SOMMAIRE


PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Dépôt d'un rapport en application d'une loi (p. 1 ).

3. Démission d'un membre d'une commission et candidatures à des commissions (p. 2 ).

4. Réforme du service national. - Discussion d'un projet de loi déclaré d'urgence (p. 3 ).
Discussion générale : MM. Alain Richard, ministre de la défense ; Serge Vinçon, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées ; Xavier de Villepin, président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées ; Philippe Marini.

5. Nomination de membres de commissions (p. 4 ).

Suspension et reprise de la séance (p. 5 )

PRÉSIDENCE DE M. RENÉ MONORY

6. Conférence des présidents (p. 6 ).

7. Réforme du service national. - Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi déclaré d'urgence (p. 7 ).
Discussion générale (suite) : MM. André Dulait, Jacques Habert, Nicolas About, Bertrand Delanoë.

PRÉSIDENCE DE M. JACQUES VALADE

MM. le président, Jean-Luc Bécart, Robert Calmejane, André Rouvière, Robert-Paul Vigouroux, Hubert Haenel, Alain Richard, ministre de la défense.
Clôture de la discussion générale.

Article 1er (p. 8 )

M. Paul Vergès.

Article L. 111-1 du code du service national (p. 9 )

Amendement n° 5 de la commission. - MM. Serge Vinçon, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées ; le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article du code, modifié.

Article L. 111-2 du code précité (p. 10 )

Amendement n° 6 de la commission et sous-amendement n° 30 de M. Calmejane. - MM. le rapporteur, Robert Calmejane, le ministre, Robert-Paul Vigouroux, Jacques Habert, Emmanuel Hamel. - Rejet du sous-amendement ; adoption, par soutien public, de l'amendement rédigeant l'article du code.

Article L. 111-3 du code précité (p. 11 )

Amendement n° 7 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article du code, modifié.

Article L. 112-1 du code précité (p. 12 )

Amendements n°s 8 et 9 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article du code, modifié.

Article L. 112-2 du code précité (p. 13 )

Amendements n°s 10 et 11 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article du code, modifié.

Article L. 112-3 du code précité. - Adoption (p. 14 )

Article L. 112-4 du code précité
(p. 15 )

Amendement n° 12 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article du code, modifié.

Articles L. 112-5, L. 112-6 et L. 113-1 à L. 113-3
du code précité. - Adoption (p. 16 )

Article L. 113-4 du code précité
(p. 17 )

Amendement n° 13 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article du code, modifié.

Articles L. 113-5, L. 113-5-1, L. 113-6
et L. 113-7 du code précité. - Adoption (p. 18 )

Article L. 114-1 du code précité
(p. 19 )

Amendement n° 14 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 1 de M. Estier et sous-amendement n° 36 de la commission. - MM. Bertrand Delanoë, le rapporteur, le ministre. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié.
Amendement n° 2 de M. Estier. - MM. Bertrand Delanoë, le rapporteur, le ministre. - Adoption.
M. Franck Sérusclat.
Adoption de l'article du code, modifié.

Article L. 114-2 du code précité (p. 20 )

Amendement n° 15 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article du code.

Article L. 114-3 du code précité (p. 21 )

Amendement n° 16 de la commission et sous-amendements n°s 3 rectifié de M. Estier et 26 rectifié bis de M. About ; amendement n° 4 de M. Estier. - MM. le rapporteur, Bertrand Delanoë, François Trucy, le ministre, Emmanuel Hamel. - Adoption des sous-amendements n°s 3 rectifié, 26 rectifié bis et de l'amendement n° 16 modifié rédigeant l'article du code, l'amendement n° 4 devenant sans objet.

Articles L. 114-4 à L. 114-6-1, L. 114-7 et L. 114-8
du code précité. - Adoption (p. 22 )

Article L. 114-9 du code précité
(p. 23 )

Amendement n° 18 de la commission. - Adoption.
Adoption de l'article du code, modifié.

Articles L. 114-9-1 et L. 114-10
du code précité. - Adoption (p. 24 )

Article L. 114-11 du code précité (supprimé)
(p. 25 )

Article L. 114-12 du code précité
(p. 26 )

Amendement n° 28 rectifié de M. de Cuttoli. - MM. Jacques Habert, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article du code.

Articles additionnels après l'article L. 114-12
du code précité (p. 27 )

Amendement n° 19 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre, André Rouvière. - Adoption de l'amendement insérant des articles additionnels dans le code.

Article L. 121-1 du code précité (p. 28 )

Amendements n°s 20 de la commission et 32 du Gouvernement. - MM. le rapporteur, le ministre, André Rouvière. - Adoption de l'amendement n° 20, l'amendement n° 32 devenant sans objet.
Adoption de l'articile du code, modifié.

Articles L. 121-2 et L. 121-3 du code précité. - Adoption (p. 29 )

Adoption de l'article 1er modifié.

Article 2. - Adoption (p. 30 )

Article 3 (supprimé) (p. 31 )

Article 4 (p. 32 )

Amendement n° 21 de la commission. - MM. le rapportuer, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 31 de M. Calmejane et sous-amendement n° 35 de M. Richert. - MM. Robert Calmejane, Philippe Richert, le rapporteur, le ministre. - Rejet du sous-amendement et de l'amendement.
Amendement n° 29 de M. de Cuttoli. - MM. Jacques Habert, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Adoption de l'article modifié.

Article 5 (p. 33 )

MM. Bernard Joly, le ministre.
Amendement n° 22 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 6 (p. 34 )

Amendements n°s 23 de la commission et 33 du Gouvernement. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement n° 23, l'amendement n° 33 devenant sans objet.
Amendement n° 24 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 6 bis . - Adoption (p. 35 )

Article additionnel après l'article 6 bis (p. 36 )

Amendement n° 34 du Gouvernement. - MM. le ministre, le rapporteur. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 7 (supprimé) (p. 37 )

Article 8 (p. 38 )

MM. Jacques Habert, le ministre.
Adoption de l'article.

Articles 8 bis et 9. - Adoption (p. 39 )

Vote sur l'ensemble (p. 40 )

MM. le ministre, Robert Calmejane, François Trucy, Bertrand Delanoë, Bernard Joly, Emmanuel Hamel, Philippe Richert, Robert-Paul Vigouroux, Jacques Habert.
Adoption du projet de loi.

8. Nomination de membres d'une commission mixte paritaire (p. 41 ).

9. Communication de l'adoption définitive de propositions d'acte communautaire (p. 42 ).

10. Dépôt de propositions d'acte communautaire (p. 43 ).

11. Dépôt d'un rapport (p. 44 ).

12. Dépôt rattaché pour ordre au procès-verbal de la séance du 2 octobre 1997 (p. 45 ).

13. Ordre du jour (p. 46 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à dix heures trente.)1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le procès-verbal de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté.

2

DÉPO^T D'UN RAPPORT
EN APPLICATION D'UNE LOI

M. le président. M. le président a reçu le rapport du Conseil national du crédit pour l'année 1996, établi en application de l'article 24 de la loi du 24 janvier 1984 relative à l'activité et au contrôle des établissements de crédit.
Acte est donné du dépôt de ce rapport.

3

DÉMISSION
D'UN MEMBRE D'UNE COMMISSION
ET CANDIDATURES A` DES COMMISSIONS

M. le président. J'ai reçu avis de la démission de M. Jacques Dominati comme membre de la commission des affaires économiques et du Plan.
Le groupe intéressé a fait connaître à la présidence le nom du candidat proposé en remplacement.
Cette candidature va être affichée et la nomination aura lieu conformément à l'article 8 du règlement.
J'informe le Sénat que le groupe des républicains et indépendants a fait connaître à la présidence le nom du candidat qu'il propose pour siéger à la commission des affaires sociales, à la place laissée vacante par M. Georges Dessaigne, démissionnaire de son mandat sénatorial.
Cette candidature va être affichée et la nomination aura lieu conformément à l'article 8 du règlement.

