgé de 17 ans, en 1764, François Alexandre Frédéric épouse Félicité-Sophie de Lannion, issue d'une ancienne famille d'épée bretonne. Son père Hyacinthe-Gaétan de Lannion, n'ayant pas d'enfant mâle, l'épouse hérite de vastes domaines. F. A. de La Rochefoucauld succède à son père dans l'office de grand maître de la Garde-robe en 1783.

Le salon tenu par sa tante, la duchesse d'Anville, lui permet de fréquenter Turgot et Necker. Homme des Lumières il est attiré par les sciences, le concept de monarchie tempérée voire constitutionnelle et les premières lueurs du libéralisme naissant. Ses voyages viennent compléter sa formation intellectuelle. D'une première expédition en Angleterre (1768-1769), où il rencontre l'agronome Arthur Young avec qui il se lie d'amitié, il rapporte des livres qui viennent grossir sa bibliothèque riche de plus de 10 000 ouvrages, mais aussi des observations agricoles et agronomiques mises à profit dans la ferme anglaise sur son domaine de Liancourt (Oise). OEuvrant contre la jachère, il milite pour le système de la prairie artificielle qui permet au sol de se reconstituer tout en produisant des plantes fourragères riches pour l'alimentation du bétail. Plusieurs voyages en Suisse, dont l'un en 1781, lui permettent de repérer bovins et ovins qu'il fait venir à Liancourt où, dans la ferme de la Montagne, il crée en 1780 une « Ecole des Enfants de l'Armée », embryon de l'École des Arts et Métiers destinée à donner aux pupilles de son régiment de dragons une formation « professionnalisante ». La fondation de cette école, officialisée par l'ordonnance royale du 10 août 1786, procède d'une réflexion philanthropique qui vise à réduire la pauvreté et la mendicité par la généralisation de la formation professionnelle et l'emploi dans le cadre d'un projet sociétal. Dès 1790, il développe sur son domaine deux manufactures : une fabrique de cardes (1) et une filature de coton. Esprit pluriel, industriel et éclairé, il suit et accompagne les événements de la fin du siècle.

Grand maître de la Garde-robe, La Rochefoucauld-Liancourt profite de sa position privilégiée auprès de Louis XVI pour tenter d'aiguiller le roi vers ce qu'il conçoit comme la voie de la coopération avec les idéaux révolutionnaires, pour le bien du peuple et la sauvegarde de la monarchie. Lorsque s'annoncent les Etats généraux de mai 1789, le bailliage de Clermont-en-Beauvaisis l'élit le 13 mars député de la noblesse. Il demeure célèbre pour son rôle auprès du souverain lors des événements de la Bastille, puisqu'on lui prête la formule : « Non sire, c'est une Révolution ! ». Si le mot est apocryphe, il reste que Liancourt a sans doute cherché à influer sur le cours des événements en conseillant à Louis XVI de faire un pas vers l'Assemblée. L'aura que lui valut cette position auprès du monarque a d'ailleurs été la principale cause de son élection à la Présidence de l'Assemblée nationale le 18 juillet, par 600 voix sur 800 contre son cousin germain, Louis-Alexandre de La Rochefoucauld. Très actif à l'Assemblée, il devient président du Comité de mendicité, fonction qui lui permet de traduire sa philanthropie et son rêve social en réflexion politique. Soutien indéfectible du roi, son positionnement, ambigu pour l'aile gauche et suspect pour l'aile droite de l'Assemblée, le contraignent à l'exil (1792 -1799) en Angleterre puis aux États-Unis. Cette expérience lui offre une nouvelle occasion d'assouvir sa curiosité : il rédige ses observations de voyage en huit volumes publiées à son retour.

