Avenir des emplois-jeunes : rien n’est réglé

M. Alain Gournac (Yvelines – RPR), rapporteur de la mission d’information de la commission des Affaires sociales sur le bilan à mi-parcours des emplois-jeunes et auteur du rapport d’information " Pour une sortie en bon ordre " publié en octobre 2000, juge très décevantes les annonces du Gouvernement sur l’avenir des emplois-jeunes. Ce plan média en trompe l’œil ne permet en effet ni d’améliorer le fonctionnement actuel d’un dispositif imparfait, ni d’assurer l’avenir professionnel des emplois-jeunes et la pérennisation des activités créées.

Le plan du Gouvernement ne lève aucune des incertitudes qui pèsent déjà sur un programme conçu à la hâte et dont la maîtrise échappe à ses initiateurs : la validation de l’expérience professionnelle ne constituera qu’un palliatif aux difficultés confirmées d’accès à la formation, les ambiguïtés d’un statut hybride ne sont pas éclaircies, l’utilité sociale des missions effectivement exercées n’est toujours pas évaluée au cas par cas.

Pour l’avenir, le plan du Gouvernement se contente principalement de reporter les échéances. Les associations verront pour la plupart leurs aides maintenues, mais minorées, sans que ce soutien budgétaire soit en mesure de garantir la solvabilisation future des activités créées. Les collectivités locales, pourtant largement engagées dans le programme, subiront un transfert de charges direct, l’Etat renonçant à participer au financement de 85 % des emplois créés. Dans l’éducation nationale et la police nationale, les emplois-jeunes seront maintenus, mais deviendront une sorte de " stage probatoire " préalable à une hypothétique intégration de jeunes dans la fonction publique et alimenteront ainsi un vivier bien commode de simples supplétifs au statut précaire.

Dans ces conditions, M. Alain Gournac déplore que le Gouvernement s’en tienne à un simple effet d’annonce face à l’inquiétude grandissante des emplois-jeunes et de leurs employeurs. Il regrette notamment que le Gouvernement ait préféré une fuite en avant, au demeurant coûteuse pour les finances publiques, aux propositions du Sénat pour une sortie en bon ordre. Ces propositions, simples et concrètes, visent à préparer l’avenir professionnel des emplois-jeunes en leur assurant une réelle professionnalisation et en mettant en place des passerelles vers le secteur marchand.