4

RÉFORME DU SERVICE NATIONAL

Discussion d'un projet de loi déclaré d'urgence

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 426, 1996-1997), adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, portant réforme du service national. Rapport (n° 4, 1997-1998).
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Alain Richard, ministre de la défense. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, le projet de loi portant réforme du service national...
M. Emmanuel Hamel. Texte de déclin et de décadence !
M. Alain Richard, ministre de la défense. ... que j'ai l'honneur de vous soumettre aujourd'hui, en espérant un débat serein et rationnel, constitue une des priorités législatives du Gouvernement. Il est également une étape marquante de notre vie publique.
Il s'agit en effet de prendre position par la loi sur la forme que revêtira, dans le processus de réforme de nos armées, le service national.
Nos débats toucheront aussi bien au fondement de la cohésion de la nation qu'à l'enracinement de nos valeurs républicaines ou à la place que la France entend occuper et aux principes qu'elle incarne.
Aussi est-ce avec un sentiment de responsabilité particulièrement élevé que je souhaite poursuivre avec vous, mesdames, messieurs les sénateurs, les débats sur ce projet de loi sur lequel, dans une première lecture, l'Assemblée nationale a travaillé et qu'elle a enrichi. Je ne doute pas que vous contribuerez également, par vos apports et votre vote, à son enracinement dans un consensus national renouvelé.
M. Emmanuel Hamel. Sûrement pas !
M. Alain Richard, ministre de la défense. Le service militaire obligatoire et universel que nous connaissons aujourd'hui date de 1905. Il s'est agi depuis lors de doter la France d'une armée de masse, capable de défendre le territoire national. Cette forme de service national, manifestation la plus directe de la participation de la nation à sa défense, a permis aux appelés, et aux militaires professionnels qui les encadrent, d'accomplir des actions armées et de maintenir une vigilance du temps de paix qui ont garanti notre indépendance nationale. Parce que chaque citoyen y était astreint, il s'inscrivait dans nos principes républicains, que la loi fondatrice de 1798 résumait par cette formule : « Tout Français est soldat et se doit à la patrie ».
Je voudrais ici souligner que toutes celles et tous ceux qui ont donné leur peine et leur sang au sein de cette armée de conscription ont fait des sacrifices qui ont eu une utilité essentielle. Cette armée d'appelés ne disparaît pas parce qu'elle serait victime des événements de la fin de la guerre froide et qu'elle serait ainsi dépassée. Elle peut en sortir avec le sentiment d'avoir participé à la victoire par la dissuasion et non par la force. Notre armée de conscription, partout où elle a été engagée, que ce soit en opérations ou en exercice, a fait l'admiration de nos grands alliés, dont certains avaient déjà fait le choix de la professionnalisation. Les temps ont changé, mais la nation ne peut oublier, et encore moins renier, l'apport des appelés qui ont participé au renom de la France et au succès de ses armes.
Dans les dernières décennies, ce service s'est en outre élargi à des formes civiles variées qui ont apporté et apportent encore au rayonnement extérieur de notre pays et à nombre de services publics un appui humain particulièrement précieux.
Cependant, le bouleversement stratégique que nous avons connu à partir de 1989 remet en cause la justification militaire même de la conscription. Nous ne connaissons plus de menace militaire directe et massive sur le territoire national, menace face à laquelle l'armée de conscription était la réponse cohérente.
En revanche, le développement de conflits régionaux et de dissensions souvent violentes au sein même d'Etats à structure fragile place notre pays devant un nouveau défi. Face à ces crises multiformes où se trouvent mis en jeu les principes politiques auxquels nous tenons, la France a estimé de sa responsabilité d'agir pour la consolidation de la paix, pour la mise en échec des agressions, pour l'établissement de relations pacifiques entre des pays voisins ou des communautés que des aspirations antagonistes avaient fait basculer dans la violence.
Et notre pays a agi : au Liban, au Tchad, auCambodge, au Rwanda, en Bosnie, au Congo-Brazzaville, en Albanie, pour ne citer que quelques cas marquants, nos forces se sont engagées pour contribuer à des solutions politiques et pour mettre fin à des affrontements tragiques. Je tiens ici à rendre tout particulièrement hommage aux militaires des armées et de la gendarmerie morts en opérations depuis 1990 ainsi qu'aux blessés, et aux familles, que nous n'avons pas le droit d'oublier.
Ces engagements se sont faits, chaque fois que c'était possible, en coopération avec d'autres pays et sous l'égide d'organisations internationales ; ils représentent donc le contraire d'une politique interventionniste ou d'une attitude dominatrice. Nous pouvons légitimement penser que cette capacité d'agir pour la paix, en en assumant les risques, fait aujourd'hui partie du statut international de la France.
Depuis le début de cette décennie, la réflexion s'est engagée. Elle a été ponctuée par le Livre blanc de 1994, qui a synthétisé nos objectifs de défense, et elle a abouti en 1996 au choix de la professionnalisation des armées fixé par le Président de la République.
Le lancement de ce projet a constitué un choc, parce qu'il revenait sur près d'un siècle de conceptions de la défense et parce qu'il nous plaçait collectivement devant un choix que nous avions eu tendance à éluder. Ce choix a déclenché, dans le pays et dans la représentation nationale elle-même, de multiples réactions et interrogations, mais il s'est imposé en profondeur, car les objectifs fondamentaux que j'ai brièvement rappelés pouvaient être partagés par une grande majorité. Ainsi, lors des dernières élections législatives, la conscription n'a pas été un enjeu du débat.
C'est en effet dès le printemps 1996 que s'est exprimée la nation à travers ses représentants sur ce que pouvait être le devenir du service national. Certains ont préconisé de le supprimer purement et simplement. C'eût été méconnaître son apport au maintien du lien entre la nation et son armée et à la pérennité de l'esprit de défense. D'autres ont souhaité instituer un service civil obligatoire. Ce choix n'aurait pas permis d'offrir aux jeunes des postes en nombre suffisant pour garantir l'universalité du service national et le respect du principe d'égalité. D'autres enfin ont proposé d'instaurer un « service court » donnant à chaque jeune Français une formation militaire de base. Malgré les avantages de cohésion nationale d'une telle formule, c'était s'imposer une charge d'organisation fort lourde en vue d'un recours purement théorique à de très nombreux jeunes dont la formation de défense se serait rapidement périmée.
Le dispositif souhaitable devait donc renouveler le lien entre l'armée et la nation, jusqu'alors assuré par la conscription, permettre de rétablir l'appel sous les drapeaux si la sécurité du pays venait à l'exiger et enfin nous assurer d'une transition harmonieuse vers l'armée professionnelle.
Avant de vous présenter, mesdames, messieurs les sénateurs, l'économie générale de ce projet de loi, je souhaiterais le replacer dans le cadre plus vaste de la professionnalisation de nos armées.
Comme l'a indiqué le Premier ministre lors de sa déclaration de politique générale le 19 juin 1997, le Gouvernement entend mener à son terme, et en respectant son calendrier, la professionnalisation des armées décidée par le Président de la République.
L'ensemble des armées, au terme de ce processus de professionnalisation, connaîtra une évolution de structure très importante.
Le format des armées - ses effectifs, y compris ceux de la gendarmerie et des services - passera de 570 000 personnels militaires et civils, dont 200 000 appelés, à 440 000 personnels militaires et civils - soit une déflation de près d'un quart - dont 27 000 volontaires.
Cette réduction massive s'assortit d'une nette élévation du taux d'encadrement dans les armées puisque les officiers représenteront, à la fin de la période de transition, 13 % des effectifs militaires et les sous-officiers près de 47 %. C'est la logique même de la professionnalisation et le nouveau ratio ne fait que se rapprocher de celui des grandes armées alliées déjà professionnalisées.
Ces données masquent des évolutions contrastées qui, pour réussir, devront s'inscrire dans la durée.
Le nombre d'appelés incorporés va décroître mécaniquement chaque année puisque les appels sont arrêtés pour ceux qui sont nés depuis le 1er janvier 1979. Cette décroissance régulière de près de 30 000, chacune des années qui nous séparent de 2002, s'accompagne d'une montée en puissance progressive et non moins régulière des effectifs d'engagés de près de 8 000 chaque année. L'équilibre de ces deux mouvements conditionne le succès de la professionnalisation. J'y reviendrai.
Ces transformations de l'édifice humain s'accompagnent, chaque élu ici le sait bien, d'une vaste restructuration de l'organisation militaire sur le territoire. Mon prédécesseur, M. Charles Millon, a préparé de multiples mesures de compensation et d'accompagnement, qui ont été discutées avec les élus de terrain, dans un souci de bonne organisation et de concertation. Je veux saluer ici le travail qu'il a fait à cette fin. Il reste encore de multiples mesures d'adaptation de même nature à mettre au point - j'évalue le travail de restructuration à environ les deux tiers - et il m'incombera de mener à mon tour ce travail difficile dans un esprit de bonne gestion et de totale transparence. Je suis sûr du partenariat vigilant, mais compréhensif, des élus locaux et des parlementaires, dont je peux bien ressentir les préoccupations pour partager leur condition depuis vingt ans.
Je voudrais maintenant attirer votre attention sur le comportement des jeunes nés avant le 1er janvier 1979, qui restent soumis pendant la période de transition aux obligations actuelles du service national. Ils les accomplissent en faisant preuve d'un esprit civique remarquable. L'annonce de la disparition du service national dans sa forme actuelle n'a pas eu d'effet négatif sur leur comportement à l'égard de cette obligation. Les taux de dispense et d'exemption restent stables et le taux d'insoumission est même en baisse.
M. Nicolas About. Et l'amendement Quilès ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Je tiens à saluer ici, devant les élus de la nation, cette attitude essentielle pour le succès de la professionnalisation. Nous avons absolument besoin des appelés du contingent pour réussir une transition harmonieuse vers l'armée professionnelle tout en assurant l'exécution des missions confiées à nos armées.
Ainsi, la mise en place du plan Vigipirate ne peut-elle se concevoir actuellement sans l'apport de la conscription. Sur l'équivalent des 1,2 million de journées de soldat nécessitées par les patrouilles dans le métro parisien, les gares, les aéroports, les trois-quarts, soit plus de 800 000, ont été fournis par les appelés.
Qui plus est, nous n'en sommes qu'au début de la phase de transition : à ce jour, sur les cent régiments que compte l'armée de terre, seuls quinze sont entièrement professionnalisés.
L'équilibre entre la montée en puissance des effectifs d'engagés ainsi que l'adaptation mesurée des effectifs de sous-officiers et officiers et la transformation des unités mixtes en unités entièrement professionnelles sont très directement conditionnés par la présence des appelés en nombre et en qualité pendant cette période cruciale.
Je veux m'inscrire, par ailleurs, en faux contre les déclarations intempestives de ceux qui ne voient dans les appelés que des supplétifs de faible utilité. Cela est injuste pour ces jeunes qui, conscients de leur rôle, assurent la vigilance armée et soutiennent par leur savoir-faire l'évolution vers la défense de demain. C'est également inexact à l'encontre des cadres qui les commandent et qui, je le vérifie à chaque déplacement dans une unité, attachent la plus grande importance au rôle des appelés jusqu'à la fin de la période de transition. Ce n'est donc qu'avec leur apport que la réforme en cours se poursuivra dans les conditions satisfaisantes que nous connaissons aujourd'hui.
Je souhaiterais maintenant vous rappeler la démarche qui a présidé à l'élaboration du projet de réforme du service national qui en est le corollaire.
Dès l'annonce de la professionnalisation des armées, il y a donc un an et demi, un important débat national s'est organisé pour connaître les attentes des Français sur l'avenir du service national. Nous avons tous pu y participer, comme citoyens ou comme élus.
A la suite de ce débat, le précédent gouvernement avait élaboré un projet de loi réformant le service national. Comme vous le savez, l'une des principales innovations de ce texte était la création d'un rendez-vous citoyen obligatoire, d'une durée de cinq jours et destiné à l'ensemble des jeunes Français. Votre assemblée s'était largement exprimée pour considérer d'ailleurs que cette durée était excessive.
Sur un sujet de cette importance, il est apparu au Gouvernement que je représente qu'il lui incombait de rouvrir le débat législatif dans un souci de transparence et de concertation.
Dès ma prise de fonctions, j'ai donc décidé de poursuivre et d'approfondir ce débat. Cela m'a conduit à rencontrer, au cours du mois de juillet, l'ensemble des groupes parlementaires des deux assemblées, afin de recueillir les avis et les propositions de chacun. Les entretiens que j'ai eus avec beaucoup d'entre vous ont très largement contribué à forger ma conviction et je vous remercie de cet apport.
J'ai aussi souhaité rassembler toutes les familles d'esprit de notre pays autour d'un projet où puisse se reconnaître l'ensemble de notre communauté nationale. Le projet de loi portant réforme du service national, adopté par l'Assemblée nationale en première lecture le 22 septembre, a l'ambition de répondre à cet objectif.
Je ne ferai qu'en présenter les principes, prévoyant d'en justifier plus en détail les différentes dispositions dans ma réponse aux intervenants de la discussion générale, puis lors de l'examen des articles. Il me sera d'autant plus aisé de m'en tenir aux grandes lignes de ce projet de loi que la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées vous a présenté, dans son rapport écrit, une analyse de grande qualité, réalisée à la suite d'un travail approfondi, dont je tiens à remercier le président, M. Xavier de Villepin, et le rapporteur, M. Serge Vinçon.
Les dispositions de ce projet de loi visent à satisfaire trois exigences majeures : tout d'abord, renouveler le lien entre la nation et son armée, ensuite, permettre le rétablissement de l'appel sous les drapeaux si de nouveaux besoins de sécurité l'exigeaient ; enfin, organiser la transition vers l'armée professionnelle en assouplissant le régime des reports d'incorporation et des dispenses.
Le projet de loi prévoit la suspension de l'appel sous les drapeaux pour les jeunes nés depuis le 1er janvier 1979, suspension qui s'est opérée, en fait, vous le savez, mesdames, messieurs les sénateurs, depuis le début de cette année sans le support d'un texte et qui marque ainsi la fin du service national dans sa forme actuelle.
Il nous appartient donc aujourd'hui de concevoir autrement le lien entre la nation et son armée. Pour cela, nous souhaitons définir les nouvelles modalités d'un véritable « parcours citoyen » pour que les jeunes restent partie prenante de la notion de défense globale.
Le projet de loi qui vous est présenté doit être vu comme un ensemble cohérent qui comprend, notamment, des obligations, parce que le devoir civique est un pilier majeur de toute société démocratique, comme un ensemble cohérent qui repose aussi sur le volontariat, car la prise de responsabilité est une valeur essentielle à l'esprit de défense.
C'est donc l'ensemble du parcours offert aux jeunes depuis l'enseignement des principes de défense à l'école dès avant seize ans au volontariat entre dix-huit et vingt-cinq ans qui constitue la nouvelle trame des rapports entre les jeunes et la défense.
Le Gouvernement a tout d'abord clairement manifesté sa volonté de revitaliser l'enseignement de l'instruction civique et de l'histoire pour que les adolescents soient formés, dès leur scolarité, aux fondements de notre pacte républicain.
M. Emmanuel Hamel. Il serait temps !
M. Alain Richard, ministre de la défense. Dans ce contexte, ils seront initiés aux principes de la défense sous la responsabilité du corps enseignant. C'est en effet l'un des rôles qui doit revenir à l'éducation nationale, chacun en convient.
L'éducation nationale remplira ainsi pleinement sa mission de cohésion républicaine, sur laquelle toutes les familles de pensée se rassemblent. La complexité des débats de forme en première lecture à l'Assemblée nationale sur ce sujet n'a fait - me semble-t-il - que refléter le consensus existant sur le fonds de cette évidence.
Un « appel de préparation à la défense » d'une journée s'inscrira dans la continuité de cet enseignement avec lequel il forme un tout. Le choix d'une formule peu contraignante pour les jeunes, organisée à proximité de leur domicile, dans des sites le plus souvent militaires, répond très directement aux critiques formulées ici même sur le rendez-vous citoyen. Juste avant leur majorité, un à deux ans après avoir été recensés, les jeunes auront un contact direct avec la communauté militaire.
L'entrée dans la citoyenneté sera marquée par cette journée au cours de laquelle la nécessaire implication de chacun dans la défense sera rappelée. Les garçons y seront convoqués à partir de la rentrée scolaire de 1998 et les jeunes filles dès l'an 2000.
Placées sous la responsabilité du ministre de la défense, organisées par les autorités militaires du département en liaison avec les préfets, les sessions se tiendront le mercredi ou le samedi, afin de ne pas perturber l'activité scolaire ou professionnelle des jeunes.
L'information sera assurée par des cadres militaires, d'active et de réserve, servant dans des unités géographiquement proches. Je n'exclus pas que des personnalités de la société civile y soient associées. Seront ainsi présentés les enjeux de la défense, son organisation, ses missions et ses moyens, ainsi que les opportunités de participer à une préparation militaire, à une forme de volontariat, ou de souscrire un engagement dans la réserve.
M. Emmanuel Hamel. Tout ça en un seul jour !
M. Alain Richard, ministre de la défense. Le devoir de mémoire sera évoqué, avec la participation du secrétariat d'Etat aux anciens combattants. Enfin, la journée permettra la détection de l'illettrisme.
Après l'appel de préparation à la défense, les jeunes auront la possibilité, s'ils le désirent, de participer à des préparations militaires. C'est une démarche volontaire qui leur permettra d'acquérir, lors de périodes compatibles avec leur engagement universitaire ou professionnel, des savoir-faire militaires élémentaires et de découvrir concrètement l'activité quotidienne des armées.
La mise en présence dans les unités des femmes et des hommes qui ont choisi de faire de la défense leur métier avec les jeunes participants contribuera directement à l'établissement de relations de confiance entre la jeunesse et l'armée, gage de respect mutuel, ainsi qu'au recrutement de réservistes et de volontaires.
La préparation militaire sera ainsi un moyen utile de pérenniser le lien entre la nation et son armée et constituera un instrument privilégié de la réforme des réserves, dont le rôle devient déterminant aux côtés de l'armée professionnelle.
Ce parcours préparation militaire-réserve constitue une réponse réaliste à la demande largement exprimée, en particulier au Parlement, d'une formation militaire de base pour les jeunes désireux d'apporter une participation directe à la défense sans toutefois embrasser une carrière dans les forces armées.
En outre, par une démarche librement consentie, les jeunes pourront également choisir de servir dans les forces armées en qualité de volontaires.
La mise en oeuvre de ce volontariat s'inscrit, avec compatibilité et cohérence, dans la priorité nationale que constitue l'emploi des jeunes et contribue à l'action globale du Gouvernement en la matière.
Sa durée initiale sera de douze mois, mais le volontariat pourra être renouvelé et atteindre jusqu'à soixante mois.
La rémunération, compte tenu des avantages matériels accordés aux volontaires, leur permettra de disposer de ressources au moins égales au SMIC net.
Bien loin d'être des « valets d'armes », selon l'expression malheureuse que certains ont employée, ces volontaires exerceront un métier à part entière, souvent de niveau technique élevé, en remplacement de la ressource très qualifiée que pouvait offrir le service national - je pense notamment aux scientifiques du contingent.
La loi de programmation militaire votée l'année dernière prévoit la création de 27 171 postes de volontaires d'ici à 2002, dont 16 232 dans la gendarmerie, ce qui accroît les moyens de ce corps pendant la période considérée. Ces volontaires seront l'une des composantes de l'armée professionnelle aux côtés des militaires de carrière ou engagés, des réservistes et des civils.
Il restait cependant à définir le cadre juridique du volontariat. Le texte qui vous est présenté y pourvoit en faisant des volontaires des militaires en droits et en devoirs.
Ces volontaires placés sous statut militaire contribueront directement à la pérennité du lien entre l'armée et la jeunesse. Ils serviront dans les armées pendant une période limitée, sans faire de cette activité leur métier. Ils constitueront l'un des viviers de la réserve.
Par ailleurs, en complément de ce corps de volontaires, dont la création est inscrite dans la loi de programmation militaire, les unités de la sécurité civile, notamment celles des sapeurs-pompiers, qui sont des unités militaires, pourront également avoir recours au volontariat.
Le service militaire adapté sera maintenu en faveur de nos jeunes concitoyens recensés outre-mer. Il sera proposé sous la forme d'un volontariat de douze mois qui conservera son identité militaire. Les jeunes y recevront d'abord une formation civique et morale, qui sera suivie par ce qui fait la spécificité de la formule actuelle, à savoir une formation militaire et professionnelle adaptée à laquelle les élus d'outre-mer sont très attachés - ils ont eu l'occasion de me le redire pendant la concertation.
Le projet de loi crée en outre la possibilité d'effectuer un volontariat civil, notamment dans les domaines de la coopération internationale et de l'action humanitaire.
Le Gouvernement a souhaité que la loi énonce dès maintenant le principe de ce futur volontariat de manière à clairement indiquer qu'il n'y aurait pas de discontinuité lors de la fin progressive de l'utilisation des jeunes appelés dans la coopération. L'action bénéfique pour le rayonnement de la France, et pour les pays et les organismes qui en bénéficient, accomplie aujourd'hui par les coopérants du service national sera ainsi poursuivie.
Le principe de l'existence de ces volontariats étant posé, leur organisation et leurs statuts seront précisés par une loi ultérieure dont la préparation incombera plus directement aux départements ministériels utilisateurs de ces jeunes. Il n'y a en effet pas urgence, parce que les besoins de la coopération sont couverts pendant encore plusieurs années grâce au recours à des jeunes en report d'incorporation.
Initiation aux principes de défense dès l'école, appel de préparation à la défense, préparations militaires et volontariat, telles sont donc les étapes de ce « parcours citoyen » qui pérennise et renouvelle le lien entre la nation et son armée.
Mais ce n'est pas là le seul objectif du projet de loi. Il est en effet de notre devoir de préserver la sécurité de notre pays quelles que soient les évolutions futures du contexte géostratégique. Nous maintenons donc la possibilité de recourir à un recrutement plus massif pour le cas où de nouveaux besoins de sécurité l'exigeraient. Tel est l'objet de l'obligation de recensement ainsi d'ailleurs que l'appel de préparation à la défense.
Le recensement interviendra dès l'âge de seize ans, au lieu de dix-sept actuellement. Il sera étendu aux jeunes filles à partir de 1999, sur la demande de l'Assemblée nationale. C'est d'ailleurs le terme le plus proche qui nous soit accessible. Le recensement deviendra ainsi véritablement universel.
Il constituera la deuxième étape des obligations civiques, après l'instruction civique et avant l'appel de préparation à la défense.
Les données relatives à chaque jeune recensé seront actualisées et suivies par la direction du service national jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de vingt-cinq ans. La convocation à l'appel de préparation à la défense permettra, entre autres, de les valider.
Ainsi sera effectivement préservée une capacité de montée en puissance rapide des effectifs si le législateur décidait de rétablir l'appel sous les drapeaux.
L'obligation de recensement et celle de participer à l'appel de préparation à la défense seront assorties de sanctions administratives qui nous ont paru les plus pragmatiques possible. Le certificat de satisfaction à ces obligations sera en effet exigé pour s'inscrire aux examens et concours soumis au contrôle de l'autorité publique. Mais les jeunes auront la possibilité de régulariser à tout moment leur situation.
Renouvellement du lien armée-nation, préservation de notre sécurité quelle que soit l'évolution du contexte géostratégique, tels sont donc les deux premiers objectifs de cette réforme.
Le projet de loi organise enfin la transition vers l'armée professionnelle en simplifant le système des reports d'incorporation et en assouplissant le régime des dispenses.
Pour cet aspect du projet de loi, les dispositions largement débattues lors de l'examen du texte du Gouvernement précédent ont été reprises et étendues en première lecture. Je tiens toutefois à insister sur un point fondamental, à savoir la cohérence que nous devons rechercher pour assurer la crédibilité et le bon déroulement de l'appel sous les drapeaux des jeunes nés avant le 1er janvier 1979, qui continueront à effectuer leur service, comme les garçons de leur âge qui n'ont pas bénéficié de reports d'incorporation.
Cela répond à un souci de justice et d'équité que nous partageons tous ; c'est en outre, je l'ai dit précédemment, un élément nécessaire de la stabilité de nos armées. La matière est rendue délicate par le changement que crée, dans l'esprit de tous, la fin annoncée du service national. Nous devons en débattre avec le sens de l'intérêt général, qui, je le sais, anime tous les parlementaires sur cette question des reports.
La formule née sous l'éclairage des débats de première lecture me semble un compromis équitable et satisfaisant entre les besoins cruciaux des armées pendant la phase de transition, que je vous ai exposée, et le souci qui est le mien de participer pleinement à l'élan en faveur de l'emploi donné par le Gouvernement.
L'amendement voté sur ma proposition par l'Assemblée nationale ne fait ainsi, sous les conditions restrictives examinées par une commission régionale, que reporter l'incorportation des jeunes concernés de manière à concilier au mieux les besoins des armées et le souci de ne pas compromettre leur insertion professionnelle.
Cette dernière sera d'ailleurs, si vous acceptez le dispositif, protégée par le projet de loi. En effet, une modification du code du travail a pour objet de préciser notamment que la réintégration dans l'entreprise devient de droit à l'issue de l'obligation militaire, le contrat de travail n'étant que suspendu et non plus rompu comme c'était le cas dans la législation antérieure.
M. Emmanuel Hamel. Il y a progrès !
M. Alain Richard, ministre de la défense. Dans la version du projet proposée en première lecture à l'Assemblée nationale, le Gouvernement demandait par ailleurs une habilitation pour modifier par voie d'ordonnance, comme l'y autorise l'article 38 de la Constitution, le code de justice militaire.
Ce choix technique du Gouvernement, guidé par un souci de rapidité et d'efficacité, visait uniquement à introduire les dispositions de la loi n° 93-2 du 4 janvier 1993 - vieille déjà de près de cinq ans ! - portant réforme de la procédure pénale. L'article 229 de cette loi avait en effet prévu, au titre des dispositions transitoires, qu'une loi ultérieure, devant initialement intervenir avant le 1er janvier 1995, rendrait ces mesures applicables aux juridictions militaires. Deux lois postérieures, la dernière étant celle du 22 juillet 1996, ont reporté cette date limite au 1er janvier 1997.
Nous savons tous qu'il est difficile de faire tenir tous les souhaits du législateur dans le calendrier législatif. La formule de l'ordonnance me semblait donc utile pour régler cette question, s'agissant - je tiens à être parfaitement clair sur ce point - de transposer purement et simplement les dispositions déjà approuvées par le législateur dans le code de procédure pénale.
Il est en effet nécessaire, à mes yeux, de faire bénéficier les militaires, sans plus attendre, des dispositions protectrices des droits de la défense instaurées par le nouveau code de procédure pénale. Je citerai, à titre d'exemple, l'instauration d'un droit d'appel des jugements rendus en matière contraventionnelle et délictuelle, qui n'existait pas avant, le meilleur encadrement des conditions de la garde à vue, avec une information du prévenu de son droit de faire alerter sans délai un membre de sa famille, d'être examiné par un médecin et de s'entretenir avec un avocat dès la vingtième heure.
Il s'agit donc, sur tous ces plans, d'une progression de l'état de droit, chacun admettant, me semble-t-il, que les militaires, justiciables des tribunaux militaires, ne peuvent plus rester la seule catégorie de Français à ne pas bénéficier d'une protection juridique.
L'Assemblée nationale, dans un souci louable de préservation des prérogatives du Parlement, a rejeté cette demande. Le Gouvernement, par voie d'amendement, vous proposera donc de repousser une nouvelle fois, et ce jusqu'au 1er janvier 1999, la date d'adaptation du code de justice militaire, sauf si le Sénat, lui, estimait possible de nous autoriser à procéder par ordonnance.
Mesdames, messieurs les sénateurs, la réforme qui va vous être proposée dans quelques instants s'inscrit de façon cohérente dans un dispositif législatif plus vaste refondant intimement les rapports entre la nation et ses forces armées.
La professionnalisation de ces dernières, conséquence maintenant largement reconnue de leur adaptation au nouveau contexte, s'est déjà traduite par l'adoption de deux textes législatifs : la loi de programmation militaire pour les années 1997 à 2002 et la loi d'accompagnement de la professionnalisation du 19 décembre 1996.
La cohérence de l'ensemble vous amènera à vous prononcer encore sur deux autres textes dans les prochains mois.
Tout d'abord, dès le premier semestre de 1998, il conviendra de doter d'un statut propre les réservistes de demain, véritables professionnels à temps partiel de la défense. L'article L. 111-2 du code du service national dispose en effet clairement que ces réservistes sont partie intégrante des effectifs de nos forces armées. Aussi leur statut doit-il être précisé.
Dans un second temps, comme je vous l'ai déjà exposé, il conviendra de doter les volontaires civils d'un encadrement juridique. En effet, contrairement au volontariat militaire, dont le statut existe déjà - c'est celui du statut général des militaires - il apparaît nécessaire, pour établir le statut du volontariat civil, que soit fixé exactement le champ d'application de ce volontariat.
L'ensemble de ce dispositif législatif posera, à terme, les bases d'un consensus renouvelé entre la nation et ses forces armées.
Notre responsabilité, la mienne singulièrement, ne s'arrête toutefois pas là. Il est en effet impossible de prévoir toutes les implications, morales notamment, du changement profond que nous sommes en train d'opérer aujourd'hui.
Nombre de militaires, particulièrement, s'inquiètent de la rupture possible...
M. Emmanuel Hamel. A juste titre !
M. Alain Richard, ministre de la défense. ... entre ceux qui assureront la défense, parfois au péril de leur vie, et une société ayant délégué le fardeau de sa sécurité à des professionnels.
M. Emmanuel Hamel. Eh oui !
M. Alain Richard, ministre de la défense. A cette crainte légitime de dérive, j'oppose les relations fortes qui existent aujourd'hui entre notre peuple, profondément attaché à son armée, dont il soutient moralement le courage et le professionnalisme, et notre défense. A ces inquiétudes, j'oppose tout ce qui, dans le projet de loi, tend au renouvellement des liens entre la nation et ses forces armées.
Ce ne sont là toutefois que des bases de départ, à l'origine d'une évolution qui sera longue et guettée par la facilité.
Je suis sûr que vous tous, membres de la représentation nationale, serez porteurs d'idées et d'exigences neuves pour développer ce nouveau contrat moral. C'est un échange que nous poursuivrons année après année. Vous pouvez compter sur moi, responsable de la gestion de notre outil militaire, pour rester en éveil devant tous les risques à conjurer et tous les progrès à accomplir.
Pendant tout ce processus de réorganisation, nous sommes tenus à un devoir de continuité et de responsabilité pour garantir la bonne marche des armées, instrument décisif de notre sécurité et de notre présence dans le monde. Chacun, ici, aura à coeur de préserver l'efficacité et la motivation de ceux qui concourent à défendre notre sol, à agir pour nos intérêts et à servir nos ambitions de progrès et de paix dans le monde.
Les sacrifices qu'ont consentis nos soldats constituent un cadre moral qui nous oblige, Gouvernement et Parlement, à la recherche exigeante de l'intérêt général et au dépassement de désaccords secondaires, que les familles de ceux qui sont tombés au service de notre pays, au nom d'un idéal de paix, ne pourraient comprendre.
En vous disant à nouveau la détermination du Gouvernement à réussir cette réforme au service de notre nation, sans esprit partisan, j'espère contribuer, mesdames, messieurs les sénateurs, à faire de cette loi nouvelle sur le service national une synthèse de nos ambitions de défense et de nos aspirations de cohésion civique.
Je suis sûr de votre volonté de mener ce débat avec la hauteur de vues qu'il mérite, et je vous soumets en toute confiance le projet de loi que le conseil des ministres m'a chargé de défendre devant vous. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. Emmanuel Hamel. Funeste discours de déclin national programmé !
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Il y a quelques mois, nous avons été saisis d'un premier projet de loi portant réforme du service national, dont le contenu avait tiré les conséquences des travaux organisés au Parlement au printemps de 1996 et, plus particulièrement, des propositions alors formulées par votre commission des affaires étrangères et de la défense.
En quoi consistaient ces propositions ?
Il s'agissait, tout d'abord, de fonder sur des bases nouvelles l'esprit de défense, parallèlement à la disparition du service national obligatoire. Dans cet esprit, notre commission avait estimé souhaitable de renforcer, dès la scolarité, l'enseignement de l'histoire et de l'instruction civique.
Il s'agissait aussi d'inventer un nouveau lien entre l'armée et la nation, conformément à un souci unanimement exprimé lors du débat organisé dans le pays à la suite de la déclaration par laquelle le Président de la République avait, en février 1996, annoncé le passage à une armée professionnalisée.
Nous avions alors conclu à la nécessité d'inventer une institution inspirée des « trois jours », et dont l'objet serait notamment de présenter à la jeunesse les enjeux et les métiers de la défense. Il nous avait également paru souhaitable de tirer parti de cette obligation d'un type nouveau pour offrir une deuxième chance aux jeunes en difficulté, auxquels aurait pu être proposé l'accès à des dispositifs personnalisés d'insertion sociale et professionnelle. C'est en partie dans cet esprit qu'avaient été conçus le bilan de la situation scolaire et le bilan de santé des jeunes, à l'occasion de ce qui devait être par la suite dénommé le « rendez-vous citoyen », moment fort du pacte républicain.
Par ailleurs, l'Assemblée nationale, comme le Sénat, avaient alors unanimement souhaité maintenir le recensement et, avec celui-ci, les compétences et les responsabilités de l'administration chargée du service national. Le recensement, en effet, garantit la possibilité de rétablir l'appel au contingent, au cas où la résurgence d'une menace rendrait nécessaire le retour à la conscription.
Enfin, l'ensemble de la représentation nationale avait conclu à l'opportunité de préserver l'héritage du service national, à travers la création de volontariats du service national. Prévu dans tous les domaines où sont actuellement accueillis des appelés, c'est-à-dire dans les armées, dans la gendarmerie et aussi dans tous les services civils - police, aide technique, coopération, protocoles, etc. -, le volontariat devait tout d'abord permettre l'exercice d'une activité où auraient dominé la solidarité et le dévouement à la collectivité. A cet égard, en effet, nous avions choisi de faire confiance à la générosité de notre jeunesse. Ce volontariat devait aussi être l'occasion d'acquérir d'une première expérience, susceptible d'être valorisée dans une perspective professionnelle.
La formule du volontariat est par ailleurs apparue comme la seule solution envisageable, juridiquement et financièrement, par rapport aux autres hypothèses qui avaient alors été avancées et, plus particulièrement, par rapport à la création d'un service militaire court et obligatoire pour tous.
Que reste-t-il de ces diverses propositions dans le texte qui nous est aujourd'hui soumis ?
Celui-ci préserve, en apparence du moins, l'essentiel de la réforme du service national précédemment engagée, et dont l'examen était très avancé au moment de la formation de l'actuel Gouvernement.
Voyons en quoi le présent projet emprunte assez largement au texte que nous avons voté il y a quelques mois.
Tout d'abord il confirme - et c'est fondamental - le choix de la professionnalisation proposé par le chef de l'Etat en février 1996, et dont la loi de programmation militaire pour les années 1997 à 2002 a tiré les conséquences. Ce texte ne remet donc pas en cause le rôle désormais majeur des forces professionnelles dans notre système de défense, et nous nous en félicitons.
Un autre trait commun entre les deux projets portant réforme du service national tient au souci de préserver le lien entre l'armée et la nation, et de renforcer l'esprit de défense parallèlement à la suspension du service national obligatoire. Le projet qui nous est aujourd'hui soumis tend à refonder les relations entre l'armée et la jeunesse à travers la création de « l'appel de préparation à la défense », inspiré de feu le « rendez-vous citoyen », mais dont la durée est réduite, cette fois, à une seule journée.
Celle-ci devrait être consacrée à une sensibilisation des jeunes aux enjeux de la défense, à travers quelque quatre heures d'exposés qui seront présentés par des officiers d'active et de réserve, et qui auront aussi pour objet de présenter aux jeunes les perspectives qui leur seront ouvertes par les carrières militaires, par les volontariats et par les possibilités de servir dans la réserve.
L'appel de préparation à la défense est conçu comme le prolongement d'un enseignement qui sera dispensé dans le cadre de l'éducation nationale pour initier les élèves aux questions de défense. Cela correspond aux voeux que nous avons exprimés dès le printemps 1996.
Pour ma part, je souhaite le succès de cet enseignement, tout en sachant que sa mise en oeuvre sera délicate. Les enseignants seront-ils aujourd'hui les hussards du pacte républicain, comme ils étaient naguère les hussards de la République ?
Comme le précédent projet de loi, le texte dont nous sommes saisis s'appuie sur la possibilité de faire à nouveau appel au contingent, si la défense de la nation l'exigeait, c'est-à-dire si une menace majeure affectait nos intérêts vitaux, notre indépendance nationale ou notre intégrité territoriale.
C'est dans cette hypothèse que ce projet maintient, comme le précédent, et conformément aux propositions formulée par le Parlement au printemps 1996, l'obligation du recensement. C'est, en effet, sur le recensement que devrait s'appuyer, si besoin était, le rétablissement de la conscription.
Enfin, le présent projet atteste le souci de préserver l'héritage du service national, en faisant, lui aussi, place à la notion de volontariat.
Tous ces points communs entre le précédent projet et celui qui nous est aujourd'hui proposé ne doivent toutefois pas occulter le fait que ce texte repose, en réalité, sur une logique très différente de celle qui sous-tendait le précédent.
En ce qui concerne, tout d'abord l'appel de préparation à la défense - dont le nom suscite mes plus expresses réserves - on remarque un décalage sensible par rapport aux objectifs du rendez-vous citoyen, dû, pour l'essentiel, à l'abandon de toutes les extensions du rendez-vous citoyen prévues en faveur des jeunes en difficulté, auxquels il visait à donner une deuxième chance.
Nous avons tout particulièrement, au sein de la commission des affaires étrangères et de la défense, déploré la mise à l'écart du bilan de santé, dont les travaux parlementaires du printemps 1996 avaient pourtant souligné l'importance.
A cet égard, je rappelle que le Sénat a soutenu le bilan de santé qui devait être effectué à l'occasion du rendez-vous citoyen, non seulement dans une logique de santé publique, mais aussi parce que ce bilan pourrait permettre de compléter le dossier de chaque jeune recensé et, ainsi, d'accélérer l'éventuelle remontée en puissance de la conscription.
Qu'est-ce donc que l'appel de préparation à la défense ?
Cette journée, comprise entre huit heures trente et dix-sept heures, devrait consister à présenter aux jeunes, tout d'abord, les enjeux de la défense en deux heures, puis à consacrer quarante-cinq minutes à des tests de détection de l'illettrisme, à présenter, ensuite, en deux heures, l'organisation, les moyens et les métiers de la défense ; puis, un film de trente minutes sur le « devoir de mémoire », préparé par le secrétariat d'Etat aux anciens combattants, serait visionné avant que trois quarts d'heure de bilan et d'entretien ne viennent clore cette journée, en réalité très brève.
M. Emmanuel Hamel. C'est tragiquement grotesque !
M. Serge Vinçon, rapporteur. On peut donc relever une ambition considérablement réduite par rapport aux objectifs qui avaient été ceux du rendez-vous citoyen. La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a estimé que toutes les solutions n'avaient pas été examinées pour qu'il puisse être procédé à un bilan de santé à l'occasion de l'appel de préparation à la défense. Il est apparu à certains de nos collègues que ce bilan de santé pouvait éventuellement résulter d'un examen médical effectué avant l'appel de préparation à la défense. Je pense, pour ma part, que l'appel de préparation à la défense devrait intégrer le temps nécessaire à l'accomplissement de cet examen.