François Alexandre de La Rochefoucauld rentre en France en 1799 sans doute grâce à l'intercession de Talleyrand et de Lucien Bonaparte auprès du Premier Consul. Il est ruiné, dépossédé de ses biens, divorcé depuis la fin de 1792. De 1800 à 1823, il se partage entre la remise en route de ses affaires et ses fonctions d'administrateur de diverses institutions. Après avoir recouvré son domaine de Liancourt préservé par les notables locaux et par l'Ecole des Enfants de l'Armée qui y avait été installée, il reconstruit avec ses trois fils « l'empire » familial. Depuis l'assassinat de son cousin à Gisors le 4 septembre 1792, il porte virtuellement le titre de duc de La Rochefoucauld. Sa position de chef de famille est confirmée sous la Première Restauration : il retrouve le titre de duc et la dignité de pair de France dès 1814, mais non sa charge de grand maître de la Garde-robe que le futur Louis XVIII souhaitait déjà lui retirer durant son exil. Membre de la Chambre des Pairs à compter du 4 juin 1814, il y défend les idées libérales et notamment la liberté de la presse, combattant le fanatisme qu'il perçoit dans la loi du sacrilège. La Rochefoucauld-Liancourt donne aussi libre cours à sa philanthropie militante. Introducteur de la vaccine en France en 1800, il est aussi le cofondateur de la Caisse d'Epargne et de Prévoyance de Paris avec le baron Benjamin Delessert en 1818. Attaché à la monarchie, libéral, opposé aux ultras, La Rochefoucauld-Liancourt occupe huit fonctions publiques pendant la Restauration : inspecteur général de l'École des Arts et Métiers installée à Châlons-en-Champagne depuis 1806 après ses années à Liancourt et Compiègne, membre du conseil général des Manufactures, du conseil d'Agriculture, du comité de Vaccine, du conseil général des Prisons, du conseil général des Hospices de Paris et du conseil général du département de l'Oise. Arrivé au pouvoir, le parti ultraroyaliste de Joseph de Villèle, qui voit en lui un grand seigneur libéral et surtout très populaire, le démet de ces fonctions en juillet 1823.

Retiré sur son domaine de Liancourt, il vit dans l'attente de l'indemnisation de la vente des biens nationaux. La loi dite du « Milliard des émigrés », en 1825, donne lieu à d'intenses correspondances avec les administrations de chaque département où se situaient les biens vendus. C'est dans ce contexte qu'il meurt âgé de 80 ans le 27 mars 1827. Ses funérailles, suivies par des milliers d'observateurs, sont marquées par des incidents : bien que la famille ait permis à des élèves de l'École des Arts et Métiers de rendre hommage à leur fondateur en portant son cercueil, la police charge cet attroupement. Les porteurs doivent poser violemment le cercueil qui s'ouvre tandis que les insignes de la pairie tombent dans la boue. François Alexandre de La Rochefoucauld repose dans le cimetière de Liancourt, près du parc qui jadis fut le théâtre de ses innovations agronomiques et réflexions philanthropiques.

(1) Outils servant à démêler et à aérer une fibre textile brute comme la laine, les cardes permettent de préparer la fibre pour en faire du fil.

Jean-Charles DAUMY

Certifié d'histoire-géographie et étudiant à l'Université Bordeaux-Montaigne, Jean-Charles Daumy a rédigé un mémoire de Master 2 sur le duc François XII de La Rochefoucauld-Liancourt (voir infra) sous la direction du Professeur Michel Figeac.

Références bibliographiques :

- Archives de la famille de La Rochefoucauld.

- Jean-Charles Daumy, François XII de La Rochefoucauld-Liancourt. L'imaginaire nobiliaire dans la vie quotidienne d'un grand seigneur éclairé, de la fin du siècle des Lumières à la Restauration, Paris, Editions de l'Epargne, 2019.

- Jean-Charles Daumy, « Les parures du monarque : le duc de Liancourt et le grand office de la Garde-robe de Louis XV à Louis XVI », Histilien. Carnet d'histoire culturelle, patrimoniale et sociale de l'Île de France médiévale et moderne, 20 août 2019, [En ligne], URL : https://histilien.hypotheses.org/62

- Jean-Dominique de La Rochefoucauld, G-R Ikni, C. Wolikow, Le duc de La Rochefoucauld-Liancourt 1747-1827 : de Louis XV à Charles X, un grand seigneur patriote et le mouvement populaire, Paris, Perrin, 1980.

Références iconographiques :

- François-Séraphin Delpech, La Rochefoucauld-Liancourt, estampe, 24.5x17cm, collections du château de Versailles.

- Achille Devéria, François-Alexandre-Frédéric, duc de La Rochefoucauld-Liancourt (1747-1827), 1836, huile sur toile, 72 x 58.5cm, collections du château de Versailles.

