Un rapport du Sénat se prononce pour une propulsion nucléaire et une accélération du calendrier pour le successeur du Charles de Gaulle. L’éventualité d’un double équipage et de deux porte-avions ne doit pas être écartée. Le rapport propose de donner à la jeunesse, par concours, le choix du nom du porte-avions de nouvelle génération.

Après 18 mois d’études sur le porte-avions de nouvelle génération, le dossier est aujourd’hui sur le bureau du Président de la République. Un rapport du Sénat fait le point sur les enjeux et juge qu’il est urgent d’associer le Parlement au débat.

"La question du porte-avions de nouvelle génération est essentielle pour l’avenir du rôle de la France dans le monde, pour la défense européenne, et pour la coopération franco-britannique, car des mutualisations seront nécessaires", a déclaré Christian Cambon (Les Républicains - Val-de-Marne), président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.

Les rapporteurs Olivier Cigolotti (Union centriste - Haute-Loire) et Gilbert Roger (Socialiste et Républicain - Seine-Saint-Denis)estiment dans leur rapport que le porte-avions est un facteur irremplaçable d’autonomie stratégique.

En raison du système de combat aérien futur (SCAF), le porte-avions sera massif. Du fait de ce gabarit, de l’autonomie et de la flexibilité requises, le rapport plaide pour une propulsion nucléaire.

Le rapport du Sénat juge qu’il n’y a pas d’obstacle à l’utilisation de catapultes électromagnétiques, dans une dépendance déjà assumée aujourd’hui.

Les sénateurs estiment que la composante "ressources humaines" est une dimension essentielle du projet. Le Charles de Gaulle offre des conditions de vie inadaptées à son époque, comme l’a montré la contamination de l’équipage par le Covid-19. La principale richesse du porte-avions étant son équipage, la réduction de 10 % de l’effectif,envisagée, est pour les sénateurs un maximum.

Le rapport juge que le débat sur la construction de deux porte-avions doit être ouvert : le second exemplaire bénéficierait d’économies d’échelle, de l’ordre de 30 % à 40 % ; surtout, il permettrait d’assurer une permanence d’alerte du groupe aéronaval, alors que la disponibilité du Charles de Gaulle est de 63 %. Obtenir la permanence d’alerte n’implique pas de doubler l’ensemble des moyens du groupe aéronaval. Elle impliquerait une augmentation des moyens du groupe aérien embarqué (aéronefs et personnel) d'environ un tiers. L’incendie du SNA La Perle a montré les graves conséquences de formats de flotte trop réduits.

Le rapport estime le coût d’un porte-avions à 450 M€ par an, soit 1,5 % du budget de défense et 0,02 % du PIB (pendant au moins 10 ans).

Le rapport demande une accélération du calendrier pour générer plus rapidement de l’activité pour les chantiers navals, et rendre possible une coexistence entre le futur porte-avions et l’actuel, assurant ainsi, au moins pour un temps, la permanence d’alerte.

Parallèlement, le Charles de Gaulle pourrait être prolongé au-delà de 2038, après un examen attentif des questions de sûreté nucléaire et de sécurité.

Si un porte-avions européen ne paraît pas un objectif crédible pour le moment, le rapport estime qu’un groupe aéronaval européen l’est. Il favoriserait l’émergence d’une culture stratégique commune européenne.

Enfin, le rapport suggère d’ organiser un concours, ouvert à tous les jeunes, pour déterminer le nom du futur porte-avions de nouvelle génération.

Le rapport sera prochainement disponible ici

M. Christian Cambon (Les Républicains - Val-de-Marne) est président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.

M. Olivier Cigolotti (Union centriste - Haute-Loire) et M. Gilbert Roger (Socialiste et Républicain - Seine-Saint-Denis) sont co-rapporteurs sur le porte-avions de nouvelle génération.

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Jean-Christian LABIALLE
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