Dans un rapport présenté à la commission des finances, le sénateur Jean Pierre Vogel constate que la mise en place du système d’alerte et d’information des populations (SAIP), qui a vocation à alerter les populations en cas de danger grave pour leur sécurité au moyen de différents vecteurs mis en réseau, comme les sirènes ou encore la téléphonie mobile, a été marqué par "des choix stratégiques contestables et d’importantes défaillances dans sa mise en œuvre". Jean Pierre Vogel propose de redéfinir la stratégie qui a guidé le développement du SAIP, en développant fortement le volet "téléphonie mobile" plutôt que le volet "sirènes".

En plus des traditionnelles sirènes, le SAIP devait comprendre un moyen d’alerte et d’information par téléphonie mobile fiable : le résultat n’est toutefois pas à la hauteur des ambitions initiales .

Alors que le SAIP devait reposer sur une technologie permettant de diffuser un message sur l’ensemble des téléphones mobiles présents sur une zone d’alerte, le ministère de l’intérieur a décidé de recourir à une application smartphone en libre téléchargement, beaucoup moins efficace .

Cette application ne fonctionne que si l’utilisateur a effectivement téléchargé l’application, qui n’est disponible que sur certains téléphones et a connu, depuis sa mise en ligne, diverses failles techniques.

Si le SAIP visait en principe à mettre en réseau différents vecteurs de l’alerte (téléphones, médias, sirènes, etc.), le volet "sirènes" a été clairement privilégié, puisqu’il concentre près de 80 % des crédits prévus sur un financement de 44,7 millions échelonné de 2012 à 2019 (36,8 millions d’euros restant à planifier à partir de 2020).

Selon Jean Pierre Vogel, "ce choix est contestable, les sirènes, initialement installées pour répondre au risque de bombardement aérien pendant la Guerre froide, n’étant aujourd’hui quasiment jamais utilisées dans d’autres contextes que ceux des essais hebdomadaires. En plus, elles ne donnent pas d’information sur la conduite à tenir lorsqu’elles sonnent, contrairement à l’alerte par téléphone".

La livraison du logiciel de commande des sirènes a connu un retard de 36 mois, lié à des difficultés de conception, ce qui constitue un nouvel échec de l’État dans la conduite d’un grand projet informatique.

Le rapport est disponible sur le site du Sénat

M. Jean Pierre VOGEL (Les Républicains – Sarthe), rapporteur spécial des crédits du programme "Sécurité civile" de la mission "Sécurités", a présenté à la commission des finances, réunie le 28 juin 2017, les conclusions de son contrôle budgétaire portant sur le système d’alerte et d’information des populations.

La commission des finances est présidée par Mme Michèle ANDRÉ (Socialiste et républicain – Puy-de-Dôme).
Son rapporteur général est M. Albéric de MONTGOLFIER (Les Républicains – Eure-et-Loir).

Mathilde DUBOURG
01 42 34 25 11 presse@senat.fr