- Antoine-Jean Gros, Le duc de La Rochefoucauld-Liancourt, huile sur toile, Collections du château de La Rochefoucauld, vers 1810.

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Biographie extraite du dictionnaire « Robert et Cougny » :

LA ROCHEFOUCAULD (FRANÇOIS-ALEXANDRE-FRÉDÉRIC DE), DUC DE LIANCOURT, VICOMTE DE RENNES, SEIGNEUR DE BAUD, CAMORS ET QUINIPLI, député à l'Assemblée constituante de 1789, pair en 1814, représentant à la Chambre des Cent-Jours, né à la Roche-Guyon (Seine-et-Oise) le 11 janvier 1747, mort à Paris le 27 mars 1827, fils de Louis-Armand-François de la Rochefoucauld de Roye, duc d'Estissac, grand-maître de la garde-robe, et de Marie, seconde fille du duc Alexandre de La Rochefoucauld (1690-1762), prit d'abord du service dans les carabiniers et se maria fort jeune en 1764. Connu dans sa jeunesse sous le titre de comte de La Rochefoucauld, il obtint les honneurs du Louvre le 13 mars 1765 et prit le nom de duc de Liancourt. Il devint colonel d'un régiment de cavalerie de son nom le 3 janvier 1770, brigadier de dragons le 5 décembre 1781, puis grand-maître de la garde-robe du roi et duc héréditaire d'Estissac, par succession paternelle, le 28 mai 1783. Comme survivancier de son père en la charge de grand-maître de la garde-robe, il en remplit les fonctions dans les dernières années de Louis XV, et les continua pendant le règne de Louis XVI. Mais il ne fit à Versailles que de courtes apparitions, visita l'Angleterre en 1769, et vint mettre en pratique, dans sa terre de Liancourt, les améliorations industrielles et agricoles qu'il avait observées dans ses voyages. Il fonda d'abord une ferme modèle dans laquelle il chercha à propager la culture des prairies artificielles, à supprimer le système des jachères, et à élever des bestiaux venus de Suisse et d'Angleterre. Il fonda en même temps à Liancourt une école d'arts et métiers en faveur des enfants des militaires pauvres : cette institution, à laquelle l'Ecole des Arts et Métiers de Châlons doit son origine, prit bientôt une grande extension et compta en 1788 jusqu'à 130 élèves. Le duc de Liaucourt visita ensuite la Suisse, et, en 1786, fit à Louis XVI les honneurs des établissements agricoles et industriels de cette contrée. Lorsque les Etats-Généraux furent convoqués, il fut élu, le 13 mars 1789, député de la noblesse aux Etats-Généraux par le bailliage de Clermont-en-Beauvoisis. Défenseur, dans l'Assemblée, de la monarchie constitutionnelle, il essaya de concilier les idées nouvelles avec l'ancien régime. Son mot au roi, le 12 juillet 1789, est bien connu : « Mais c'est donc une révolte ? » s'écriait Louis XVI effrayé de l'agitation du peuple. - « Non, sire, fit gravement le duc ; c'est une révolution! » Apres la prise de la Bastille, il fut investi de la présidence de l'Assemblée, qui accueillit avec faveur ses rapports sur la mendicité, sur l'état des hôpitaux du royaume, sur la formation d'ateliers de secours pour les indigents, etc. Adversaire de la loi contre les émigrés, il se prononça, d'autre part, pour la liberté de conscience et pour la liberté individuelle, et s'honora, en proposant, le premier, l'abolition du supplice de la corde. En même temps, il continuait de s'occuper avec ardeur de la fondation à Liancourt d'une filature de coton, où de nouveaux procédés furent mis en oeuvre. Chargé, après la session, du commandement d'une division militaire en Normandie, il s'efforça d'y pacifier les esprits. Après avoir aidé Louis XVI de ses conseils et même de sa fortune, il émigra, au lendemain du 10 août, et gagna l'Angleterre, où il se lia avec le célèbre Arthur Young. De l'exil, il écrivit, lors du jugement du roi, à Barère, président de la Convention, pour lui demander à témoigner en faveur de Louis; mais cette démarche ne fut pas accueillie. Le duc de La Rochefoucauld (il avait repris ce titre depuis la mort de son cousin germain tué à Gisors eu 1792) quitta alors l'Europe, et parcourut en observateur et en philosophe les