Plus préoccupante, à mon avis, est l'ambiguïté de la signification de l'appel de préparation à la défense, qui tient au caractère inadapté d'une dénomination sur laquelle se sont interrogés certains députés de l'actuelle majorité. Comment imaginer, en effet, qu'une quelconque préparation à la défense puisse être dispensée aux jeunes en quatre heures d'exposés ? Il ne saurait résulter de cette toute petite journée, dans le meilleur des cas, qu'une sensibilisation des jeunes aux enjeux de la défense. Je me rappelle les critiques exprimées par certains membres de l'actuelle majorité à l'encontre du rendez-vous citoyen : la question nous était posée de savoir comment nous pouvions imaginer qu'en cinq jours pourrait être conforté l'esprit de défense. On peut, aujourd'hui, retourner le compliment : comment espérer préparer notre jeunesse à la défense en quatre heures de discours ?
MM. Philippe Marini et Emmanuel Hamel. Très bien !
M. Serge Vinçon, rapporteur. Je rappellerai que la commission s'était interrogée, lors de l'examen du précédent projet de loi, sur la pertinence de la durée de cinq jours prévue pour le rendez-vous citoyen. Nous avions donc proposé que cette durée de cinq jours ne soit qu'un maximum, afin de ne pas exclure d'emblée une éventuelle réduction de la durée du rendez-vous citoyen, si l'expérimentation de celui-ci justifiait une telle évolution. C'est pour les mêmes raisons que, face au projet d'appel de préparation à la défense, nous n'avons pas été convaincus par l'excessive brièveté de cette nouvelle obligation, dont la réalité ne sera probablement pas à la hauteur de sa trop ambitieuse dénomination.
M. Emmanuel Hamel. Certainement pas !
M. Serge Vinçon, rapporteur. Une illustration des conséquences de la brièveté extrême de l'appel de préparation à la défense consiste en l'idée, exprimée à l'Assemblée nationale au cours de l'examen du présent projet de loi, selon laquelle le recensement constituerait désormais l'élément essentiel du service national rénové. Cette constatation a conduit l'Assemblée nationale à aggraver les sanctions afférentes au non-accomplissement du recensement par rapport à celles qu'encourrait celui qui n'aurait pas effectué l'appel de préparation à la défense.
Cette interprétation conduit à un certain déséquilibre entre la signification de l'appel de préparation à la défense et celle du recensement, alors même que c'est par le biais de l'appel de préparation à la défense que doit être renforcé l'esprit de défense et que devra être refondé le lien armées-nation. Une telle conception du service national rénové est encouragée par la brièveté de l'appel de préparation à la défense et donc par le caractère extrêmement bénin de cette nouvelle obligation. Celle-ci risque, en effet, de n'avoir d'autre importance pour les jeunes que celle d'une démarche administrative sans réelle portée.
J'aborderai maintenant le volontariat, qui ne présente qu'une ressemblance apparente, voire illusoire, avec le précédent projet de loi.
Ce nouveau volontariat traduit, en réalité, un renversement d'objectif très sensible, en raison de la confusion qui est encouragée entre les emplois-jeunes et le volontariat. En effet, celui-ci a été défini selon les mêmes modalités que les emplois-jeunes, qu'il s'agisse de sa durée - jusqu'à cinq ans - ou de sa rémunération, désormais assise sur le SMIC et non plus sur une indemnité qui avait été évaluée, lors de l'examen du précédent projet de loi, à environ 2 000 francs par mois.
Le volontariat est donc conçu, avant tout, comme un premier emploi. Il obéit à une logique de carrière et non plus à la logique de générosité sur laquelle se fondait le précédent projet de loi, confiant en l'esprit de dévouement de notre jeunesse, sans toutefois négliger l'aspect « première expérience professionnelle » qu'auraient pu revêtir certains types de volontariat.
Cette confusion entre volontariat et emploi se retrouve dans la définition du volontariat militaire à laquelle renvoie le présent projet de loi. En effet, la durée de service d'un an renouvelable cinq fois proposée aux volontaires contribue à brouiller les différences entre volontaires et engagés, dont le premier contrat est de trois ou cinq ans, soit la même durée que celle de certains volontariats.
Les engagés ne pourraient-ils être conduits de ce fait à considérer les volontaires comme des concurrents et à percevoir leur propre situation comme comparativement moins attractive que celle qui sera offerte aux volontaires ? Cette incertitude est renforcée par l'extension aux futurs volontaires d'importantes dispositions du statut général des militaires de 1972 qui figure dans le texte tel qu'il nous est transmis par l'Assemblée nationale.
De manière générale, cette convergence d'objectifs et de moyens entre les emplois-jeunes et le volontariat contribue à faire de celui-ci non pas un service rendu par les jeunes à la collectivité, mais un service rendu par la collectivité aux jeunes. Comment concilier cette interprétation du volontariat avec la logique du service national, dont le volontariat demeure pourtant un élément ?
Comment confondre la volonté d'atténuer la courbe du chômage et la noble démarche de servir son pays en concourant notamment à sa défense ?
La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées s'est également interrogée sur la signification impartie par le présent projet de loi à « l'appel sous les drapeaux », termes qui recouvrent le rétablissement de la conscription.
L'appel sous les drapeaux est, en effet, présenté comme une modalité normale d'accomplissement du service national rénové, sur le même plan que le recensement et l'appel de préparation à la défense.
Cette rédaction induit une certaine banalisation du rétablissement de la conscription, alors que cette décision ne saurait constituer qu'une réponse exceptionnelle à la résurgence d'une menace majeure qui viserait à porter atteinte à nos intérêts vitaux, donc à l'essentiel.
Dans le même ordre d'idée, le premier article qui composera le futur code du service national pose le principe d'un devoir de concourir à la défense du pays qui s'imposerait à tous les citoyens.
Bien sûr, chaque citoyen doit se sentir mobilisé pour la défense de son pays, mais la formulation qui nous est présentée peut paraître contradictoire avec le choix de la professionnalisation et sembler motivée particulièrement par une certaine nostalgie pour le service national obligatoire.
Enfin, alors que le précédent projet de loi avait fondé la transition entre l'ancien et le nouveau service national sur une date de naissance à partir de laquelle serait suspendue la conscription - en l'occurrence la date du 31 décembre 1978 - ce dispositif ayant le mérite de la clarté, le présent projet de loi introduit une inégalité flagrante entre les jeunes, en faisant échapper à toute obligation, que ce soit dans le cadre de l'ancien système ou dans celui du nouveau, tous les jeunes gens nés en 1979.
Il est donc regrettable que le précédent projet de loi, plus ambitieux et plus complet, n'ait pas été retenu de préférence à celui-ci.
J'en arrive maintenant aux modifications proposées par la commission. Ses propositions traduisent non seulement l'esprit positif dans lequel elle a abordé l'examen de ce texte, mais aussi son souci de cohérence avec les positions déjà affirmées par le Sénat dans le cadre de l'examen du précédent projet de loi, ainsi que la volonté de proscrire toute nostalgie pour le système du service national obligatoire à l'heure où nous devons définir les contours d'un système totalement inédit et au moment où prime la nécessité de la professionnalisation.
Ainsi, pour limiter les lacunes de l'« appel de préparation à la défense », la commission a tout d'abord proposé une autre dénomination, plus adaptée à la vocation première de cette obligation, dont l'objectif est avant tout de maintenir un lien privilégié entre la jeunesse et notre armée. La dénomination proposée, « Rencontre armées-jeunesse », présente quant à elle le mérite d'être plus conforme à l'objet du nouveau service national, qui ne saurait être en réalité de préparer véritablement les jeunes à la défense.
D'autre part, la commission a souhaité enrichir le contenu de l'appel de préparation à la défense, que je dénommerai désormais « Rencontre armées-jeunesse », d'un bilan de santé. Même si le texte qu'elle propose n'exclut pas que ce bilan soit effectué à partir d'un examen médical accompli en dehors de la Rencontre armées-jeunesse, la commission a souhaité que le présent projet de loi ménage l'avenir en permettant que la durée de la Rencontre armées-jeunesse ne se limite pas à la seule et modeste journée prévue par le texte.
La commission propose également de modifier la définition du contenu du service national rénové de manière à souligner que, si la conscription - terme préférable à celui d'« appel sous les drapeaux » moins rigoureux juridiquement - peut être considérée comme un élément du futur service national, elle ne saurait être assimilée aux modalités normales d'accomplissement du service national que sont le recensement et la Rencontre armées-jeunesse. Une telle mesure en effet ne doit pouvoir être prise qu'à titre exceptionnel, « si la défense de la nation l'exige ».
En ce qui concerne le volontariat, la commission a souhaité en souligner la spécificité, à la fois par rapport aux emplois-jeunes et par rapport aux engagés. Elle a ainsi voulu tirer les conséquences du fait que la démarche conduisant un jeune à souscrire un contrat de volontaire du service national a peu de choses en commun avec les motivations de ceux qui briguent un emploi-jeunes et de ceux qui décident de s'engager dans les armées. En suggérant de limiter à deux années la durée maximale du volontariat militaire, la commission souhaite clairement séparer le statut des volontaires de celui des engagés, sachant qu'aux plus motivés des volontaires seront proposés des contrats d'engagement qui leur permettront, s'ils le souhaitent, de rester plus longtemps sous les drapeaux.
Dans le même esprit, la commission a estimé prématuré d'étendre d'ores et déjà aux volontaires certains articles du statut général des militaires de 1972. Je citerai notamment l'article relatif aux rémunérations : la rémunération des volontaires peut, en effet, relever d'un régime spécifique sans préjudice pour cette nouvelle catégorie. Je citerai encore les articles relatifs aux congés de reconversion pendant lesquels les personnels militaires continueront de percevoir leur solde tout en suivant, sous statut militaire, une formation professionnelle destinée à préparer leur retour dans la vie civile. Ces congés pouvant durer entre six et douze mois, il devient incohérent d'en faire bénéficier des personnels dont la durée de service pourrait être limitée à deux ans. En revanche, la commission a jugé pertinent de permettre aux volontaires l'accès aux dispositifs d'évaluation et d'orientation professionnelle prévus par le statut général des militaires.
Toujours pour conforter la spécificité du statut des futurs volontaires au sein des armées, la commission propose de rétablir le système de fractionnement que le précédent projet de loi avait créé, en accord avec les armées, pour que certains volontariats militaires puissent s'insérer dans un cursus universitaire et afin que les armées puissent ainsi recruter les éventuels successeurs des actuels scientifiques du contingent.
En ce qui concerne la période de transition, la commission a estimé plus équitable de soumettre les jeunes gens nés en 1979 à l'obligation d'effectuer le service national rénové alors que ces jeunes gens sont, je le rappelle, dispensés de toute obligation. La commission a souhaité, ce faisant, rétablir l'égalité entre les futurs appelés.
Comprenant toutefois qu'il convient de ménager les conditions d'une entrée en vigueur harmonieuse du nouveau système, elle propose, en contrepartie de l'extension du service national rénové aux jeunes gens nés en 1979, de revenir au texte du Gouvernement pour l'application du nouveau système aux jeunes filles afin de reculer celle-ci d'un an par rapport au texte adopté à l'Assemblée nationale. Cette mesure ne remettrait aucunement en cause l'universalité du futur service national.
La commission s'est également interrogée sur la situation complexe des jeunes gens incorporables selon les modalités actuellement en vigueur jusqu'en 2002 et qui, titulaires d'un emploi, perçoivent le service national obligatoire comme une contrainte. Cette difficulté avait été soulevée lors de l'examen du précédent projet de loi. En effet, comment admettre facilement, à un moment où le chômage des jeunes atteint les proportions que nous savons, que des jeunes gens qui ont un emploi quittent celui-ci pour accomplir une obligation vouée à une disparition prochaine ? La solution consistant à dispenser purement et simplement du service national obligatoire les jeunes gens titulaires d'un contrat de travail avait alors été écartée car elle conduit à violer le principe d'égalité devant la loi.
De surcroît, une telle mesure aurait probablement compromis la période de montée en puissance de la professionnalisation en ne garantissant plus nécessairement aux armées la présence d'un nombre d'appelés prévisible, voire suffisant.
La professionnalisation constitue l'objectif majeur de la réforme en cours ; elle est au coeur du projet du Président de la République pour les armées.
En revanche, l'Assemblée nationale et le Sénat étaient convenus de la nécessité d'aménager la législation en vigueur jusqu'en 2002 en élargissant les cas de dispense aux jeunes gens que leur incorporation aurait placés dans une « situation sociale grave » et en garantissant aux appelés qui travaillaient avant d'être incorporés la réintégration dans leur emploi dès leur libération. Ces deux dispositions ont été reprises dans le projet de loi qui nous est soumis.
Souhaitant aujourd'hui aller plus loin, l'Assemblée nationale propose de créer une nouvelle catégorie de reports d'incorporation pour les personnes titulaires d'un contrat de travail de droit privé, qu'il soit à durée déterminée ou indéterminée. Cette initiative pourrait être retenue dans son principe, à condition que soient préservés tant l'égalité devant la loi que les besoins des armées pour assurer efficacement la défense du pays jusqu'au terme de la période de transition.
Dans cet esprit, nous proposons de limiter à une durée maximale de deux ans les reports susceptibles d'être accordés aux titulaires d'un contrat de travail à durée indéterminée. La loi concilierait ainsi la possibilité de profiter pleinement d'une première expérience professionnelle et le respect du principe d'égalité puisque notre proposition exclut que les jeunes concernés par des reports successifs soient, de fait, dispensés du service national. Cette première expérience sera d'ailleurs seulement interrompue temporairement par l'appel, dans la mesure où le présent projet de loi modifie le code du travail pour mettre en oeuvre un droit effectif à réintégration dans l'entreprise à l'issue du service.
Quant à la capacité des armées à prévoir le nombre exact des appelés qui effectueront un service national pendant la période de transition, elle s'en trouvera améliorée.
Nous pensons soumettre ainsi au Sénat un dispositif plus équilibré sur ce point important du projet de loi.
Enfin, la commission s'est inspirée du précédent projet de loi en proposant l'institution d'un Haut Conseil du service national, instance chargée de donner des avis sur la mise en oeuvre du nouveau système. La commission a jugé souhaitable de requérir l'avis de ce Haut Conseil sur le contenu de la Rencontre armées-jeunesse et sur les programmes de l'enseignement relatif aux principes de la défense qui sera dispensé dans le cadre scolaire.
Par ailleurs, la commission a souhaité rappeler les avis susceptibles d'être requis du Conseil supérieur des Français de l'étranger à l'égard des modalités d'accomplissement de la Rencontre armées-jeunesse par nos jeunes compatriotes établis hors de France, même si la disposition ouvrant la possibilité de sessions aménagées « en fonction des contraintes du pays de résidence » paraît prudemment atténuer les difficultés susceptibles de résulter de cette obligation dans certains pays.
Mes chers collègues, compte tenu de l'urgence réelle qu'il y a à mettre en oeuvre la réforme du service national et à apporter des solutions aux problèmes posés par la période de transition, décisive pour nos armées, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a adopté le présent projet de loi, modifié par les amendements que je viens de présenter en son nom. (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Xavier de Villepin, président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a examiné ce nouveau projet de loi portant réforme du service national dans un état d'esprit qu'elle a voulu réaliste.
Une majorité d'entre nous souhaitait, bien entendu, la reprise du projet de loi, marqué par plus de souffle et d'ambition, qu'avait présenté le précédent gouvernement, projet sur lequel nous avions beaucoup travaillé et dont la discussion était presque parvenue à son terme.
Il nous a toutefois semblé que l'importance du sujet et son urgence technique imposaient à notre commission d'étudier ce nouveau projet de loi sans a priori, sinon celui de la cohérence des positions sénatoriales, et avec le souci majeur d'apporter une contribution utile à la mise au point du meilleur dispositif possible, au service d'une défense efficace et d'un lien renouvelé entre la nation et son armée.
Malgré ses lacunes, le texte que vous nous proposez, monsieur le ministre, présente pour caractéristique essentielle d'entériner la professionnalisation de nos forces armées, montrant par là que c'est un choix définitif que le nouveau gouvernement assume et dont il souhaite réussir la mise en oeuvre.
La décision proposée par M. le Président de la République, que nous avons approuvée, ne pouvait être remise en cause. Elle ne le sera pas.
M. Emmanuel Hamel. Hélas !
M. Xavier de Villepin, président de la commission. Nous nous réjouissons d'autant plus de ce ralliement élargi à la professionnalisation que celle-ci est au coeur de la rénovation globale de notre système de défense entreprise en février 1996 et dont la loi de programmation militaire pour la période 1997-2002 a constitué la première traduction législative.
Cette réforme vise à répondre à l'évolution radicale qu'a connue l'environnement international au cours de la dernière décennie et à la nécessité pour notre pays de disposer de forces modernes, plus disponibles et projetables, si nécessaire, loin du territoire national. La professionnalisation constitue, c'est en tout cas ma conviction, la réponse cohérente à cet impératif.
De surcroît, il était de toute façon devenu inéluctable, nous le savons bien, de réformer radicalement un service national qui ne répondait plus à ses objectifs fondamentaux, que ce soit en termes d'efficacité militaire ou au regard des principes d'universalité et d'égalité qui étaient supposés en constituer le fondement.
M. Philippe Marini. Tout à fait !
M. Emmanuel Hamel. Il fallait le réformer, et non le détruire !
M. Xavier de Villepin, président de la commission. L'objet de ce projet de loi est donc de donner à notre défense les moyens de réussir cette indispensable professionnalisation.
Mais cette réforme délicate doit aussi garantir la réversibilité de la suspension de la conscription dès lors que la sécurité de notre pays l'imposerait. Car, si la réforme que nous mettons en oeuvre répond pleinement à la nouvelle donne internationale, qui peut dire avec assurance quelle sera la situation géostratégique dans vingt ans, dans trente ans, dans quarante ans ou dans cinquante ans ?
Enfin, l'organisation de la période de transition jusqu'en 2002 doit garantir tout à la fois, d'ici là, la montée en puissance du nouveau régime et les modalités d'appel des jeunes gens pour satisfaire, à tout moment, les besoins de nos armées ; cela est, à nos yeux, essentiel.
Le texte que vous nous présentez, monsieur le ministre, met l'accent sur les questions proprement militaires. Il rejoint en cela une préoccupation que le Sénat avait exprimée à l'occasion de l'examen du précédent projet de loi. J'évoquerai, à cet égard, deux de vos propositions.
D'abord, le développement de l'information des jeunes sur les questions de défense dans l'enseignement dispensé dans nos établissements scolaires doit constituer un élément important de la préservation de l'esprit de défense ; cela correspond d'ailleurs à l'une des conclusions prioritaires émises par notre commission, dès mai 1996, dans l'excellent rapport d'information de M. Serge Vinçon sur l'avenir du service national. Mais nous savons bien que l'efficacité de cette démarche, qui est au coeur de la réussite du projet, dépendra des modalités de sa mise en oeuvre.
Comment appréciez-vous à cet égard, monsieur le ministre, l'idée émise par certains de nos collègues d'élaborer un nouveau protocole éducation-défense afin d'organiser, de la manière la plus efficace possible, cette sensibilisation de l'ensemble de la jeunesse aux problèmes de défense ?
Nous approuvons, d'autre part, l'idée de permettre aux jeunes Français qui le souhaiteront de suivre une préparation militaire, au cours de laquelle une instruction militaire de base leur sera dispensée. Cette préparation militaire viendra renforcer la professionnalisation en favorisant à la fois la mise en place de forces de réserve efficaces et le renforcement du lien entre les armées et la jeunesse.
Ces points positifs étant relevés, il reste que la réforme qui nous est aujourd'hui proposée nous est apparue, sinon minimaliste, du moins singulièrement dépourvue d'ambition et beaucoup moins complète que le précédent projet de loi. Je donnerai à cette égard quelques exemples concernant les deux volets principaux de la réforme élaborée par votre prédécesseur, à savoir le « rendez-vous citoyen » et les volontariats.
Sur le premier point, vous nous proposez l'abandon d'un rendez-vous ambitieux au profit d'un modeste - le mot est faible ! - « appel de préparation à la défense », réduit à une petite journée.
Je tiens d'abord à rappeler que, si notre commission n'avait pas plaidé pour un rendez-vous citoyen trop long et si elle avait mesuré les difficultés de l'entreprise, elle avait approuvé la raison d'être de ce projet et apprécié son ambition : donner une seconde chance aux jeunes en difficulté et participer ainsi à la réduction de la fracture sociale.
Cette ambition est aujourd'hui abandonnée, ce qui m'étonne de vous, monsieur le ministre. Nous déplorons et nous craignons que l'objectif fondamental de ce rendez-vous - préserver le lien armée-nation - ne puisse pas être atteint avec les quelques heures que vous nous proposez.
Nous avions, hier, défendu l'idée d'une limitation éventuelle de la durée du rendez-vous citoyen. Nous regrettons, aujourd'hui, l'excessive brièveté de l'appel que vous nous proposez et nous redoutons fort que cette journée unique, si elle est finalement retenue, ne puisse atteindre son but, qu'elle ne soit rapidement considérée comme une formalité, trop vite expédiée, bientôt oubliée.
M. Emmanuel Hamel. C'est évident !
M. Xavier de Villepin, président de la commission. Je souligne, enfin, que notre commission a fait preuve, dans cette affaire, d'une grande constance - même si elle n'a pas été totalement entendue - puisque le rapport d'information de M. Vinçon concluait déjà, voilà presque dix-huit mois, à la nécessité d'un « système inspiré des trois jours », qui seraient rénovés et éventuellement élargis.
Je formulerai trois observations sur le dispositif qui nous est soumis.
En premier lieu, monsieur le ministre, sans attacher une importance excessive à cette question de terminologie, nous souhaitons, je ne vous le cacherai pas, que les travaux législatifs conduisent à l'adoption d'une appellation plus satisfaisante que celle d'« appel de préparation à la défense », l'APD, qui nous paraît à la fois peu convaincante et quelque peu fallacieuse.
M. Philippe Marini. De plus, ça ne sonne pas très bien ! (Sourires.)
M. Xavier de Villepin, président de la commission. Laisser entendre que les jeunes de ce pays bénéficieront, en quelques heures - en quelques minutes, serais-je tenté de dire -, d'une véritable « préparation à la défense » me semble trompeur.
M. Emmanuel Hamel. C'est grotesque, tragiquement grotesque !
M. Xavier de Villepin, président de la commission. De surcroît, nous estimons essentiel de souligner l'objet central de ce rendez-vous : préserver le lien armée-nation. C'est pourquoi nous proposons de retenir la dénomination - j'en rends hommage à son auteur - de « Rencontre armées-jeunesse ».
En deuxième lieu, sur le fond, nous déplorons qu'aucun bilan médical ne soit prévu à l'occasion de cette journée, contrairement à ce qui était envisagé dans le « rendez-vous citoyen » comme, d'ailleurs, dans les propositions de notre commission sur l'avenir du service national. Cette disparition de tout bilan de santé nous paraît dommageable à la fois quant à l'information des jeunes intéressés eux-mêmes, au regard de la fiabilité des données sur l'état sanitaire de la jeunesse et, éventuellement, pour nos armées, dans l'hypothèse d'une réactivation de la conscription, qui exigerait non seulement un recensement fiable mais aussi une capacité opérationnelle de sélection médicale et psychotechnique.
Pour cette raison aussi, nous craignons, en troisième lieu, que la durée de l'« appel » envisagé ne soit beaucoup trop courte pour permettre d'atteindre les objectifs visés. Faut-il d'ailleurs inscrire d'ores et déjà cette durée dans le marbre législatif ? Ne devons-nous pas, plutôt que de figer d'emblée les choses, laisser la porte ouverte aux adaptations que l'expérience imposera ? Je crois, d'une manière générale, que nous devons, pour réussir la réforme proposée, faire preuve de tout le pragmatisme nécessaire. Vous me permettrez, monsieur le ministre, de vous redire ici, mot pour mot, ce que j'affirmais devant votre prédécesseur, le 4 mars dernier : « Le cadre législatif que nous devons mettre au point aujourd'hui ne doit pas être trop rigide mais doit au contraire avoir pour principale caractéristique la souplesse, de manière à permettre les adaptations et les améliorations que sa mise en oeuvre suggérera. »
Pour conclure sur les modalités de cette « Rencontre armées-jeunesse », je souhaiterais, monsieur le ministre, que vous puissiez donner au Sénat votre sentiment sur deux points.
Tout d'abord, pourquoi n'envisagez-vous pas d'organiser les premières sessions de cette rencontre avant le mois d'octobre 1998, ce qui permettrait, en particulier, de résoudre de façon plus satisfaisante la question de la classe d'âge des jeunes nés en 1979, qui se trouvent écartés, dans votre projet de loi, à la fois de l'ancien et du nouveau système ?
Ensuite, quelles modalités précises d'accomplissement de l'obligation prévoyez-vous pour les jeunes Français résidant à l'étranger ?
J'en viens maintenant aux volontariats, qui constituent le second défi majeur à relever dans l'optique de la réforme du service national, celui sur lequel les incertitudes restent les plus grandes. Le projet de loi nous laisse, à cet égard, sur notre faim. En effet, la question du volontariat y est à peine esquissée, en tout cas pour les volontariats civils, dont la définition des conditions d'exécution est renvoyée à une loi ultérieure, qui me paraît d'ailleurs tomber déjà dans l'oubli.
S'agissant des volontaires dans les armées et la gendarmerie, le nombre de postes, qui est de 21 171, doit être conforme aux dispositions de la loi de programmation, et nous nous en félicitons. Un certain nombre de dispositions, prévues dans le projet de loi ou annoncées par le Gouvernement, ont été prises pour modifier la situation de ces volontaires militaires par rapport à ce qui avait été envisagé au printemps dernier, qu'il s'agisse de la durée des volontariats, du statut ou des missions confiées aux volontaires et, enfin, de la rémunération et des avantages en nature dont ils bénéficieraient. Ceux-ci seraient beaucoup plus substantiels que ce qui était initialement envisagé.
La logique des emplois-jeunes semble l'avoir emporté sur la logique de générosité et de première expérience qui caractérisait le précédent projet de loi. Ainsi, la spécificité du volontariat du service national disparaît, et nous nous interrogeons, dans ces conditions, sur le maintien d'une différenciation entre la situation de ces volontaires militaires et le statut des engagés. Le risque de confusion nous paraît réel, et justifie en particulier, à nos yeux, une limitation de la durée de ces volontariats militaires. Il faut aussi souligner le surcoût très substantiel qui résultera pour le budget de la défense - lequel se serait bien passé de cette charge supplémentaire, monsieur le ministre - de ce doublement de la rémunération des volontaires.
M. Philippe Marini. Tout à fait !
M. Xavier de Villepin, président de la commission. La définition du statut des volontaires civils est, quant à elle, explicitement reportée à un projet de loi ultérieur. Or il aurait été plus cohérent de fixer toutes les dispositions législatives relatives aux volontariats par une même loi, dès lors que le texte que vous nous présentez inclut dans le périmètre du service national les activités d'intérêt général que des volontaires pourront accomplir.
Je crois en effet indispensable de prévoir les dispositions nécessaires pour assurer la pérennité d'actions actuellement exercées dans le cadre de la conscription et qui gardent un lien étroit avec le service de la nation. La commission tient à souligner, dès aujourd'hui, l'importance que revêtent, pour nos jeunes et pour notre pays, les volontariats qui pourront être effectués à l'étranger, lesquels sont particulièrement utiles à la présence et à l'influence de la France dans le monde.
A cet égard, je rappelle le rôle précieux joué aujourd'hui par des appelés au sein de notre réseau d'établissements scolaires à l'étranger. Nous sommes également très attachés à ce que les modalités qui seront retenues permettent de maintenir, et si possible de développer, sous les formes les plus adaptées, les missions des actuels CSNE, les coopérants du service national en entreprise.
Mais de nombreuses questions restent à trancher. Dès lors que vous avez choisi de ne pas reprendre les solutions soigneusement élaborées voilà quelques mois, pouvez-vous nous indiquer, monsieur le ministre, l'état actuel des réflexions gouvernementales ? Pouvez-vous nous préciser, en particulier, si les conditions d'exécution des volontariats civils - je pense notamment à leur durée et à leur rémunération - doivent être, dans votre esprit, analogues à celles des volontariats militaires ? Comment concevez-vous, de manière générale, les relations entre le volontariat civil et l'emploi des jeunes ? Il y a là aussi, à nos yeux, un risque de confusion regrettable.
Enfin, qui financera la rémunération et la protection sociale de ces volontaires civils ? Il ne se passera pas longtemps avant que l'on ne regrette le rôle joué par nos armées dans ce domaine...
M. Emmanuel Hamel. Eh oui, c'est sûr !
M. Xavier de Villepin, président de la commission. Je conclurai d'un mot, mes chers collègues, en soulignant que le texte sur le service national dont nous débattons aujourd'hui, s'il a une particulière importance, n'est qu'un élément du vaste dispositif législatif nécessaire à la mise en oeuvre de la réforme, complète et cohérente, de notre système de défense. La réussite de cette réforme, voulue et engagée par le Président de la République, et celle du processus de professionnalisation exigent de disposer des moyens financiers adaptés.
Le respect de la loi de programmation militaire 1997-2002, dont la mise en oeuvre commence bien mal, monsieur le ministre,...
M. Emmanuel Hamel. Très mal !
M. Xavier de Villepin, président de la commission. ... constitue de ce fait, à nos yeux, un impératif qui ne saurait être remis en cause, parce qu'il conditionne précisément le succès et la cohérence de la réforme entreprise.
Vous savez, monsieur le ministre, que le Sénat et sa commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées sont fermement attachés à la réussite de celle-ci. Ne doutez pas que nous serons, sur ce point, particulièrement vigilants. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des Républicains et Indépendants et du RPR, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. J'indique au Sénat que, compte tenu de l'organisation du débat décidée par la conférence des présidents, les temps de parole dont disposent les groupes pour cette discussion sont les suivants :
Groupe du Rassemblement pour la République : 44 minutes ;
Groupe socialiste : 37 minutes ;
Groupe de l'Union centriste : 31 minutes ;
Groupe des Républicains et Indépendants : 26 minutes ;
Groupe du Rassemblement démocratique et social européen : 18 minutes ;
Groupe communiste républicain et citoyen : 16 minutes ;
Réunion administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe : 8 minutes.
Dans la suite de la discussion générale, la parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, mes remarques s'inscriront dans l'optique fort opportunément définie par M. le rapporteur et par M. le président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
M. de Villepin nous a appelés à la vigilance ; cette vigilance, nous devrons l'exercer avec soin au cours des années à venir, pour observer les évolutions et pour, s'il le faut, alerter l'opinion.
Je souhaite, monsieur le ministre, rendre hommage, d'entrée de jeu, à la qualité des travaux effectués sous votre autorité, notamment par la direction centrale du service national, qui, sur ce sujet délicat, dans ce débat ô combien périlleux, s'est efforcée de trouver des solutions, de faire preuve d'imagination et de s'adapter à une situation mouvante, à des circonstances évolutives.
Nous savons tous, mes chers collègues, que le thème que nous abordons aujourd'hui est éminemment délicat ; il s'agit d'un sujet de société, d'un sujet fondamental en termes de valeurs républicaines.
Nous savons aussi que, en pareille matière, nous cheminons toujours sur un chemin de crête, et que l'équilibre est difficile à trouver entre des objectifs différents et des préoccupations diverses.
Vous avez assumé, monsieur le ministre, le choix de la professionnalisation ; il n'y a pas lieu d'y revenir. Pour ma part, sans pour autant me dissimuler les difficultés ou les embûches qu'il recèle, je comptais parmi ceux qui étaient intellectuellement acquis à ce choix.
L'équilibre est très délicat à trouver ; nous pensions y être parvenus, mais j'estime quant à moi que cet équilibre est aujourd'hui quelque peu perturbé par le texte que vous nous présentez, monsieur le ministre.
En effet, l'armée professionnelle est une option qu'il nous faut prendre pour des raisons géostratégiques et pour garantir l'efficacité de notre outil de défense, dans le cadre des possibilités présentes de notre pays en Europe. Mais, ce choix étant fait, il faut tâcher de maintenir et de valoriser au moins trois choses essentielles : l'esprit de défense, le volontariat et les réserves.
Sur ce point, je souscris tout à fait aux doutes et au souci d'amélioration qui ont été exprimés par la commission.
Ainsi, l'esprit de défense devait être inculqué lors d'un rendez-vous citoyen qui avait été élaboré à cette fin et qui constituait un mécanisme très délicat, une pièce fort complexe, laquelle devait permettre de faire la synthèse, en cinq jours, de divers apports : l'apport éducatif, l'apport sanitaire, l'apport patriotique. Le composé était extrêmement subtil.
Mais je pense pour ma part que, avant de le condamner, il eût fallu au moins l'expérimenter, et que la réduction de cette phase en quelque sorte initiale, voire initiatique, telle qu'on l'avait voulue voilà quelques mois, à quelques heures regroupées au sein d'une seule journée pose véritablement la question de savoir si l'esprit de défense pourra être éveillé dans ces conditions.
Par ailleurs, s'agissant du volontariat, la commission a fort bien posé la question, monsieur le ministre : quel est l'espace laissé au volontariat entre, d'une part, le dispositif emplois-jeunes, dont nous avons largement débattu sur ces travées voilà seulement quelques jours, et, d'autre part, les contrats d'engagement classiques au sein des forces armées ? Ne risquons-nous pas de perdre sur un terrain ce que nous aurons gagné sur un autre ?
Je prends un exemple. Le service national, tel qu'il est organisé actuellement, nous permet de disposer, dans nos commissariats de police, notamment pour les quartiers difficiles, que vous connaissez bien, d'appelés du service national, en l'occurrence de policiers auxiliaires. Demain, nous dit-on, des auxiliaires de police seront employés dans le cadre du nouveau dispositif gouvernemental. Toutefois, y aura-t-il encore des appelés du service national ? Globalement, la somme sera-t-elle positive en termes de civisme et de sécurité publique ? Par cet exemple particulier, mais je pourrais en prendre d'autres, je me permets d'exprimer un doute sérieux sur le caractère de progrès de ce qui nous est proposé. Il y a donc là un vrai sujet.
Sur le plan financier ou budgétaire, l'économie qui résulte de la suppression du rendez-vous citoyen me paraît être consommée par le coût des rémunérations de ces « quasi-emplois » de jeunes qui ne seront plus des appelés et qui ne seront pas non plus véritablement des volontaires.
L'équilibre du précédent projet, tel qu'il avait été élaboré, dans des conditions fort délicates, par votre prédécesseur, a été sérieusement perturbé. Vous me pardonnerez, je l'espère, de préférer le précédent équilibre à celui qui nous est aujourd'hui soumis.
M. Jean-Louis Carrère. Chacun a droit à la nostalgie !
M. Emmanuel Hamel. L'équilibre était déjà funeste, mais il l'était moins !
M. Philippe Marini. Il y a différence de degré, sinon de nature.
Il s'agit, en troisième lieu, de préserver les réserves. M. le président de la commission et M. le rapporteur ont évoqué la préparation militaire, qui est une autre façon de valoriser l'esprit de défense. Je souhaiterais, monsieur le ministre, que vous puissiez nous dire comment vous voyez l'organisation du dispositif des réserves dans le cadre du texte que vous nous proposez.
En définitive, les dispositions que vous nous soumettez sont, me semble-t-il, de nature à accroître le traumatisme déjà profond qu'induit nécessairement une réforme aussi capitale. Nos officiers sont bien entendu républicains et ils savent s'adapter à ce qui leur est demandé. Cependant, il ne faut pas sous-estimer les changements très significatifs et brutaux qui interviennent dans l'organisation des carrières, voire dans les modes de vie au sein de nos forces armées.
Ce sont des changements en profondeur, un véritable traumatisme, et le point d'équilibre, moins satisfaisant que le précédent, que vous nous proposez est de nature à aggraver encore ce traumatisme.
Enfin, ce traumatisme s'exprime bien entendu en termes budgétaires. L'une des toutes premières initiatives qui ont été prises cet été dans le cadre du décret d'avance a été l'annulation de deux milliards de francs sur votre budget, monsieur le ministre. Vous avez défendu ce budget avec toute la pugnacité que nous vous connaissons mais, bien sûr, le couperet est tombé. Ce sont deux milliards de francs qui, dans le cours de l'année 1997, eussent été certainement bien utiles pour atténuer certaines difficultés ici ou là.
Parmi ces difficultés, vous comprendrez que je doive évoquer des enjeux d'aménagement du territoire, des problèmes localisés dans l'espace, problèmes très concrets que nous vivons les uns et les autres.
Les sites du rendez-vous citoyen avaient été déterminés par le précédent gouvernement en compensation de restructurations qui avaient été rendues nécessaires par la professionnalisation des forces armées. Je vais les citer : Mâcon, Compiègne, Nîmes - qui étaient les trois centres expérimentaux - Sathonay, dans le Rhône, Montbéliard, Toul, ou plus exactement Ecrouves, Auch, Châteaulin, Limoges, Orléans, sites auxquels s'était ajoutée un peu plus tardivement la ville de Laon.
S'agissant de toutes ces localisations, le gouvernement d'alors avait cherché à proposer des compensations par rapport à la disparition de régiments.
Si je prends, sans y insister excessivement, l'exemple de la ville que j'ai l'honneur d'administrer,...
M. Emmanuel Hamel. Qui a la chance de vous avoir pour maire !
M. Philippe Marini. ... il s'agissait de la compensation pour la dissolution de deux régiments. Donc, deux régiments : un centre de rendez-vous citoyen.
Cela venait d'ailleurs à l'issue de deux opérations successives, qui sont intervenues respectivement en 1993 et en 1995.
En 1993, avait eu lieu un examen très général des enjeux, examen dont il faut saluer le principe et qui avait mobilisé deux chargés de mission, l'un du ministère de l'intérieur, l'autre étant un contrôleur des armées émanant du ministère de la défense. Avaient été définies certaines priorités dans divers domaines. M. Edouard Balladur, à l'époque Premier ministre, avait arbitré en faveur de tous les sites concernés un certain nombre de mesures compensatoires qui n'étaient pas nécessairement toutes militaires.
En 1995, le dispositif avait été conçu de manière plus étroite. Pour le cas qui me préoccupe plus particulièrement, c'était un dispositif de nature militaire : un régiment supprimé, un centre de rendez-vous citoyen. Malgré les incertitudes qui affectaient cette formule, le maintien de l'activité économique et du pouvoir d'achat semblait assuré.
Aujourd'hui, nous sommes en attente de propositions de solution, et c'est le sens de la démarche effectuée en particulier avec notre collègue M. Louis Souvet, maire de Montbéliard. Nous pensons, monsieur le ministre, que vous ne manquerez pas d'examiner avec attention les difficultés qui vous sont signalées.
En conclusion, je voudrais souligner que, dans une telle situation, il faut prendre en compte, vous le savez fort bien, non seulement l'activité, le nombre d'emplois, mais aussi l'espace.
Le fait que, dans une ville, Compiègne, cent hectares, qui sont donc dans le tissu urbain, seraient complètement en déshérence constitue, à l'évidence, un grand point d'interrogation sur l'avenir. Ce point d'interrogation, il faut s'efforcer de le lever. Je souhaiterais vivement que nous puissions le faire ensemble, dans l'esprit toujours constructif qui a régné jusqu'à présent lors de l'examen de tels sujets par le ministère de la défense.
Telles sont les quelques considérations très concrètes et de portée générale que je souhaitais formuler. Bien sûr, je souscrirai aux conclusions de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées en votant les amendements qu'elle présentera. (Applaudissements sur le travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.)

