LE GROUPE DE TRAVAIL SÉNATORIAL SUR LA VITICULTURE PROPOSE LA CRÉATION DE
DEUX NOUVELLES FAMILLES DE VIN

Le groupe de travail sénatorial sur l'avenir de la viticulture propose de rendre l'offre de vins française plus lisible en procédant à un reclassement des catégories réglementaires qui leur sont applicables. Celles‑ci s'ordonneraient de la manière suivante :

  - la branche des vins de qualité produits dans des régions déterminées (VQPRD) regrouperait tous les vins se rattachant à une zone géographique donnée, c'est à dire les actuels vins AOC, ainsi qu'une nouvelle catégorie, qui aurait vocation à accueillir une partie des vins de pays ;

  - la branche des autres vins comprendrait, quant à elle, les vins de table et une nouvelle catégorie dénommée « vins des régions de France », destinée à produire des vins de cépage compétitifs, avec les méthodes utilisées par nos concurrents.

  C'est l'une des principales conclusions du rapport adopté hier par la Commission des Affaires économiques du Sénat et rendu public aujourd'hui par M. Gérard César, sénateur de la Gironde (RPR) et rapporteur du groupe de travail sur l'avenir de la viticulture française, en présence de M. Gérard Delfau, sénateur de l'Hérault (RDSE) et président de ce groupe.

  Intitulé « L'avenir de la viticulture française : entre tradition et défi du Nouveau Monde », ce rapport se compose de trois parties.

  La première rappelle que si la viticulture est un secteur essentiel de l'agriculture française, elle n'en connaît pas moins une fragilisation récente causée par une diminution des exportations de vin, une érosion des parts de marchés à l'extérieur, une diminution des ventes sur le marché domestique et se traduisant par un gonflement des stocks, un fléchissement des cours et une dégradation du revenu des viticulteurs. Ces difficultés sont liées à une accentuation de la concurrence sur le marché mondial des vins.

        Une deuxième partie s'attache à analyser les principaux défis auxquels la filière viticole française est confrontée : succès des pays producteurs dits du Nouveau Monde (Australie, Californie, Chili, Afrique du Sud, Argentine et Nouvelle-Zélande) sur le marché mondial des vins, nécessité de prendre en compte la protection de l'environnement, place croissante de la grande distribution dans les ventes de vins aux ménages, évolution des modes de consommation vers une consommation plus occasionnelle.

  Evaluant la capacité du secteur vitivinicole à relever ces défis, cette deuxième partie détaille également les inadaptations structurelles dont il souffre, relevant l'attention insuffisante portée à la qualité et le manque de lisibilité de l'offre, dont la segmentation réglementaire entre vins d'appellation et autres vins n'apparaît plus cohérente avec les prix et la qualité réelle des vins constatés sur le marché. A cela s'ajoutent une communication qui n'atteint pas un seuil critique ainsi qu'un manque global de compétitivité de la filière.

  Enfin, la troisième partie formule des propositions rassemblées autour de cinq grands axes :

  - investir dans la qualité, ce qui implique de reconvertir les quelques 50 000 hectares de cépages non adaptés au marché, de mettre en œuvre la réforme de l'agrément des vins AOC, de pratiquer une maîtrise adaptée des rendements en affectant les parcelles à des productions déterminées, de diffuser le recours à de  bonnes pratiques culturales ou encore de généraliser le contrôle de la qualité en aval de la production ;

  - rendre l'offre plus visible, en encourageant le développement des marques et l'investissement dans la communication ;

  - mettre le consommateur au centre des préoccupations ; cela suppose de répondre à ses attentes à l'égard du produit vin, par exemple en fournissant la demande de vins légers, faiblement titrés qui n'est actuellement pas satisfaite, et d'aller à sa rencontre en développant plus largement le tourisme viticole ;

  - accompagner par une politique viticole adaptée, en restaurant l'efficacité des mécanismes de distillation, en instaurant un régime d'arrachage temporaire pour faciliter la reconversion du vignoble et en faisant preuve d'une certaine rigueur en matière d'attribution de nouveaux droits de plantation ;

- enfin, développer une approche équilibrée du thème « vin et santé » en diffusant plus largement les acquis scientifiques relatifs aux effets positifs d'une consommation modérée de vin sur la santé.

  Mis en place à l'automne 2001, avec l'ambition d'analyser les causes des difficultés subies par le secteur du vin en France, le groupe de travail sur l'avenir de la viticulture française est composé de 22 membres, parmi lesquels des représentants de la plupart des régions viticoles françaises.

  Dans le cadre de ses travaux, il a procédé à une soixantaine d'auditions, s'est rendu dans deux grandes et moyennes surfaces de la région parisienne et a réalisé plusieurs déplacements qui l'ont conduit dans les Charentes, en Bordelais, ainsi qu'en Afrique du Sud.