Etats-Unis. « Vers cette époque, écrit un biographe, Louis XVIII, du fond de sa retraite, lui fit demander, comme s'il avait été déjà sur son trône, de renoncer à la charge de grand-maître de la garde-robe, que son père avait payée 400,000 livres. Le duc répondit aussitôt par un respectueux refus, et telle fut sans doute l'origine de la disgrâce dans laquelle il tomba plus tard sous la Restauration. » En l'an VI, étant à Hambourg, il fit des démarches et rédigea un Mémoire pour rentrer en France : « Cette démarche, écrivait-il, me coûte horriblement; elle semble un acquiescement à ce que je croirais devoir appeler une injustice. Mais je suis rongé de chagrins, accablé de malheurs, et je sens qu'il me faut promptement ou sortir ou y succomber. » En 1799, il se hasarda à rentrer; il vécut dans la retraite, s'occupant seulement d'oeuvres de bienfaisance, jusqu'au jour où sa radiation de la liste des émigrés fut prononcée. Alors il reprit à Liancourt la direction des institutions qu'il avait fondées et que la Révolution avait respectées, et attendit ainsi le retour des Bourbons. Louis XVIII ne lui rendit pas sa charge et se contenta de l'appeler à la Chambre des pairs le 4 juin 1814. Pendant les Cent-Jours, fidèle au parti des « libertés constitutionnelles », il consentit à siéger dans la Chambre des représentants, où l'envoya l'arrondissement de Clermont, le 9 mai 1815, par 64 voix sur 88 votants. Mais, au second retour de Louis XVIII, il reprit sa place parmi les pairs, s'abstint dans le procès du maréchal Ney, et resta l'ami de la royauté tout en repoussant les opinions des ultras. Nommé, en 1816, membre du conseil général des hôpitaux, il s'occupa activement de la Société de la morale chrétienne, qu'il présida, et qui poursuivait l'abolition de la traite des noirs et la suppression des loteries et des jeux. Inspecteur général de l'Ecole des arts et métiers transférée à Châlons sous les auspices du gouvernement, membre du conseil général des manufactures, du conseil d'agriculture, du conseil général des prisons, du comité de vaccine, il se vit privé en 1823 par le ministère Villèle, qu'il combattait à la Chambre des pairs, de huit fonctions publiques et gratuites. En revanche, l'Académie des sciences l'admit au nombre de ses membres. Le duc de La Rochefoucauld- Liancourt, qui venait de faire les premiers essais de l'enseignement mutuel et de fonder la première caisse d'épargne de France, jouissait d'une extrême popularité. lorsqu'il fut atteint brusquement, le 23 mars 1827, de la maladie qui l'emporta quatre jours après. Ses funérailles furent marquées par de pénibles incidents. Les élèves de l'Ecole des arts et métiers s'étant rendus en foule à l'église et ayant voulu porter son cercueil sur leurs épaules, furent chargés dans la rue Saint-Honoré par la gendarmerie; le cercueil tomba dans la boue, et les insignes de la pairie qui le décoraient furent foulés aux pieds. On réclama vainement une enquête: l'affaire fut étouffée par le ministère. Suivant ses dernières volontés, le duc de La Rochefoucauld fut enterré à Liancourt. Il était chevalier des ordres du Saint-Esprit, de Saint-Louis et de la Légion d'honneur. On a de lui un très grand nombre d'écrits sur des matières économiques : Finances, Crédit (1789); Notice sur l'impôt territorial foncier en Angleterre (1790) ; Des Prisons de Philadelphie (1796) ; Etat des pauvres ou histoire des classes travaillantes de la société en Angleterre, depuis la conquête jusqu'à l'époque actuelle (1800) ; Notes sur la Législation anglaise des chemins (1801); Le Bonheur du peuple, almanach à l'usage de tout le monde (1819); Dialogue d'Alexandre et Benoît sur la Caisse d'épargne (1818); ses Opinions prononcées à l'Assemblée nationale en 1789, 1790 et 1791, puis à la Chambre des pairs, et divers Discours, Rapports et Comptes rendus.

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de François-Alexandre-Frédéric LA ROCHEFOUCAULD

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