5

NOMINATION
DE MEMBRES DE COMMISSIONS

M. le président. Je rappelle au Sénat que le groupe des Républicains et Indépendants a présenté une candidature pour la commission des affaires économiques et du Plan et une candidature pour la commission des affaires sociales.
Le délai prévu par l'article 8 du règlement est expiré.
La présidence n'a reçu aucune opposition.
En conséquence, je déclare ces candidatures ratifiées et je proclame :
- M. Jacques Dominati membre de la commission des affaires sociales, à la place laissée vacante par M. Georges Dessaigne, démissionnaire de son mandat de sénateur ;
- M. Jean-Pierre Raffarin membre de la commission des affaires économiques et du Plan, en remplacement de M. Jacques Dominati, démissionnaire.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à seize heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à douze heures dix, est reprise à seize heures cinq, sous la présidence de M. René Monory.)

PRÉSIDENCE DE M. RENÉ MONORY

M. le président. La séance est reprise.

6

CONFÉRENCE DES PRÉSIDENTS

M. le président. La conférence des présidents a établi comme suit l'ordre du jour des prochaines séances du Sénat :
A. - Mercredi 8 octobre 1997, à quinze heures :
1° Nomination des membres de la commission spéciale chargée de vérifier et d'apurer les comptes du Sénat ;
Les candidatures à cette commission devront être déposées par les groupes au secrétariat du service des commissions le mardi 7 octobre, avant dix-sept heures.

Ordre du jour prioritaire

2° Suite du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, portant réforme du service national (n° 426, 1996-1997).
B. - Jeudi 9 octobre 1997, à quinze heures :
1° Questions d'actualité au Gouvernement ;
L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au service de la séance avant onze heures.

Ordre du jour prioritaire

2° Eventuellement, nouvelle lecture du projet de loi relatif au développement d'activités pour l'emploi des jeunes.
C. - Mardi 14 octobre 1997, à neuf heures trente :
1° Dix-huit questions orales sans débat :

L'ordre d'appel des questions sera fixé ultérieurement.

N° 5 de M. René-Pierre Signé à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie (Statut des psychologues scolaires) ;
N° 7 de M. Pierre Hérisson à Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité (Assujettissement des travailleurs frontaliers à la contribution pour le remboursement de la dette sociale) ;
N° 10 de M. Daniel Hoeffel à M. le ministre de la défense (Reclassement des personnels civils affectés par la réorganisation des forces françaises en Allemagne) ;
N° 13 de M. Ivan Renar à M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation (Principe d'égalité d'accès aux services publics) ;
N° 14 de M. Louis-Ferdinand de Rocca Serra à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement (Maintien des services publics dans les zones en voie de désertification) ;
N° 16 de Mme Marie-Claude Beaudeau à M. le secrétaire d'Etat à la santé (Difficultés de préparation des budgets des hôpitaux franciliens) ;
N° 19 de M. Marcel Vidal à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement (Gestion des déchets ménagers) ;
N° 20 de M. Germain Authié à M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation (Traitement des ordures ménagères par les collectivités territoriales) ;
N° 22 de M. José Balarello à Mme le garde des sceaux, ministre de la justice (Mise en place d'une cour d'appel à Nice) ;
N° 24 de M. Philippe Marini à Mme le garde des sceaux, ministre de la justice (Réforme du droit des sociétés commerciales) ;
N° 26 de M. Léon Fatous à M. le secrétaire d'Etat à la santé (Retard en matière d'équipement hospitalier dans le département du Pas-de-Calais) ;
N° 28 de M. Gérard Fayolle à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement (Liaisons routières en Dordogne) ;
N° 31 de M. Jacques Valade à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie (Enseignement de l'informatique dans les établissements de second degré et à l'université) ;
N° 32 de M. Paul Masson à M. le secrétaire d'Etat à la santé (Situation de l'hôpital de Pithiviers) ;
N° 33 de M. Franck Sérusclat à M. le secrétaire d'Etat à la santé (Stérilisation volontaire des sujets sains) ;
N° 37 de M. Georges Mouly à M. le secrétaire d'Etat au budget (Débits de boissons en milieu rural) ;
N° 39 de M. Philippe Madrelle à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche (Maintien en activité du site de production laitière de Carbon-Blanc) ;
N° 40 de M. Jean-Claude Carle à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement (Installation d'une ligne à très haute tension au nord d'Annecy) ;
A seize heures :

Ordre du jour prioritaire

2° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord d'adhésion de la République hellénique à la convention d'application de l'accord de Schengen du 14 juin 1985 entre les gouvernements des Etats de l'Union économique Benelux, de la République fédérale d'Allemagne et de la République française relatif à la suppression graduelle des contrôles aux frontières communes, signée à Schengen le 19 juin 1990, à laquelle ont adhéré la République italienne par l'accord signé à Paris le 27 novembre 1990 et le Royaume d'Espagne et la République portugaise par les accords signés à Bonn le 25 juin 1991 (n° 427, 1996-1997) ;
3° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord d'adhésion de la République d'Autriche à la convention d'application de l'accord de Schengen du 14 juin 1985 entre les gouvernements des Etats de l'Union économique Benelux, de la République fédérale d'Allemagne et de la République française relatif à la suppression graduelle des contrôles aux frontières communes, signée à Schengen le 19 juin 1990, à laquelle ont adhéré la République italienne, le Royaume d'Espagne et la République portugaise, et la République hellénique par les accords signés respectivement le 27 novembre 1990, le 25 juin 1991 et le 6 novembre 1992 (n° 428, 1996-1997) ;
La conférence des présidents a décidé qu'il sera procédé à une discussion générale commune de ces deux projets de loi, n°s 427 et 428 ;
4° Projet de loi autorisant la ratification de la convention sur la base de l'article K 3 du traité sur l'Union européenne, portant création d'un Office européen de police (ensemble une annexe et quatre déclarations) (n° 363, 1996-1997) ;
5° Projet de loi autorisant la ratification du protocole établi sur la base de l'article K 3 du traité sur l'Union européenne concernant l'interprétation, à titre préjudiciel, par la Cour de justice des Communautés européennes de la convention portant création d'un Office européen de police (n° 364, 1996-1997).
La conférence des présidents a décidé qu'il sera procédé à une discussion générale commune de ces deux projets de loi, n°s 363 et 364 ;
6° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, agissant dans le cadre de l'Union européenne, d'une part, et la République de Slovénie, d'autre part (n° 388, 1996-1997) ;
7° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une part, et la République de Lituanie, d'autre part (n° 392, 1996-1997) ;
8° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une part, et la République de Lettonie, d'autre part (n° 393, 1996-1997) ;
9° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une part, et la République d'Estonie, d'autre part (n° 394, 1996-1997) ;
La conférence des présidents a décidé qu'il sera procédé à une discussion générale commune de ces trois projets de loi, n°s 392, 393 et 394 ;
10° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Croatie sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements (n° 342, 1996-1997) ;
11° Projet de loi autorisant l'approbation du protocole additionnel à la convention-cadre européenne sur la coopération transfrontalière des collectivités ou autorités territoriales (ensemble trois déclarations) (n° 371, 1996-1997) ;
12° Projet de loi autorisant la ratification de la convention européenne sur la reconnaissance de la personnalité juridique des organisations internationales non gouvernementales (n° 338, 1996-1997) ;
13° Projet de loi autorisant la ratification de la convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est (ensemble quatre annexes et deux appendices) (n° 386, 1996-1997) ;
14° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume d'Espagne concernant la construction et l'exploitation de la section internationale d'une ligne ferroviaire à grande vitesse entre la France et l'Espagne (façade méditerranéenne) (n° 201, 1996-1997).
D. - Mercredi 15 octobre 1997, à dix heures et, éventuellement, à quinze heures :

Ordre du jour prioritaire

Troisième lecture du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines (n° 437, 1996-1997) ;
La conférence des présidents a fixé au mardi 14 octobre, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
E. - Jeudi 16 octobre 1997 :
A neuf heures trente :

Ordre du jour prioritaire

1° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet de loi portant réforme du service national ;
A quinze heures :
2° Eventuellement, nouvelle lecture du projet de loi portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier ;
La conférence des présidents a fixé au mercredi 15 octobre, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
F. - Mardi 21 octobre 1997 :

Ordre du jour établi en application de l'article 48,
troisième alinéa, de la Constitution

A neuf heures trente :
1° Proposition de loi de M. Daniel Hoeffel et plusieurs de ses collègues relative au régime local d'assurance maladie des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle (n° 410, 1996-1997) ;
A seize heures :
2° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, modifiant le code civil pour l'adapter aux stipulations de la convention de La Haye sur la loi applicable aux régimes matrimoniaux et organiser la publicité du changement de régime matrimonial obtenu par application d'une loi étrangère (n° 281, 1996-1997) ;
3° Conclusions de la commission des lois sur la proposition de loi de M. Jacques Larché relative à la validation de certaines admissions à l'examen d'entrée à un centre de formation professionnelle d'avocats (n°s 284 et 306, 1996-1997) ;
La conférence des présidents a fixé au lundi 20 octobre, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ces trois textes ;
4° Proposition de loi organique, adoptée par l'Assemblée nationale, relative à la fiscalité applicable en Polynésie française (n° 261, 1996-1997).
G. - Mercredi 22 octobre 1997, à seize heures quinze :
Déclaration du Gouvernement, suivie d'un débat, sur l'éducation nationale ;
La conférence des présidents a fixé :
A dix minutes le temps réservé au président de la commission des affaires culturelles ;
A trois heures la durée globale du temps dont disposeront, dans le débat, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe ;
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant dix-sept heures, le mardi 21 octobre.
H. - Jeudi 23 octobre 1997 :
A neuf heures trente :

Ordre du jour prioritaire

1° Eventuellement, deuxième lecture du projet de loi organique déterminant les conditions d'application de l'article 88-3 de la Constitution relatif à l'exercice par les seuls citoyens de l'Union européenne résidant en France, autres que les ressortissants français, du droit de vote et d'éligibilité aux élections municipales, et portant transposition de la directive 94/80/CE du 19 décembre 1994 ;
La conférence des présidents a fixé au mercredi 22 octobre, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi organique ;
2° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet de loi relatif à l'inscription d'office des personnes âgées de dix-huit ans sur les listes électorales ;
3° Projet de loi portant transposition de la directive 94/47 CE du Parlement européen et du Conseil du 26 octobre 1994 concernant la protection des acquéreurs pour certains aspects des contrats portant sur l'acquisition d'un droit d'utilisation à temps partiel de biens immobiliers (n° 208, 1996-1997) ;
La conférence des présidents a fixé au mercredi 22 octobre, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
A quinze heures :
4° Questions d'actualité au Gouvernement ;
L'inscription des auteurs de questions devra être effectué au service de la séance avant onze heures.

Ordre du jour prioritaire

5° Suite de l'ordre du jour du matin ;
6° Question orale avec débat portant sur un sujet européen de M. Pierre Fauchon à Mme le garde des sceaux, ministre de la justice, sur la constitution d'un espace judiciaire européen ;
La discussion de cette question s'effectuera selon les modalités prévues à l'article 83 ter du règlement.
Y a-t-il des observations en ce qui concerne les propositions de la conférence des présidents relatives à la tenue des séances ?...
Y a-t-il des observations en ce qui concerne les propositions de la conférence des présidents s'agissant de l'ordre du jour établi en application de l'article 48, troisième alinéa, de la Constitution ?...
Ces propositions sont adoptées.

7

RÉFORME DU SERVICE NATIONAL

Suite de la discussion
et adoption d'un projet de loi déclaré d'urgence

M. le président. Nous reprenons la discussion du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, portant réforme du service national.
Dans la suite de la discussion générale, la parole est à M. Dulait.
M. André Dulait. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je souhaiterais, au cours de cette discussion générale du projet de loi portant réforme du service national, vous faire part de quelques réflexions que m'ont inspirées mes rencontres avec des jeunes de mon département venus me faire part de leur souhait plus ou moins légitime d'être dispensés de ce qui est encore, pour les classes d'âge nées avant 1979, une obligation légale.
En effet, lequel d'entre nous n'a jamais rencontré un jeune homme qui, malgré les reports d'incorporation, n'avait pu terminer ses études, ou risquait de perdre à son retour du service militaire l'emploi qu'il avait trouvé, ou, encore, allait devoir quitter l'exploitation de ses parents sur laquelle il travaillait comme aide familial, ce qui allait nuire à la bonne marche de la ferme ?
Bien sûr, les textes en vigueur sont clairs et les principaux cas de figure ont été envisagés. Toutefois, personne ne niera l'évolution très sensible des mentalités en ce qui concerne le service national.
C'est pourquoi, monsieur le ministre, mes chers collègues, je voudrais appeler tout particulièrement votre attention sur les commissions régionales de dispense et rendre hommage à leurs membres qui accomplissent avec sérieux un travail difficile, étant donné la situation intermédiaire dans laquelle se trouvent aujourd'hui les jeunes concernés.
Les cas de dispense sont parfaitement codifiés et les commissions ont en charge de les appliquer. Si elles savent bien entendu prendre en compte l'aspect humain des dossiers, elles éprouvent néanmoins, aujourd'hui, de sérieuses difficultés face aux jeunes concernés qui demandent, par anticipation, l'application de la future loi.
J'ajoute que, dans quelques cas particuliers, le recours du ministère face au rejet décidé par la commission régionale, dans le respect des textes, d'une demande de dispense ne peut qu'aggraver le sentiment de malaise des commissaires : ils peuvent en effet se voir désavouer alors qu'ils avaient pris une décision leur paraissant juste et équitable.
Je comprends les arguments plaidant en faveur d'une égalité de traitement des jeunes face au service national et j'y souscris, même si, dans les faits, ces principes d'égalité sont battus en brèche depuis de nombreuses années.
Je souhaiterais d'ailleurs, à ce sujet, connaître les statistiques du ministère de la défense concernant le nombre de dispenses accordées pour chaque classe d'âge au cours des trois ou quatre dernières années.
Il faut ajouter à cela les possibilités offertes à certains jeunes, en nombre limité certes, d'effectuer leur service au titre de la coopération, mais également les autorisations accordées avec facilité à ceux qui sollicitent le statut d'objecteur de conscience, ce qui écarte encore un certain nombre de jeunes du service national.
Il nous est proposé, pour tenir compte des situations particulières des jeunes disposant d'un contrat de travail, d'accorder des reports d'incorporation, tout d'abord pour les heureux bénéficiaires d'un contrat à durée indéterminée puis, plus tard, pour les jeunes ayant un contrat à durée déterminée.
Je m'interroge, comme M. le rapporteur, sur l'impact éventuel des prochaines mesures pour l'emploi des jeunes sur cette disposition qui ne pourra qu'accroître les différences de traitement entre les jeunes d'une même classe d'âge.
Par ailleurs, le report d'incorporation peut également masquer l'éventuelle augmentation du nombre de jeunes qui vont tenter de ne pas effectuer leur service militaire au cours des deux prochaines années. Mais vous nous avez rassurés sur ce point ce matin, monsieur le ministre, en indiquant que ce nombre n'avait pas augmenté.
L'annonce de la suppression du service national pour les jeunes nés à partir du 1er janvier 1979 ne peut que donner le sentiment à leurs aînés d'être nés un peu trop tôt !
Je voudrais, pour conclure ces quelques réflexions, monsieur le ministre, évoquer l'obligation du recensement prévu pour le service national universel.
Selon certaines informations que j'ai pu recueillir auprès des maires et de leurs services, il semblerait que l'annonce prochaine de la suppression du service militaire ait conduit beaucoup de jeunes à négliger le recensement, malgré le caractère obligatoire légal de ce dernier.
Un problème se pose à mon avis à cet égard : à dix-sept ans, le jeune aura l'obligation de se faire recenser et, à dix-huit ans, il sera automatiquement inscrit sur les listes électorales puisque le texte prévoit qu'il n'y a plus d'obligation à se faire inscrire. Nous sommes donc en présence, certes à un an près, d'une ambiguïté qu'il sera certainement nécessaire de lever de façon à accorder soit le caractère obligatoire, soit le caractère facultatif aux deux opérations. Nous devrons débattre de ce point.
Le texte proposé par ce projet de loi pour l'article L. 113-4 du code du service national prévoit d'ailleurs que tous les jeunes doivent être en règle avec l'obligation de recensement pour être autorisés à s'inscrire aux examens et concours soumis au contrôle de l'autorité publique.
Il apparaît donc nécessaire de bien compléter l'information sur ce point précis de la loi afin que l'obligation de recensement ne soit pas négligée volontairement ou involontairement par les jeunes.
J'ajoute que les mairies se trouvent aujourd'hui confrontées à la nécessité d'organiser la recherche de ces jeunes, dont certains ont déménagé, afin de procéder au recensement d'office. De telles recherches, outre le surcroît de travail, représentent un coût négligeable pour les communes.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, les quelques remarques que je souhaitais faire sur ce texte. Comme M. le président de la commission et M. le rapporteur, j'adopterai une attitude de vigilance, souhaitant, à l'instar de l'un de nos collègues de la commission des affaires étrangères, que le rendez-vous citoyen, qui ne donnait pas satisfaction au sein de cette assemblée, et l'appel de préparation à la défense ou la Rencontre armées-jeunesse ne soient pas un jour suivis, pour tout contact des jeunes avec l'armée, d'une simple poignée de main citoyenne ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, c'est la quatrième fois depuis moins de deux ans que nous sommes réunis pour un débat consacré à la réforme du service national.
Nous le faisons sans lassitude, car il s'agit d'un problème qui touche de très près tous les Français, d'un changement qui modifie des habitudes acquises enracinées depuis très longtemps dans notre communauté nationale, bref d'une véritable réforme de société, à laquelle la plus grande attention doit être apportée.
Au début de ce siècle, un grand écrivain, qui avait d'ailleurs été bibliothécaire au Sénat pendant quatorze ans, Anatole France, écrivait : « Il faut toucher avec respect aux choses sacrées. Et s'il y a dans la société humaine, du consentement de tous, une chose sacrée, c'est l'Armée ».
Le 22 février 1996, dans une intervention télévisée, puis dans un discours prononcé le lendemain à l'Ecole militaire, le Président de la République s'est très clairement et sans ménagements exprimé sur l'avenir du service national : « Nous n'avons plus besoin d'appelés. Le service tel que nous le connaissons aujourd'hui sera aboli. » En entendant ces déclarations, nombreux ont été ceux, surtout parmi les jeunes, qui en ont conclu, sans doute hâtivement, que toute forme de service militaire serait supprimée.
La réalité est différente. Loin de n'avoir qu'une apparence négative, la réforme projetée présentait un aspect très positif : la professionnalisation de nos armées, le maintien d'une force d'intervention et de combat supposant l'accord et la participation du pays tout entier.
C'est dans cette double perspective que le Gouvernement - les gouvernements successifs - et le Parlement ont travaillé ensemble à l'élaboration des mesures qu'imposait ce changement. Tous deux ont exprimé le souci que la remise en cause du service obligatoire ne conduise pas à supprimer les liens entre la jeunesse et l'armée.
C'est dans cet esprit qu'il a été décidé, premièrement, de maintenir le recensement obligatoire des jeunes ayant l'âge de servir - et même d'y inclure, dans un certain délai, les jeunes filles - puis, deuxièmement, qu'a été instauré ce qu'on a appelé « le rendez-vous citoyen », et, troisièmement, que l'on a établi le principe du volontariat pour remplacer les appelés dont on ne pourrait plus disposer.
Ces trois grands axes, qui figuraient dans le projet de loi présenté par M. Charles Millon - texte que la majorité du Sénat comme celle de l'Assemblée nationale de 1996 ont voté - demeurent présents dans le projet que nous étudions aujourd'hui. Nous n'aurons donc pas à nous déjuger en l'approuvant.
Il existe cependant quelques divergences que nous devrons examiner, et la commission des affaires étrangères et des forces armées nous propose quelques modifications à cet égard.
Les divergences, d'abord, se trouvent dans l'esprit qui sous-tend le projet de loi et dans les raisons que peut avoir le Gouvernement d'inciter au volontariat.
La logique du précédent projet relevait du souci de ne pas se priver de l'héritage du service national et de l'idée - très belle- que le dévouement des jeunes et leur désir de servir pourraient être utilisés dans des missions d'intérêt général comme le soutien scolaire dans les quartiers difficiles, l'aide aux personnes dépendantes, la participation à des tâches de sécurité routière ou citadine et, surtout - point capital pour nous, Français de l'étranger - la coopération au développement international, les aides humanitaires, la contribution à l'action de la France dans le monde.
Alors que le volontariat relevait, selon l'ancien projet, d'une logique de services rendus à la collectivité, le présent projet de loi se fonde en grande partie sur la notion d'emploi. A beaucoup d'égards, il ressemble au projet « emplois-jeunes » que nous avons examiné et, d'ailleurs, considérablement modifié, voilà quelques jours.
Dans cette trop grande ressemblance, le présent projet pourrait faire l'objet des mêmes critiques que certaines de celles qui ont été exprimées ici même la semaine dernière.
Mais il faut aussi souligner les grandes convergences qui existent entre le projet de l'an passé et celui, monsieur le ministre, qui va sans doute porter votre nom. En effet, vous y confirmez la nécessité de maintenir, en le renouvelant, le lien entre l'armée et la nation. A la place du « rendez-vous citoyen », vous proposez l' « appel de préparation à la défense », mais vous n'en changez pas fondamentalement l'économie.
Destiné à sensibiliser et informer les jeunes Français sur les questions de sécurité et de défense, cet « appel » est conçu dans la continuité de l'enseignement public et devrait même être introduit prochainement, ce qui est tout à fait nouveau, dans les programmes de scolarité. En même temps, il s'adresse à une population particulièrement jeune, située entre seize et dix-huit ans, alors que le « rendez-vous citoyen » pouvait être accompli entre dix-huit ans et vingt-cinq ans, voir trente ans pour certains cas exceptionnels.
Cette obligation concerne également les jeunes Français résidant à l'étranger, ce qui doit être particulièrement souligné ici, au Sénat, seule assemblée parlementaire où sont représentés nos compatriotes établis hors de France. Le désir du Gouvernement de les placer dans les conditions de droit commun est évident dans la rédaction proposée pour le nouvel article L. 114-7 du code du service national.
Cependant, les difficultés auxquelles pourraient être confrontés nos jeunes compatriotes de l'extérieur vis-à-vis des autorités locales, notamment s'ils sont nés à l'étranger et ont donc, qu'ils le veuillent ou non, la double nationalité, n'ont pas échappé aux rédacteurs du projet : il a été prévu que cet article pourrait être « aménagé en fonction des contraintes de leur pays de résidence ».
Nous constaterons ainsi, lors de la discussion de l'article en question, que la commission propose, par amendement, d'y ajouter, sur la suggestion de plusieurs d'entre nous, cette indication : « ... après avis du Conseil supérieur des Français de l'étranger », ce qui est tout à fait judicieux.
Mais ce n'est pas là le principal changement proposé par notre excellent rapporteur, M. Serge Vinçon. L'expression « appel de préparation à la défense » - en abrégé APD - ne lui a pas plu, pas plus qu'à nous, pour des raisons évidentes. Il propose : « rencontre armées-jeunesse ». Nous préférons cela à APD, bien que le mot « rencontre » ait quelque chose de fortuit, qu'il s'y trouve une idée de hasard.
On pourrait objecter aussi qu'une rencontre peut être un choc, un affrontement, un combat, une bataille. Mais il est vrai qu'une rencontre peut être également une réunion bien préparée, paisible, utile et fructueuse. Nous espérons, bien entendu, qu'il en sera ainsi, et nous en reparlerons au moment de la discussion de l'amendement en question.
Mais, mon temps de parole venant de s'écouler, je dois terminer maintenant mon propos, même si, naturellement, je me réserve la possibilité de reprendre la parole lors de l'examen des articles.
Je conclurai par une citation de Martin du Gard, extraite de Jean Barois, écrit à la veille de la guerre de 1914-1918 : « Aussi différents que soient les opinions et les points de départ, il y a une hauteur où tous les élans se rencontrent et se confondent. » Il faut espérer que c'est à cette hauteur que se produiront les rencontres entre nos armées et les jeunes ! (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. About.
M. Nicolas About. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet qui nous est présenté aujourd'hui ne remet pas en cause le choix de la professionnalisation des armées, mais il ne répond pas à l'un des nombreux défis qui en découlent, à savoir le maintien d'un lien fort entre l'armée et la nation.
Dans votre lettre analysant le projet de budget pour 1998, vous affirmez, monsieur le ministre, que cette réforme, votée par l'ancienne majorité et contestée à l'époque par la gauche, est « la novation la plus essentielle qui aura touché notre appareil de défense depuis la Révolution ». Ce changement d'opinion de la part du parti socialiste est, me semble-t-il, un ralliement à une idée de bon sens qui donne à la France les moyens de s'adapter aux nouveaux impératifs de sécurité. Cela prouve que l'arrivée au pouvoir offre souvent l'occasion de prendre conscience de certaines données, souvent ignorées dans l'opposition.
En revanche, monsieur le ministre, je dois vous avouer ma déception à la lecture de votre texte dans sa partie consacrée à la diffusion de l'esprit de défense chez les jeunes, mais j'y reviendrai. Dans un premier temps, mes critiques porteront essentiellement sur trois aspects du texte : la suppression du rendez-vous citoyen au profit d'une journée que je qualifierai presque d'inutile ; la fragilisation du processus de la professionnalisation avec la multiplication des reports et des dispenses ; le rôle du Parlement dans cette affaire. Ces trois points révèlent l'état d'esprit dans lequel le Gouvernement aborde les questions de défense : c'est surtout l'état d'esprit d'un expert-comptable.
J'évoquerai tout d'abord l'appel de préparation à la défense.
Une telle révolution de notre outil de défense aurait dû être accompagnée de la mise en place d'un système qui assure la rénovation du lien armée-nation et la refondation de l'esprit de défense.
Le projet de M. Millon comportait, je vous le rappelle, le rendez-vous citoyen d'une semaine, idée qui émanait des travaux des commissions parlementaires. A l'époque, il fut critiqué à gauche et à droite.
Sans répondre à toutes les attentes en la matière, le rendez-vous citoyen venait parachever une instruction civique dispensée à l'école, une sorte de rendez-vous marquant le passage du jeune à la citoyenneté. Une semaine, cela permettait de mener à peu près à bien, sans trop les bâcler, les missions qui lui était assignées : l'information sur la défense nationale, la présentation des volontariats et l'établissement d'un bilan sanitaire et social des jeunes, que je juge toujours indispensable.
Son organisation maintenait en activité douze casernes, pour un coût d'environ un milliard de francs par an.
Ayant critiqué ce projet, les socialistes décident non pas de le supprimer complètement - ce que j'aurais compris - mais de le réduire à une journée, à un ersatz de rendez-vous citoyen. Quand on sait que cette journée mobilisera autant de personnels, répartis dans plusieurs dizaines de centres, pour une économie ridicule, on ne peut que regretter une attitude trop dogmatique sur un tel dossier.
J'en viens à la fragilisation du processus de la professionnalisation, deuxième point de mon intervention.
En offrant la possibilité aux titulaires d'un contrat à durée déterminée de pouvoir repousser de deux ans leur incorporation, l'amendement Quilès ouvre, à mes yeux, la voie à de nombreux abus, accentuant l'aspect inégalitaire du service national moribond et ébranlant la période transitoire qui doit mener à la professionnalisation.
Les armées ont une réforme difficile à mettre en place. Il leur faudra un certain nombre d'appelés pour la réaliser, notamment des diplômés, des ingénieurs, des informaticiens, des étudiants en médecine. Ce n'est pas en l'amputant de plusieurs dizaines de milliers de jeunes qu'on l'y aidera !
Quant aux fumeux emplois de Mme Aubry, les garçons qui les décrocheront seront tout simplement dispensés du service national. Ces petits boulots seront occupés par des diplômés de l'enseignement supérieur, puisque la sélection est rude et qu'il faut avoir bac + 2 ou bac + 4 pour espérer être porteur de serviette. (Murmures sur les travées socialistes.)
M. André Rouvière. C'est excessif !
M. Nicolas About. Il y aura donc deux catégories de jeunes : les diplômés, installés à l'abri dans la nouvelle sous-fonction publique, les sursitaires, les chanceux et les petits malins, et il y aura les autres, moins chanceux, qui n'auront droit ni à ces emplois Aubry ni à la dispense du service national.
M. Josselin de Rohan. Eh oui !
M. Nicolas About. Le message adressé aux jeunes sans qualification est clair : ils n'intéressent pas le Gouvernement.
Monsieur le ministre, quel jeune diplômé préférera un service national rémunéré à 500 francs par mois à un emploi de Mme Aubry à 5 000 francs par mois ? Le choix est évident ! J'aimerais bien savoir comment vous comptez réussir le passage à la professionnalisation en trois ans en enlevant ces appelés aux armées.
La réussite de la transition vers la professionnalisation n'est pas qu'une histoire d'argent ; elle concerne aussi des être humains.
On aurait pu imaginer que les emplois de Mme Aubry ne soient accessibles qu'aux jeunes ayant satisfait aux obligations militaires. Tel n'a pas été le cas.
Ma troisième remarque porte sur le rôle du Parlement. Je tiens à vous dire, monsieur le ministre, combien je déplore l'attitude du Gouvernement à l'égard du travail des parlementaires sur ces dossiers de défense. Non seulement on semble ignorer le travail des commissions sur la réforme du service national, mais vous vous apprêtez même à ne pas respecter la loi de programmation militaire que le Parlement a votée en 1996. Je reconnais que cette attitude ne vous est pas propre.
M. Claude Estier Tout de même !
M. Nicolas About. Mais, lorsque les coupes budgétaires imposées aux armées servent à financer les dérives de la dépense publique, c'est plus qu'intolérable.
Bien sûr, vous avez maintenu le financement de la professionnalisation. Mais que vaut une armée professionnelle sans matériel moderne, sans équipement pour s'entraîner ?
Enfin, le coût social de votre amputation pour les industries de défense ne sera certainement pas compensé par les emplois de Mme Aubry. Les armées et les industries de défense se rappelleront qu'elles ont fait les frais d'un programme gouvernemental qui comportait de nombreuses promesses onéreuses et anti-économiques.
La deuxième partie de mon intervention consiste en une réflexion plus générale sur le lien indispensable qui doit être maintenu entre l'armée, bientôt professionnelle, et la nation, désormais « libérée » de l'obligation militaire. Mon propos s'articule autour de la refondation de notre esprit de défense.
Jusqu'à présent, le système de défense français reposait sur une certaine conception de la nation, celle de la volonté de vivre ensemble, et le partage de valeurs communes. La participation du citoyen à la défense, par le biais du service national, contribuait à son intégration et à cette appartenance à cette communauté nationale. La suppression du service national obligatoire lui ôtera un attribut de sa citoyenneté. Cette disparition remet inéluctablement en cause le lien, déjà fragile, qui existe entre l'armée et la nation.
En France, l'esprit de défense signifie que chaque citoyen, conscient de son appartenance à la communauté nationale et solidaire avec celle-ci, est convaincu qu'elle peut être défendue collectivement. Il est également inséparable de l'éducation du citoyen, car la défense est l'affaire de tous mais sa survie est liée à la conscience des menaces par le citoyen. Qu'adviendra-t-il de cet esprit de défense après la suppression du service national obligatoire ?
La société française vit actuellement une crise morale qui affecte notre esprit de défense et le civisme. Déjà faible, l'implication du citoyen dans la défense risque d'être inexistante dans les années à venir si l'on ne maintient pas un lien entre l'armée et la nation. L'armée serait alors considérée comme un simple service public.
Les fondements de notre esprit de défense sont remis en cause puisque l'idée même d'une nation de citoyens égaux en droits et en devoirs est ébranlée par la crise économique et certains discours politiques. La menace de voir les citoyens français se désintéresser totalement de la défense des intérêts nationaux et des questions militaires est donc latente et comporte le risque d'une nation fragilisée par la disparition du sentiment de l'appartenance à une communauté de valeurs et d'intérêts qu'ils seront incapables de défendre, soit par désengagement soit par égoïsme.
Devant un tel défi, il est à craindre que l'institution d'une journée d'information ne soit pas suffisante pour remplir la mission civique du service national. L'Etat doit désormais penser à associer davantage les citoyens, hommes et femmes, à l'esprit de défense ; c'est un impératif démocratique.
Il serait malsain de laisser se creuser le fossé qui existe potentiellement entre l'institution militaire et la société civile. Elles doivent rester ouvertes l'une sur l'autre et multiplier les ponts, par exemple en développant les journées « portes ouvertes » dans les casernes. Tous les moyens possibles seront bons pour essayer d'assurer le maintien de l'attachement à l'idéal républicain au sein des armées. De son côté, la société civile doit se sentir investie de responsabilités en matière de défense nationale.
C'est à ce prix que l'on maintiendra cet indispensable lien entre la nation et l'armée, sans lequel la défense de la France n'offrirait pas toutes les garanties. Quel pays peut en effet assurer la défense de son territoire, de son patrimoine et de ses intérêts économiques vis-à-vis de l'extérieur si, en son sein, il n'y pas cohésion nationale ?
L'instauration du rendez-vous citoyen pour chaque jeune homme et chaque jeune fille allait dans le bon sens ; c'était en effet offrir aux autorités politiques et militaires un instrument au service de la refondation de notre esprit de défense. Cette refondation implique une meilleure participation de la nation à notre politique de défense.
Cela exige également un travail important de pédagogie de la défense auprès des citoyens, en particulier des jeunes. L'école doit redevenir la machine à fabriquer des citoyens telle que l'avait conçue Jules Ferry. La défense de la République et de ses valeurs faisait partie intégrante de son éducation civique ; le patriotisme en fut le plus beau des symboles. Jean Jaurès, neveu d'officiers, en avait si bien conscience qu'il considérait que l'école et le régiment remplissaient les mêmes missions civiques, au service du patriotisme républicain. L'école a perdu aujourd'hui cette fonction. Quant à la notion de patrie, elle a été diabolisée par la gauche, qui en a oublié le sens républicain (Exclamations sur les travées socialistes), abandonnée par la droite et récupérée par l'extrême-droite.
Des cours d'initiation et d'information sur la défense, portant sur son organisation, ses missions en France et dans le monde, et l'analyse des différentes menaces pour notre sécurité doivent être dispensés dans les collèges et les lycées dans le cadre d'un enseignement civique plus général. Sur ce point, je trouve votre intention louable, monsieur le ministre, mais je crains certaines résistances chez les enseignants.
M. Michel Caldaguès. Bien sûr !
M. Nicolas About. Pour ma part, je pense que l'on devrait associer les officiers à cette instruction à l'école. Enseignants et militaires doivent se rencontrer, mieux se connaître et oeuvrer ensemble à l'édification d'un nouveau modèle républicain de citoyenneté. Il faut généraliser les protocoles d'accord défense-éducation nationale, comme y encourage le recteur de l'académie de Nice, M. Dumont, à la suite de son expérience.
Le soldat-citoyen du xxie siècle ne pourra plus correspondre à celui de Valmy ou au « Poilu ». C'est à l'école, désormais, que se construira cette citoyenneté ; les militaires y ont donc toute leur place. Si l'on veut faire de notre armée professionnelle une armée ouverte, elle doit avoir des contacts avec l'école de la République.
Je tiens, enfin, à souligner mon soutien à la proposition de notre rapporteur, que je félicite pour son rapport, sur l'instauration d'un Haut Conseil pour assurer le suivi de cet enseignement de la défense à l'école. Refuser cette participation parlementaire serait montrer trop peu de considération pour notre travail.
Cette initiation doit être spécialisée au niveau supérieur en mettant l'accent tout particulièrement sur les nouveaux enjeux en matière de défense que constituent l'intelligence économique et les nouvelles technologies.
L'étude récente de M. Breton, chargé de recherche au CNRS, sur les systèmes de valeur des informaticiens montre combien cette communauté n'a même pas conscience des dangers que peut représenter l'outil informatique pour une entreprise.
Les futurs cadres dirigeants français doivent être initiés à certaines notions comme la sécurité informatique et l'intelligence économique. La nouvelle bataille que se livrent actuellement les grands ensembles régionaux est de nature économique et technologique. Il importe donc que la France sensibilise ses citoyens à la défense de ses intérêts vitaux.
C'est dans cette optique que l'on doit aussi envisager le développement des activités de l'IHEDN - l'Institut des hautes études de défense nationale, notamment au niveau régional, afin qu'il fasse bénéficier de son enseignement un public plus élargi qu'aujourd'hui. L'IHEDN peut devenir un précieux outil pour la formation de ces futurs citoyens-soldats dont les meilleures armes seraient le civisme et la responsabilité.
Depuis qu'il a été élu à la présidence de la République, Jacques Chirac a su tirer judicieusement les leçons de la nouvelle donne géostratégique en lançant la plus grande réforme que notre outil de défense ait jamais connue.
Il reste désormais à entreprendre la refondation de notre esprit de défense afin qu'il remplisse à nouveau sa mission première : la formation civique du citoyen, dans un contexte de mondialisation et de mutations sociales internes.
Pour conclure, je résumerai mon propos en quatre questions, monsieur le ministre.
Pourquoi avoir supprimé le rendez-vous citoyen pour le remplacer par une journée qui n'a aucun intérêt et quel sera le coût réel d'une telle organisation ?
Avez-vous la volonté d'associer le Parlement au travail de mise en place de ce nouveau service national et de l'instauration de l'enseignement de la défense à l'école ?
Pourquoi, au risque de mettre en échec la transition vers la professionnalisation, renforcer le caractère inégalitaire du service national dans ses dernières années d'existence ?
Enfin, pensez-vous réellement que l'esprit de défense sera diffusé par l'éducation nationale alors que celle-ci n'est même plus capable de dispenser l'instruction civique et la morale ? (Exclamations sur les travées socialistes. - Très bien ! et applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, de l'Union centriste et du RPR.)
M. le président. La parole est à M. Delanoë.
M. Bertrand Delanoë. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de loi que nous examinons marque un passage obligé sur la voie de la professionnalisation, sujet dont nous avons déjà largement débattu.
C'est la conséquence directe de la décision prise par M. le Président de la République en février 1996, ce qui relativise, d'ailleurs, un certain nombre de critiques que je viens d'entendre.
Pour ma part, je n'avais jamais contesté l'objectif. En revanche, dès ce moment-là, j'avais exprimé des inquiétudes et des réserves sur la méthode employée.
Toutefois, je comprends parfaitement que le projet de loi qui nous est présenté aujourd'hui soit logiquement en conformité avec la décision prise par le Président de la République.
En outre, il m'apparaît légitime qu'en période de cohabitation les questions de défense nationale soient abordées dans un esprit qui tende vers le consensus. Or, les décisions antérieures laissent peu de marge de manoeuvre.
Je prends donc acte, ici, du fait que le Gouvernement, par souci républicain et par sens de l'équilibre démocratique, a eu le courage d'assumer la continuité.
Ainsi, l'appréciation que je vais porter s'intègre dans le cadre réel que je viens de décrire et qui s'impose à nous tous, moi compris.
L'examen de ce projet de loi n'a effectivement d'intérêt que dans le cadre général des objectifs de la défense.
Votre texte, monsieur le ministre, a le mérite de partir d'une approche globale de la question. Le souci de garantir la possibilité d'une reconstitution des forces et la place promise à la réserve en témoignent.
En effet, à partir des connaissances que nous avons actuellement du contexte stratégique, nul ne peut contester des éventualités selon lesquelles, dans les vingt prochaines années, pourraient apparaître de nouvelles menaces, menaces extérieures majeures, proches du territoire européen, ou graves crises intérieures. Vous avez su tirer les conséquenes de ces possibles évolutions et prendre les mesures conservatoires nécessaires.
Des progrès ont incontestablement été accomplis par rapport à l'approche de votre prédécesseur. En effet, une remontée en puissance des effectifs demanderait des délais et ne pourrait être improvisée au dernier moment. C'est pourquoi nous approuvons la mise en place, en temps de paix, d'une préparation militaire pour un grand nombre de jeunes, ainsi que la constitution d'une réserve importante. Cette réserve doit reposer sur une organisation adaptée, mise en état de veille et susceptible d'être facilement et rapidement activée.
Ainsi, monsieur le ministre, le fait même d'avoir abordé la question de la réserve dès le débat sur le service national prouve que, dans l'élaboration de votre projet de loi, c'est bien de manière globale que vous avez traité les besoins de la défense.
Parmi ces besoins, je veux particulièrement insister sur le concept de défense du territoire national, qui doit, selon moi, demeurer une priorité de notre politique de défense.
Dans une société moderne et démocratique comme la nôtre, l'armée a des missions importantes. Au-delà de ses missions classiques de défense du territoire, elle doit toujours être en mesure de mener des missions de service public : la mise en place de sections en armes du type de celles qui sont utilisées par Vigipirate, mais celle aussi des unités qui en cas de catastrophe pourraient assumer un certain nombre de missions, par exemple de secours d'urgence, ou des opérations de génie. Les réservistes doivent être susceptibles, dans ce même cadre, de rendre des services à la collectivité.
Autre éventualité : une menace terroriste organisée, sur notre territoire, assimilable à une menace militaire. La gendarmerie est-elle en mesure, à elle seule, de remplir la mission de défense du territoire qui lui a été assignée ? En a-t-elle réellement les moyens ? Ce sont des questions importantes auxquelles il nous faudra répondre rapidement.
Pourtant, cette notion de défense du pays, de la collectivité nationale et de ses valeurs doit être réintroduite de manière primordiale dans les objectifs de défense, qui ont pu être perçus, à un certain moment, comme trop exclusivement orientés vers la projection. Elle pourrait, en outre, constituer un élément de réponse non négligeable aux doutes des militaires, qui se questionnent parfois sur le sens de leur mission.
En effet, si nous n'y prenons garde, nous serons confrontés à un vrai problème de motivation de l'armée, problème qui risque de se répercuter sur la qualité du recrutement.
Pour y remédier, au coeur de la motivation des futurs militaires, au coeur du rôle de l'armée et de l'officier, il doit y avoir la défense du territoire national et de nos intérêts vitaux.
En confiant de nouvelles missions aux forces armées - telles que l'organisation de l'appel de préparation à la défense, des préparations militaires, mais aussi de la réserve - vous allez dans cette direction. Vous leur permettez de s'impliquer, malgré la suspension de la conscription dans la vie collective.
Poursuivant notre réflexion sur l'évolution de la société dans l'ensemble économique, politique, culturel européen, nous sommes tous amenés à préciser notre pensée. Pour ma part, j'adhère complètement aux propos tenus par le Premier ministre lors de la session de l'Institut des hautes études de défense nationale, l'IHEDN, le 4 septembre dernier, selon lesquels « l'intensification de la coopération en matière de sécurité et de défense s'impose dans la construction européenne. Des pays qui vont jusqu'à battre ensemble monnaie ne sauraient avoir durablement des politiques de défense disjointes ».
C'est pourquoi, partageant ce sentiment, je souhaite que nous puissions traduire ces principes, dès ce projet de loi, par des amendements que je proposerai et que la commission a retenus à l'unanimité, portant à la fois sur l'enseignement des objectifs de défense à l'école et sur ce que nous diffuserons comme message au cours de la journée de préparation à la défense.
Bien sûr, élaborer un nouveau projet de loi relatif au service national part des objectifs tels qu'ils sont évalués pour les années à venir. Mais, au-delà, la fin du service militaire obligatoire provoque nécessairement chez nous une autre interrogation. Pendant des décennies, nous avons vécu sur le fait que le lien armée-nation était constitué essentiellement par la période que chaque jeune Français passait sous les drapeaux. Il s'agit donc maintenant de réinventer la relation entre les préoccupations de défense et l'ensemble des membres de la collectivité nationale.
Dans une société moderne, dès lors que nous avons une armée de professionnels, quels rapports existera-t-il entre la nécessité de prévoir des menaces, de se défendre, et la conscience qu'aura chaque citoyen que cette défense est assurée pour lui, pour sa sécurité, pour la sécurité de sa famille, pour la sécurité de la collectivité nationale, mais aussi pour la défense d'un certain type de société, une société qui porte des valeurs démocratiques ? Cette exigence est d'autant plus importante que la France, comme les autres grandes démocraties européennes, souffre déjà d'une crise d'identité.
Il faut donc recréer un nouvel esprit de défense, car celle-ci ne s'opère pas uniquement les armes à la main. Elle est globale et dépasse le simple cadre militaire pour concerner les domaines culturel, économique ou social. Elle doit demeurer la préoccupation de l'ensemble de nos concitoyens et être le fruit d'une adhésion collective. Chaque Français doit prendre conscience que, même avec une armée de professionnels, la sécurité du pays est l'affaire de tous.
Comme vous le savez, monsieur le ministre, mes chers collègues, je n'ai pas été très enthousiaste à l'idée de supprimer complètement l'obligation militaire. Je disais d'ailleurs lors du précédent débat, au mois de mars de cette année, que ce service n'était pas parfait dans sa composante militaire et qu'il devait être réformé.
Mais puisque nous supprimons un service inadapté, non rénové, au moins profitons de cette occasion pour tenter de créer chez les jeunes, un nouveau sentiment, un sentiment qui casse l'idée selon laquelle la défense serait quelque chose d'inutile ou qui ne les concerne pas. N'est-ce pas le moment de modifier l'image que l'armée avait à leurs yeux ?
A cet égard, je me réjouis de l'élaboration d'un nouveau protocole « éducation-défense », que j'avais d'ailleurs appelé de mes voeux, destiné à sensibiliser l'ensemble de la jeunesse à ces questions. Je reste persuadé qu'il s'agit là d'un des moyens privilégiés pour refonder le lien armée-nation.
Pour autant, nous pouvons nous demander s'il n'est pas possible d'aller plus loin que ce qui est prévu dans le projet de loi et d'imaginer que, dans un avenir relativement proche, l'essentiel des objectifs de l'appel de préparation à la défense puissent être atteints dans le cadre scolaire. Vous-même, monsieur le ministre, le 20 août dernier, vous n'avez pas exclu que, dans l'avenir, cet appel soit davantage intégré au système éducatif.
A ce moment de mon propos, je tiens à aborder, quitte à déranger un peu - et je sais que ce sera le cas - un sujet qui semble encore faire problème dans certains milieux dont parfois je me sens très proche. Les militaires peuvent-ils aller dans les établissements scolaires pour contribuer à cette formation de défense ? Peuvent-ils venir expliquer les cycles de préparation militaire, la possibilité de souscrire à un volontariat ou encore l'adhésion à la réserve ? Personnellement, j'y suis favorable.
Mais, pour y parvenir, il faut à tout prix réussir à vaincre les préventions des uns et des autres, d'autant plus que je ne suis pas sûr que le débat soit très bien orienté. Ce qui est parfois ressenti comme une intrusion du militaire dans l'école et dans la vie quotidienne permettrait, en fait, un meilleur contrôle citoyen sur une armée professionnelle. Une « ghettoïsation » de l'armée, un enfermement de cette dernière sur elle-même serait ô combien plus néfaste pour l'ensemble de la société.
M. Jean-Luc Bécart. Très bien !
M. Bertrand Delanoë. Mais je crois que cette idée commence à faire son chemin. En témoigne la déclaration de M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, estimant qu'il pourra être envisagé qu'à un certain niveau d'enseignement des officiers viennent faire des exposés sur tel ou tel sujet.
Je pense même que le protocole « éducation-défense » devrait concerner aussi les études supérieures. Il nous faut, en effet, réfléchir au lien entre l'armée et les futurs décideurs dans la société. Il ne serait pas mauvais que ceux-ci possèdent de sérieuses connaissances en matière de défense. De la même manière que les élèves des cycles supérieurs de l'université ou des grandes écoles vont faire des stages en entreprise, serait-il aberrant qu'ils aillent en faire au sein de l'armée ?
Je ne pense évidemment pas à une obligation, mais c'est un champ nouveau qu'il me paraîtrait intéressant d'explorer.
Autre remarque : lorsque les jeunes Français passaient au moins dix mois sous les drapeaux, il n'était pas du tout choquant que l'institution militaire, dans le cadre de la défense nationale, se charge de leur bilan de santé et de l'évaluation de leurs connaissances scolaires. Mais à partir du moment où ils n'y passent plus qu'une journée, ces missions, tout à fait importantes, ne peuvent plus être de la responsabilité de l'armée, selon moi. La médecine scolaire et l'éducation nationale doivent y pourvoir. C'est pourquoi je souhaiterais que la journée d'appel de préparation à la défense soit recentrée essentiellement sur les questions de défense.
Malgré sa durée limitée, cet appel constitue une occasion de sensibiliser la jeunesse à son devoir de défense. Il contribuera ainsi à lui rappeler l'implication de tous les citoyens dans la défense du pays. Toutefois, une attention particulière devra être apportée à sa mise en oeuvre : au niveau des modalités de son organisation, dans la définition du contenu des enseignements et du choix des intervenants. Lorsque l'expérience aura duré suffisamment, je crois que nous devrions procéder à une évaluation de ses résultats, puis les comparer aux objectifs que nous nous étions fixés.
Au-delà de toutes les innovations que nous venons d'évoquer - mais qui ne concernent que les jeunes de notre pays - et parce que les citoyens dans leur totalité ne passeront plus une longue période sous les drapeaux, la refondation du nouveau lien armée-nation doit concerner les Français de tout âge et, donc, se concevoir au moyen d'un dispositif beaucoup plus large.
A l'ère de la communication et dans un esprit démocratique, le sentiment de défense peut être nourri par de grands moments d'information, de sensibilisation, d'échange sur les besoins et les moyens de notre sécurité.
Pourquoi ne pas créer aussi des occasions de rencontre entre les citoyens, l'armée et les préoccupations de défense ? Par l'organisation de manifestations comme des journées « portes ouvertes » dans les casernes, à l'instar de ce qui se fait lors des journées du patrimoine ; par la mise en oeuvre de démonstrations de matériels militaires ou de manoeuvres ; mais aussi par un ensemble d'initiatives qu'il nous reste à inventer. Le but est, en effet, d'établir un contact direct et profond entre la nation et l'armée.
D'ailleurs, la possibilité est donnée aux femmes d'accéder aux préparations militaires, à la réserve et aux volontariats, mais aussi l'obligation de participer à l'appel de préparation à la défense, y contribueront pleinement.
Cette ouverture de l'armée professionnelle sur l'ensemble de la société doit s'accompagner, en toute logique, de la recherche d'un cadre adapté et spécifique afin que les militaires puissent s'exprimer. Mais je suis conscient que je touche là à un autre débat, difficile, qui méritera que l'on y revienne plus longuement ensemble.
Le lien armée-nation est un des grands chantiers qui attendent la société française à l'aube du troisième millénaire. De la façon dont nous réussirons à relever ce défi dépendra pour longtemps l'organisation de notre défense et la sécurité du pays.
La réforme en cours est suffisamment importante pour que nous prenions le temps, au fur et à mesure de sa réalisation, de l'adapter, à la fois pour que les objectifs de notre défense nationale correspondent bien aux besoins de sécurité et pour que cette professionnalisation ne conduise pas à couper l'armée du pays.
Monsieur le ministre, votre projet de loi nous fait franchir une nouvelle étape. C'est une nouvelle étape pour que, dans la définition des missions de nos armées, au-delà de la mobilité, de la souplesse, de l'efficacité, la défense du territoire national et de nos intérêts vitaux restent bien au centre de notre préoccupation de défense. C'est une nouvelle étape pour adapter l'armée aux besoins de notre sécurité. C'est une nouvelle étape pour la refondation du lien armée-nation. Votre projet de loi nous met sur le bon chemin pour atteindre ces objectifs. C'est pourquoi nous l'approuverons. (Applaudissements sur les travées socialistes, sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
(M. Jacques Valade remplace M. René Monory au fauteuil de la présidence.)

