ZONE FRANCHE DE CORSE

Adoption des conclusions
d'une commission mixte paritaire

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion des conclusions du rapport (n° 162, 1996-1997) fait au nom de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi relatif à la zone franche de Corse.
Dans la discussion générale, la parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Mercier, rapporteur pour le Sénat de la commission mixte paritaire. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, à l'issue de l'examen par le Sénat du projet de loi relatif à la zone franche de Corse, quatre articles sur cinq restaient en discussion. La commission mixte paritaire, réunie hier après-midi, est parvenue à élaborer un texte commun dans un excellent climat de collaboration, dont nous ne pouvons que nous féliciter.
A l'article 1er, la commission mixte paritaire a apporté trois modifications : la première tendant à étendre l'exonération d'impôt sur les bénéfices aux entreprises en difficulté exerçant une activité de transport aérien ou maritime ; la deuxième tendant à étendre l'exonération d'impôt sur les bénéfices aux agriculteurs déjà installés dans l'île et dont les méthodes de production sont conformes à la réglementation européenne en matière de protection de l'environnement ; la troisième précisant les modalités de déclaration des bénéficies agricoles.
A l'article 2, la commission mixte paritaire a adopté trois modifications : la première visant à faire bénéficier de l'exonération de taxe professionnelle les activités agri-environnementales existantes au 1er janvier 1997 ; la deuxième visant à faire bénéficier de la même exonération les entreprises de transport aérien ou maritime en difficulté ; la troisième facilitant la distinction à opérer, pour la profession de chauffeur routier en Corse, entre les parts de chiffre d'affaires relevant de l'activité en zone courte et celles qui relèvent de l'activité en zone longue.
A l'article 3, la commission mixte paritaire a adopté quatre dispositions tendant à faire bénéficier de la réduction des cotisations patronales les activités agri-environnementales existantes, les entreprises de transport aérien ou maritime en difficulté, enfin, les entreprises de transport routier pour ceux de leurs salariés dont l'activité s'exerce exclusivement dans la zone courte, dans la limite de cinquante salariés.
La commission a ensuite adopté une utile précision selon laquelle un décret en Conseil d'Etat fixera, en tant que de besoin, les conditions d'application de l'article 3 aux gains et rémunérations versés aux salariés relevant de régimes de sécurité sociale autres que le régime général.
Ensuite, la commission mixte paritaire a adopté l'article 4 dans le texte du Sénat, qui précise que le Gouvernement présentera devant le Parlement, avant le 1er juillet 1999, un bilan intermédiaire de l'application de la loi.
La commission mixte paritaire a enfin adopté l'ensemble du projet de loi dans le texte issu de ses délibérations, en maintenant l'extension de l'article 2 et de l'article 3, apportée par le Sénat, aux contribuables exerçant une profession libérale et employant au moins trois salariés.
Je crois que l'ensemble de ces modifications permettront à la zone franche de Corse de s'appliquer dans de bonnes conditions et d'apporter aux entreprises de l'île la bouffée d'oxygène qu'elles attendent dans la situation financière difficile qui est la leur.
Le geste que nous allons faire dans quelques instants en adoptant - du moins je vous y invite mes chers collègues - ce texte relatif à la zone franche de Corse est à la fois un geste généreux et un geste de confiance à l'égard de nos compatriotes corses, cette confiance s'adressant à leur capacité à prendre en main les destinées économiques de l'île, mais aussi à la capacité qu'aura le Gouvernement à rétablir pleinement l'ordre républicain dans cette région.
M. Emmanuel Hamel. Souhaitons-le !
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Eric Raoult, ministre délégué à la ville et à l'intégration. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, vous allez examiner les conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi relatif à la zone franche de Corse. Le rapporteur vient de nous les présenter de manière succinte et particulièrement claire. Elles recueillent l'accord du Gouvernement, qui, comme vous le savez, attache une importance capitale à ce texte.
La zone franche constitue pour la Corse le volet économique d'une politique dont la composante en matière d'ordre public s'appelle fermeté.
A l'heure où, sur ce second volet, le Gouvernement, sous l'impulsion de mes collègues chargés de la justice et de l'intérieur, commence de remporter des succès, il est impératif que la zone franche entre en vigueur.
Je tiens d'abord à rendre hommage à votre rapporteur, M. Michel Mercier, dont les compétences et l'expérience en matière de solidarité et de revitalisation économique sont un signe tout à fait prometteur pour la Corse. Dans des délais très courts, il a réalisé un travail considérable pour relire, analyser, parfois critiquer, toujours d'une manière constructive, le texte qui vous était soumis.
Je souhaite également souligner la qualité de la contribution de tous les sénateurs qui ont proposé des amendements dans un esprit constructif.
Bien sûr, et c'est la règle, le Gouvernement n'a pu tous les accepter. Le ministre de l'aménagement du territoire, de la ville et de l'intégration, mon ami Jean-Claude Gaudin, avait d'emblée précisé les contraintes budgétaires, communautaires et constitutionnelles auxquelles nous étions soumis. Néanmoins, tous les amendements qui satisfaisaient à ces exigences ont fait l'objet d'un avis favorable du Gouvernement.
Le texte qui vous est aujourd'hui soumis a été incontestablement amélioré par rapport au projet initial du Gouvernement. Tout d'abord, grâce à votre rapporteur, de nombreux amendements vont faciliter les conditions de mise en oeuvre de ces dispositions.
A ces aménagements le débat parlementaire a, en outre, ajouté des extensions au champ couvert par la zone franche. Elles concernent des catégories essentielles à la vie économique de la Corse, telles que les professions libérales, les transporteurs routiers, les pêcheurs et les agriculteurs. Votre rapporteur, M. Michel Mercier, a apporté une contribution décisive pour l'extension aux professions libérales. C'est, par ailleurs, le sénateur de Corse-du-Sud, M. Louis-Ferdinand de Rocca Serra, qui est à l'origine de l'extension aux transporteurs routiers.
Cependant, cet élargissement des bénéficiaires de la zone franche est assorti de l'introduction d'une condition restrictive obligeant à maintenir dans les entreprises les bénéfices exonérés. L'équilibre du texte est ainsi préservé.
Je tiens à souligner que ces évolutions respectent l'autorisation donnée par la Commission européenne.
Sur le plan constitutionnel, j'insiste sur le fait que la rupture de l'égalité des citoyens devant les charges publiques se justifie pleinement par les graves difficultés que connaît l'économie corse. Au regard de ce principe, les extensions réalisées assurent, à l'intérieur de l'île, l'équilibre qui était souhaitable. Il en va de même entre le continent et la Corse grâce au maintien dans l'entreprise des bénéfices exonérés.
Le Premier ministre a annoncé le principe de la zone franche de Corse le 27 mars dernier. Il en a précisé le contenu à Ajaccio le 17 juillet. Le texte qui vous est soumis est rigoureusement fidèle à ces annonces. Cette cohérence dans l'action et cette promptitude dans la mise en oeuvre n'ont été possibles que grâce au soutien du Parlement ; qu'il en soit remercié.
Si vous adoptez définitivement ce texte, la zone franche de Corse pourra ainsi entrer en vigueur dès le 1er janvier prochain.
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion des articles.
Je rappelle qu'en application de l'article 42, alinéa 12, du règlement, lorsqu'il examine après l'Assemblée nationale le texte élaboré par la commission mixte paritaire, le Sénat se prononce par un seul vote sur l'ensemble du texte.
Je donne lecture du texte de la commission mixte paritaire :