Mercredi 13 novembre 2019, la commission des Affaires économiques du Sénat a auditionné M. Jean‑Bernard LÉVY, Président-directeur général (PDG) d’EDF, quant aux perspectives d’évolution de ce groupe public, fleuron de notre politique industrielle et garant de notre souveraineté énergétique.

À cette occasion, les commissaires ont demandé au PDG des éclaircissements sur les contours du projet de réorganisation d’EDF, dit "Hercule", les surcoûts liés au chantier de l’EPR de Flamanville ainsi que les perspectives d’ouverture à la concurrence des concessions hydroélectriques.

Daniel GREMILLET, rapporteur pour avis sur les crédits "Énergie"» (Les Républicains – Vosges), a ainsi résumé la préoccupation largement partagée par les commissaires : "Je partage les inquiétudes exprimées par notre Présidente et mes collègues quant à l’avenir d’EDF : le projet de réorganisation “Hercule”, les difficultés liées à l’EPR et le “mur d’investissement” laissent augurer une fragilisation extrême de la situation financière du groupe" .

Pour ce qui concerne l’EPR de Flamanville, le PDG a précisé qu’"EDF se doit de partager" le constat fait dans un rapport par M. Jean-Martin FOLZ et "entend tirer les leçons de l’expérience de Flamanville".

À cette fin, il a précisé "avoir l’intention de présenter d’ici le mois de décembre un plan d’actions pour retrouver le niveau de qualité industrielle que nous aurions toujours dû conserver", ce plan visant aussi à "retrouver le niveau de compétences de la filière nucléaire française en matière de construction neuve".

S’agissant du projet "Hercule", Jean-Bernard LÉVY a indiqué que "si cette réorganisation voit le jour, en aucun cas il ne s’agit de scinder le groupe", précisant que "bien au contraire, la réorganisation devra respecter deux fondamentaux : le statut des salariés et le caractère intégré du groupe EDF".

Il s’est exprimé en ces termes sur les objectifs poursuivis par le projet : "Ce que nous visons est de dégager, après la réorganisation et tout en restant un groupe intégré, de l’ordre de 2 Mds d’euros d’investissements supplémentaires chaque année, ce qui ferait 10 Mds d’euros en cinq ans".

Le PDG a en outre identifié la condition suivante à l’éventuelle réalisation du projet : "Sans réforme préalable de l’ARENH, nous ne pouvons justifier d’aucune évolution de l’organisation d’EDF, car nous ne pourrions pas atteindre le niveau d’investissements indispensable à la transition énergétique".

Interrogé plus spécifiquement sur le devenir de certaines activités de distribution, il a précisé que "notre intention n’est pas d’ouvrir le capital d’ENEDIS".

En ce qui concerne enfin l’ouverture à la concurrence des concessions hydroélectriques, Jean-Bernard LÉVY a affirmé que "nous souhaitons défendre l’énergie hydraulique française avec ses spécificités" et que "nous pensons qu’une mise en concurrence brutale serait une perte pour la collectivité".

Dans ce contexte, la commission des Affaires économiques exprime sa préoccupation quant aux perspectives d’évolution d’EDF ; elle appelle le Gouvernement à clarifier ses intentions quant à l’éventuel projet de réorganisation du groupe, estimant indispensable que le Parlement soit saisi pleinement et rapidement de cet enjeu.

Mathilde DUBOURG
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