PRÉSIDENCE DE M. JACQUES VALADE
vice-président

M. le président. J'informe le Sénat que la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées m'a fait connaître qu'elle a d'ores et déjà procédé à la désignation des candidats qu'elle présentera si le Gouvernement demande la réunion d'une commission mixte paritaire en vue de proposer un texte sur le projet de loi actuellement en cours d'examen.
Ces candidatures ont été affichées pour permettre le respect du délai réglementaire.
Dans la suite de la discussion générale, la parole est à M. Bécart.
M. Jean-Luc Bécart. En intervenant sur ce projet de loi portant réforme du service national, je ne vous cacherai pas, monsieur le ministre, la perplexité qui est la mienne et celle de mes amis du groupe communiste républicain et citoyen.
Vous le savez, nous avions constesté et combattu l'objectif, annoncé par le Président de la République en février 1996 et mis en oeuvre par le gouvernement précédent, d'effectuer la professionnalisation complète de nos forces armées d'ici à 2002.
Depuis, nous avons réaffirmé à chaque occasion notre préférence pour l'armée mixte et pour le maintien d'une conscription fortement rénovée.
Notre prévention vis-à-vis de l'armée de métier ne vient pas d'une méfiance envers les cadres militaires professionnels. Si cela pouvait être le cas voilà quelques décennies, vis-à-vis de certains cadres formés à l' « école » des guerres coloniales, il faut dire et répéter que, dans la majorité des cas, l'attachement des cadres militaires d'aujourd'hui aux valeurs républicaines ne saurait être mis en doute.
Nous, nous sommes pour l'armée mixte de par notre conception de la citoyenneté, parce que nous sommes attachés au principe républicain du devoir de défense, parce que nous pensons essentiel de favoriser la prise de conscience, la responsabilisation de chaque citoyen vis-à-vis de son devoir de défense de la communauté nationale.
« L'arme la plus efficace cesse de l'être quand le bras qui la soutient devient défaillant », a dit un stratège pertinent.
Nous appréhendons le domaine de la défense dans sa globalité, dans ses dimensions certes militaires, mais aussi politiques et sociologiques, que ce soit au regard de la cohésion nationale ou du niveau de conscience civique et dans une vision à long terme.
Que ce soit dans l'engagement d'opérations extérieures ou en cas de menace intérieure - terroriste ou autres - le niveau de conscience civique, la solidité morale de la population, le lien entre les citoyens et leurs forces armées sont aussi importants que la valeur de nos armes et de ceux qui les mettent en oeuvre.
Avec la suppression de la conscription - certes, le projet de loi parle de « suspension » - le risque est réel, selon nous, de constater dans l'avenir un désintérêt, une déresponsabilisation de notre société quant à sa défense. Je dis cela sans sous-estimer a priori l'impact du volontariat et la future organisation des réserves.
Nous ne versons pas non plus dans la nostalgie et la défense d'une conception périmée du service militaire « à la papa ».
Faute d'avoir été réformé à temps, l'actuel service national a perdu beaucoup de son efficacité et de sa crédibilité. La montée à son égard des sentiments d'inutilité, de perte de temps, d'inégalité était arrivée, malheureusement, à un niveau sensible.
Mais sa suppression fera apparaître au grand jour l'une de ses propriétés les plus fortes : son caractère social.
Le service national permettait encore, même si c'était beaucoup plus vrai autrefois, un certain brassage des milieux sociaux et des terroirs. Il permettait aux jeunes Français issus de l'immigration de franchir une étape dans leur intégration dans la communauté nationale.
Des exemples ont ainsi montré qu'il avait agi chez de nombreux jeunes défavorisés issus de l'immigration maghrébine comme un antidote à l'égard de l'intégrisme religieux.
En cette époque, qui pousse plus à l'individualisme qu'à la solidarité, le service national, même avec ses défauts, restait pour nombre de jeunes la première expérience de vie communautaire.
Avec de plus en plus de lourdeurs et de moins en moins de moyens, il limitait certains dégâts de la fracture sociale. Il contribuait aussi à maintenir la cohésion nationale, pilier essentiel de la force d'un pays.
Si la fracture sociale n'est pas un problème concernant directement la défense, à l'analyse, elle apparaît comme une des menaces insidieuses, mais majeures, pour notre pays.
Enfin, le service national, singulièrement dans sa dimension militaire, sacralisait d'une certaine façon l'armée dans l'esprit de nos concitoyens.
Au lieu d'examiner un projet de suppression, nous aurions préféré, vous le savez, que soit ouvert un autre chantier, celui de la modernisation du service national, de son adaptation à la société d'aujourd'hui, à la situation stratégique actuelle et prévisible à court terme, aux aspirations et aux besoins des jeunes de notre époque, prenant en compte le fait qu'il n'est plus nécessaire de maintenir sous les drapeaux toute une classe d'âge pendant près d'un an.
Nous aurions préféré que soit envisagée, par exemple, l'instauration d'une période de formation civico-militaire courte et digne de ce nom, prolongée par des stages dans des unités.
Nombre d'organisations politiques, syndicales, associatives, préconisaient l'an dernier, vous le savez, des solutions alternatives de ce type.
L'association des anciens auditeurs de l'IHEDN parlait même d'un « rendez-vous du soldat citoyen » de deux mois.
S'il est vrai que la professionnalisation de bon nombre d'unités est une nécessité que nous comprenons parfaitement, il est non moins vrai que chaque jeune Français a besoin, pour devenir un citoyen accompli - et pas seulement un consommateur - d'une formation civique et militaire de base.
Cela dit, monsieur le ministre, je mesure bien la grande difficulté qu'il y aurait eu à ouvrir le chantier de la modernisation de la conscription.
Je suis bien conscient de la position délicate dans laquelle le Gouvernement était placé, dans le flot du courant d'une réforme déjà très engagée.
L'annonce par M. Chirac, dans les conditions que l'on sait, et que nous avions dénoncées, de l'arrêt du service national obligatoire, a eu, en février 1996 et dans des mois qui ont suivi, un impact réel, même si le bénéfice électoral n'a pas été évident en juin dernier.
Avec le temps, qui, il faut bien le dire, ne jouait pas et ne joue pas en faveur des partisans d'une circonscription certes rénovée mais maintenue, une part croissante de l'opinion considérait déjà cette suppression de l'obligation comme un acquis et, pour certains, comme un « avantage acquis », comme la fin d'une contrainte pesante.
C'est l'une des raisons pour lesquelles, bien que m'étant opposé, en son temps et sans hésitation, au projet de loi de votre prédécesseur, je ne voterai pas contre votre projet de loi.
Malgré cette divergence de fond, d'autres raisons m'incitent, monsieur le ministre, à considérer votre projet de loi avec un regard intéressé.
Je trouve qu'il apporte quatre améliorations sensibles à celui de votre prédécesseur, notamment pour essayer de pallier le déficit de l'esprit de défense et du lien entre la société et les forces armées.
Tout d'abord, votre projet de loi valorise le volontariat en en améliorant les conditions matérielles. Calqués, pour une durée maximale, sur le dispositif emplois-jeunes, les postes de volontaires verront leur rémunération mensuelle portée de 2 000 francs au SMIC.
Ces mesures incitatives calment un peu certaines interrogations que l'on peut se poser quant au fonctionnement des armées, notamment de l'armée de terre, en cas de difficultés de recrutement d'engagés.
Certains de nos collègues de la majorité sénatoriale ont exprimé des réticences à l'égard de la longueur du volontariat, craignant qu'une certaine confusion puisse aussi exister entre le contrat d'engagé dans sa durée la plus courte et le contrat de volontariat, les rémunérations étant finalement assez voisines.
Je ne pense pas que cette éventuelle confusion, si confusion il y a vraiment, puisse être un obstacle qui contrebalance les avantages de l'attractivité et de la diversité que vous avez introduites.
Monsieur le ministre, je pense qu'il serait utile de mettre en place, au cours de ces volontariats, des formations qualifiantes, en particulier pour ceux qui auront opté pour les durées les plus longues.
Par ailleurs, il serait bien de permettre aux volontaires de cotiser à l'assurance chômage, là aussi peut-être pour les durées les plus longues, afin qu'ils bénéficient des ASSEDIC en cas de chômage après leur période de service dans les armées.
Ensuite, votre projet de loi, et ce n'est pas la moindre de ses qualités, institue, dans l'éducation nationale, un véritable enseignement des questions de défense et de sécurité à l'intérieur des formations en histoire, instruction civique, géographie et économie dans les collèges et les lycées.
Cette disposition peut s'avérer capitale pour endiguer le risque de décalage entre le pays et ses forces armées.
Tout en faisant confiance à l'esprit de responsabilité des enseignants, je mesure bien la difficulté de la mise en oeuvre de cette disposition pour la rentrée prochaine.
Je pense également qu'en complément du travail des enseignants la prestation d'intervenants extérieurs serait utile en la matière : cadres d'active de l'armée - je rejoins ici M. Delanoë - cadres d'active de la gendarmerie, réservistes, anciens résistants, auditeurs de l'IHEDN, conseillers de défense et - pourquoi pas ? - parlementaires. Il ne manque pas de personnalités dans ce pays qui, à moindres frais ou bénévolement, seraient d'accord pour faire partager leurs convictions à notre jeunesse et aider à sa prise de conscience dans ce domaine.
Troisième disposition améliorant l'ancien dispositif, la réapparition d'une préparation militaire ouverte à tous après l'appel de préparation à la défense et ouvrant l'accès aux forces de réserve.
A cet égard, nous aurons le même sentiment qu'à l'égard de la disposition précédente, même si nous attendons des précisions sur la durée, le contenu et les objectifs de cette préparation militaire « nouvelle formule » que nous approuvons dans son principe.
Enfin, quatrième bonne nouvelle par rapport au projet ancien, l'annonce d'une future réorganisation des réserves qui rompt avec la logique de décrépitude instaurée depuis plusieurs années.
Ouvrir la réserve aux volontaires et à ceux qui auront suivi la préparation militaire, lui donner un rôle actif et de soutien direct à certaines missions de l'armée, tout cela va dans le sens que nous souhaitons, à savoir, notamment, là encore, limiter le décalage entre l'armée et la nation.
Le temps qui m'a été imparti ne me permet pas d'aborder d'autres points, par exemple le service national adapté ; je ne peux, à ce propos, qu'attirer par avance votre attention sur ce qu'en dira excellemment tout à l'heure, dans la discussion des articles, mon ami Paul Vergès, sénateur de la Réunion.
Monsieur le ministre, j'ai tenté d'exprimer mon embarras et celui des sénateurs de mon groupe à l'égard du présent projet de loi.
Notre sentiment est mitigé : si nous ne sommes pas convaincus du bien-fondé de la suppression du service national et de la non-mise en chantier de sa modernisation, nous reconnaissons vos efforts, d'une part, pour relancer, sous d'autres formes, la prise de conscience des citoyens quant à leur devoir de vigilance en vue de la défense de la communauté nationale et, d'autre part, pour assurer la pérennité du lien entre la société et ses forces armées.
Nous nous abstiendrons donc. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. La parole est à M. Calmejane.
M. Robert Calmejane. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, depuis deux siècles, le service national a contribué efficacement à notre défense et a constitué un lieu de brassage social. Toutefois, il est devenu au fil des années inégal dans ses conditions d'exécution comme dans son recrutement.
En raison de l'évolution des menaces et des technologies, les besoins de nos armées appellent une réforme profonde de leur composition.
En annonçant, le 22 février 1996, leur professionnalisation en 2002, en application de la loi de programmation militaire 1997-2002 votée au mois de juin 1996, le Président de la République a suscité un vaste débat sur le nécessaire maintien d'un lien fort entre l'armée et la nation.
Une préférence pour un service fondé sur le volontariat s'est dégagée en même temps que pour l'organisation, au terme d'un recensement obligatoire, d'un rendez-vous citoyen, universel et égalitaire, réunissant garçons et filles, donnant lieu principalement à une évaluation médicale et scolaire, à une sensibilisation à la défense et à la vie civique, à des actions en faveur de l'insertion et de l'orientation.
Le projet de loi déposé par le gouvernement d'Alain Juppé le 28 novembre dernier développait ainsi un ensemble de mesures visant notamment à dresser un bilan sanitaire, scolaire et socioprofessionnel qui devait permettre aux jeunes de mieux connaître leurs aptitudes et d'identifier les difficultés auxquelles ils peuvent être confrontés.
L'appel de préparation à la défense, ce simple cours d'instruction civique d'une journée qui nous est proposé aujourd'hui, ne peut nous satisfaire. Il s'agit là d'une mascarade destinée à dissimuler l'abandon par le Gouvernement socialiste d'un projet fort et cohérent de mobilisation civique. Cette journée, que nous préférons appeler Rencontre armées-jeunesse, doit être dense. En l'état, elle paraît insuffisante pour répondre efficacement à notre attente, en préservant les missions traditionnelles de prévention et d'évaluation.
Peut-on miser, comme il est suggéré dans le texte qui nous est soumis, sur le relais de l'éducation nationale ? En effet, celle-ci est déjà sollicitée sur de multiples fronts et impuissante à faire face, faute de moyens ou de mobilisation suffisante, à l'échec scolaire chronique.
L'éducation nationale est-elle capable, compte tenu des réticences de nombreux enseignant, sur les principes de notre défense nationale - M. le ministre de l'éducation lui-même les a évoquées - de sensibiliser les élèves aux besoins de nos armées ?
A une époque où l'effondrement de nombreuses structures familiales, où la précarité économique et sociale, frappent de larges couches de la population, engendrant pour quantité de jeunes mineurs de seize à dix-huit ans une situation dangereuse sur le plan tant éducatif que médical, il paraît plus que jamais nécessaire que le rendez-vous de cohésion nationale qui est proposé donne lieu à une réelle détection des cas de carence.
Ce fut jusqu'ici la grandeur de notre service national de pallier les dysfonctionnements du système éducatif en combattant l'illettrisme, en concourant utilement à la formation professionnelle de base et en assurant le suivi médical de nombreux appelés n'ayant pas bénéficié jusqu'alors de traitements appropriés à leurs pathologies.
Certes, et fort heureusement, cela concernerait peut-être une minorité de jeunes, mais en un temps où la situation de très nombreux adolescents se dégrade, peut-on se désintéresser de cet aspect des choses, secondaire apparemment par rapport à l'objectif du présent texte, mais dont l'abandon constituerait une régression majeure par rapport à ce qui se pratiquait antérieurement ?
La médecine scolaire, qui est déjà saturée, n'est nullement en mesure de jouer le rôle qu'avait l'armée en matière de prévention. Dans sa sagesse, et consciente des responsabilités qui nous incombent, la commission de la défense du Sénat a réintroduit dans le projet de loi du Gouvernement des dispositions visant à préserver ce bilan sanitaire et scolaire indispensable.
La réforme du service national est profonde et marque, à n'en pas douter, une rupture radicale avec l'esprit même de la conscription qui mobilisait depuis la Révolution française les jeunes hommes pour sauver la patrie en danger.
Cette rupture, inéluctable, intervient à un moment où la jeunesse doute de son avenir tant le chômage rend aléatoire son insertion professionnelle. Aussi devons-nous nous interroger ici sur le sens de la période d'incorporation qui va être demandée aux dernières classes d'âge d'ici à 2002.
Je partage le souci de ne pas accentuer le caractère inégalitaire des dispenses ou des reports, et je comprends la nécessité pour l'armée de gérer des effectifs tout au long de la phase de transition. Mais il me semble tout aussi injuste de placer des jeunes, diplômés ou non, dans les quatre ans qui viennent, dans la situation de se voir refuser un emploi sous prétexte qu'ils n'ont pas accompli des obligations militaires dont la disparition est programmée à brève échéance. Au-delà des principes républicains, il me semble que la réalité sociale doit être prise en compte avec pragmatisme et que les commissions régionales de dispenses doivent pouvoir examiner de manière appropriée les situations individuelles qui leur sont soumises.
En tant que maire, je constate le problème que pose à de nombreux jeunes et à leurs parents cette perspective vécue comme une contrainte insupportable, alors même qu'ils ont eu la chance, ou simplement le mérite, par leur détermination, de trouver un emploi en contrat à durée indéterminé avant d'avoir effectué leur service national.
Il est nécessaire aussi de s'interroger sur les conséquences, pour de petites entreprises souvent à caractère familial, du départ d'un jeune, diplômé ou non, devenu l'élément indispensable d'un marché ou d'une labellisation dont l'interruption risque de porter un coup fatal au développement économique de l'entreprise.
Nous sommes engagés dans une réforme sans précédent depuis l'an II de la République pour adapter notre système aux réalités du monde d'aujourd'hui. C'est sans nostalgie que nous devont opérer cette mutation, sûrs que nous sommes de sa justification ; mais notre volonté est de déboucher sur une implication plus grande de la communauté nationale tout entière en renforçant le sens civique des jeunes Français.
Cela va de pair avec le rôle fondamental de la nation de dresser, en cette circonstance capitale, un état des caractéristiques d'une classe d'âge, permettant les remises à niveau et le développement d'une véritable prévention, sans distinction d'origine sociale.
C'est, en demeurant fidèle à ce principe, respecter un des idéaux fondateurs de la République française. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Rouvière.
M. André Rouvière. Monsieur le ministre, nous examinons aujourd'hui votre projet de loi portant réforme du service national. Ce texte s'inscrit dans une démarche engagée en 1996 et dont vous n'êtes pas l'auteur : c'est en effet M. le Président de la République, Jacques Chirac, qui a décidé la professionnalisation de nos armées.
Au cours des discussions que nous avons eues avec votre prédécesseur, M. Charles Millon, j'ai regretté à plusieurs reprises que le destin du service national se traite en dernier ; je voulais dire par là que les décisions antérieures du Parlement concernant la professionnalisation et la loi de programmation militaire conduisaient, en fait, à la disparition du service national.
Je pensais, et je pense encore, que cette disparition est une grave erreur.
Il était alors possible de transformer et ainsi d'adapter le service national aux exigences nouvelles des conflits et des agressions multiformes, et de répondre en même temps aux besoins d'intégration de notre société ainsi qu'aux aspirations de notre jeunesse.
La volonté du Gouvernement précédent, sa méthode de progression vers une armée de métier ne l'ont pas permis. Aujourd'hui, monsieur le ministre, vous êtes prisonnier de cette situation. L'héritage est lourd ; il représente un parcours d'obstacles dans lequel votre marge de manoeuvre est étroite.
En dépit de ce passage exigu, vous introduisez de la cohérence, du bon sens et de la mesure. Contrairement à ce qu'affirmait notre collègue Nicolas About, il ne s'agit pas de ralliement, il s'agit de réalisme ! Pour vous, monsieur le ministre, il n'était pas question de ballotter nos armées d'une réforme avancée à une nouvelle réforme. Je suis convaincu que les militaires, auxquels je rends hommage, y seront sensibles.
Votre projet de loi n'est donc pas une rupture. Il constitue une adaptation à une situation dont les contraintes multiples et parfois contradictoires limitent, voire rendent impossibles les choix que vous auriez voulu nous proposer. Il était bon de le rappeler car ceux qui, hier, ont créé cette situation ont déjà commencé aujourd'hui à vous le reprocher. Je leur dis très cordialement que ce sont eux qui ont édifié l'espace étroit dans lequel l'actuel ministre de la défense doit oeuvrer.
En dépit de cet environnement défavorable, monsieur le ministre, votre projet de loi s'inscrit dans la cohérence. Trois exemples suffiront à le démontrer.
Premièrement, vous poursuivez la marche vers la professionnalisation des armées avec la double préoccupation de votre prédécesseur, à savoir la disponibilité et la mobilité des armées. Le volontariat, d'une part, et la réserve, d'autre part, compléteront notre dispositif militaire. D'ici à 2002, le volontariat rassemblera plus de 27 000 jeunes garçons et jeunes filles, dont plus de 16 000 seront affectés dans la gendarmerie au niveau des départements.
Monsieur le ministre, les gendarmes volontaires seront-ils logés comme le sont les titulaires ? Cette réforme devrait permettre, me semble-t-il, de mettre un terme à un transfert de charges trop pratiqué, qui consiste, encore aujourd'hui, à demander aux communes de loger les gendarmes auxiliaires venant en renfort dans leur brigade.
Deuxièmement, vous préparez la disparition de l'actuel service national tout en gardant la possibilité pour le Parlement de réactiver l'appel sous les drapeaux.
Troisièmement, vous entendez poursuivre l'effort de réduction des dépenses entamé, je le rappelle, par vos prédécesseurs. Cette démarche cohérente porte la marque du bon sens.
Le rendez-vous citoyen est remplacé par l'appel de préparation à la défense. D'un rendez-vous de cinq jours, nous passons à un appel d'une journée.
Je n'ignore pas que la suppression du rendez-vous citoyen risque d'être mal perçue par les villes - je pense à Nîmes, dans le Gard - qui devaient l'organiser. Il est probable que des compensations d'activité seront demandées, monsieur le ministre. Pour ma part, elles me paraîtraient très opportunes.
Malgré cela, votre proposition procède du bon sens. En effet, à beaucoup d'entre nous, et de tout horizon politique, le rendez-vous citoyen apparaissait comme un outil inutilisable, car ingérable, inadapté et financièrement lourd.
Dans les rangs même de l'ancienne majorité, c'est-à-dire de la majorité actuelle du Sénat, parmi d'éminents spécialistes des questions militaires, M. Philippe de Gaulle disait avec clairvoyance et réalisme du haut de cette tribune, lors de notre séance du 4 mars 1997 : « Dans le domaine pratique, ou pragmatique, si vous voulez, je propose que le "rendez-vous citoyen", qui est une idée louable, soit plutôt appelé le "recensement national" et qu'il s'en tienne à ce qu'on appelle couramment "les trois jours", c'est-à-dire à une seule journée effective, comme le système en est bien rodé maintenant. » Il est alors précisé, dans le compte rendu intégral des débats du Sénat : « (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.) »
Oui, il s'agit bien de réalisme !
Certains continueront à affirmer qu'un seul jour est insuffisant et que l'on pourrait donc le supprimer. Ce serait une nouvelle erreur, car il constitue un signal fort du lien armées-nation.
Le contenu de cette journée est certes important, mais la signification qu'elle porte en elle est encore plus importante, car elle concrétise l'idée de devoir envers la nation.
Ce lien armées-nation est encore renforcé par le recensement obligatoire et par la relation nouvelle, opportune, armées-école : « Les programmes scolaires incluent une initiation des adolescents aux principes de la défense. » Et c'est à la lumière de cette modification des programmes scolaires que la journée, la seule journée, prend toute sa signification.
Tout cela est cohérent, tout cela procède du bon sens et aussi de la mesure ; de la mesure, c'est-à-dire de l'équilibre.
Vos propositions visent à atteindre l'efficacité au moindre coût. Trois exemples peuvent illustrer cette affirmation.
Premièrement, s'agissant de l'appel de préparation à la défense, dans un souci louable de perturber le moins possible le travail, les études, les programmations, les jeunes pourront choisir parmi trois dates au moins. Pour ceux qui travaillent, cet appel fera l'objet d'une autorisation exceptionnelle d'absence, sans réduction de rémunération.
Deuxièmement, les jeunes nés avant le 1er janvier 1979 et soumis à l'appel sous les drapeaux pourront bénéficier d'un allongement du report d'incorporation ainsi que d'un assouplissement des dispenses des obligations militaires.
Troisièmement, l'employeur ne pourra pas résilier un contrat de travail en raison du service national.
Ces propositions sont en parfaite cohérence avec les emplois que le Gouvernement de Lionel Jospin veut proposer aux jeunes. Elles témoignent aussi de votre préoccupation, monsieur le ministre, de rendre compatibles les exigences de notre défense et les préoccupations, les intérêts de notre jeunesse.
Au moment où le Gouvernement met en place les emplois-jeunes, il aurait été difficile de comprendre qu'un appel sous les drapeaux en voie de disparition prive systématiquement un jeune de son emploi. Les mesures que vous proposez, si elles sont accompagnées d'un peu de compréhension lors de leur application, devraient éviter l'apparition de situations pénalisantes.
Malgré la situation difficile laissée par vos prédécesseurs, votre projet, monsieur le ministre, apporte des solutions simples et réalistes. Le groupe socialiste le soutiendra. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi pour certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Vigouroux.
M. Robert-Paul Vigouroux. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le mardi 4 mars 1997, j'intervenais à cette tribune lors du débat sur le projet de loi portant réforme du service national pour démontrer que, même si les intentions pouvaient être louables, leurs effets déboucheraient sur un échec compte tenu d'une totale impossibilité pratique de mettre en oeuvre de semblables décisions.
Et je disais alors : « En cinq jours, qui ne seront que quatre, de par l'accueil à l'arrivée et les formalités de départ, en dix centres, d'autres peut-être dans le futur, en quarante semaines au maximum, comment peut-on penser que l'on puisse, de manière sérieuse, faire le bilan de santé des participants, leur donner une information dans ce domaine, dresser avec eux un bilan de leur situation - personnelle, scolaire, universitaire et professionnelle - rappeler le fonctionnement des institutions de la République et de l'Union européenne - vaste programme - expliquer les enjeux de la défense, conforter l'esprit d'appartenance à une communauté nationale et présenter les différentes formes du volontariat ? »
Mon exposé mettait en évidence « qu'on ne peut pas faire tenir un tonneau dans une bouteille d'un litre, sauf quand elle est cassée ». Je n'envisageais par ailleurs qu'en une phrase les répercussions financières d'un tel rendez-vous de cinq jours tant je songeais à l'incapacité de le réaliser.
L'utopie peut être pavée de bonnes intentions, mais les échéances électorales le sont parfois de trompeuses propositions. Une remise en ordre était donc indispensable, d'autant qu'un tel rendez-vous, où tout devrait se faire et où rien ne serait réellement accompli, coûtait néanmoins une semaine à chaque jeune citoyen, sans oublier les entreprises, et à l'Etat une prise en charge dont nous ne connaissions pas le montant.
Un nouveau projet de loi nous est présenté, comportant un recensement - la nation en a besoin - et une rencontre d'un seul jour avec l'armée, informatrice et républicaine, suffisante en soi, géographiquement et temporellement répartie pour éviter des files d'attente et des pertes de temps, en privilégiant l'efficacité. Voilà donc un point de ma précédente controverse positivement résolu.
J'en avais soulevé un second, celui d'une discrimination qui excluait, pour un temps certes - mais nous savons tous la durée du temporaire - nos jeunes filles d'un accès, identique à celui de nos garçons, aux différentes possibilités de coopération proposées et à un engagement volontaire. J'aimerais, monsieur le ministre, que les délais d'attente soient écourtés afin de permettre à celles qui en feraient la demande d'accéder à ces postes.
Monsieur le ministre, votre projet répond, je pense, aux questions que j'avais posées, et mon vote sera donc positif.
Mais je n'aurais pas eu de raisons de venir dire seulement mon approbation à cette tribune si je n'avais pas cru nécessaire d'exprimer d'autres préoccupations.
La première a trait à la période de transition. Comme souvent, un flou demeure en ce qui concerne les générations intermédiaires, alors qu'en matière d'emploi, en particulier d'emploi des jeunes, nos décisions ne doivent surtout pas gêner cette tranche d'âge.
Je désire, monsieur le ministre, attirer votre attention sur l'importance de plusieurs facteurs. Il me semble tout d'abord primordial de respecter autant que faire se peut le principe d'égalité étant donné la différence majeure qu'induira inévitablement la réforme entre les classes d'âge.
Ensuite, il faut prendre en compte les difficultés économiques auxquelles ces jeunes sont confrontés dans la période actuelle et veiller à ne pas faire obstacle aux opportunités professionnelles dont ils pourraient bénéficier. Je vous demande donc d'atténuer l'impact de la loi sur les jeunes qui seront concernés pendant cette période transitoire.
Il est bien entendu par ailleurs, monsieur le ministre, qu'en cas de danger pour la nation l'ensemble des Français et Françaises recensés pourront être normalement appelés à défendre la République. Les derniers conflits dans différents pays ont bien montré la valeur d'une telle mobilisation générale associée à l'action d'une armée de métier.
Enfin, j'aborderai un dernier point : on exige des sociétés des bilans financiers, je demande à la société des bilans humains.
En préambule, monsieur le ministre, je déclare partager votre opinion. Ces bilans ne relèvent pas de votre ministère. Alors, pourquoi en parler aujourd'hui ? Simplement parce que ces problèmes, hors débat, ont néanmoins suscité des interventions et des discussions assez houleuses à l'Assemblée nationale et que nous ne saurions ici les passer sous silence, non pour en débattre maintenant, mais pour demander une prise en compte de ces questions par le Gouvernement.
Il me semble évident que le rôle de l'armée nouvelle et moderne n'est pas de réaliser un bilan de santé ou un bilan personnel, scolaire, universitaire, professionnel, ou encore d'expliquer les institutions de la République et de l'Union européenne. Serait-ce même démocratiquement raisonnable ?
Je sais cependant que, au-delà des compétences de votre ministère, vous avez des opinions sur les moyens de répondre à ces lacunes qui demeurent en suspens et dont vous avez certainement discuté au sein du Gouvernement. Je vous demande non pas de les développer, puisqu'elles dépassent le cadre de vos fonctions, mais au moins de les effleurer devant notre assemblée, que vous connaissez bien et dont vous savez la sagesse, pour apaiser quelques inquiétudes.
Me permettrez-vous, monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, de lancer quelques idées ? Elles ne sont pas originales, je le sais, mais encore est-il bon de les répéter sans cesse.
Dans le domaine de la santé, un bilan ne pourrait-il pas être instauré par la médecine scolaire à l'âge de seize ans ? Cette suggestion a déjà été faite. J'ajoute que, si les salariés bénéficient chaque année d'une consultation médicale et s'ils ont droit tous les cinq ans à un bilan plus complet, il n'en est pas de même pour nos autres concitoyens : l'égalité n'est pas respectée.
Je soulève là, je le sais, une vieille controverse entre la prévention et les soins. Qui va payer ? J'entends déjà des objections. Ne serait-ce pas folie que de surcharger ainsi les dépenses de notre système de santé ?
A cela, je réponds que la solution est d'engager, avec tout le sérieux et le temps nécessaires, des réflexions, des discussions avec tous les partenaires concernés par ce sujet primordial, pour aboutir à une vue commune et à des accords qui ne se limitent pas à des timbres-poste, mais recouvrent l'ensemble d'un système de santé que nous voulons sauvegarder, alors qu'il s'enlise dans des déficits au risque de disparaître.
En ce qui concerne le bilan personnel, scolaire, universitaire et professionnel, qui mieux que nos enseignants pourrait le faire ? Ils connaissent leurs élèves ! Beaucoup s'y emploient déjà à titre personnel. Certes, quelques erreurs d'appréciation demeurent possibles, mais elles sont corrigeables. Et ces mêmes enseignants sont aptes à expliquer le fonctionnement de la République et de l'Union européenne.
Un autre point important touche à l'information. Puis-je suggérer que des textes, simples à lire et à comprendre, soient distribués à nos jeunes, soit lors de leur recensement, soit avant leur appel à la préparation à la défense, afin qu'ils puissent poser leurs questions sur un éventuel volontariat et qu'un dialogue s'instaure.
Il me semble également nécessaire d'utiliser aujourd'hui à bon escient des méthodes modernes de diffusion multimédias. Notre jeunesse est de plus en plus à l'écoute des informations ainsi fournies. L'armée ne tirerait que profit à dire ce qu'elle propose.
Enfin, en ma qualité de sénateur, je suis allé, comme vous, mes chers collègues dans des écoles où j'ai expliqué ce qu'était notre assemblée et où, devant des professeurs, j'ai répondu à un feu d'interrogations posées par les élèves. L'armée pourrait faire de même avec, j'en suis persuadé, plaisir et intérêt, car elle est toute désignée pour expliquer ce qu'elle est, ce qu'elle fait et risque malheureusement d'avoir à entreprendre, en faisant une description en direct qui passionnerait sans doute nombre de nos jeunes.
Autrement dit, je crois possible de réaliser ces bilans et cet enseignement sans rien abandonner, en utilisant des moyens adaptés. Dans un tel engagement social, chacun jouerait son rôle en fonction de ses compétences et dans l'intérêt de notre jeunesse.
Monsieur le ministre, je vous prie d'excuser cette intrusion « hors sujet », mais il s'agit d'un sujet qui me tient à coeur. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du RDSE et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Haenel.
M. Hubert Haenel. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, de quoi s'agit-il ? Quelle défense voulons-nous pour la France du début du troisième millénaire ? Quelles missions, quelles ambitions, quelles responsabilités seront les siennes en Europe, dans le bassin méditerranéen et dans le monde entier, missions, ambitions et responsabilités liées bien entendu à notre géographie, à notre histoire, à notre culture et aux intérêts vitaux de notre pays, mais aussi, et de plus en plus, à nos engagements internationaux dans le cadre de l'ONU, de l'OTAN, de l'UEO et des traités bilatéraux qui nous lient encore avec certains pays ?
Si elle veut continuer à afficher ses ambitions et à assumer l'ensemble des missions et responsabilités qui en découlent, la France se doit d'avoir une vision de l'évolution du monde. Avoir une vision, c'est faire preuve de discernement et c'est opérer des choix stratégiques dans un certain nombre de domaines. Cela signifie avoir une politique étrangère - ou plutôt une politique des relations extérieures - et une politique de sécurité extérieure et intérieure qui en découle. Cela implique un niveau de forces suffisant, donc pertinent, pour être en mesure de dissuader tout éventuel agresseur, de le réduire en cas d'attaque et de participer aux missions de paix sous mandat international.
Les forces, ce sont les armements, toute une panoplie d'armes et de systèmes d'armes servis par des hommes et des femmes en nombre suffisant et dotés de qualifications adaptées aux besoins du moment.
Ce dispositif doit être continu, adaptable. Il doit pouvoir, quasiment sans délai, monter en puissance, changer de format et de posture.
M. le président de la commission et M. le rapporteur ont abordé ces questions de façon très pertinente.
La réduction du format de nos forces, donc de nos armées, nous permettra-t-elle de continuer à afficher nos ambitions et à assumer l'ensemble des missions qui en découlent sans un appel permanent dès le temps de paix et à plus forte raison en temps de crise aux réservistes et aux unités de réserve ? Je crois que tout le monde ici conviendra que la réponse est négative. C'est sans doute un premier point sur lequel nous serons d'accord, monsieur le ministre.
Les réserves sont appelées à faire partie à part entière du dispositif permanent de défense, en tout temps, en tout lieu, en toute circonstance, et souvent de façon immédiate.
Dès lors, il faut mettre sur pied un système de réserves adapté aux réalités d'aujourd'hui en termes de statut militaire et professionnel, de budget, de doctrine d'emploi. C'est donc non pas d'un changement de degré, mais d'un changement de nature qu'il s'agit. Ce matin, au cours d'un entretien, vous êtes d'ailleurs convenu qu'il faudrait peut-être trouver une autre appellation que celle de « réserves » ; ce ne peut être bien entendu « garde nationale ». Il faudra, dans ce domaine, faire preuve d'imagination.
L'oeuvre entreprise ne pourra être menée à bien que si elle est accompagnée - c'est là sans doute que réside la difficulté - d'une révolution culturelle dans les milieux politiques - je sais que certains appréhendent que l'on fasse appel aux réservistes, notamment, j'y reviendrai aussi, dans le cadre des unités de gendarmerie - mais aussi au sein des armées, chez les employeurs civils et publics, ainsi que dans l'opinion publique.
L'abandon du concept de « rendez-vous citoyen », sur lequel je ne pleurerai pas, devrait renforcer mon argumentation tendant à prendre en considération au niveau où je la place, c'est-à-dire au même niveau que les autres ressources humaines de nos forces armées actuelles, la composante indispensable qu'est l'unité de réserve.
En effet, après la mise entre parenthèses du service national, il ne nous restera plus que les réservistes pour maintenir un certain lien entre l'armée et la nation, entre l'armée et la société civile. Les réserves seront alors l'unique véritable cordon ombilical entre les armées et la nation, entre nos forces et le peuple de France. Mais, pour cela, il nous faudra rapidement - c'est, je crois, ce à quoi vous vous employez, monsieur le ministre - se poser deux questions essentielles et répondre à ces deux questions.
La première question porte sur l'emploi des unités de réserve. Il sera nécessaire de mettre au point une doctrine d'emploi. C'est primordial pour répondre aux questions que se posent souvent les militaires : pourquoi, comment, avec qui et avec quoi ?
La seconde question est celle du statut. Nous devons en effet doter les réservistes d'un statut militaire et social digne de ce nom, à la hauteur de ce que nous attendons d'eux.
Pour illustrer mes propos, je m'appuierai sur l'exemple d'une des composantes de nos forces que je crois connaître un peu : la gendarmerie.
La gendarmerie, à mon sens, doit avoir une place à part dans cette réforme, en temps de paix comme en temps de crise, et quelle que soit la gravité de cette crise.
La gendarmerie, force de sécurité intérieure polyvalente, doit pouvoir s'appuyer sur une réserve entraînée, présélectionnée et disponible, en tout cas pour certains de ses éléments, quasi instantanément.
Essentielle pour la sécurité individuelle et collective, la gendarmerie doit être dotée de tous les moyens en personnels nécessaires pour faire face à l'ensemble de ses missions et pour assurer la montée en puissance non pas des autres forces, comme c'était souvent le cas jusqu'à présent, mais de son dispositif permanent de défense, en temps de paix et, à plus forte raison, en temps de crise.
Imaginons le cas d'un plan Vigipirate d'une très grande ampleur ou d'une crise quasi insurrectionnelle. N'aurions-nous pas, alors, besoin de ces gendarmes ?
A mes yeux, deux questions se posent. D'abord, comment la gendarmerie recrutera-t-elle demain ses volontaires et gendarmes auxiliaires sous contrat en temps de paix ? Ensuite, la gendarmerie pourra-t-elle continuer à assurer, après la réforme du service national, ses missions en période de crise, en tous lieux, en tous temps, en toutes circonstances, tout de suite, sans faire appel aux réservistes, et, dans le cas contraire, de quels réservistes s'agira-t-il puisque la source de recrutement sera en partie tarie ?
Sur le premier point, la loi de programmation militaire a fait de l'augmentation du nombre des volontaires la seule ressource supplémentaire accordée à la gendarmerie pour faire face à l'accroissement de ses missions. En dépit d'une forte déflation du nombre de sous-officiers de gendarmerie, la cohérence de ce format reposait sur une structure d'effectifs comprenant 16 232 volontaires engagés pour vingt-quatre mois et bénéficiant d'une rémunération de 70 000 francs par an.
Depuis, les choses ont évolué. Il serait intéressant, monsieur le ministre, que vous puissiez nous dire où nous en sommes exactement et ce que les militaires d'active de la gendarmerie sont en droit d'espérer.
La définition du volontariat telle qu'elle avait été retenue prévoyait notamment un régime de rémunération peu attractif, en retrait par rapport au montant arrêté dans la loi de programmation.
Alors que chacun s'accorde à reconnaître que les gendarmes auxiliaires constituent actuellement une ressource d'excellente qualité, apportant un concours extrêmement précieux dans l'exécution quotidienne d'un très grand nombre de missions de sécurité publique, il y a tout lieu de redouter que les futurs volontaires - ou toute autre formule semblable - n'offrent ni les mêmes garanties ni les mêmes possibilités.
Même si les personnels d'active sont un peu rassurés depuis l'été dernier, ils demeurent inquiets, monsieur le ministre. Des commandants de brigade ou des chefs de peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie doivent être sûrs de leurs personnels hors statut de la gendarmerie, car ceux-ci n'en sont pas moins étroitement associés à des missions souvent complexes et délicates, requérant parfois l'usage de la force ouverte.
La direction générale de la gendarmerie nationale étudiait naguère la possibilité - je ne sais si des conclusions de cette étude ont été tirées - sous le plafond des 16 200 volontaires prévus par la loi de programmation militaire, de faire cohabiter des volontaires au sens strict avec une nouvelle catégorie de militaires sous contrat, qui pourraient représenter, à terme, environ les deux tiers de l'effectif. Là encore, qu'en est-il exactement ? Peut-on considérer que les avancées qui ont été annoncées au cours de l'été sont définitives ?
L'amalgame de ces militaires sous contrat, assimilables à des semi-professionnels, suppose toutefois que leur soit attribuée une rémunération qui devrait se situer entre 5 000 et 6 000 francs mensuels ; les dotations budgétaires inscrites dans la loi de programmation autorisent cette mesure.
J'en arrive à la question de savoir si la gendarmerie pourra continuer à afficher ses ambitions et à assurer ses missions dès le temps de paix et, à plus forte raison, en temps de crise, en tous temps, en tous lieux et en toutes circonstances. Comme pour ce qui concerne l'ensemble des armées, la réponse est encore non, je le crains.
C'est ce que j'affirmais déjà dans un rapport de 1994 intitulé Les réserves, un deuxième souffle pour les armées. Avec la réforme des armées qui est intervenue entre-temps, c'est encore plus vrai.
Les réservistes sont, en effet, appelés à intégrer à part entière le dispositif permanent du service public de sécurité que met en place le directeur général de l'armée dans le cadre du plan d'action « Gendarmerie 2002 ». Ce plan vise à mettre les activités de l'armée en harmonie avec la loi d'orientation relative à la sécurité et avec la circulaire gouvernementale de juillet 1995 sur la réforme de l'Etat. Jusqu'ici, me semble-t-il, ni M. le Premier ministre ni vous-même, monsieur le ministre, n'êtes revenus sur les dispositions de cette circulaire.
Je ne pense pas, d'ailleurs, monsieur le ministre, que vous soyez en rupture totale avec votre prédécesseur sur nombre de ces points.
Le changement en cours est radical. Il ne s'agit plus d'une question de degré ; il s'agit d'un changement dans la nature même de la conception et de l'emploi des réservistes dans la gendarmerie nationale.
Ainsi, les réservistes seront employés, pour certaines missions spécifiques de la gendarmerie, en qualité de professionnels à temps partiel, mais ils seront une composante à part entière de la gendarmerie nationale et seront associés dès le temps de paix à certaines missions de l'armée.
Nous avions réalisé, il y a trois ans, des expérimentations qui se sont révélées parfaitement concluantes. Je sais que depuis, donc en temps de paix, dans tous les groupements de gendarmerie, on utilise les réservistes, pour effectuer certaines missions liées, par exemple, à la concentration de population ; cela permet de soulager les militaires de l'armée, dont les compétences propres sont ainsi mieux utilisées.
Monsieur le ministre, quels moyens budgétaires prévoyez-vous pour poursuivre ces expérimentations et assurer une montée en puissance de l'utilisation des réservistes de l'armée ?
Les réserves de la gendarmerie deviendront de la sorte l'indispensable facteur de souplesse, le seul peut-être, pour que la gendarmerie puisse réagir efficacement à une situation de crise, localisée ou généralisée, en tous temps et en toutes circonstances.
Par ailleurs, comment s'articulent, dans le cadre de la réforme des armées, la loi de programmation militaire, le plan d'action « Gendarmerie 2002 », les missions assignées, en temps de crise, à la gendarmerie, qui devra, faut-il le rappeler, faire un appel massif aux réservistes, et la réforme du service national, qui va tarir considérablement la source de recrutement des réserves ?
Monsieur le ministre, c'est le parlementaire et l'élu local qui vous pose cette question, mais c'est aussi le réserviste de la gendarmerie que je suis. En tout cas, nombreux sont ceux qui attendent des réponses précises sur ce point. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. Alain Richard, ministre de la défense. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Alain Richard, ministre de la défense. Monsieur le président, je me permettrai d'en appeler à l'indulgence des intervenants, car je vais m'efforcer de leur répondre brièvement, étant entendu que j'aurai l'occasion d'apporter les précisions souhaitées lors de la discussion des articles, que le Sénat souhaite, je le sais, aborder sans tarder. Je regrouperai mon propos autour de quelques thèmes qui ont été abordés de manière récurrente par les uns et par les autres.
A M. le rapporteur, je dirai d'abord que je partage un certain nombre des préoccupations essentielles qu'il a exprimées.
Je pense en particulier au rôle qu'il souhaite voir l'éducation nationale tenir dans le renforcement de l'esprit de défense et dans la préparation d'un rappel possible d'effectifs plus importants, que prévoit effectivement le présent projet.
En exposant les différences avec le projet de loi précédent, M. le rapporteur à appelé l'attention du Sénat sur la question du bilan de santé. Je sais qu'il s'agit d'une question clé pour beaucoup de membres de cette assemblée. Le Gouvernement doit en effet rechercher des solutions qui tiennent compte de l'expérience acquise, mais qui soient aussi assurément applicables.
En ce qui concerne le volontariat, il a défendu une logique différente de la nôtre. A partir du moment où le Gouvernement, dans la cohérence de sa politique, souhaite fournir aux jeunes de nouvelles possibilités d'insertion professionelle en définissant un équilibre entre les obligations auxquelles ils doivent se soumettre et les possibilités - y compris en termes de statut social minimal - qui leur sont offertes par la société, à savoir un emploi avec un contrat de travail et avec une rémunération égale au SMIC, il ne serait pas réaliste d'affirmer que le seul secteur dans lequel des jeunes devraient, par principe, obtenir un statut social et une rémunération plus limités serait celui de la défense de notre pays.
Bien sûr, on peut être radicalement opposé au schéma de l'emploi des jeunes, mais je crois avoir noté que telle n'était pas l'approche du Sénat puisqu'il a souhaité examiner pleinement le projet de loi présenté par Mme Martine Aubry, mais en l'amendant parfois dans le sens d'un élargissement de son champ d'application.
Autant j'admets parfaitement la distinction intellectuelle qui est faite entre le volontariat selon l'ancien système et le volontariat tel que nous le proposons, autant je mets en garde contre une distinction morale qui consisterait à soutenir qu'un volontariat rémunéré à 2 000 francs serait l'expression d'une générosité et qu'un volontariat payé à 3 500 francs et 4 000 francs représenterait une sorte d'embourgeoisement qui lui retirerait toute valeur.
Il y a bien une différence, mais ce n'est pas un abîme.
A partir du moment où une nouvelle priorité - on peut la contester, mais elle a sa logique et elle répond, je le crois, à l'attente d'un très grand nombre de nos concitoyens, jeunes et moins jeunes - a été définie, il est logique de mettre en cohérence le statut social du jeune volontaire et celui du jeune occupant un emploi d'utilité publique dans d'autres secteurs, sans qu'on puisse pour autant parler d'assistance ni d'affadissement des missions de défense.
Le président de Villepin a très utilement rappelé les finalités de défense autour desquelles s'organise ce projet de loi, comme elles étaient d'ailleurs également au centre du projet de loi précédent.
Je veux répondre d'emblée à une question importante qu'il m'a posée : je considère comme nécessaire d'établir, dans les mois qui viennent, un nouveau protocole éducation nationale-défense.
Nous souhaitons en effet demander à l'éducation nationale d'instruire, comme elle le faisait dans un lointain passé, les jeunes sur la défense de leur pays, et beaucoup ont bien voulu approuver cette démarche. Cela suppose des collaborations nouvelles, une complémentarité entre notre appareil de défense et l'éducation nationale.
Il y a donc lieu de définir, dans un document majeur, les missions des uns et des autres et la manière dont les moyens seront répartis.
M. de Villepin a bien voulu noter l'impact positif que pourrait avoir la relance des préparations militaires, qui constitue l'une des originalités de ce projet de loi par rapport au précédent.
Il a également appelé l'attention du Sénat sur les différences existant entre l'ancienne formule du rendez-vous citoyen et la nouvelle formule de l'appel de préparation à la défense, expression dont le sigle heurte sa sensibilité. (Sourires.) A cet égard, il a estimé - et l'on sait que le choix des adjectifs est toujours chose délicate - que le rendez-vous citoyen était ambitieux et que l'appel de préparation à la défense était modeste. J'accepte tout à fait ces qualificatifs, avec toutes les implications qu'ils emportent.
M. Vigouroux a évoqué, voilà quelques instants, les risques que comportait l'instauration du rendez-vous citoyen, dont étaient conscients de nombreux sénateurs. M. About a affirmé que l'on aurait dû courir ces risques et apprécier ensuite la situation, mais après avoir pris l'attache des représentants de tous les groupes, notamment ceux du Sénat, le Gouvernement a pensé que ceux-ci étaient excessifs par rapport à l'efficacité que l'on pouvait attendre du rendez-vous citoyen. Ce dispositif était en effet ambitieux, et cette ambition nous paraissait imparfaitement servie par les moyens envisagés.
M. de Villepin a enfin insisté sur la nécessité de légiférer à propos des volontariats civils. Je ne peux faire ici qu'une annonce, mais elle engage bien sûr le Gouvernement : celui-ci devra déposer, au cours des prochains mois, un projet de loi fixant le statut des volontariats civils, en cohérence, comme l'a suggéré M. le président de la commission, avec le statut des volontaires militaires. Le ministère de la défense s'était organisé pour préparer très rapidement - nous y avons travaillé essentiellement pendant l'été - un nouveau texte répondant à l'urgence puisque, comme chacun ici se le rappelle, l'absence de convocation, depuis le début de l'année 1997, des jeunes appelés nés après le 1er janvier 1979 créait une incertitude juridique qu'il importait de lever rapidement.
En ce qui concerne le statut des volontaires civils, les ministères chargés de veiller à l'emploi et aux conditions sociales et économiques faites aux jeunes gens concernés sont principalement celui des affaires étrangères, le secrétariat d'Etat à la coopération, le secrétariat d'Etat au commerce extérieur, et éventuellement certains ministères d'action intérieure ; tout en leur fournissant un appui logique dans le débat interministériel, il m'a paru souhaitable de leur laisser un peu de temps, après qu'aura été défini en particulier le champ d'application de ces nouveaux volontariats, pour élaborer des propositions législatives qui devront être soumises au Parlement dans les prochains mois.
Je voudrais confirmer à M. Marini qu'un équilibre délicat est à trouver dans l'application de la grande réforme de la professionnalisation des armées. Comme il a bien voulu le rappeler, cette réforme a été engagée voilà déjà un an et demi ; nombre de ses conséquences ont été tirées, et la transition difficile, qui concerne l'ensemble des services du ministère de la défense, notamment la direction du service national, limite la marge de manoeuvre. D'autres orateurs l'ont également souligné.
Quand M. Marini me demande de lui permettre de regretter certains des effets de la professionnalisation, je ne peux, bien entendu, qu'accéder à son souhait. Cela étant, comme l'a très bien relevé M. le président de la commission, le Gouvernement s'est trouvé confronté à une situation qu'il se devait d'assumer. Il n'était pas responsable d'envisager de revenir sur le principe de la professionnalisation, et nous devrons par conséquent prendre en compte toutes les conséquences de celle-ci.
Je partage également l'opinion de M. Marini sur l'importance des réserves, et j'y reviendrai en répondant à d'autres orateurs. Elles feront l'objet de la prochaine réforme décisive dans la mise en place du nouveau système de défense, et j'espère que celle-ci mobilisera autant le Sénat que notre débat d'aujourd'hui.
Par ailleurs, puisque M. Marini a souligné quelques problèmes budgétaires, je tiens à m'excuser auprès de vous, mesdames, messieurs les sénateurs, de ce que, soucieux de ne pas alourdir notre discussion, je n'engage pas dès maintenant le débat budgétaire, avec les conséquences financières qu'a ce projet de loi. Il n'en demeure pas moins que j'ai bien entendu pris note très scrupuleusement des questions budgétaires auxquelles la Haute Assemblée s'est montrée sensible.
Je rejoins enfin M. Marini pour constater que la recherche, au travers de l'instauration de l'appel de préparation à la défense, d'une répartition territoriale beaucoup plus fine du dispositif sur l'ensemble des départements, au lieu de la concentration sur une dizaine de sites majeurs prévue dans l'optique de la mise en place du rendez-vous citoyen, crée une relation nouvelle avec les collectivités. En effet, certaines d'entre elles pouvaient espérer qu'un centre de rendez-vous citoyen viendrait compenser la perte d'autres activités militaires. Comme M. Marini le sait, la concertation a déjà été engagée avec l'ensemble des collectivités concernées, mais il a bien fait de noter que, outre la question des pertes d'emplois pouvant résulter d'une telle évolution, se posait un problème urgent en matière d'aménagement urbain pour certains sites couvrant plusieurs dizaines d'hectares, qui ne peuvent être complètement désertés. Nous devrons en débattre de façon confiante avec les collectivités.
M. Dulait, pour sa part, a centré son propos, avec un grand souci du concret, sur la situation des jeunes et sur la difficulté de concilier l'appel sous les drapeaux de ceux d'entre eux qui sont nés avant 1979 avec les impératifs professionnels auxquels ils sont éventuellement soumis.
Ce point me préoccupe également, et c'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles j'ai souhaité que le texte soit approuvé le plus rapidement possible, afin qu'il puisse entrer en vigueur. En effet, comme M. Dulait l'a noté avec beaucoup de bon sens, la difficulté d'expliquer le régime de transition aux jeunes et à leur famille, ainsi qu'aux employeurs, contribue à rendre précaires les situations.
M. Dulait a également bien fait de rendre hommage au travail des membres des commissions régionales de dispense, qui se penchent sur un certain nombre de ces questions. Je rappelle, à ce propos, que le taux des dispenses rapporté à l'ensemble de la classe d'âge est relativement stable, puisqu'il se situe entre 4 % et 5 % pour ces trois dernières années. En outre, environ 55 % des dispenses prononcées répondent à des motifs économiques - il s'agit notamment de la situation classique dite de « soutien de famille » -, tandis que quelque 40 % concernent des binationaux qui ont excipé de leur état.
S'agissant de l'obligation de recensement, je suis tout à fait d'accord pour que nous diffusions rapidement une meilleure information. C'est la raison pour laquelle, suivant en cela le texte préparé par nos prédécesseurs, nous avons choisi de fixer l'âge de recensement à seize ans. En effet, il nous semble que la continuité sera ainsi assurée entre la mission dévolue à l'éducation nationale en matière de sensibilisation des jeunes - avant seize ans, par définition, tous les jeunes sont soumis à l'obligation scolaire - et l'obligation de recensement. Cela est d'autant plus nécessaire que nous avons l'intention, à partir de l'année prochaine, d'étendre cette dernière aux jeunes filles, lesquelles n'y sont pas du tout préparées psychologiquement aujourd'hui. Par conséquent, il faudra intensifier l'effort d'information.
M. Habert, quant à lui, a rappelé l'évolution historique qui a mené de la décision première de professionnaliser les armées au projet de loi actuel.
Je voudrais à nouveau insister sur le fait que le volontariat reste orienté vers un service à la collectivité, même si les jeunes volontaires bénéficient d'un statut social comparable à celui des jeunes relevant du plan emplois jeunes.
Je crois que M. Habert a eu raison de souligner la continuité qui doit exister entre l'appel de préparation à la défense et le rôle rempli par l'éducation nationale.
De plus, il a bien noté que le projet de loi prévoyait d'appliquer l'ensemble des obligations, qu'il s'agisse du recensement ou de l'appel de préparation à la défense, aux jeunes Français de l'étranger, en ménageant des adaptations de bon sens. Sur ce point, le Gouvernement continuera bien entendu à se tenir à l'écoute des parlementaires représentant les Français de l'étranger.
M. About, pour sa part, a exprimé, comme cela est parfaitement légitime dans le débat politique, une attitude critique face aux choix du Gouvernement.
Il a ainsi souligné que nous faisions le choix de la professionnalisation. Certes, il est parfaitement libre de nous le reprocher, mais qu'il me permette de relever que, si nous avions effectué le choix inverse, il nous l'aurait également reproché. Par conséquent, nous ne pouvons qu'implorer son indulgence.
Quant au caractère prétendument dogmatique du choix de substituer l'appel de préparation à la défense au rendez-vous citoyen, je tiens tout d'abord à souligner - c'est un autre point sur lequel il n'y a pas tout à fait convergence de vues, me semble-t-il, entre M. About et le Gouvernement ! - que nous croyons, pour notre part, au rôle qu'aura à jouer l'éducation nationale dans l'approfondissement de la connaissance, par les jeunes, du système de défense.
Je préfère le dire avec une certaine franchise : si des élus de ce pays pensent que l'éducation nationale n'est pas en mesure,...
M. Emmanuel Hamel. Ce n'est pas une question de mesure !
M. Alain Richard, ministre de la défense. ... comme elle l'a fait depuis un siècle, de transmettre aux jeunes les notions de civisme, de responsabilité collective et d'amour de leur pays, alors ils doivent en tirer bien d'autres conséquences que le simple rejet d'un article de ce projet de loi, et s'interroger sur un ensemble de responsabilités politiques qui, dans l'histoire récente de notre pays, ont été, c'est le moins que l'on puisse dire, équitablement partagées.
Personnellement, je préfère exprimer un choix de volonté politique et de confiance, qui est, me semble-t-il, un choix de rassemblement.
M. Hubert Haenel. Vous avez raison !
M. Alain Richard, ministre de la défense. Je voudrais essayer de convaincre M. About du fait que le travail effectué par le Parlement au cours des deux dernières années a été largement pris en compte dans le texte du Gouvernement. La preuve en est que, sur des articles complets, le projet du Gouvernement a repris, au mot près, la rédaction du texte issue de la navette, en particulier sur le point sensible des reports et des dispenses.
Je crois enfin que l'esprit de défense doit être développé aussi largement que possible au travers d'une collaboration entre l'éducation nationale et les personnels de la défense. J'ai bien l'intention de veiller, avec mon collègue de l'éducation nationale, à ce que des progrès concrets soient faits dans ce sens.
M. Emmanuel Hamel. Puissent-ils l'être !
M. Alain Richard, ministre de la défense. Je voudrais maintenant rendre hommage à la grande richesse de l'intervention de M. Delanoë, qui a relevé la cohérence de l'ensemble des décisions politiques qui ont suivi la déclaration initiale de M. le Président de la République.
Par ailleurs, la préoccupation, même si elle paraît lointaine, d'assurer une reconstitution de nos forces en cas de nécessité constitue l'un des fils conducteurs de ce projet de loi. Bien entendu, il n'appartient pas au ministre de la défense d'évoquer de façon plus ou moins responsable, devant une assemblée parlementaire, telle ou telle hypothèse stratégique qui pourrait, le moment venu, dans dix ou quinze ans, justifier une remontée en puissance des effectifs de notre défense. Toutefois, la fonction que j'exerce m'oblige à faire preuve d'un peu de pessimisme et à prévoir les situations les plus difficiles. De nombreux Français sont tout à fait disposés à le comprendre, et le Parlement n'a pas besoin de longues explications, me semble-t-il, pour faire ce choix de prudence. La préparation militaire constitue l'une des mesures conservatoires : en effet, un élément clé de la cohérence de notre dispositif réside dans le fait que la remontée en puissance supposerait un changement de dimension de nos forces armées.
Je rappelle les chiffres : le format de nos armées à l'horizon 2002 est d'un peu plus de 400 000 hommes, personnels civils compris, auxquels s'ajouteraient 100 000 réservistes. Si l'on devait renforcer ces effectifs, ne serait-ce que par la moitié d'une classe d'âge, nous devrions gérer un pourcentage d'augmentation très important.
En ce qui concerne le potentiel d'encadrement - et c'est le rôle des réservistes -, les dotations en matériel et le maintien d'un certain nombre d'emprises, nous devons avoir cette perspective à long terme. Cela donnera bien évidemment lieu à des critiques, par exemple lors de certaines discussions budgétaires.
On pourrait reprocher au ministère de la défense de vouloir conserver, parmi les emprises qui étaient traditionnellement les siennes, des camps d'entraînement ou des casernements très vastes alors que, à court terme, il a peu d'unités à y loger. Mais si nous devions gérer une remontée en puissance, il ne serait plus temps de chercher des espaces adaptés, des possibilités d'accueil et des capacités d'encadrement. C'est donc bien une cohérence à long terme qui a guidé le Gouvernement.
Par ailleurs, je rejoins l'approche de M. Bertrand Delanoë à propos de la place que doit avoir la défense du territoire national. La réflexion nouvelle sur la situation stratégique née de la chute du mur de Berlin, en 1989, et l'orientation dominante de la professionnalisation ont conduit à mettre essentiellement l'accent sur l'un des objectifs énoncés dans le Livre blanc, à savoir la projection, terme auquel je m'efforce de préférer le plus souvent les termes de « mobilité » et de « disponibilité ».
Le Livre blanc comporte quatre objectifs centraux, parmi lesquels figure la protection. En anticipant un peu sur la réponse que je dois à M. Hubert Haenel, je dirai que le renforcement des effectifs de la gendarmerie et l'importance des réservistes qui lui sont affectés, c'est-à-dire la moitié de l'effectif, correspondent en effet à une relève, à un changement de pied dans cette gestion de la défense du territoire : la gendarmerie deviendra de plus en plus l'arme de la défense à l'intérieur du territoire.
Enfin, je veux relever, parmi les nombreux éléments particulièrement intéressants de l'intervention de M. Bertrand Delanoë, le besoin d'étendre la connaissance de la défense et l'esprit de défense à l'ensemble de la société.
La nature du texte que nous examinons porte évidemment sur les obligations des jeunes et concentre notre attention à court terme essentiellement sur le lien entre la jeunesse et la défense. Cependant, si nous voulons que notre défense et nos choix de politique de sécurité soient compris par la population et soient assumés, notamment dans les périodes difficiles - ce n'est pas dans les périodes calmes que se vérifie l'esprit de défense - il faut que les nécessités de la défense et ses enjeux soient compris de l'ensemble de la société.
Par conséquent, cet approfondissement des préoccupations de défense dans l'ensemble des générations et des couches sociales est un sujet majeur de réflexion pour le Gouvernement. Il me paraît être la contrepartie nécessaire du choix de la professionnalisation. Il est de notre devoir de continuer à échanger, vous, parlementaires, et nous, Gouvernement, pour progresser vers cet objectif général.
Je saisis l'occasion de ma réponse à M. Bertrand Delanoë pour souligner que cette professionnalisation marque le franchissement d'une étape positive dans la place des femmes au sein de notre appareil de défense, place qui, je veux y insister, est de mieux en mieux comprise par les militaires eux-mêmes. La culture, la conception de la défense qui est la leur comprend aujourd'hui de façon positive l'apport des femmes dans la grande majorité des fonctions qui sont offertes à nos militaires. Comme le Sénat le souhaite, je ferai en sorte que la participation des femmes à l'appel de préparation à la défense ou à la convocation de défense - le nom sera choisi par accord général - soit la plus précoce possible avec, surtout, la possibilité pour les jeunes femmes de suivre une préparation militaire.
A M. Jean-Luc Bécart, je veux dire le respect que j'ai pour les interrogations qu'il a exprimées au nom de son groupe et mon assentiment pour le rappel des principes qu'il a fait, notamment la place du citoyen formé dans une défense républicaine. La période que nous traversons conduit, en fonction d'arguments importants fondés sur une analyse géostratégique, à suspendre le service national. Si cette question avait été abordée voilà huit ou dix ans, la marge des choix qui se présentent aujourd'hui au Gouvernement aurait sans doute été plus large ; cela n'a pas été le cas et il n'est pas dans mon intention d'en faire reproche à qui que ce soit. Simplement, la nouvelle situation nous impose, comme l'a dit très justement M. Bécart, de veiller particulièrement à la cohésion sociale, qui est une des bases de l'esprit de défense, et de maintenir ou de relever le niveau de la conscience civique, qui permettra au moins à nos concitoyens de mieux percevoir les efforts qui sont nécessaires pour l'ensemble de la société afin d'assurer sa défense.
M. André Rouvière. Très bien !
M. Alain Richard, ministre de la défense. M. Bécart a noté les améliorations que comporte ce projet de loi au regard, en particulier, du rôle du volontariat, consolidé sur le plan social et assorti d'une formation.
Il a noté aussi le rôle nouveau de l'éducation nationale. A cet égard, je le rejoins, les professeurs pourront être appuyés par une pluralité d'intervenants expérimentés, qu'il s'agisse de militaires ou d'autres personnes ayant une expérience des questions de défense.
Il a enfin noté notre souhait de dynamisation des réserves. Cela devrait permettre de poursuivre un dialogue constructif sur cette évolution.
M. Calmejane, lui aussi, a indiqué qu'en fonction des choix antérieurs il aurait préféré le maintien du rendez-vous citoyen. La journée de convocation de défense doit être dense, a-t-il dit. Sur ce point, nous nous rejoignons, et le Gouvernement tiendra compte, lorsqu'il adoptera les dispositions concrètes que M. Vinçon a rappelées ce matin, des recommandations et observations faites par les parlementaires.
Ce dispositif n'est pas figé. Nous nous efforcerons de l'adapter au mieux. A cet égard, je reviens d'un mot à une recommandation de M. de Villepin : il est sûr que nous ne pouvons pas maintenir dans le cadre législatif une incertitude sur la durée puisqu'il s'agit d'une sujétion prévue par l'article 34 de la Constitution. Je crois que nous ne pouvons pas renvoyer au pouvoir réglementaire le soin de choisir la durée de la convocation. Nous serons bien obligés de fixer une convocation d'un jour ou de deux jours, si telle est l'alternative.
Je tiens à dire, en répondant à M. Calmejane et à M. de Villepin, que ce choix d'une journée a été fait pour des raisons pratiques parce que nous voyons de sérieux inconvénients et de sérieux risques de dérapage dans la formule d'hébergement collectif qui assortissait la convocation de plusieurs jours et que, à l'expérience, il faut en effet pouvoir s'adapter et donc réviser ce dispositif.
A M. Calmejane, je veux dire aussi que la détection des manques, des déficits sanitaires des jeunes est un devoir qui s'impose au Gouvernement. Ce n'est pas par la forme de la convocation militaire que nous entendons le remplir. En répondant à la commission sur l'article concerné, je serai amené à indiquer comment nous réfléchissons à une formule qui permette, avant l'appel de préparation à la défense, d'avoir une véritable détection des risques sanitaires majeurs auprès des jeunes. Sur ce point, il y a, sinon sur les modalités, du moins sur le principe, un souci de rencontre.
Je veux bien convenir avec M. Calmejane, s'agissant de l'approche pragmatique qu'il a bien voulu défendre du problème des reports liés à l'évolution professionnelle des jeunes, qu'il y a une situation particulière pour les très petites entreprises. Elle est d'ailleurs prise en compte pour le jeune qui est lui-même chef d'entreprise. Il est vrai que l'incorporation d'un jeune qui, dans une petite entreprise, a un rôle pratique important peut compromettre la vie de cette entreprise.
M. Calmejane a bien voulu noter le rôle positif des commissions régionales de dispense. Je crois que c'est essentiellement par le pouvoir d'appréciation de ces commissions, auxquelles nous pouvons, les uns et les autres, faire confiance, qu'il pourra être répondu à ces difficultés.
M. Rouvière a eu le mot juste en parlant de parcours d'obstacles à propos du processus de professionnalisation. Je voudrais, en le remerciant de cette approche solidaire, le rassurer quant au moral des militaires dans la conduite de ce processus. Ils ont bien compris ses objectifs et sa profonde justification en matière d'efficacité. Ils ont aussi compris la préoccupation, la vigilance des autorités civiles, qu'il s'agisse du Parlement ou du Gouvernement. Je crois pouvoir vous dire que les militaires se sentent soutenus et compris dans les multiples efforts d'adaptation auxquels ils sont conduits et qu'ils gardent une profonde détermination à réussir collectivement cette réforme.
Je veux aussi confirmer à M. Rouvière que le réalisme et le souci de stabilité de l'outil de défense pendant toute la période de transition sont un impératif dont le Gouvernement reconnaît la charge.
En ce qui concerne la situation des gendarmes volontaires, je souhaiterais préciser les intentions du Gouvernement.
Ces gendarmes volontaires, ayant un statut militaire - même si nous pouvons discuter de façon très pragmatique des propositions de la commission quant à l'étendue des dispositions du statut militaire qui s'appliqueront à eux - seront dans la même situation de logement que les militaires sous-officiers gendarmes. Autrement dit, leur logement sera assumé selon les deux formules classiques, c'est-à-dire soit, lorsque les locaux le permettent, dans des gendarmeries appartenant domanialement à l'Etat, soit dans des locaux qui sont la propriété de collectivités locales et pour lesquels l'Etat assurera le versement du loyer fixé conventionnellement par les Domaines.
M. André Rouvière. C'est très important !
M. Alain Richard, ministre de la défense. Les compensations pour le rendez-vous citoyen sont prises en compte dans le cas de Nîmes comme dans le cas de Compiègne - M. Rouvière n'en aurait pas attendu moins.
Je veux convenir avec lui que le maintien du contrat de travail des jeunes appelés pendant la période de transition est une réforme importante. Elle donnera aux commissions régionales de dispense une réelle liberté d'appréciation pour vérifier si l'insertion professionnelle d'un jeune est effectivement compromise par son incorporation ou si cette garantie du maintien du contrat de travail est suffisante pour refuser la décision de report.
M. Robert-Paul Vigouroux a rappelé ses avertissements quant aux ambitions peut-être disproportionnées du rendez-vous citoyen, et il a bien voulu reconnaître le caractère pratique de l'appel de préparation à la défense.
Il a également souligné, et c'est important, l'approche moderne que doivent avoir les armées pour communiquer avec les jeunes. Les méthodes d'information qui sont traditionnellement les nôtres - je pense notamment à la sensibilisation des jeunes à la nécessité du recensement - doivent être remplacées par une méthode beaucoup plus directe, beaucoup plus « dialoguante », à laquelle aujourd'hui, et c'est une bonne chose, les jeunes sont habitués.
La préoccupation d'égalité devra être la plus forte possible pour la gestion des reports à but professionnel pendant la période de transition. Nous en débattrons lors de l'examen des articles.
S'agissant du bilan de santé, je confirme à M. Vigouroux que l'une des solutions consiste en effet, pendant la période scolaire, à faire appel à la médecine scolaire. Cela pose bien entendu des problèmes de moyens - j'aurai à m'en expliquer - mais c'est sans doute l'une des bonnes formules pour redresser la situation sanitaire de certains jeunes dont la santé est négligée.
Enfin, monsieur Haenel, je veux répondre positivement sur l'objectif qui consiste à définir une véritable doctrine d'emploi des réserves. Le projet de loi qui devrait vous être soumis dans quelques mois, normalement au cours de la présente session, portera essentiellement sur le statut et sur la mise en cohérence, dans la nouvelle formule, beaucoup plus ambitieuse, des obligations des réservistes et de leur situation professionnelle ou sociale. J'espère - en tout cas le Gouvernement oeuvrera en ce sens - que ce débat sera d'abord une occasion de soumettre au législateur les objectifs nouveaux de la réserve, élément clé de l'équilibre d'une défense professionnalisée, comme, d'ailleurs, dans les autres pays professionnalisés dont l'expérience a nourri, entre autres documents, le rapport rendu par M. Haenel voilà trois ans.
Certes, des réticences ou des hésitations doivent être vaincues, parce qu'il s'agit d'une vraie réforme. C'est la raison pour laquelle j'envisage, comme je le lui ai confié ce matin, de rechercher un nouveau terme pour caractériser cette force. Il est en effet d'usage, dans notre pays, que les réserves militaires soient aujourd'hui fort peu actives et qu'il leur soit demandé peu de périodes de service.
L'objectif, à l'avenir, est que les réservistes soient en relation directe avec des unités constituées, qu'ils aient fréquemment des périodes actives et que la variété des missions qui leur sont fixées permette d'en faire un appui efficace à l'armée d'active dans l'ensemble de ses missions.
La part de la réserve affectée à la gendarmerie devrait être de l'ordre de 50 000 unités, dont 13 000 en réserve dite principale, avec des missions particulièrement imbriquées dans celles de la gendarmerie : elles seraient « projetables » et pourraient être associées aux missions de la gendarmerie sur des théâtres extérieurs, comme il s'en produit fréquemment.
Cela suppose un accroissement du nombre des volontaires et des réservistes de la gendarmerie en raison du rôle de protection du territoire qui deviendra principalement le sien.
Des crédits sont prévus dans la loi de programmation. Comme vous pourrez vous en rendre compte lors de l'examen du projet de loi de finances, « l'annuité » 1998 du budget de la défense comportera une première montée en charge des moyens matériels attribués à la réserve de la gendarmerie.
Pour conclure, je voudrais saluer l'état d'esprit du Sénat dans cette discussion générale ainsi que la très grande qualité des interventions et de la réflexion pour préparer notre outil de défense à la nouvelle étape qu'il va franchir. L'esprit constructif qui a animé l'ensemble des intervenants nous prépare un dialogue législatif particulièrement fructueux lors de l'examen des articles, que nous allons aborder maintenant. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du RDSE. - M. Haenel applaudit également.)
M. Emmanuel Hamel. C'est un choix destructeur !
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion des articles.

