Groupe d'etudes de l'Aviation Civile

Première audition publique devant le Parlement

des deux membres du futur directoire Aérospatiale/Matra

MM. Yves Michot et Philippe Camus, respectivement président et directeur général de la future société Aérospatiale-Matra ont été entendus le 17 mars, au Palais du Luxembourg, par une délégation conjointe de sénateurs et de députés. Cette audition était organisée par le groupe d’études de l’Aviation civile du Sénat, présidé par M. Maurice Blin, sénateur des Ardennes, et par le groupe d’études de l’Industrie aéronautique de l’Assemblée nationale, présidé par M. Dominique Baudis, député de Haute-Garonne. Le principe d’auditions conjointes, en alternance à l’Assemblée et au Sénat, avait été initié par ce dernier, et recueille l’assentiment de tous les participants et personnalités auditionnées.

Interrogés sur les conséquences sur l’emploi du regroupement des deux sociétés, M. Yves Michot a estimé que la société ne succomberait pas au syndrome anglo-saxon qui consiste à assimiler valeur boursière, profitabilité et suppression d’emplois. Il a ajouté que l’emploi évoluerait en fonction du marché comme auparavant. Pour M. Philippe Camus, un lieu commun assimile la création de valeurs d’une entreprise à la suppression d’emplois. Cependant, à ses yeux, il existe de sérieux contre-exemples, notamment dans le secteur de l’industrie de Défense, où la réduction d’emplois a été suivie d’une baisse sensible des cours de bourse. Il a noté que les marchés financiers, bien informés, ne lient pas systématiquement ces deux données, la valeur de l’entreprise provenant de sa richesse humaine, technologique et organisationnelle.

 M. Yves Michot a ensuite donné des précisions sur les comptes. Il a chiffré les résultats consolidés du groupe Aérospatiale à 1,035 milliard de francs. Il a estimé que la filialisation était nécessaire dans le cadre des restructurations en cours, en Europe et dans le monde.

Concernant le lancement de l’A3XX, M. Yves Michot a rappelé que le coût du développement était de dix milliards de dollars, et que l’époque où un État finançait à 100 % le développement d’un programme étalé sur quatorze ans, comme ce fut le cas pour le Concorde, était définitivement révolu. Il a précisé que l’A3XX supposait que trois conditions soient réunies : un produit adapté, un prix attractif, un marché réceptif. Il a rappelé sur ce point que, dans la mesure où l’appareil avait été conçu principalement pour le marché asiatique, la crise actuelle et les incertitudes sur ce continent étaient de nature à différer l’opération.

 Concernant l’ATF, M. Yves Michot a considéré que sur le strict plan budgétaire, le choix d’autres solutions, notamment l’achat d’appareils américains, n’entraînerait aucun avantage financier dans la mesure où il ne fallait pas escompter de compensations de la part des industriels américains, de plus en plus réservés, voire opposés, à ces pratiques. Il a estimé nécessaire l’inscription de 30 milliards de francs d’autorisations de programme dans le prochain budget de la Défense, en souhaitant une décision du Gouvernement au prochain Salon du Bourget.

Interrogé sur la compatibilité des regroupements français avec la mise en place d’une industrie européenne, MM. Yves Michot et Philippe Camus ont précisé qu’ils avaient conçu cette opération comme une étape d’un processus d’intégration européenne ouvert à tous les acteurs européens.