PREMIÈRE PARTIE

Article 1er

M. le président. « Art. 1er. - Il est créé un livre Ier du code du service national ainsi rédigé :

« LIVRE Ier

« TITRE Ier

« DISPOSITIONS GÉNÉRALES
RELATIVES AU SERVICE NATIONAL

« Chapitre Ier

« Principes

« Art. L. 111-1 . - Tous les citoyens concourent à la défense de la Nation. Ce devoir s'exerce notamment par l'accomplissement du service national universel.
« Art. L. 111-2 . - Le service national universel comprend des obligations : le recensement, l'appel de préparation à la défense et l'appel sous les drapeaux.
« Il comporte aussi des volontariats.
« L'appel de préparation à la défense a pour objet de conforter l'esprit de défense et concourt à l'affirmation du sentiment d'appartenance à la communauté nationale et au maintien du lien entre l'armée et la jeunesse.
« L'appel sous les drapeaux permet d'atteindre, avec les militaires professionnels, les volontaires et les réservistes, les effectifs déterminés par le législateur pour assurer la défense de la Nation.
« Art. L. 111-3 . - Le volontariat vise à apporter un concours personnel à la communauté nationale dans le cadre d'une mission d'intérêt général et à développer la solidarité et le sentiment d'appartenance à la Nation.
« Les volontariats s'effectuent dans l'un des trois domaines suivants :
« - défense, sécurité et prévention ;
« - cohésion sociale et solidarité ;
« - coopération internationale et aide humanitaire.

« Chapitre II

« Champ d'application

« Art. L. 112-1 . - Le livre Ier du code du service national s'applique aux jeunes hommes nés après le 31 décembre 1978, à ceux qui sont rattachés aux mêmes années de recensement ainsi qu'aux jeunes femmes nées après le 31 décembre 1982 et à celles qui sont rattachées aux mêmes années de recensement. Les jeunes femmes sont recensées à partir du 1er janvier 1999.
« Art. L. 112-2 . - L'appel sous les drapeaux est suspendu pour tous les Français qui sont nés après le 31 décembre 1978 et ceux qui sont rattachés aux mêmes classes de recensement.
« Il est rétabli à tout moment par la loi dès lors que les conditions de la défense de la Nation l'exigent ou que les objectifs assignés aux armées le nécessitent.
« Art. L. 112-3 . - Les jeunes hommes nés en 1980 et 1981 sont recensés à l'âge de dix-sept ans.
« Art. L. 112-4 . - Les jeunes hommes nés en 1979 sont exemptés de l'appel de préparation à la défense. Ils peuvent néanmoins demander à y participer et se porter alors candidats à une préparation militaire.
« Jusqu'au 31 décembre 2001, les jeunes hommes nés en 1980, 1981 et 1982 sont convoqués pour participer à l'appel de préparation à la défense entre la date de leur recensement et leur dix-neuvième anniversaire.
« Art. L. 112-5 . - Lorsqu'ils ont été incorporés, les jeunes hommes nés après le 31 décembre 1978 ainsi que ceux rattachés aux mêmes classes de recensement demeurent soumis aux articles L. 1 à L. 159 du présent code.
« Art. L. 112-6. - Les jeunes femmes nées après le 31 décembre 1981 peuvent se porter candidates à une préparation militaire.

« Chapitre III

« Le recensement

« Art. L. 113-1 . - Tout Français âgé de seize ans est tenu de se faire recenser.
« Art. L. 113-2 . - A l'occasion du recensement, les jeunes Français déclarent leur état civil, leur situation familiale et scolaire, universitaire ou professionnelle à la mairie de leur domicile ou au consulat dont ils dépendent. L'administration leur remet une attestation de recensement.
« Art. L. 113-3 . - Les personnes devenues françaises entre leur seizième et leur vingt-cinquième anniversaire et celles dont la nationalité française a été établie entre ces deux âges à la suite d'une décision de justice sont soumises à l'obligation de recensement, pour les premières, dès que la nationalité française a été acquise ou que cette acquisition leur a été notifiée, et pour les secondes, dès que la décision de justice a force de chose jugée.
« Les jeunes étrangers mentionnés à l'article 21-7 du code civil peuvent participer volontairement aux opérations du recensement.
« Art. L. 113-4 . - Pour être autorisée à s'inscrire aux examens et concours soumis au contrôle de l'autorité publique, la personne assujettie à l'obligation de recensement doit être en règle avec cette obligation.
« Elle peut procéder à la régularisation de sa situation en se faisant recenser.
« Art. L. 113-5 . - Les Français omis sur les listes de recensement sur lesquelles ils auraient dû être inscrits sont portés, jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans, sur les premières listes de recensement établies après la découverte de l'omission.
« Art. L. 113-5-1 . - La gestion des dossiers des personnes recensées est assurée par l'administration chargée du service national.
« Art. L. 113-6 . - Après avoir été recensés, et jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans, les Français sont tenus de faire connaître à l'administration chargée du service national tout changement de domicile ou de résidence, de situation familiale et professionnelle.
« Art. L. 113-7 . - Les modalités d'application du présent chapitre sont fixées par décret en Conseil d'Etat.

« Chapitre IV

« L'enseignement de la défense
et l'appel de préparation à la défense

« Art. L. 114-1 . - A partir de la rentrée 1998, les principes et l'organisation de la défense nationale font l'objet d'un enseignement obligatoire dans le cadre des programmes des établissements d'enseignement du second degré des premier et second cycles.
« Art. L. 114-2 . - En complément de cet enseignement, est organisé pour tous les Français l'appel de préparation à la défense auquel ils sont tenus de participer.
« L'appel de préparation à la défense a lieu entre la date du recensement des jeunes Français et leur dix-huitième anniversaire. Il dure une journée.
« A l'issue de l'appel de préparation à la défense, il est délivré un certificat individuel de participation.
« Art. L. 114-3 . - Lors de l'appel de préparation à la défense, les jeunes Français reçoivent un enseignement adapté à leur niveau de formation qui permet de présenter les enjeux et les objectifs généraux de la défense nationale, les moyens civils et militaires de la défense et leur organisation, les formes de volontariats ainsi que les préparations militaires et les possibilités d'engagement dans les forces armées et les forces de réserve.
« A cette occasion sont organisés des tests d'évaluation des apprentissages fondamentaux de la langue française.
« Art. L. 114-4 . - Les jeunes Français choisissent parmi trois dates au moins proposées par l'administration chargée du service national celle à laquelle ils participent à l'appel de préparation à la défense.
« Art. L. 114-5 . - Les jeunes Français qui n'ont pas pu participer à l'appel de préparation à la défense avant la date de leur dix-huitième anniversaire peuvent demander à régulariser leur situation jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans. Ils sont alors convoqués par l'administration chargée du service national dans un délai de trois mois pour accomplir cette obligation.
« Art. L. 114-6 . - Avant l'âge de vingt-cinq ans, pour être autorisée à s'inscrire aux examens et concours soumis au contrôle de l'autorité publique, la personne assujettie à l'obligation de participer à l'appel de préparation à la défense doit, sauf cas de force majeure, être en règle avec cette obligation.
« Art. L. 114-6-1 . - Ne sont pas soumises à l'obligation de participer à l'appel de préparation à la défense les personnes atteintes d'une maladie invalidante, d'une infirmité ou d'un handicap les rendant définitivement inaptes à y participer.
« Art. L. 114-7 . - Les jeunes Français âgés de moins de vingt-cinq ans qui résident à l'étranger participent, sous la responsabilité du chef du poste diplomatique ou consulaire accrédité, à l'appel de préparation à la défense aménagé en fonction des contraintes de leur pays de résidence.
« Art. L. 114-8 . - Les Français majeurs âgés de moins de vingt-cinq ans, non inscrits sur les listes de recensement sur lesquelles ils auraient dû figurer, sont convoqués à l'appel de préparation à la défense dans un délai de six mois suivant la découverte de l'omission et dans les conditions fixées à l'article L. 114-4.
« Art. L. 114-9 . - Les jeunes Français répondant à l'appel de préparation à la défense ont la qualité d'appelés du service national.
« Ils sont placés sous la responsabilité de l'Etat.
« Les personnes victimes de dommages corporels subis à l'occasion de l'appel de préparation à la défense peuvent, ainsi que leurs ayants droit, obtenir de l'Etat une réparation destinée à assurer l'indemnisation intégrale du préjudice subi, calculée suivant les règles de droit commun.
« Aucune action récursoire ne peut être engagée contre les personnes morales propriétaires des locaux d'accueil.
« Art. L. 114-9-1 . - Les responsables d'établissements d'accueil de l'appel de préparation à la défense passent, avec l'administration chargée du service national, des conventions fixant les modalités de mise à disposition de leurs locaux.
« Art. L. 114-10 . - Les jeunes Français peuvent, sur leur demande, prolonger l'appel de préparation à la défense par une préparation militaire.
« Cette préparation militaire consiste en une formation militaire dont la durée est fixée par l'autorité militaire en fonction des besoins de chaque arme et spécialité.
« A l'issue de cette préparation militaire, les jeunes Français pourront avoir accès à la réserve.
« Art. L. 114-11. - Supprimé.
« Art. L. 114-12 . - Les modalités d'application du présent chapitre sont fixées par décret en Conseil d'Etat.

« TITRE II

« DISPOSITIONS RELATIVES AUX VOLONTARIATS

« Chapitre Ier

« Le volontariat dans les armées

« Art. L. 121-1 . - Les Français peuvent, sous réserve de leur aptitude et dans la limite des emplois budgétaires prévus à cet effet, servir avec la qualité de militaire, comme volontaires dans les armées.
« A la date du dépôt de leur demande, ils doivent être âgés de plus de dix-huit ans et de moins de vingt-six ans.
« Le volontariat est conclu pour une durée de douze mois. Il est renouvelable chaque année. La durée totale du volontariat ne peut excéder soixante mois. »
« Il est souscrit au titre d'une armée ou d'une formation rattachée.
« Les volontaires peuvent servir dans les départements, territoires et collectivités territoriales d'outre-mer au titre du service militaire adapté. Ceux qui sont recensés outre-mer peuvent demander à recevoir une formation professionnelle. Ils servent alors en tant que stagiaires du service militaire adapté.
« Art. L. 121-2 . - Les jeunes hommes nés avant le 1er janvier 1979 et ayant accompli les obligations du service national peuvent également déposer une demande pour servir comme volontaires.
« Art. L. 121-3 . - Les modalités d'application du présent chapitre sont fixées par décret en Conseil d'Etat. »
Sur l'article, la parole est à M. Vergès.
M. Paul Vergès. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, M. Jean-Luc Bécart indiquait tout à l'heure que, dans les domaines de la cohésion sociale et de la solidarité comme dans ceux de la coopération internationale et de l'aide humanitaire visés à l'article 1er, une longue expérience existe déjà outre-mer.
C'est pourquoi, dès l'annonce de la réforme du service national, les élus de la Réunion, unanimes, ont demandé le maintien du service militaire adapté, le SMA.
Ce service a en effet derrière lui une expérience de plusieurs dizaines d'années et un bilan très positif : réalisation d'aménagements au profit de collectivités locales, formation professionnelle au profit des jeunes de la Réunion, et ce dans des filières de plus en plus nombreuses.
Nous nous félicitons du soutien par l'Assemblée nationale du point de vue des élus réunionnais, après l'engagement pris à la Réunion même par le Président de la République et par le Gouvernement.
Nous sommes certains que le Sénat apportera le même soutien au maintien et au développement du service militaire adapté outre-mer.
En effet, le service militaire adapté assure, chaque année, la formation professionnelle de 3 000 jeunes dans les départements et territoires d'outre-mer.
La qualité de cette formation est reconnue de tous et validée par les organismes compétents. L'expérience a montré que cette formation est appréciée par les entreprises.
Mais le maintien et le développement nécessaire du service militaire adapté exigent des conditions préalables, maintenant que la réforme du service national a pour base le volontariat.
Dans une île où le chômage frappe 40 % de la population active, dont une part importante et croissante de jeunes, notamment des jeunes de plus en plus diplômés, la préoccupation de tous est évidemment la recherche d'un emploi immédiat. La ruée actuelle vers les emplois-jeunes en est une nouvelle démonstration.
Il s'agit donc de prendre des mesures d'incitation au volontariat.
Dans le cadre d'un plan de développement global nécessaire pour éviter l'explosion ou l'implosion sociales à la Réunion, le service militaire adapté doit occuper un secteur essentiel pour la formation dans les filières de développement, et les stagiaires doivent être rémunérés à un niveau équivalant à celui d'un contrat emploi-solidarité actuel.
Mais surtout, le service militaire adapté pourrait constituer un élément capital des projets de coopération régionale, et ce dans les domaines où il a déjà acquis une expérience importante, tels l'ouverture ou l'entretien de chemins et de routes de désenclavement, la création de zones d'activité, le logement, les actions forestières, etc. Des missions des armées d'Afrique du Sud et de Madagascar sont déjà venues à la Réunion étudier cette expérience.
Ces actions paraissent d'autant plus souhaitables que les pays de la région se trouvent dans une zone cyclonique tropicale où les pluies annuelles comme les cyclones fréquents endommagent ou détruisent routes et chemins, logements et équipements scolaires, sanitaires et autres.
Les moyens techniques et financiers de nos voisins ne leur permettent pas toujours de réparer et de reconstruire.
Dans le cadre d'actions de coopération, en partenariat avec les différents ministères intéressés, le service militaire adapté serait l'un des moyens de resserrer les liens entre la Réunion et les îles voisines, Madagascar en particulier.
Ainsi le maintien et le développement du service militaire adapté pourraient être un élément essentiel de développement de la Réunion, développement qui ne peut se concevoir sans une coopération régionale dans tous les domaines dans cette importante région du sud-ouest de l'océan Indien.
M. Jean-Luc Bécart. Très bien !

ARTICLE L. 111-1 DU CODE DU SERVICE NATIONAL

M. le président. Par amendement n° 5, M. Vinçon, au nom de la commission, propose, au début du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 111-1 du code du service national, de supprimer le mot : « Tous ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur. La commission a jugé peu opportun d'inscrire aujourd'hui dans la loi le principe d'un devoir de concourir à la défense du pays qui s'imposerait à chaque citoyen au moment même où la France fait le choix de l'armée professionnelle.
En effet, sous le régime du service national obligatoire, la législation française ne prévoyait aucunement ce type de disposition pour le temps de paix. Il convient donc, par la suppression de l'adjectif « tous », de rendre ce devoir de contribuer à la défense de notre pays compatible avec l'esprit de la professionnalisation.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat sur cet amendement.
La suppression de l'adjectif « tous », ne laissant subsister que les mots « les citoyens concourent à la défense de la Nation », n'introduirait pas d'exception. Si la commission entend souligner par cette modification que, après la professionnalisation, les citoyens, en situation normale, auront des obligations de niveaux différents, le Gouvernement n'a pas de raison de s'y opposer, car c'est dans la logique même de la professionnalisation.
Simplement, dans les principes - c'est en effet sur ce plan-là que se situe l'article - la formule « tous les citoyens concourent... », étant entendu qu'ils le font éventuellement avec des rôles différents, n'est pas, à mon avis, une déformation de la réalité sur laquelle nous entendons légiférer.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 5, sur lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, le texte proposé pour l'article L. 111-1 du code du service national.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLE L. 111-2 DU CODE DU SERVICE NATIONAL

M. le président. Par amendement n° 6, M. Vinçon, au nom de la commission, propose :
I. - De rédiger ainsi le texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 111-2 du code du service national :
« Art. L. 111-2. - Le service national universel comprend des obligations : le recensement, la Rencontre armées-jeunesse et, si la défense de la Nation le justifie, la conscription.
« Il comporte aussi des volontariats.
« La Rencontre armées-jeunesse a pour objet de conforter l'esprit de défense et de concourir à l'affirmation du sentiment d'appartenance à la communauté nationale, ainsi qu'au maintien du lien entre l'armée et la jeunesse. Elle permet aussi de procéder à un bilan de la situation personnelle des jeunes, sur les plans scolaire et médical.
« La conscription permet d'atteindre, avec les militaires professionnels, les volontaires et les réservistes, les effectifs déterminés par le législateur pour assurer la défense de la Nation. »
II. - En conséquence, dans la suite du projet de loi, de substituer à chaque fois que nécessaire aux mots : « L'appel de préparation à la défense » les mots : « la Rencontre armées-jeunesse ».
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 30, présenté par M. Calmejane, et tendant, après le troisième alinéa du texte présenté par le paragraphe I de l'amendement n° 6 pour l'article L. 111-2 du code du service national, à insérer deux alinéas ainsi rédigés :
« Le bilan de santé, s'il ne peut avoir lieu pour des raisons pratiques le jour même de la Rencontre armées-jeunesse, pourra être préalablement effectué dans un centre de soins public. Un bon d'examen gratuit sera délivré avec la convocation.
« Les résultats de ce bilan, dont le contenu sera fixé par décret, devront obligatoirement être transcrits sur le carnet de santé individuel des jeunes. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 6.
M. Serge Vinçon, rapporteur. La nouvelle rédaction proposée pour l'article L. 111-2 du code du service national vise à substituer l'expression « Rencontre armées-jeunesse » à celle, contestable selon nous, d'« appel de préparation à la défense ». Il est vain en effet d'attendre de quelques heures d'exposés une quelconque préparation à la défense, celle-ci devant désormais incomber aux préparations militaires.
La dénomination « Rencontre armées-jeunesse » renvoie de manière plus adéquate à l'objet, certes modeste, de cette nouvelle obligation, qui est essentiellement de maintenir un lien privilégié entre les jeunes et l'armée.
Cette nouvelle rédaction permet aussi d'enrichir le contenu de la Rencontre armées-jeunesse par rapport à celui de l'appel de préparation à la défense, en prévoyant expressément, dès le début du code du service national, qu'à cette occasion sera effectué un bilan de la situation personnelle des jeunes sur les plans scolaire et médical. Le bilan de santé sera effectué notamment dans une logique de santé publique, en vue de procéder à un rattrapage pour les jeunes qui, aujourd'hui, sont trop nombreux à être exclus du système de santé.
Cet amendement a également pour objet de substituer le terme « conscription », auquel se réfère la législation française depuis la loi Jourdan, à l'expression juridiquement moins rigoureuse d'« appel sous les drapeaux », et de rappeler que, loin de constituer une modalité banale et normale d'accomplissement du service national, sur le même plan que le recensement et la Rencontre armées-jeunesse, la conscription répond à une menace affectant la sécurité du pays.
Le présent amendement a enfin pour objet de procéder, dans la suite du projet de loi, à la substitution de l'expression « Rencontre armées-jeunesse » à celle d'« appel de préparation à la défense » à chaque fois que cela est nécessaire.
M. le président. La parole est à M. Calmejane, pour défendre le sous-amendement n° 30.
M. Robert Calmejane. Ce sous-amendement vise à compléter l'amendement très pertinemment introduit par la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat en vue de rétablir le bilan de santé, sans toutefois en préciser les conditions pratiques, au cours de la journée de Rencontre armées-jeunesse.
Il importe d'affirmer, comme le souhaite d'ailleurs M. le président de la caisse primaire d'assurance maladie de la Seine-Saint-Denis, l'universalité et la gratuité de ce bilan, indispensble à une prévention efficace.
Alors même que la Conférence nationale de la santé, reprenant les conclusions du rapport du Haut Comité de santé publique, a dressé début juillet un bilan accablant de l'état de santé des jeunes, la disparition des « trois jours » doit non pas déboucher sur une régression du dispositif de prévention, mais, au contraire, étendre aux jeunes filles la garantie d'un bilan gratuit, seul capable de prendre en compte les jeunes que la précarité sociale place souvent en dehors de tout système de soins. Il s'agit de remplacer la consultation précédente par ce que l'on pourrait appeler un véritable appel de préparation à la santé.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 30 ?
M. Serge Vinçon, rapporteur. Je suis au regret de dire à mon collègue M. Calmejane que la commission a émis un avis défavorable sur ce sous-amendment.
Elle est en effet convaincue de la nécessité d'effectuer un bilan de santé - c'est l'une des importantes modifications qu'elle souhaite apporter à ce projet de loi - et ce à l'occasion de la Rencontre armées-jeunesse, qui doit être l'occasion d'évaluer globalement la situation sanitaire d'une classe d'âge.
Par-delà cette nuance rédactionnelle, il n'y a pas de désaccord sur le fond quant à la nécessité de pratiquer ce bilan de santé.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 6 et sur le sous-amendement n° 30 ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Le Gouvernement ne peut pas être favorable à cet amendement, qui aborde l'un des deux ou trois sujets de ce projet de loi - finalement, ils ne sont pas très nombreux ! - sur lesquels il y a une différence d'appréciation entre la majorité de la commission et le Gouvernement.
Il y a d'abord deux questions de terminologie : en premier lieu, celle qui consisterait à rebaptiser « Rencontre armées-jeunesse » l'appel de préparation à la défense ; en second lieu, la question du terme « conscription ». Le Gouvernement n'est pas favorable à ces deux substitutions, d'abord parce que le terme « Rencontre » ne me paraît pas représenter ce que nous avons entendu faire et avec quoi, je crois, le Sénat est d'accord : il s'agit d'une convocation, c'est-à-dire de la mise en oeuvre d'une obligation.
Le Gouvernement, pour des raisons de principe, a souhaité que la journée d'information et de sensibilisation des jeunes sur les questions de défense fasse l'objet d'une convocation spécifique et obligatoire, distincte de l'obligation scolaire. C'est pour cela, qu'il a choisi le terme « appel ».
On peut certes discuter du choix de ce terme et en proposer un autre ; néanmoins, celui de « Rencontre » n'évoque pas la même notion.
Le terme « conscription » a été écarté par le Conseil d'Etat lors de la préparation du projet de loi, car il n'a pas d'effet juridique direct. Ce qui, à l'issue de sa délibération, est apparu au Conseil d'Etat comme traduisant au mieux l'obligation d'être incorporé pour accomplir une mission militaire, c'est l'expression « appel sous les drapeaux ». Le Gouvernement s'en tient à cette recommandation.
Voilà pour ce qui est des deux points de terminologie, étant entendu que, sur la question de la dénomination de la convocation, le Gouvernement n'a pas une position bloquée ; si le Sénat souhaite trouver une dénomination autre que « appel de préparation à la défense », il n'émet pas d'objection de principe. Simplement, le mot « rencontre » ne lui paraît pas adapté.
J'en viens à la différence de fond, qui porte sur la décision qui serait prise dès maintenant d'inclure dans cette journée un bilan de la situation personnelle des jeunes sur les plans scolaire et médical.
Les objections qu'a formulées le Sénat, dans la phase antérieure de la discussion, sur le cahier des charges trop volumineux du rendez-vous citoyen me paraissent s'appliquer à cette modification.
Le Gouvernement l'a déjà dit devant l'Assemblée nationale, il le dit de nouveau devant le Sénat, établir un bilan de santé des jeunes orienté vers leur information sur les risques qu'ils courent et sur la responsabilité qu'ils ont au regard de leur propre santé est un objectif de santé publique qui doit être atteint.
Le système des trois jours, auquel nous étions accoutumés, avait certes, des retombées positives en termes de santé publique, mais c'était avant tout un système d'appréciation de l'aptitude militaire. Compte tenu des exigences actuelles de la technique médicale, il nous paraît particulièrement difficile de conjuguer les deux objectifs.
La préférence du Gouvernement va à un système de contrôle de santé général pour les jeunes qui prépare leur prise de responsabilité au regard de leur maintien en bonne santé.
Par ailleurs, le Gouvernement a besoin de plus de temps. Je rappelle que nous avons été obligés de présenter ce projet de loi rapidement, dès la rentrée parlementaire, parce qu'il y a, aujourd'hui, un vide juridique. Ce n'est pas à la même échéance que nous pouvons faire des propositions pratiques applicables sur le bilan de santé des jeunes.
J'insiste donc auprès du Sénat pour que nous soit laissé le temps de la réflexion et de la concertation. Le projet de loi de financement de la sécurité sociale doit être présenté dans un délai qui est fixé par la Constitution. Tout système de bilan de santé généralisé, souhaitable dans son principe, a un coût budgétaire relativement important, et la répartition de ce coût entre les différentes instances de financement possibles est un sujet délicat. Ce n'est donc pas pour l'année 1998 que pourra être proposé un système définitif.
C'est la raison pour laquelle je demande au Sénat de bien examiner les conséquences que pourrait avoir l'inscription dans la loi d'une obligation que l'Etat ne pourrait pas assumer, en raison du cumul d'un objectif militaire et du bilan de santé des jeunes, qui est un objectif civil.
L'amendement de la commission, de ce point de vue, n'améliore pas la cohérence du texte.
S'agissant du sous-amendement n° 30, il s'y oppose, me semble-t-il, un argument de forme.
L'article L. 111-2, dont nous débattons, fixe les principes du code du service national. On peut donc tout à fait logiquement, même si je ne suis pas d'accord, inscrire dans ces principes que l'appel de préparation à la défense comporte un bilan scolaire et médical. En revanche, les modalités de cet appel de préparation à la défense sont prévues à l'article L. 114. C'est donc à cet article que pourrait être discuté le sous-amendement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 30, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 6.
M. Robert-Paul Vigouroux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vigouroux.
M. Robert-Paul Vigouroux. Il serait dommage que nous nous arrêtions à une simple question de terminologie alors que, me semble-t-il, nous sommes tous d'accord.
J'ai parlé tout à l'heure des rencontres armées-santé. Effectivement, ce n'est pas durant cette journée d'appel qu'elles doivent se faire ; c'est auparavant. C'est dans les écoles que des représentants des armées de terre, de mer ou de l'air peuvent venir expliquer ce qu'est l'armée. J'ai également fait allusion aux informations par les multimédias. C'est à ce stade que doivent se placer les rencontres.
Cette journée, elle, est une journée où, en définitive, on va un peu plus loin. C'est plus qu'une rencontre, cette dernière étant préalable. C'est là que des décisions peuvent être prises, en particulier celle d'être volontaire ou non, par ceux qui sont présents.
Quant au bilan médical, nous sommes tous d'accord pour dire qu'il est nécessaire à notre jeunesse, mais à condition que ce soit un vrai bilan. S'il était possible de savoir rapidement, en fonction de la taille, du poids, de la tension artérielle, au besoin d'une radiologie, si un jeune était apte ou non, il n'en va pas de même du bilan de santé. Ce dernier peut être très rapide si le jeune n'a rien : on fait un examen d'urine, un examen de sang, on l'ausculte, on discute avec lui ; c'est l'affaire de dix minutes. Mais si le jeune a quoi que ce soit, on est obligé d'aller plus loin, de faire des examens complémentaires, si l'on veut être sérieux, ce qui peut nécessiter une semaine. De plus, il pourait y avoir une incompréhension entre le jeune et le médecin, qui ne le connaît pas, et cela jouerait contre la qualité de cet examen.
Si donc nous sommes tous d'accord sur la nécessité d'un bilan, il doit s'agir d'un vrai bilan.
En conséquence, il faut le faire avant et, à cet égard, puisque cela ne peut pas figurer dans ce projet de loi, nous aimerions, à tout le moins, que M. le ministre contribue à trouver le financement et à fixer les modalités de ce vrai bilan de santé pour les jeunes garçons et pour les jeunes filles à un âge qu'il nous faudra fixer.
Pour toutes ces raisons, je suis évidemment défavorable à l'amendement, qui ne résout pas le problème, tout en considérant qu'il comporte certains éléments qu'il nous faudra discuter et que nous ne pouvons éluder.
M. Jacques Habert. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert. Il s'agit évidemment d'un amendement fondamental, le seul probablement sur lequel notre commission et la majorité de notre assemblée diffèrent complètement de l'opinion du Gouvernement.
Monsieur le ministre, le texte de l'article L. 111-2, tel qu'il est rédigé dans votre projet de loi, mentionne « l'appel sous les drapeaux ». Cela ne correspond plus à la réalité.
Il faudrait y ajouter, comme la commission le prévoit à juste titre dans son amendement, les mots : « si la défense de la nation le justifie ». (M. le ministre fait un signe d'assentiment.) Si tel avait été le cas, nous l'aurions alors considéré plus favorablement.
Par ailleurs, j'ai dit dans mon exposé liminaire ce que je pensais du mot « rencontre ». Il est peut-être contestable. Je le préfère cependant à l'expression « appel de préparation à la défense », à cause, notamment, de la connotation très désagréable des trois lettres APD par lesquelles on va probablement le désigner. C'est peut-être un peu stupide, mais il faut y réfléchir. (M. le ministre opine.)
Vous êtes hostile à l'introduction du mot « conscription », monsieur le ministre. A mes yeux, pourtant, ce mot est important. Je note d'ailleurs que bien des voix s'étaient élevées à gauche, à l'occasion de la discussion de la loi Millon, pour dire qu'il fallait non pas supprimer la conscription, mais simplement la suspendre.
Personnellement, j'ai été heureux que la commission décide, non sans une certaine audace, de la réintroduire, en ajoutant, naturellement, « si la défense de la nation le justifie », ce qui est bien normal.
Depuis la loi de fructidor an VI du maréchal Jourdan, le vainqueur de Fleurus, la conscription, souvent contestée, quelquefois supprimée, toujours rétablie, a traversé les âges. Nous en fêterons bientôt le bicentenaire, peu avant le bicentenaire du Sénat, créé par la Constitution de l'an VIII - mais cela est une autre histoire !
La conscription a été pour le pays un ferment d'égalité et de fraternité. Comme l'a dit l'un de vos prédécesseurs : « La conscription est intimement liée, de Valmy à Verdun, à l'histoire républicaine. »
Pour cette raison, je voterai l'amendement, comme, je le pense, la majorité de notre assemblée.
M. Emmanuel Hamel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Hamel.
M. Emmanuel Hamel. Etant fondamentalement en désaccord avec ce projet de loi, qui me paraît non seulement grave mais dangereux pour l'avenir de la France et néfaste au regard du devoir d'une solidarité nationale plus active, d'un esprit de défense plus vigilant, de moyens plus puissants pour la défense de la nation face aux risques extérieurs qui peuvent, plus rapidement qu'on ne le pense, peser à nouveau sur elle, pour ces raisons, à mon regret, quelle que soit l'estime que je porte à M. le ministre, je ne pourrai que voter contre ce projet de loi, que je réprouve fondamentalement, et contre les amendements qui s'y rattachent.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 6, repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 5 : :

Nombre de votants 317
Nombre de suffrages exprimés 300
Majorité absolue des suffrages 151
Pour l'adoption 219
Contre 81

En conséquence, le texte proposé pour l'article L. 111-2 du code du service national est ainsi rédigé et il sera procédé à la coordination nécessaire.

ARTICLE L. 111-3 DU CODE DU SERVICE NATIONAL

M. le président. Par amendement n° 7, M. Vinçon, au nom de la commission, propose, dans le premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 111-3 du code du service national, après les mots : « concours personnel », d'insérer les mots : « et temporaire ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur. Cet amendement vise à rappeler que le volontariat ne saurait s'inscrire dans une logique d'emploi permanent, en dépit de la confusion introduite par le Gouvernement entre le volontariat et les emplois-jeunes.
Il convient donc de souligner que le volontaire apportera un concours « temporaire » à une mission d'intérêt général.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Le Gouvernement est favorable à cet amendement. Cela montre bien qu'il n'y avait aucune confusion ni dans son raisonnement, ni dans son expression !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 7, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, le texte proposé pour l'article L. 111-3 du code du service national.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLE L. 112-1 DU CODE DU SERVICE NATIONAL

M. le président. Par amendement n° 8, M. Vinçon, au nom de la commission, propose, dans la première phrase du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 112-1 du code du service national, de remplacer les mots : « après le 31 décembre 1982 » par les mots : « après le 31 décembre 1983 ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur. Cet amendement vise, comme l'amendement suivant, n° 9, à revenir aux dates qui figuraient dans le texte initial du projet de loi pour l'application aux jeunes filles du service national rénové.
Cette modification tend à compenser le fait que, dans un article ultérieur, la commission proposera d'étendre les nouvelles obligations du service national aux jeunes gens nés en 1979, que le projet de loi dispense de toute obligation.
Le report d'une année de l'application aux jeunes filles du nouveau service national - par rapport au texte adopté par l'Assemblée nationale - a pour objet, sans compromettre l'universalité du nouveau système, de ménager les conditions de la montée en puissance du nouveau service national.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Le Gouvernement s'en remettra à la sagesse du Sénat sur cette proposition, sachant que l'Assemblée nationale avait souhaité avancer d'une année l'entrée des jeunes filles dans le dispositif, mais que nous étions à la limite des possibilités techniques.
Le Gouvernement a accepté cette charge supplémentaire pour prendre en compte la préoccupation - qui, je crois, peut rassembler beaucoup - que les dates d'application de la loi pour les filles et les garçons soient les plus proches possible.
Par ailleurs - nous en reparlerons lorsque l'amendement correspondant sera discuté - le fait que les jeunes filles ne soient soumises à l'obligation de recensement et d'appel de préparation à la défense qu'un an plus tard ne facilitera pas l'avancement du dispositif pour les jeunes qui sont nés en 1979. De toute manière, nous aurons une impossibilité pratique pendant l'essentiel de l'année 1998 de faire venir à cette nouvelle formule deux classes d'âge superposées.
En conséquence, il me semble que le Sénat, s'il accepte de prendre en compte cette difficulté d'ordre pratique, pourrait voir l'intérêt d'une anticipation d'un an - qui a été discutée et acceptée par l'Assemblée nationale - de l'entrée des jeunes filles dans le nouveau dispositif.
Je crois savoir que la Haute Assemblée a été sensible au gain d'efficacité que le recensement des jeunes filles apporterait au système d'inscription automatique sur les listes électorales.
Comme vous l'avez judicieusement noté, tant que l'on ne dispose pas de listes de recensement bien fiabilisées à la fois des jeunes filles et des jeunes garçons, on ne peut fonder l'inscription d'office sur les listes électorales que sur des fichiers qui n'ont pas véritablement de caractère civique ; cela pose donc une difficulté pratique.
Il s'agit là d'un des motifs qui ont conduit le Gouvernement à accepter, malgré l'effort administratif que cela représente, une anticipation au 1er janvier 1999 du recensement des jeunes filles.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 8, sur lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 9, M. Vinçon, au nom de la commission, propose, à la fin de la seconde phrase du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 112-1 du code du service national, de remplacer les mots : « 1er janvier 1999 » par les mots : « 1er janvier 2000 ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur. Mon argumentation est la même que pour l'amendement précédent.
J'ajouterai simplement que la commission souhaite que les jeunes nés en 1979 puissent tous effectuer la Rencontre armées-jeunesse. Pour cela, mieux vaux reporter les dates.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? M. Alain Richard, ministre de la défense. Comme sur l'amendement précédent, le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?... Je mets aux voix l'amendement n° 9, sur lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 112-1 du code du service national.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLE L. 112-2 DU CODE DU SERVICE NATIONAL

M. le président. Par amendement n° 10, M. Vinçon, au nom de la commission, propose, dans le premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 112-2 du code du service national, de remplacer les mots : « L'appel sous les drapeaux est suspendu » par les mots : « La conscription est suspendue ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur. Cet amendement est en quelque sorte la conséquence de la rédaction que nous avons adoptée pour le texte proposé pour l'article L. 111-2 du code du service national.
Je veux insister sur le fait que le mot « conscription » est celui qui figure dans notre législation depuis la loi Jourdan. Son contour juridique est précis. L'expression « appel sous les drapeaux » n'a, lui, jamais figuré dans notre législation.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Dans la législation traditionnelle, le terme « conscription » englobe à la fois le recensement et l'appel sous les drapeaux. Si l'on dispose que l'on suspend la conscription, cela signifie que l'on suspend également le recencement.
L'avis du Gouvernement est donc défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 10, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 11, M. Vinçon, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi le second alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 112-2 du code du service national :
« Elle est rétablie par la loi dès lors que les conditions de la défense de la nation l'exigent. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur. Il s'agit de revenir aux conditions du rétablissement de la conscription telles qu'elles étaient définies dans le texte initial du projet de loi.
Le rétablissement de la conscription devrait en effet obéir au seul souci d'assurer la défense de la nation et ne devrait pouvoir constituer qu'une réponse exceptionnelle à la résurgence d'une menace majeure.
Il convient donc de supprimer, dans l'article L. 112-2 du code du service national, la référence aux objectifs assignés aux armées, qui pourrait permettre, si l'on se réfère aux débats de l'Assemblée nationale, de procéder au rétablissement de la conscription pour remettre en cause la professionnalisation.
Or il ne paraît pas pertinent d'admettre d'emblée qu'une réforme aussi lourde que la professionnalisation puisse être subordonnée à des appréciations contingentes.
Nous proposons donc de définir un critère simple de rétablissement éventuel de la conscription qui se réfère clairement et exclusivement aux exigences liées à la défense de la nation.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Il me semble avoir été précis lors du débat devant l'Assemblée nationale, auquel M. le rapporteur a bien voulu se référer : pour le Gouvernement, l'expression « objectifs assignés aux armées » n'est pas synonyme d'une remise en cause de la professionnalisation des armées.
Le Gouvernement ne se hasarderait pas à manifester une hésitation sur un point aussi fondamental. Je voudrais emporter la conviction de M. le rapporteur ; si je n'y parviens pas, cela veut dire que le désaccord est profond et que notre incompréhension risque de s'accroître.
En effet, en acceptant ce texte à l'Assemblée nationale, le Gouvernement n'a nullement voulu laisser entendre son intention de remettre en cause la politique sur laquelle il s'engage. Si le rapporteur pense le contraire, il exprime de la défiance à l'égard du Gouvernement. Pour être politiquement dans son droit le plus strict, il n'en modifie pas moins la nature du débat, c'est évident.
Il nous semble que c'est sagesse, quand on fait référence - puisqu'il faut bien voir de quoi il s'agit - à ce que pourrait être la motivation d'une future loi qui porterait rétablissement total ou partiel de l'appel sous les drapeaux, de faire en sorte qu'elle soit large. Il faut notamment qu'elle inclue la prise en compte de nouvelles menaces, de nouvelles situations de défense, qui ont été évoquées dans la discussion générale ce matin et cet après-midi et qui ne peuvent pas, aujourd'hui, donner lieu à une appréciation limitative.
J'insiste donc pour que le Sénat ne réduise pas le débat à une alternative : ou il y a changement de situation géostratégique d'une seule nature, et on rétablit l'appel sous les drapeaux ; ou on maintient le système existant. Il peut y avoir des situations intermédiaires, s'exprimant dans des objectifs nouveaux assignés aux armées. Il me semble plus raisonnable et plus prudent de prévoir cet ensemble d'hypothèses.
M. Michel Moreigne. Très bien !
M. Serge Vinçon, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur. Sans vouloir ouvrir un débat dans le débat, monsieur le ministre, je voudrais faire observer au Sénat que l'amendement de la commission vise à revenir au texte initial du Gouvernement.
Il me semble plus clair d'envisager le retour à la conscription dans le cas simple, clair et exclusif de la résurgence d'une menace majeure pour le pays.
M. Xavier de Villepin, président de la commission. Très bien !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 11, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix modifié, le texte proposé pour l'article L. 112-2 du code du service national.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLE L. 112-3 DU CODE DU SERVICE NATIONAL

M. le président. Sur le texte proposé pour l'article L. 112-3 du code du service national, je me suis saisi d'aucun amendement.
Personne ne demande la parole ?...
Je le mets aux voix.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLE L. 112-4 DU CODE DU SERVICE NATIONAL

M. le président. Par amendement, n° 12, M. Vinçon, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi le premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 112-4 du code du service national :
« Les jeunes hommes nés en 1979 sont soumis à l'obligation de participer à la Rencontre armées-jeunesse avant le 31 décembre 1999. »
La parole et à M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur. Cet amendement vise à soumettre à l'obligation de participer à la Rencontre armées-jeunesse les jeunes gens nés en 1979, que le projet de loi dispense de toute obligation. L'extension du service national rénové à ces jeunes gens répond à un souci d'équité.
Cette mesure implique cependant un rattrapage rapide de la situation des jeunes gens nés en 1979 par l'administration chargée du service national.
En conséquence, alors que les jeunes gens nés en 1980, 1981 et 1982 devront participer à la Rencontre armées-jeunesse avant leur dix-neuvième anniversaire, ceux qui sont nés en 1979 devront accomplir cette obligation avant le 31 décembre 1999, c'est-à-dire au plus tard pendant l'année de leurs vingt ans.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Le Gouvernement accueille avec sympathie les objectifs de cet amendement, mais il veut rendre le Sénat témoin des grands obstacles pratiques qui s'y opposent.
M. le rapporteur nous dit qu'il faudrait procéder à un rattrapage rapide de la situation. Certes, nous le souhaiterions tous. Depuis le 1er février 1997, les jeunes de dix-huit ans ne sont plus appelés. Nous sommes au mois d'octobre et nous n'avons toujours pas de loi pour préciser leur situation.
Nous sommes favorables à un rattrapage rapide, de la situation ; d'ailleurs nous sommes en train d'y procéder.
Toutefois, une année ayant été neutralisée du fait de l'interruption du débat législatif par les événements de la République, si nous appelions les jeunes nés en 1979 au milieu ou à la fin de l'année 1998 - le système ne pourra en effet pas être mis en place plus rapidement - nous les astreindrions à cette obligation dans leur vingtième année ou à vingt ans. Or le Gouvernement - et c'est l'une des bases du système qu'il propose - souhaite organiser rapidement, le plus rapidement possible, avant l'âge de dix-huit ans, cette obligation civique, qui devra coïncider avec la majorité.
De plus, cela reviendrait, dès la première année de mise en oeuvre du dispositif, à augmenter de 400 000 le nombre de jeunes devant participer à l'appel de préparation à la défense, soit un doublement de la charge !
Le Gouvernement est obligé de dire franchement au Sénat que cela n'est pas réalisable sur le plan pratique, et c'est la raison pour laquelle il a proposé, à son grand regret - mais le trou d'un an n'a pas été créé par ce gouvernement - le simple envoi d'une information écrite.
Je veux aussi préciser, pour des motifs de principe cette fois, que les jeunes nés en 1979 ne sont pas dispensés de toute obligation. Si l'appel sous les drapeaux était rétabli avant leurs vingt-cinq ans, ils y seraient soumis. Cela a fait l'objet d'un amendement déposé à l'Assemblée nationale, auquel le Gouvernement a souscrit parce que, en effet, par rapport au texte initial du projet de loi, il y avait un risque d'inégalité devant la loi.
Nous l'avons compensé en prévoyant que ces jeunes pourront être rappelés, puisque le nouveau régime du service national s'appliquera à eux. Au niveau du principe juridique, il y a donc bien égalité dans cette classe d'âge.
Les motifs pratiques que j'ai indiqués me paraissent s'opposer à la tentation de cumuler deux générations la première année d'entrée en service de la convocation de défense, ce cumul comportant un risque sérieux d'inefficacité et de désordre.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 12, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, le texte proposé pour l'article L. 112-4 du code du service national.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLES L. 112-5, L. 112-6 ET L. 113-1 À L. 113-3
DU CODE DU SERVICE NATIONAL

M. le président. Sur les textes proposés pour les articles L. 112-5, L. 112-6 et L. 113-1 à L. 113-3 du code du service national, je ne suis saisi d'aucun amendement.
Personne ne demande la parole ?...
Je les mets aux voix.

(Ces textes sont adoptés.)

ARTICLE L. 113-4 DU CODE DU SERVICE NATIONAL

M. le président. Par amendement n° 13, M. Vinçon, au nom de la commission, propose, au début du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 113-4 du code du service national, d'ajouter les mots : « Avant l'âge de vingt-cinq ans, ».
La parole est M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur. Cet amendement vise à atténuer les sanctions susceptibles d'être infligées pour non-accomplissement du recensement, en revenant au texte du Gouvernement, qui prévoyait qu'au-delà de l'âge de vingt-cinq ans les sanctions prévues par le projet de loi, c'est-à-dire l'impossibilité de s'inscrire aux examens et concours organisés sous le contrôle de l'autorité publique, devenaient sans objet.
Cet amendement permet de rétablir l'équilibre entre le recensement et la Rencontre armées-jeunesse, car l'Assemblée nationale n'a aggravé les sanctions que dans le cas du non-accomplissement du recensement, maintenant, à l'égard de la Rencontre armées-jeunesse, la limite d'âge de vingt-cinq ans au-delà de laquelle il ne peut plus être prévu de sanctions.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat sur ce point, car, s'il comprend la motivation qui a été celle de l'Assemblée nationale et qui consistait à appliquer le principe de l'obligation de recensement sans distinction d'âge, il convient que les effets pratiques de l'obligation de recensemement après vingt-cinq ans sont limités. Des arguments pratiques peuvent donc aller dans le sens de la réintroduction de la limite d'âge de vingt-cinq ans.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 13, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, le texte proposé pour l'article L. 113-4 du code du service national.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLES L. 113-5, L. 113-5-1, L. 113-6 ET L. 113-7
DU CODE DU SERVICE NATIONAL

M. le président. Sur les textes proposés pour les articles L. 113-5, L. 113-5-1, L. 113-6 et L. 113-7 du code du service national, je ne suis saisi d'aucun amendement.
Personne ne demande la parole ?...
Je les mets aux voix.

(Ces textes sont adoptés.)

ARTICLE L. 114-1 DU CODE DU SERVICE NATIONAL

M. le président. Par amendement n° 14, M. Vinçon, au nom de la commission, propose, au début du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 114-1 du code du service national, de supprimer les mots : « A partir de la rentrée 1998, ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur. S'agissant de l'enseignement des objectifs de la défense et de l'organisation de la défense dans l'éducation nationale, nous voulons supprimer l'expression « A partir de la rentrée 1998 ». En effet, nous pensons que, dès le vote de la loi, il va de soi que cet enseignement aura lieu.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Je comprends le sens politique de l'affirmation de la commission, mais j'imagine que si la commission des affaires culturelles avait été saisie de cette proposition elle n'aurait sans doute pas approuvé les conséquences pratiques de cette affirmation politique.
Chacun sait bien ici que la modification d'un programme de l'éducation nationale visant à s'appliquer également à tous les jeunes réclame un certain délai. M. de Villepin recommandait tout à l'heure la préparation et la discussion d'un nouveau protocole éducation nationale - défense.
Si, comme nous l'espérons, ce projet de loi entre en vigueur dès le mois de novembre, il est pratiquement impossible de demander à des enseignants qui n'y auront pas été préparés de dispenser, dès la rentrée de la Toussaint, un enseignement dont le programme n'aura pas été rédigé.
Cet amendement a un caractère proclamatoire que je respecte, mais il serait, je crois, profondément malhonnête de la part du Gouvernement de laisser entendre qu'il peut avoir la moindre suite pratique.
M. le président. Je me garderai de tout commentaire personnel, quoique j'en aie très envie, monsieur le ministre !
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 14, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 1, MM. Estier, Delanoë, Rouvière, Mélenchon, Madrelle, et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans le texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 114-1 du code du service national, après les mots : « les principes et l'organisation de la défense nationale », d'insérer les mots : « et les principes et les objectifs de la politique étrangère et de sécurité commune, ».
La parole est à M. Delanoë.
M. Bertrand Delanoë. Au moment de préciser que va être dispensé à l'école un enseignement relatif aux principes et à l'organisation de la défense nationale, nous souhaitons élargir le contenu de cet enseignement pour y ajouter, conformément à l'explication que j'ai donnée tout à l'heure, « les principes et les objectifs de la politique étrangère et de sécurité commune ».
Il ne suffit pas de parler de défense nationale, encore faut-il préciser : une défense nationale pour quoi faire et dans quel cadre ?
Pour gagner du temps, j'indique par avance que je suis favorable au sous-amendement que M. le rapporteur de la commission a l'intention de déposer pour améliorer la rédaction de mon amendement.
M. le président. Comme M. Delanoë vient de l'indiquer, j'ai effectivement été saisi par la commission d'un sous-amendement n° 36, présenté par M. Vinçon, au nom de la commission, et tendant, au début du texte de l'amendement n° 1, à remplacer le mot : « et » par les mots : « ainsi que ».
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 1 ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Le Gouvernement est favorable à cet amendement.
Je souligne qu'un débat de nature similaire a eu lieu devant l'Assemblée nationale, débat au cours duquel certains députés ont souhaité que le contenu communautaire de cette sensibilisation à la sécurité et à la défense figure dans l'appel de préparation à la défense.
Compte tenu des limites pratiques et de la concentration stricte de l'appel de préparation à la défense sur des objectifs de vie militaire concrète, je n'y ai pas été favorable, cela me paraissant constituer une surcharge, d'inspiration positive certes, mais de pratique difficile, de l'appel de préparation à la défense.
En revanche, dans le cadre du programme scolaire, cela paraît être une extension tout à fait souhaitable et conforme à des engagements européens qui sont partagés sur toutes les travées.
M. Emmanuel Hamel. Pas de la même manière ! Quelle Europe ?
M. le président. Pardonnez-moi, monsieur le rapporteur, j'ai omis de demander d'abord l'avis de la commission sur l'amendement n° 1.
M. Serge Vinçon, rapporteur. La commission est favorable à cet amendement et le sous-amendement qu'elle a disposé est d'ordre purement rédactionnel.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 36.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 1, accepté par la commission et par le Gouvernement.
M. Emmanuel Hamel. Je vote contre !

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 2, MM. Estier, Delanoë, Rouvière, Mélenchon, Madrelle et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de compléter le texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 114-1 du code du service national par un alinéa ainsi rédigé :
« Cet enseignement a pour objet de renforcer le lien armée-nation tout en sensibilisant la jeunesse à son devoir de défense. »
La parole est à M. Delanoë.
M. Bertrand Delanoë. Chacun a en tête l'article L. 114-1 du code du service national, qui précise que l'on va dispenser en milieu scolaire un enseignement obligatoire afin de sensibiliser les jeunes à ces questions de défense. Nous venons d'ailleurs d'élargir le champ de cet enseignement.
Je propose de le préciser encore afin de bien montrer qu'il s'agit de l'un des éléments de la refondation du lien armées-nation.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Serge Vinçon, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Même avis, monsieur le président.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 2, accepté par la commission et par le Gouvernement.
M. Emmanuel Hamel. Je le voterai !

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix le texte présenté pour l'article L. 114-1 du code du service national.
M. Franck Sérusclat. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Sérusclat.
M. Franck Sérusclat. Cet article a pour objet d'inciter, d'obliger même, l'éducation nationale à prendre parti et à développer les positions de l'armée.
J'ai bien conscience que ma voix va être discordante. Ce que je ne sais pas, c'est si ma voix sera celle d'un attardé ou si, au contraire, elle sera prémonitoire.
Elle pourrait être celle d'un attardé, car une telle initiative figurait dans les textes en 1880, l'école devant alors préparer à la revanche, et ce dès la fin de l'école primaire. Elle apprenait donc aux enfants à marcher au pas et à utiliser une arme. En outre, les textes prévoyaient la présence dans les classes d'un ratelier de fusils conformes à ceux qui étaient utilisés, mais plus légers.
C'est la voix attardée de ceux qui utilisent la même précaution au moment où il est question de l'Europe citoyenne, qui, pour moi, est en construction et qui fait que la défense nationale, englobée dans un contexte commun, n'a plus de raison d'être en elle-même. (Protestations sur les travées du RPR.)
En définitive, c'est donc l'une des raisons pour lesquelles je suis hostile à cette conception. Il n'est en effet pas concevable de faire apprendre les gestes de défense nationale dans un contexte européen sans être en contradiction avec soi-même !
De plus, de quelle défense nationale s'agit-il quand on sait que, si une guerre devait avoir lieu, elle serait déclenchée dans un sous-sol, un abri, en appuyant sur un bouton, et que nul ne pourrait intervenir ?
Il eût donc été plus judicieux, plus socialiste, plus « jauressien »... (Exclamations sur les travées du RPR) de dire qu'un peu de nationalisme mène à l'internationalisme, mais que trop de nationalisme enferme.
C'est pourquoi, résolument, en dépit des déceptions que je vais susciter autour de moi, je voterai contre le texte proposé pour l'article L. 114-1 du code du service national.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 114-1 du code du service national.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLE L. 114-2 DU CODE DU SERVICE NATIONAL

M. le président. Par amendement n° 15, M. Vinçon, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi le texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 114-2 du code du service national :
« Art. L. 114-2. - En complément de cet enseignement, tous les jeunes Français sont tenus, entre la date du recensement et leur dix-huitième anniversaire, de participer à la Rencontre armées-jeunesse, à l'issue de laquelle il leur est délivré un certificat individuel de participation. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur. Avec cet amendement, nous proposons une rédaction de l'article L. 114-2 du code du service national qui soit cohérente avec la nouvelle dénomination « Rencontre armées-jeunesse » et qui supprime toute référence à la durée de cette obligation, notamment dans la perspective de l'extension de celle-ci à un bilan de santé des jeunes et pour laisser place, éventuellement, aux expérimentations nécessaires.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Le Gouvernement pourrait être favorable à cet amendement d'un point de vue strictement rédactionnel, car il est en effet plus simple et plus synthétique que la succession d'alinéas qui constituent aujourd'hui l'article L. 114-2 du code du service national. Toutefois, une divergence sur le choix des termes subsiste, bien qu'elle ne soit pas insurmontable.
Mais il existe un point sur lequel je crois nécessaire d'appeler l'attention du Sénat : il ne me paraît pas possible, constitutionnellement, que la loi ne fixe pas la durée pendant laquelle doit être remplie l'obligation de la Rencontre armées-jeunesse. Aux termes de la Constitution la loi détermine les sujétions imposées aux citoyens au nom de la défense nationale. Il est donc impensable que ce gouvernement, pas plus qu'aucun autre d'ailleurs, outrepasse ses droits en fixant par décret la durée de l'accomplissement de cette obligation. Un tel décret serait immanquablement frappé de nullité par la juridiction compétente.
Si cet amendement contenait une précision de durée, le Gouvernement s'en remettrait à la sagesse du Sénat. A défaut, il ne peut qu'y être défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 15, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, le texte proposé pour l'article L. 114-2 du code du service national est ainsi rédigé.

ARTICLE L. 114-3 DU CODE DU SERVICE NATIONAL

M. le président. Je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 16, M. Vinçon, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi le texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 114-3 du code du service national :
« Art. L. 114-3. - La Rencontre armées-jeunesse apporte aux jeunes Français une information générale sur les objectifs de la défense nationale, ainsi que sur les moyens civils et militaires de la défense et leur organisation. Elle permet de présenter aux jeunes les différentes formes de volontariat, ainsi que les possibilités d'engagement dans les forces armées et dans les forces de réserve. Elle permet aussi de dresser avec eux un bilan de leur situation personnelle, qui comprend notamment un examen du dossier médical et des tests d'évaluation des apprentissages fondamentaux de la langue française. »
Les deux amendements suivants sont présentés par MM. Estier, Delanoë, Rouvière, Mélenchon, Madrelle et les membres du groupe socialiste et apparentés.
L'amendement n° 3 vise, dans le premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 114-3 du code du service national, après les mots : « de la défense nationale, », à insérer les mots : « les principes et les objectifs de la politique étrangère et de sécurité commune, ».
L'amendement n° 4 tend à supprimer le second alinéa du texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 114-3 du code du service national.
Par amendement n° 26 rectifié, MM. About et Trucy proposent de compléter le second alinéa du texte présenté par l'article 1er pour insérer un article L. 114-3 dans le code du service national par une phrase ainsi rédigée : « En fonction des résultats, on pourra proposer un suivi personnalisé après cette journée aux jeunes souffrant d'illettrisme. »
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 16.
M. Serge Vinçon, rapporteur. Cet amendement tend à proposer une nouvelle rédaction de l'article L. 114-3 du code du service national qui soit cohérente avec le choix de la dénomination « Rencontre armées-jeunesse » et qui étende expressément le contenu de cette obligation à un bilan de santé sans exclure que celui-ci s'appuie sur un examen effectué en dehors du temps du service national.
M. le président. La parole est à M. Delanoë, pour présenter les amendements n°s 3 et 4.
M. Bertrand Delanoë. Les arguments que j'ai avancés tout à l'heure à propos de l'enseignement de la défense à l'école, je pourrais les présenter à nouveau à propos de l'appel de préparation à la défense.
Mon amendement vise à ajouter au contenu de l'enseignement dispensé aux jeunes Français « les principes et les objectifs de la politique étrangère et de sécurité commune ».
En effet, je ne vois pas au nom de quoi on pourrait créer une adhésion des citoyens, jeunes ou moins jeunes, à une préoccupation de défense si on ne leur dit pas pourquoi ni dans quel contexte elle s'inscrit. Je pense notamment à l'objectif de sécurité commune.
J'en viens à l'amendement n° 4.
On a dit, au cours du débat, que la durée de l'appel de préparation à la défense était brève. Or, parallèlement, on prévoit qu'un bilan scolaire, un bilan de santé doivent avoir lieu à cette occasion. Je crois qu'il faut recentrer l'appel de préparation à la défense uniquement sur la défense puisqu'il ne dure que quelques heures. C'est pourquoi je propose de supprimer, dans l'article L. 144-3, les mots : « A cette occasion sont organisés des tests d'évaluation des apprentissages fondamentaux de la langue française. »
Je suis évidemment favorable à ce que de tels tests aient lieu. Mais je ne vois pas pourquoi ce serait à l'institution de la défense nationale d'exercer ce service public. On demande un certain nombre de choses à l'école, il me semble qu'on devrait d'abord lui demander cela.
M. le président. La parole est à M. Trucy, pour défendre l'amendement n° 26 rectifié.
M. François Trucy. L'organisation des tests d'évaluation des apprentissages fondamentaux de la langue française n'aurait aucun intérêt si, à l'issue de cette journée, les jeunes chez qui on a décelé un fort degré d'illettrisme n'étaient pas suivis. Il convient donc d'offrir à ces jeunes une formation en vue de combler leurs lacunes. Il est évident que l'adolescent se sentira mieux intégré s'il maîtrise correctement sa langue maternelle, et ce pour des démarches administratives ou des lettres d'embauche. L'intérêt de ces tests ne doit pas se limiter à la réalisation d'un simple sondage grandeur nature.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 3, 4 et 26 rectifié ?
M. Serge Vinçon, rapporteur. S'agissant de l'amendement n° 3, nous avons noté les intentions de M. Delanoë et nous n'y sommes pas opposés. S'il en est d'accord, nous serions prêts à intégrer le texte de son amendement dans l'amendement de la commission.
En revanche, la commission est défavorable à l'amendement n° 4.
Elle a modifié le contenu de la Rencontre armées-jeunesse par rapport à celui de l'appel de préparation à la défense précisément pour l'étendre au bilan de la situation personnelle des jeunes sur les plans scolaire et médical, bilan qui comprend une détection de l'illettrisme.
Enfin, la commission est favorable à l'amendement n° 26 rectifié.
M. le président. Monsieur Delanoë, je me permets de vous suggérer de transformer votre amendement n° 3 en sous-amendement à l'amendement n° 16.
M. Bertrand Delanoë. Je ne puis accepter cette suggestion, monsieur le président, car je suis en désaccord avec l'amendement n° 16.
M. le président. C'est pourtant, mon cher collègue, la seule procédure possible si vous souhaitez que votre proposition figure dans le texte : si l'amendement de la commission est adopté, le vôtre deviendra sans objet.
M. Bertrand Delanoë. Dans ces conditions, et quoique je ne sois pas favorable, je le répète, à l'amendement n° 16, j'accepte de transformer mon amendement en sous-amendement.
M. le président. Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° 3 rectifié, présenté par MM. Estier, Delanoë, Rouvière, Mélenchon, Madrelle et les membres du groupe socialiste et apparentés, et tendant à insérer dans la première phrase du premier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 16 pour l'article L. 114-3 du code du service national, après les mots : « ainsi que », les mots : « les principes et les objectifs de la politique étrangère et de sécurité commune, et ».
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 16, le sous-amendement n° 3 rectifié et les amendements n°s 4 et 26 rectifié ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. A propos de l'amendement n° 16, j'invoquerai le même argument que celui que j'ai avancé tout à l'heure : il n'est pas de bonne méthode législative d'inscrire dans la loi qu'un examen du dossier médical doit avoir lieu alors que la mise en oeuvre de cette mesure n'est pas possible et qu'aucun financement n'est prévu.
Le Sénat connaît la position du Gouvernement, qui a exprimé un autre choix législatif. La suite de la navette permettra, je l'espère, de dégager une position de synthèse.
Je rappelle que le précédent dispositif qui avait été envisagé se heurtait également à des obstacles pratiques importants. C'est donc le seul motif, mais c'est un motif déterminant, qui me fait émettre un avis défavorable sur l'amendement n° 16.
S'agissant du sous-amendement n° 3 rectifié, je répéterai que, dans la logique qu'a adoptée le Gouvernement en concentrant cette journée de préparation à la défense sur une initiation pratique des jeunes au fonctionnement de la défense, l'exposé à caractère civique général du contexte européen de la défense ne se justifie pas. Ce que nous souhaitons continuer à nommer « l'appel de préparation à la défense » doit rester une journée de sensibilisation et d'initiation aux moyens pratiques de la défense. Même si elle s'inscrit dans une coopération et une mise en commun croissante d'objectifs européens, la défense restera le fait d'une organisation militaire nationale.
Aujourd'hui même, la pointe avancée du projet de défense européenne que constitue la brigade franco-allemande comporte des unités qui, dans la pratique militaire quotidienne, sont homogènes nationalement.
Donc, pour ce motif, je voudrais convaincre les auteurs de l'amendement que, s'ils ont satisfaction en ce qui concerne le contenu des programmes de sensibilisation à la défense dans l'éducation nationale, ce qu'ils proposent dans cet amendement est disproportionné avec les objectifs de la journée de préparation à la défense.
En revanche, le Gouvernement a estimé possible de maintenir les tests de détection de l'illetrisme dans le cadre de cette journée parce que, d'une part, le système est maintenant rôdé et peut fonctionner et que, d'autre part, si l'on veut que cette journée soit utile, un certain nombre de tests de compréhension de textes et de maniement du langage doivent être organisés de façon que les jeunes soient répartis en groupes homogènes pour faciliter la délivrance des autres éléments de formation.
Toutefois, si le Gouvernement pense que l'on pourrait maintenir la détection de l'illettrisme dans le cadre de la journée, il n'est pas favorable à l'amendement n° 26 rectifié dans la mesure où ce n'est pas à la loi de prévoir ce que l'on fera si les résultats des tests sont mauvais.
L'éducation nationale doit proposer aux jeunes des formations, je dis bien « proposer », parce que, par définition, le jeune a plus de seize ans et est sorti de l'obligation scolaire ; on ne peut donc que lui faire des propositions. Une obligation de moyens est imposée à l'éducation nationale, mais dans la loi on ne peut envisager les suites à donner à la détection de l'illettrisme.
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 3 rectifié.
M. Emmanuel Hamel. Je demande la parole contre.
M. le président. La parole est à M. Hamel.
M. Emmanuel Hamel. Le sujet est si grave que je serai délibérément d'une extrême brièveté.
La défense de la France, la défense de la nation française, la défense de la patrie, ce sens de la défense de la terre de nos anciens, que l'éducation nationale a mission de répandre dans la jeunesse, pour qu'elle soit non seulement capable d'un esprit de défense mais encore susceptible d'accepter le sacrifice de sa vie pour la défense de la patrie française, c'est-à-dire sa patrie, c'est autre chose que la politique étrangère et de sécurité commune !
Alors, ne créons pas la confusion et demandons à nos enseignants d'assumer le devoir sacré de répandre l'esprit de défense de la patrie, le patriotisme français, c'est-à-dire tout autre chose que ce que vise votre sous-amendement, monsieur Delanoë !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 3 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. Serge Vinçon, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur. Monsieur le président, tout à l'heure, j'ai oublié de préciser que la commission souhaitait voir l'amendement n° 26 rectifié transformé en sous-amendement à l'amendement n° 16. Il s'agirait de compléter le texte de notre amendement par la phrase suivante : « En fonction des résultats de ces tests, certains jeunes pourront se voir proposer un suivi personnalisé à l'issue de la Rencontre armées-jeunesse. »
M. le président. Monsieur Trucy, acceptez-vous de rectifier votre amendement dans le sens que vient d'indiquer M. le rapporteur ?
M. François Trucy. Oui, monsieur le président.
M. le président. Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° 26 rectifié bis, présenté par MM. About et Trucy et tendant à compléter le texte proposé par l'amendement n° 16 par une phrase ainsi rédigée : « En fonction des résultats de ces tests, certains jeunes pourront se voir proposer un suivi personnalisé à l'issue de la Rencontre armées-jeunesse. »
Je suppose, monsieur le ministre, que le Gouvernement est défavorable à ce sous-amendement.
M. Alain Richard, ministre de la défense. En effet, monsieur le président.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 26 rectifié bis, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 16, repoussé par le Gouvernement.
M. Emmanuel Hamel. Je vote contre.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, le texte proposé pour l'article L. 114-3 du code du service national est ainsi rédigé, et l'amendement n° 4 n'a plus d'objet.

articles l. 114-4 à l. 114-6-1, l. 114-7 et l. 114-8
du code du service national

M. le président. Sur les textes proposés pour les articles L. 114-4 à L. 114-6-1, L. 114-7 et L. 114-8 du code du service national, je ne suis saisi d'aucun amendement.
Personne ne demande la parole ?...
Je les mets aux voix.

(Ces textes sont adoptés.)

article l. 114-9 du code du service national

M. le président. Par amendement n° 18, M. Vinçon, au nom de la commission, propose, dans le premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 114-9 du code du service national, de remplacer les mots : « répondant à » par les mots : « participant à ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur. Il s'agit d'un amendement purement rédactionnel.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 18, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, le texte proposé pour l'article L. 114-9 du code du service national.

(Ce texte est adopté.)

articles l. 114-9-1 et l. 114-10
du code du service national

M. le président. Sur les textes proposés pour les articles L. 114-9-1 et L. 114-10 du code du service national, je ne suis saisi d'aucun amendement.
Personne ne demande la parole ?...
Je les mets aux voix.

(Ces textes sont adoptés.)

article l. 114-11 du code du service national

M. le président. Le texte proposé pour l'article L. 114-11 du code du service national a été supprimé par l'Assemblée nationale.

article l. 114-12 du code du service national

M. le président. Par amendement n° 28 rectifié, MM. de Cuttoli, Habert, Croze, d'Ornano, Cantegrit, Mme Brisepierre, MM. Durand-Chastel et Maman proposent de rédiger comme suit le texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 114-12 à insérer dans le code du service national :
« Art. L. 114-12 . - Les modalités d'application du présent chapitre sont fixées par décret en Conseil d'Etat. En ce qui concerne les Français établis hors de France, ces modalités sont prises après avis du Conseil supérieur des Français de l'étranger ou de son bureau permanent dans l'intervalle des sessions du Conseil. »
La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert. L'article L. 114-12 du code du service national prévoit que les modalités d'application du chapitre IV que nous venons d'examiner et de modifier sont fixées par décret en Conseil d'Etat. Les sénateurs représentant les Français établis hors de France proposent de préciser, pour ce qui les concerne, que ces modalités sont prises après avis du Conseil supérieur des Français de l'étranger ou de son bureau permanent.
La commission avait déposé, sur le texte présenté pour l'article L. 114-7, un amendement tendant à introduire une disposition analogue, mais cet amendement a été retiré, ce qui justifie encore plus notre proposition.
En effet, dans le chapitre IV, figurent toutes sortes de dispositions qui intéressent de près les Français de l'étranger et peuvent, pour eux, créer des problèmes.
Par exemple, il existe quatre cent vingt établissements accrédités d'enseignement français à l'étranger, où devra être dispensé, comme dans les établissements situés sur le territoire national, l'enseignement de la défense. Or, comment organiser cet enseignement dans la mesure où beaucoup de ces établissements accueillent de très nombreux élèves étrangers ou encore des doubles nationaux.
Les problèmes du même ordre vont se poser s'agissant du recensement - il ne faut pas recenser n'importe qui ! -, de la préparation à la défense et de l'information sur la préparation militaire.
Sur toutes ces questions, il ne paraît guère concevable qu'une décision soit prise sans une consultation préalable du Conseil supérieur des Français de l'étranger, ou, entre les sessions, de son bureau permanent. C'est exactement ce que prévoit notre amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Serge Vinçon, rapporteur. Si la commission a retiré l'amendement n° 17, c'est précisément parce qu'elle a émis un avis très favorable sur l'amendement n° 28 rectifié.
M. Jacques Habert. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Le Gouvernement est favorable à cet amendement.
En effet, le dispositif qui est prévu paraît, d'un point de vue pragmatique, mieux que la formule précédente répondre à la nécessité de consultation des instances représentatives des Français de l'étranger.
Il est clair que ce sont uniquement les mesures portant adaptation du dispositif aux Français établis hors de France qui devront être soumises à l'avis du Conseil supérieur des Français de l'étranger.
De surcroît, la formule permettant la consultation du bureau permanent du Conseil répond au souci du Gouvernement de rendre applicable l'ensemble de ces dispositions dans un délai assez bref.
Certes, la multiplication des consultations obligatoires constitue un facteur de risque juridique, pouvant retarder, voire entraver la mise en oeuvre d'un texte mais, étant donné que l'objectif est d'adapter aussi strictement que possible les obligations du nouveau service national aux jeunes Français de l'étranger, objectif que le Gouvernement partage avec la représentation nationale, nous acceptons volontiers cette charge supplémentaire.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 28 rectifié, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, le texte proposé pour l'article L. 114-12 du code du service national est ainsi rédigé :

articles additionnels après l'article L. 114-12
du code du service national

M. le président. Par amendement n° 19, M. Vinçon, au nom de la commission, propose d'insérer, après l'article L. 114-12 du code du service national, un chapitre additionnel ainsi rédigé :

« Chapitre V

« Le Haut Conseil du service national

« Art. L. 115-1. - Il est institué auprès du Premier ministre un Haut Conseil du service national. Ce conseil est notamment chargé :
« - de donner un avis sur l'enseignement relatif à la défense nationale dispensé en application de l'article L. 114-1, et sur le contenu de la Rencontre armées-jeunesse ;
« - de s'assurer du contrôle des conditions d'exercice des volontariats.
« Le Haut Conseil du service national remet chaque année un rapport au Premier ministre. Ce rapport est communiqué au Parlement.
« Art. L. 115-2. - Un décret en Conseil d'Etat détermine la composition ainsi que les modalités d'organisation et de fonctionnement du Haut Conseil du service national.
« L'Assemblée nationale et le Sénat désignent chacun deux titulaires et deux suppléants pour siéger au Haut Conseil du service national. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur. Cet amendement a pour objet d'insérer dans le futur code du service national un chapitre additionnel qui, directement inspiré du précédent projet de loi, tend à créer un haut Conseil du service national et comprend deux articles.
Le premier article détermine les missions du Haut Conseil du service national. Celui-ci vérifiera que les conditions d'exercice des volontariats font bien l'objet d'un contrôle. Il conviendra probablement de préciser la portée de cette disposition quand nous examinerons le projet de loi sur les volontariats civils.
Le Haut Conseil du service national donnera également son avis sur le contenu de la Rencontre armées-jeunesse et sur l'enseignement relatif à la défense dispensé à la jeunesse en application de l'article L. 114-1 du code du service national.
Le second article de ce nouveau chapitre renvoie à un décret en Conseil d'Etat la définition de la composition du Haut Conseil, qui comprendra notamment deux députés et deux sénateurs.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat sur cet amendement.
Le Haut Conseil du service national, tel qu'il avait été prévu dans le précédent projet de loi, avait un rôle d'examen et de concertation important compte tenu de la diversité des objectifs du « rendez-vous citoyen ». En effet, celui-ci comportait une formation civique ainsi que l'établissement d'un bilan professionnel et d'un bilan de santé.
En outre, il devait avoir une mission d'agrément des personnes chargées d'intervenir dans le cadre du rendez-vous citoyen.
Compte tenu du caractère beaucoup plus limité de la formule que, dans un souci d'efficacité, nous avons retenue avec ce projet de loi - et que la Haute Assemblée veut bien soutenir, à quelques nuances près - le rôle de ce Haut Conseil risque d'être lui-même limité.
En tout état de cause, se pose un problème de commodité : combien de temps faudra-t-il pour mettre en place ce Haut Conseil, alors qu'il devrait s'assurer des conditions d'entrée en vigueur de la loi ?
Dès lors, je le dis sans ambages, le Gouvernement préférerait que la création de ce Haut Conseil soit débattue lorsque sera examinée la formule des volontariats civils. Un pouvoir d'appréciation peut en effet légitimement s'exercer sur les champs dans lesquels sont susceptibles d'être mis en place des volontariats civils, et notamment sur la question très délicate de la substitution de ces volontariats civils à des activités professionnelles.
Par ailleurs, le Gouvernement perçoit dans l'amendement n° 19 un risque de lourdeur. Ne s'agit-il pas ici de créer l'un de ces très nombreux organismes consultatifs qui se réunissent rarement et dont l'impact pratique est limité ? C'est ce qui conduit le Gouvernement à manifester des réserves quant à cet amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 19.
M. André Rouvière. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Rouvière.
M. André Rouvière. Le groupe socialiste considère également que la création du Haut Conseil du service national est prématurée et qu'elle devrait être débattue lors de l'examen du projet de loi relatif aux volontariats. Par conséquent, nous voterons contre l'amendement n° 19.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 19, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, des articles additionnels ainsi rédigés sont insérés après l'article L. 114-12 du code du service national.

ARTICLE L. 121-1 DU CODE DU SERVICE NATIONAL

M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 20, M. Vinçon, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi le troisième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 121-1 du code du service national :
« Le volontariat est conclu pour une durée de douze mois. Il est renouvelable dans la limite d'une durée totale de vingt-quatre mois. Il peut être accompli de manière fractionnée, si la nature de l'activité concernée le permet. »
Par amendement n° 32, le Gouvernement propose de compléter le troisième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 121-1 du code du service national par la phrase suivante : « Il peut être accompli de manière fractionnée, si la nature de l'activité concernée le permet. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 20.
M. Serge Vinçon, rapporteur. D'une part, cet amendement tend à fixer la durée du volontariat à douze mois et à ne permettre son renouvellement qu'une seule fois.
D'autre part, il vise à permettre le fractionnement. Nous revenons un peu à l'esprit des volontariats tels qu'ils avaient été définis par le précédent projet de loi.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour présenter l'amendement n° 32 et pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 20.
M. Alain Richard, ministre de la défense. La simple lecture des deux amendements fait bien apparaître un point de convergence et un point de divergence.
Le Gouvernement convient avec la commission que, dans certains cas, le volontariat de défense peut utilement être fractionné.
Je rappelle que, d'emblée, dans la mise en place du processus de professionnalisation, il a été prévu que le volontariat devait permettre de satisfaire aux besoins de la défense. C'est ainsi qu'un nombre a été fixé par la loi de programmation, qui a été approuvée par la majorité de cette assemblée.
Le point de divergence concerne le niveau de rémunération. La commission souhaite que ces volontaires soient payés nettement en dessous du SMIC ; c'est une position que je respecte mais avec laquelle le Gouvernement est en désaccord. La suite du dialogue législatif permettra, je l'espère, de faire évoluer les points de vue.
La commission souhaite en outre que les volontariats en question ne puissent durer plus de deux ans.
Sur le plan de l'inspiration générale, le Gouvernement n'est pas très éloigné de cette approche. Il est en effet probable que, dans de nombreux cas, les intéressés, après deux ans, considérant qu'ils ont bien progressé dans leur formation et dans l'acquisition d'une expérience, manifesteront leur volonté d'entrer dans les cadres professionnels de l'armée : ils s'engageront.
L'observation des parcours professionnels des jeunes nous incite cependant à maintenir une durée plus longue car elle montre que, dans certains cas, le choix de l'orientation n'est pas nécessairement aussi prompt.
De surcroît, il faut prévoir le cas où l'armée elle-même ne souhaiterait pas recruter au moment précis où ce jeune aura accompli ses deux ans de volontariat. On risque donc, par cette limitation, dont je comprends bien la justification de principe, de priver un certain nombre de jeunes de la possibilité de passer de la situation de volontaire à la situation d'engagé.
C'est la raison pour laquelle le Gouvernement n'est pas favorable à une limitation un peu rigide à vingt-quatre mois de la durée du volontariat.
En revanche, il considère que le fractionnement du volontariat présente un intérêt pratique.
En effet, comme je l'ai souligné tout à l'heure, ce volontariat peut correspondre à des activités de haut niveau technique. A l'heure actuelle, les jeunes scientifiques du contingent touchent la solde des appelés pendant les dix mois de leur service militaire obligatoire. Bien entendu, nombre de ces jeunes en fin de formation pourraient prétendre, en entrant dans la vie professionnelle, à des rémunérations beaucoup plus élevées que celles qui sont prévues pour les volontaires. Cependant, le fait d'avoir accompli une période à caractère professionnel, en tant que volontaires, auprès d'unités ou de services des armées dont la technicité est très élevées peut permettre à certains d'entre eux de parachever leur formation.
En outre, il faut bien constater que de nombreuses grandes entreprises accueillent aujourd'hui, en qualité de stagiaires, des jeunes ayant un niveau de formation élevé, en leur versant des rémunérations qui sont elles aussi très modestes. Il nous paraît donc tout à fait possible que des jeunes diplômés ou des jeunes en fin de formation supérieure soient intéressés par le volontariat, en général pour une première tranche de douze mois, avec un fractionnement de la durée de celui-ci.
C'est pourquoi le Gouvernement propose au Sénat, par le biais de son amendement n° 32, d'accepter le fractionnement et de ne pas limiter à vingt-quatre mois, de façon trop rigide, la durée totale du volontariat.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 32 ?
M. Serge Vinçon, rapporteur. Notre amendement n° 20 pose deux principes.
Le premier a trait au fractionnement de la période de volontariat et, à cet égard, l'amendement n° 32 du Gouvernement nous donne satisfaction.
Le second principe est relatif à la durée du volontariat, limitée à deux ans pour souligner la spécificité du statut des volontaires par rapport à celui des engagés.
La commission maintient sa position et émet donc un avis défavorable à l'amendement du Gouvernement.
Par ailleurs, je précise que l'amendement n° 20 ne vise nullement le niveau de rémunération des volontaires.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 20.
M. André Rouvière. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Rouvière.
M. André Rouvière. Je ne comprends pas très bien l'intérêt de la proposition de la commission. En revanche, elle me paraît receler de nombreux inconvénients.
En effet, des volontaires risquent de se voir contraints de quitter l'armée au bout de deux ans, au moment où, après avoir suivi une formation parfois longue dans leur discipline, ils deviennent pleinement opérationnels. Une durée de volontariat de cinq ans nous paraît donc beaucoup plus adaptée.
En outre, faire coïncider cette durée avec celle des emplois-jeunes est un facteur de cohérence auquel nous sommes très sensibles.
Par conséquent, nous sommes opposés à la proposition de la commission.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 20, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 32 n'a plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, le texte proposé pour l'article L. 121-1 du code du service national.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLES L. 121-2 ET L. 121-3
DU CODE DU SERVICE NATIONAL

M. le président. Sur les textes proposés pour les articles L. 121-2 et L. 121-3 du code du service national, je ne suis saisi d'aucun amendement.
Personne de demande la parole ?...
Je les mets aux voix.

(Ces textes sont adoptés.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de l'article 1er, modifié.

(L'article 1er est adopté.)

Article 2

M. le président. « Art. 2. - Les articles L. 1 à L. 159 du code du service national constituent le livre II du code du service national. Ses dispositions sont suspendues pour les jeunes gens nés après le 31 décembre 1978.
« Jusqu'au 1er janvier 2003, le livre II du code du service national s'applique aux Français, aux étrangers sans nationalité et aux bénéficiaires du droit d'asile, nés avant le 1er janvier 1979, ainsi qu'aux personnes rattachées aux mêmes classes de recensement. » - (Adopté.)

Article 3

M. le président. L'article 3 a été supprimé par l'Assemblée nationale.

DEUXIÈME PARTIE

DISPOSITIONS PARTICULIÈRES
MODIFIANT LE LIVRE II (ART. L. 1 À L. 159)
DU CODE DU SERVICE NATIONAL

Article 4

M. le président. « Art. 4. - Le livre II du code du service national est ainsi modifié :
« I. - Le dernier alinéa du a de l'article L. 2 est supprimé.
« II. - Dans l'article L. 3 bis, les mots : "en France" sont remplacés par les mots : "sous le régime du code du service national français".
« III. - 1° Le premier alinéa de l'article L. 5 bis est ainsi rédigé :
« Un report supplémentaire d'une durée maximale de quatre années scolaires ou universitaires est accordé, sur leur demande, aux jeunes gens visés au 2° de l'article L. 5 qui justifient annuellement de la poursuite d'études ou de formation professionnelle dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat. » ;
« 2° Le dernier alinéa du même article est supprimé.
« III bis. - Après l'article L. 5, il est inséré un article L. 5 bis A ainsi rédigé :
« Art. L. 5 bis A . - Les jeunes gens titulaires d'un contrat de travail de droit privé à durée indéterminée, obtenu au moins trois mois avant la date d'expiration du report d'incorporation qu'ils détiennent et prévu aux articles L. 5 (2°) ou L. 5 bis, peuvent demander à bénéficier d'un report d'incorporation d'une durée de deux ans pouvant être prolongée. Ce report cesse dès qu'il est mis fin au contrat de travail en cours.
« Les jeunes gens titulaires d'un contrat de travail à durée déterminée de droit privé d'une durée au moins égale à six mois, conclu au moins trois mois avant la date d'expiration du report d'incorporation qu'ils détiennent et prévu aux articles L. 5 (2° ) ou L. 5 bis, peuvent demander à bénéficier d'un report d'incorporation jusqu'au terme du contrat de travail en cours, dans la limite de deux ans.
« Les reports mentionnés au présent article sont accordés si l'incorporation immédiate du demandeur a pour conséquence de compromettre son insertion professionnelle ou la réalisation d'une première expérience professionnelle.
« Le report est accordé par la commission régionale définie à l'article L. 32.
« Les modalités d'application de cet article sont fixées par décrets en Conseil d'Etat. Ces dispositions entreront en vigueur au plus tard le 1er janvier 1999. »
« IV. - Le dernier alinéa de l'article L. 9 est ainsi rédigé :
« Les jeunes gens qui justifient de la poursuite d'études en vue de l'obtention de diplômes correspondant aux emplois prévus ci-dessus bénéficient du report supplémentaire prévu à l'article L. 5 bis, même s'ils n'ont pas déposé leur demande avant le 1er octobre de l'année civile au cours de laquelle ils ont atteint l'âge de vingt-deux ans. »
« V. - Les deuxième à quatrième alinéas de l'article L. 10 sont remplacés par un alinéa ainsi rédigé :
« Ce report d'incorporation vient à échéance au plus tard le 31 décembre de l'année civile au cours de laquelle ils atteignent l'âge de vingt-huit ans. »
« VI. - 1° A la fin du troisième alinéa de l'article L. 6, les mots : "ainsi que le nombre des jeunes gens qui, au cours de ladite année, peuvent être admis au bénéfice des dispositions de l'article L. 9" sont supprimés ;
« 2° Dans l'article L. 11, les mots : "des articles L. 9 ou L. 10" sont remplacés par les mots : "de l'article L. 10" ;
« 3° Les articles L. 12 et L. 13 sont abrogés ;
« 4° Au premier alinéa de l'article L. 20, les mots : "des articles L. 9 et L. 10" sont remplacés par les mots : "de l'article L. 10".
« VII. - L'article L. 30 est abrogé.
« VIII. - 1° Après le premier alinéa de l'article L. 32, il est inséré deux alinéas ainsi rédigés :
« Sont également dispensés des obligations du service national actif, sur leur demande, les jeunes gens mariés dont l'épouse ne dispose pas de ressources suffisantes, ainsi que les jeunes gens qui ont la charge effective d'au moins un enfant.
« Peuvent aussi être dispensés des obligations du service actif les jeunes gens dont l'incorporation entraînerait une situation économique et sociale grave. » ;
« 2° Dans le quatrième alinéa du même article, les mots : "parents ou beaux-parents" sont remplacés par les mots : "ascendants ou beaux-parents" ;
« 2° bis Après le quatrième alinéa du même article, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Peuvent aussi être dispensés des obligations du service national actif les jeunes gens dont l'incorporation aurait pour conséquence l'arrêt d'une exploitation à caractère agricole, commercial ou artisanal dont ils sont titulaires. » ;
« 3° Supprimé ;
« 4° Dans le dernier alinéa du même article, les mots : "le général commandant la division militaire" sont remplacés par les mots : "le général commandant la circonscription militaire de défense".
« IX. - Le premier et le deuxième alinéas de l'article L. 32 bis sont supprimés.
« X. - Après l'article L. 40, il est inséré un article L. 40-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 40-1 . - Les jeunes gens visés à l'article L. 17 qui, au moment de leur naturalisation, de leur intégration ou de leur déclaration, ont satisfait à leurs obligations du service national à l'égard de leur Etat d'origine, dans les conditions prévues par la législation de cet Etat, sont considérés comme ayant satisfait aux obligations imposées par le présent code. »
« XI. - 1° L'article L. 66 est abrogé ;
« 2° Dans le cinquième alinéa de l'article L. 72 et dans le cinquième alinéa de l'article L. 94-9, les mots : "des articles L. 65 et L. 66" sont remplacés par les mots : "de l'article L. 65".
« XII. - L'article L. 71 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, à titre temporaire et sous réserve des dispositions de l'article L. 6, le ministre chargé des armées peut mettre des appelés volontaires à disposition d'autres ministères par voie de protocole pour des missions d'utilité publique. »
« XIII. - Le 2° de l'article L. 75 est ainsi rédigé :
« 2° Par l'intermédiaire d'organismes publics ou privés fonctionnant dans les conditions prévues par le livre IX du code du travail et avec lesquels des conventions seraient conclues conformément au titre II de ce livre. »
« XIV. - Après l'article L. 101, il est inséré un article L. 101-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 101-1 . - Les dispositions du premier alinéa de l'article L. 76 sont applicables aux jeunes gens affectés au service de l'aide technique ou au service de la coopération. »
« XV. - Après l'article L. 116-8, il est inséré un article L. 116-9 ainsi rédigé :
« Art. L. 116-9 . - En cas d'application du premier alinéa de l'article L. 76, le Gouvernement peut libérer par anticipation une fraction de contingent au cours des huit derniers mois du service actif. »
« XVI. - Dans l'article L. 117, les mots : "l'application des articles L. 5 bis, L. 9 et L. 10" sont remplacés par les mots : "l'application des articles L. 5 bis et L. 10". »
M. le président. Par amendement n° 21, M. Vinçon, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi la fin de la première phrase du premier alinéa du texte présenté par le III bis de cet article pour l'article L. 5 bis A du code du service national : « ... bénéficier d'un report d'incorporation d'une durée maximale de deux ans. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur. Cet amendement tend à limiter à une durée maximale de deux ans le report susceptible d'être accordé aux titulaires d'un contrat de travail de droit privé à durée indéterminée.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Le Gouvernement tient à remercier la commission.
Si, comme c'est bien normal, d'autres sujets ont donné lieu à divergences, je suis heureux de constater que la commission partage la préoccupation qui est la nôtre de trouver, dans cette période délicate de transition, un équilibre entre, d'une part, l'insertion professionnelle la moins difficile possible des jeunes ayant trouvé un emploi et, d'autre part, la régularité de la décrue de la conscription en vue d'assurer la continuité de l'activité de nos unités.
Dans l'optique de cette difficile recherche d'équilibre et de compromis, la commission préconise que la durée maximale du report d'incorporation pouvant être accordé aux jeunes titulaires d'un contrat à durée indéterminée soit de deux ans. Cette position est plus souple que celle qui a été adoptée par l'Assemblée nationale, puisque cela signifie que la commission régionale de dispense pourra opter, dans cette limite de deux ans, pour une durée de report correspondant à la situation concrète du jeune.
Toutefois, la commission considère, ce que je comprends tout à fait, que, au bout de deux ans, le jeune sera suffisamment intégré dans son entreprise, puisqu'il est titulaire d'un contrat à durée indéterminée, pour être en mesure, sans subir de dommage professionnel, d'accomplir son service national.
Compte tenu de l'ensemble des arguments qui avaient été avancés lors du débat à l'Assemblée nationale, le Gouvernement avait souhaité faire preuve d'une plus grande souplesse et prévoir la possibilité de prolonger cette durée, mais, malgré la valeur des arguments développés en ce sens, il avait voulu exclure l'octroi d'une dispense de principe pour les jeunes titulaires d'un contrat à durée indéterminée.
Par conséquent, tout en en reconnaissant l'intérêt, le Gouvernement ne peut pas être favorable à une disposition qui limite la capacité d'appréciation de la commission régionale de dispense. Il ne souhaite donc pas que cet amendement soit adopté. S'il devait l'être, il espère que la suite du débat permettra de conserver la souplesse qui était ménagée dans le dispositif mis en place par l'Assemblée nationale, en y ajoutant la marge d'appréciation laissée à la commission régionale de dispense par le texte du Sénat. M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 21, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 31, M. Calmejane propose de compléter in fine le texte présenté par le 1° du VIII de l'article 4 pour insérer deux alinéas après le premier alinéa de l'article L. 32 du code du service national par un alinéa ainsi rédigé :
« Peuvent être également dispensés les jeunes gens titulaires d'un contrat de travail à durée indéterminée dans une entreprise artisanale ou de type PME, en particulier si celle-ci a un caractère familial, dont l'incorporation, du fait de la spécificité ou de la qualification de leur emploi, aurait pour conséquence de mettre en péril la continuité normale de l'activité de ladite entreprise. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 35, présenté par M. Richert et tendant, dans le texte proposé par l'amendement n° 31, à remplacer les mots : « en particulier si celle-ci a un caractère familial », par les mots : « que celle-ci ait un caractère familial ou non ».
La parole est à M. Calmejane, pour défendre l'amendement n° 31.
M. Robert Calmejane. Dans la conjoncture économique présente, il est déjà difficilement acceptable, au nom du seul principe d'égalité, de priver les jeunes qui par leur dynamisme ont trouvé un emploi de la possibilité d'entrer directement dans la vie professionnelle, alors que nous abordons une période transitoire de quatre ans devant aboutir à la suppression de l'actuel service national obligatoire.
Il serait encore plus intolérable que cette mesure contribue à mettre en péril de petites entreprises artisanales ou des PME qui ont misé sur la compétence exclusive d'un jeune bénéficiant d'une qualification particulière ou dont l'implication personnelle joue un rôle important en termes de développement. C'est notamment le cas dans de nombreuses petites affaires familiales où le fils ou un neveu prend une place indispensable au côté du gérant dont il a, bien sûr, la confiance.
En tant que maire, j'ai l'occasion de rencontrer de telles situations, où le développement d'un procédé industriel novateur, une labellisation ou la présence sur un marché particulier dépendent de l'implication d'un jeune, diplômé ou non, dont l'absence durant dix mois remettrait en cause pour une part importante l'activité de l'entreprise.
J'indique à M. le ministre qu'il est évident que la décision de dispense serait laissée à l'appréciation des commissions régionales.
M. le président. La parole est à M. Richert, pour défendre le sous-amendement n° 35.
M. Philippe Richert. Je soutiens totalement l'amendement présenté par mon collègue Robert Calmejane.
Certes, nous comprenons qu'il n'est pas possible, pour des raisons tenant à l'équité mais aussi au fait que nous entrons dans une période de transition, de dispenser du service national l'ensemble des jeunes qui seraient titulaires d'un contrat à durée indéterminée.
Cependant, dans un certain nombre de cas, leur départ au service national peut présenter, pour les entreprises, des inconvénients qui sont parfois graves.
J'en donnerai un exemple très précis : je connais une entreprise du secteur artisanal comptant cinq salariés dont un seul, celui qui doit partir au service national, possède les diplômes permettant le recrutement d'apprentis ; si le salarié en question part au service national, l'entreprise sera obligée de renvoyer les apprentis qu'elle a déjà engagés !
Nous avons soumis ce dossier à la commission régionale, qui a refusé la dispense au motif que le code du service national ne prévoyait pas un tel cas. Il devrait être possible à l'avenir, à mon avis, de réserver un accueil plus favorable à de telles demandes.
Le sous-amendement n° 35 vise pour sa part à permettre de résoudre de telles difficultés au bénéfice des petites entreprises à caractère familial ou non, sachant qu'il reviendra à la commission régionale de juger, en toute connaissance de cause, si le jeune concerné doit bénéficier d'une dispense.
Je souhaite donc que l'amendement n° 31, le cas échéant sous-amendé, soit adopté.
M. Jean-Jacques Robert. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 31 et le sous-amendement n° 35 ?
M. Serge Vinçon, rapporteur. A bien des égards, cet amendement et ce sous-amendement posent problème à la commission.
La question soulevée avait été évoquée lors du débat sur le précédent projet de réforme du service national qui s'était tenu ici même au printemps. Or, à l'époque, nous avions repoussé toute idée de dispense, et simplement autorisé des reports d'incorporation.
Il semble à la commission que notre premier devoir est de faire en sorte que la professionnalisation des armées se réalise pleinement, sans que rien ne vienne entraver sa montée en puissance pendant les deux ou trois années sensibles de transition.
Il nous est donc difficile de revenir sur cette position, qui avait été celle du Sénat au printemps et qui demeure aujourd'hui celle de la commission.
Néanmoins, j'observe que l'amendement de M. Calmejane et le sous-amendement de M. Richert semblent être satisfaits par la nouvelle rédaction du texte telle qu'elle est issue des travaux de l'Assemblée nationale, selon laquelle « peuvent aussi être dispensés des obligations du service actif les jeunes gens dont l'incorporation entraînerait une situation économique et sociale grave ».
Au printemps dernier, le Sénat avait introduit la notion de « situation sociale grave », et l'Assemblée nationale y a ajouté celle de « situation économique grave ».
De ce fait, il me semble que l'amendement n° 31 et le sous-amendement n° 35 sont satisfaits, puisque chaque dossier de demande de dispense fera l'objet d'un examen par les commissions régionales. Nous nous retrouvons très exactement dans le cas évoqué par MM. Calmejane et Richert.
M. Xavier de Villepin, président de la commission. Très bien !
M. le président. L'amendement n° 31 est-il maintenu, monsieur Calmejane ?
M. Robert Calmejane. Oui, monsieur le président.
M. le président. Monsieur Richert, maintenez-vous votre sous-amendement n° 35 ?
M. Philippe Richert. Je le maintiens, monsieur le président.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Le Gouvernement partage l'avis de la commission.
En effet, si l'ouverture d'une possibilité de dispense dans les cas où l'incorporation créerait une situation économique ou sociale grave répond au souci évoqué par MM. Calmejane et Richert, l'inscription dans la loi d'une disposition prévoyant une dispense pour les jeunes salariés selon le type d'entreprise qui les emploie paraît, en revanche, très difficile à envisager, eu égard au respect du principe de l'égalité de traitement.
C'est la raison pour laquelle le Gouvernement préfère laisser son pouvoir d'appréciation à la commission régionale de dispense, qui se prononcera en fonction de la gravité de la situation économique considérée.
En conclusion, le Gouvernement émet un avis défavorable sur l'amendement n° 31 et sur le sous-amendement n° 35.
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 35.
M. Philippe Richert. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Richert.
M. Philippe Richert. L'amendement n° 31 apporte un certain nombre de garanties. Alors que le texte adopté par l'Assemblée nationale vise simplement les « situations économiques et sociales graves », l'amendement n° 31 concerne l'incorporation qui « aurait pour conséquence de mettre en péril la continuité normale de l'activité de ladite entreprise ». La formulation proposée par notre collègue M. Calmejane, éventuellement modifiée par mon sous-amendement, est plus précise. Elle permettra aux commissions régionales de dispense de mieux apprécier la situation et, dans certains cas, de ne pas être dans l'impossibilité de se prononcer.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 35, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, l'amendement n° 31, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 29, MM. de Cuttoli, Habert, Croze, d'Ornano, Cantegrit, Mme Brisepierre, MM. Durand-Chastel et Maman proposent d'insérer, après le paragraphe IX de l'article 4, un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - 1°) Après l'article L. 38, il est inséré un article ainsi rédigé :
« Art. ... - Un décret, pris après consultation du Conseil supérieur des Français à l'étranger ou de son bureau permanent dans l'intervalle des sessions du Conseil, déterminera les conditions d'application des articles L. 37 et L. 38. »
« 2°) L'article 10 de la loi n° 73-625 du 10 juillet 1973 est abrogé.
La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert. Cet amendement est, à certains égards, une curiosité législative. En effet, nous nous référons à certaines dispositions de la loi n° 73-625 du 10 juillet 1973 à l'élaboration de laquelle, voilà vingt-quatre ans, j'ai été moi-même associé.
Il s'agit des articles L. 37 et L. 38 du code du service national. Ceux-ci précisent, entre autres choses, dans quelles conditions les Français résidant à l'étranger, notamment dans les pays lointains, peuvent, après avoir été recensés, être dispensés du service militaire, en raison de leur éloignement, ou d'autres raisons spécifiques.
L'article 10 de cette loi prévoit, dans ce cas, la consultation du Conseil supérieur des Français à l'étranger ou, entre les sessions, du bureau permanent de ce conseil. Or, notre collègue Charles de Cuttoli a constaté qu'assez extraordinairement ces dispositions n'ont pas été transcrites dans le code du service national. L'amendement dont il est le premier signataire a pour but de réparer cet oubli.
Il est utile de mentionner non seulement le Conseil supérieur des Français de l'étranger, mais aussi son bureau permanent. En effet, comme son nom l'indique, celui-ci peut être consulté à tout moment, même s'il ne se réunit qu'à certains intervalles, tandis que le Conseil supérieur des Français de l'étranger ne tient qu'une session plénière par an.
Nous souhaitons donc que les dispositions de l'article 10 de la loi du 10 juillet 1973 soient placées - puisque l'occasion nous en est donnée - après l'article L. 38 du code du service national, auquel il est fait référence dans la très longue liste d'articles que le projet de loi vise à modifier.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Serge Vinçon, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Ce serait une curiosité législative supplémentaire ! Sauf erreur de ma part, les dispositions qu'il prévoit figurent déjà dans le code du service national. En effet, l'article L. 38, dans son dernier alinéa, comporte, au mot près, la recommandation que vous préconisez : « Un décret, pris après consultation du Conseil supérieur des Français de l'étranger, déterminera les conditions d'application de l'article L. 37 et de l'article L. 38. »
Le décret a bien été pris, et après consultation du Conseil. Il s'agit du décret du 30 août 1974, qui a modifié les articles R. 74 et R 76 qui sont aujourd'hui incorporés dans le code du service national. Il n'y a donc plus, me semble-t-il, matière à légiférer sur ce point.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 29.
M. Jacques Habert. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert. S'il en est vraiment ainsi, je suis bien obligé de constater que la grande vigilance de notre ami Charles de Cuttoli, instigateur de cet amendement, a été prise en défaut.
Nous vérifierons les propos de M. le ministre mais puisqu'il vient de nous donner des dispositions en question une lecture qui semble plus complète que la nôtre, nous nous inclinons, et, pour le moment, je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 29 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 4, modifié.

(L'article 4 est adopté.)

TROISIÈME PARTIE

DISPOSITIONS DIVERSES

Article 5

M. le président. « Art. 5. - I. - 1° Avant le premier alinéa de l'article L. 122-18 du code du travail, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Le contrat de travail d'un salarié ou d'un apprenti, appelé au service national en application du livre II du code du service national, est suspendu pendant toute la durée du service national actif. » ;
« 1° bis Le premier alinéa de l'article L. 122-18 du même code est complété par une phrase ainsi rédigée :
« La réintégration dans l'entreprise est de droit. » ;
« 2° Les deuxième et troisième alinéas de l'article L. 122-18 ainsi que l'article L. 122-19 du même code sont abrogés. Toutefois, ces dispositions restent applicables aux salariés qui, à la date d'entrée en vigueur de la présente loi, accomplissent leur service national en application du livre II du code du service national.
« II. - Il est inséré, dans le code du travail, un article L. 122-20-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 122-20-1 . - Tout salarié ou apprenti, âgé de seize à vingt-cinq ans, qui doit participer à l'appel de préparation à la défense, bénéficie d'une autorisation d'absence exceptionnelle de un jour. »
« Ce jour d'absence exceptionnelle a pour but exclusif de permettre au salarié ou à l'apprenti de participer à l'appel de préparation à la défense. Il n'entraîne pas de réduction de rémunération. Il est assimilé à un jour de travail effectif pour la détermination de la durée de congé annuel. »
« III. - L'article L. 122-21 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 122-21 . - Aucun employeur ne peut résilier le contrat de travail d'un salarié ou d'un apprenti au motif que lui-même, le salarié ou l'apprenti se trouve astreint aux obligations du service national, ou se trouve appelé au service national en exécution d'un engagement pour la durée de la guerre, ou rappelé au service national à un titre quelconque.
« Toutefois, l'employeur peut résilier le contrat s'il justifie d'une faute grave de l'intéressé, non liée aux obligations de l'alinéa précédent, ou s'il se trouve dans l'impossibilité de maintenir ledit contrat pour un motif étranger auxdites obligations. »
Sur l'article, la parole est à M. Joly.
M. Bernard Joly. Par cette intervention, je rejoins les préoccupations exprimées par mes collègues MM. Robert Calmejane et Philippe Richert.
A l'occasion de ce débat, je suis conforté dans la conviction de la nécessité de mettre en place la réforme des armées et d'adapter le service national à cette mutation. Toutefois, je continue à m'interroger sur la validité de la substitution des missions de l'appel de préparation à la défense ou de la Rencontre armées-jeunesse, comme je l'avais fait pour le rendez-vous citoyen. Que la professionnalisation s'impose, soit, mais ce temps au service de la nation avait plusieurs justifications.
En l'absence de repères que n'offrent plus les familles éclatées et un réseau social cahotique, les deux systèmes structurés dans lesquels certains jeunes étaient appelés à évoluer étaient la scolarité et le temps passé sous les drapeaux. La violence qui règne dans certains établissements relève d'un positionnement que les élèves sont incapables de trouver ailleurs.
Leur seconde chance, à beaucoup d'égards, était le service national. A l'occasion de ce bilan et du constat de certaines carences, notamment l'illettrisme, des remèdes étaient mis en place. Cette période était également un sas qui préparait à une vie autonome.
La vocation, la conception et le contenu du service national appelaient une refonte en fonction des nécessités et des objectifs du dispositif de défense de notre pays et des nouvelles formes que pourraient revêtir les conflits. A côté de ces impératifs, la formation du citoyen méritait qu'on s'y attache.
Toute démarche volontariste est en train d'être abandonnée en ce qui concerne la reconnaissance de la qualité d'appartenance à une nation : l'inscription sur les listes électorales sera automatique dès la majorité, l'obtention de la nationalité française ne résultera plus, dans certains cas, d'une demande expresse et la Rencontre armées-jeunesse sera fugitive.
Puisqu'on en arrive là, je ne comprends pas, monsieur le ministre, votre refus de dispenser du service national ou de faire bénéficier d'un report d'incorporation les jeunes qui sont sous contrat à durée indéterminée et qui seront appelés d'ici à l'application du présent projet de loi, lequel comporte des mesures relatives au maintien de l'emploi faisant l'objet d'un accord entre les deux assemblées.
Les dispositions de l'article L. 122-18 du code du travail n'assurent pas à l'appelé, lors de sa libération, le droit à la réintégration dans son emploi. Il ne bénéficie que d'une priorité d'embauche, essentiellement théorique, pendant l'année de son retour à la vie civile puisqu'il y a eu rupture du lien juridique.
Par voie d'amendement, le texte retenu prévoit que le contrat de travail des jeunes qui, d'ici à 2002, accompliront leur service national selon les modalités actuellement en vigueur sera suspendu, et non plus résilié.
Toutefois, reste à régler le sort de ceux qui doivent rejoindre aujourd'hui leur unité. Je ne vois pas au nom de quoi on scelle sciemment leur sort en en faisant des chômeurs à terme au moment où les dispositions « emplois-jeunes » sont en discussion.
Si la dispense uniquement motivée par cette insertion dans le monde du travail pose problème en apparaissant comme inique par rapport aux demandeurs d'emploi, la mesure de report d'incorporation doit être systématiquement accordée jusqu'à la promulgation de ce texte à tous ceux qui en font la demande pour ce motif. Sinon, on peut alors parler d'inégalité dans le traitement de situations identiques essentiellement pour une affaire de dates, de différence de jours.
La solution ne peut être trouvée par voie d'amendement, les dispositions ne pouvant être rétroactives. C'est donc vers vous que je me tourne, monsieur le ministre, en vous demandant de vous engager, au nom du Gouvernement, à accorder ces reports dans les circonstances que je viens d'exposer.
M. Alain Richard, ministre de la défense. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Alain Richard, ministre de la défense. Je ne veux pas laisser sans réponse l'interrogation de M. Joly.
La position du Gouvernement est claire et elle a déjà très largement tenu compte des préoccupations en matière d'insertion professionnelle qui ont été exprimées sur toutes les travées des deux assemblées.
Nous sommes favorables à des reports, et seulement à des reports, afin que les jeunes puissent s'acclimater dans l'entreprise, y faire leur place et répondre malgré tout à l'obligation militaire qui est celle de toute la classe d'âge à laquelle ils appartiennent.
Sur la suggestion de sa commission de la défense, le Sénat a prévu une durée maximale de deux années. L'Assemblée nationale, adoptant la proposition du Gouvernement, avait prévu une durée de deux ans pouvant être prolongée. Ce report, vous le constatez, donne beaucoup de souplesse. Vous faites bien de noter que l'une des dispositions de ce projet de loi prévoit que le contrat de travail des jeunes ayant un emploi et faisant l'objet d'une incorporation est seulement suspendu et - c'est précisément la nouveauté - que ceux-ci ont un droit à réintégration.
En revanche, demander au Gouvernement de dispenser d'une obligation qui est la leur aujourd'hui des jeunes alors que la loi n'est pas votée, ce n'est pas possible, vous le comprenez. Toute loi crée une situation nouvelle, qui ne peut être rétroactive. De surcroît, et cela n'a pas été discuté, la disposition prévue par le texte s'applique aux jeunes qui ont un contrat de travail d'au moins trois mois. Il ne saurait être question de tenir en compte de simples promesses de contrats de travail. On ne peut faire varier une obligation aussi importante que celle du service national en fonction de documents qui n'ont aucune valeur juridique.
Inévitablement, les jeunes qui n'auront pas trois mois d'activité professionnelle dans le cadre d'un contrat au moment de la promulgation de la loi seront donc dans la situation antérieure à la loi. Chacun peut comprendre que ce principe de base s'impose au Gouvernement.
M. le président. Par amendement n° 22, M. Vinçon, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi le texte présenté par le II de l'article 5 pour l'article L. 122-20-1 du code du travail ;
« Art. L. 122-20-1 . - Tout salarié ou apprenti, âgé de seize à vingt-cinq ans, qui doit participer à la Rencontre armées-jeunesse, bénéficie d'une autorisation d'absence exceptionnelle pour la durée de celle-ci.
« Cette absence exceptionnelle a pour but exclusif de permettre au salarié ou à l'apprenti de participer à la Rencontre armées-jeunesse. Elle n'entraîne pas de réduction de rémunération. Elle est assimilée à une période de travail effectif pour la détermination de la durée de congé annuel. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de conséquence.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Sur le fond, il n'y a pas, entre le Gouvernement et la commission, de grande divergence, excepté le fait que cet amendement réitère le choix de la commission et de la majorité du Sénat de ne pas fixer une durée à la Rencontre armées-jeunesse, ou à l'appel de préparation à la défense.
Donc, pour le motif que j'ai développé tout à l'heure, le Gouvernement ne peut être favorable à cet amendement.
Le Gouvernement est d'accord sur les autres dispositions, à savoir le fait que la journée de convocation donne lieu à une autorisation d'absence exceptionnelle et n'entraîne pas de perte de rémunération.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 22, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 5, ainsi modifié.

(L'article 5 est adopté.)

Article 6

M. le président. « Art. 6. - La loi n° 72-662 du 13 juillet 1972 portant statut général des militaires est ainsi modifiée :
« I. - L'article 24 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« L'Etat est également tenu d'accorder sa protection au militaire dans le cas où il fait l'objet de poursuites pénales à l'occasion de faits qui n'ont pas le caractère d'une faute personnelle. »
« I bis. - Dans la première phrase de l'article 58, les mots : "ou de poliomyélite" sont remplacés par les mots : ", de poliomyélite ou d'un déficit immunitaire grave et acquis".
« I ter. - La seconde phrase du deuxième alinéa de l'article 65-1 est remplacée par trois phrases ainsi rédigées :
« Il est également accordé à la mère ou au père après l'adoption d'un enfant n'ayant pas atteint l'âge de la fin de l'obligation scolaire, sans préjudice du congé d'adoption qui peut intervenir au préalable. Le congé parental prend fin au plus tard à l'expiration d'un délai de trois ans à compter de l'arrivée au foyer de l'enfant, adopté ou confié en vue de son adoption, âgé de moins de trois ans. Lorsque l'enfant adopté ou confié en vue d'adoption est âgé de plus de trois ans mais n'a pas encore atteint l'âge de la fin de l'obligation scolaire, le congé parental ne peut excéder une année à compter de l'arrivée au foyer. »
« II. - Le premier alinéa de l'article 98 est ainsi rédigé :
« L'engagement souscrit par les élèves des écoles militaires peut être contracté dès l'âge de seize ans. »
« III. - Au premier alinéa de l'article 98-1, les mots : ", ayant satisfait aux obligations du service national actif ou ayant été régulièrement dispensé," sont supprimés.
« IV. - Après le titre III, il est inséré un titre III bis ainsi rédigé :

« TITRE III BIS

« DISPOSITIONS CONCERNANT
LES VOLONTAIRES DANS LES ARMÉES

« Art. 101-1 . - Les Français peuvent servir, avec la qualité de militaire, comme volontaires dans les armées sous réserve de présenter les aptitudes nécessaires pour l'exercice de la fonction.
« A la date du dépôt de leur demande, ils doivent être âgés de plus de dix-huit ans et de moins de vingt-six ans.
« Le volontariat est conclu pour une durée de douze mois. Il est renouvelable chaque année. La durée totale du volontariat ne peut excéder soixante mois.
« Il est souscrit au titre d'une armée ou d'une formation rattachée.
« Les volontaires peuvent servir dans les départements, territoires et collectivités territoriales d'outre-mer au titre du service militaire adapté. Ceux qui sont recensés outre-mer peuvent demander à recevoir une formation professionnelle. Ils servent alors en tant que stagiaires du service militaire adapté. »
« V. - Il est inséré, après l'article 101-1, un article 101-2 ainsi rédigé :
« Art. 101-2 . - Les volontaires peuvent servir dans les grades de militaires du rang, au premier grade des sous-officiers et des officiers mariniers et au grade d'aspirant. »
« VI. - Il est inséré, après l'article 101-1, un article 101-3 ainsi rédigé :
« Art. 101-3 . - Les articles 4 à 30-2, 35, 53 (1° , 2° et 5° ), 65-2, 95, 96 et 97 de la présente loi sont applicables aux volontaires quel que soit leur grade. »
« VII. - Il est inséré, après l'article 101-1, un article 101-4 ainsi rédigé :
« Art. 101-4 . - Les modalités d'application du présent titre sont fixées par décret en Conseil d'Etat. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 23, M. Vinçon, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi le troisième alinéa du texte présenté par le paragraphe IV de l'article 6 pour l'article 101-1 de la loi n° 72-662 portant statut général des militaires :
« Le volontariat est conclu pour une durée de douze mois. Il est renouvelable dans la limite d'une durée totale de vingt-quatre mois. Il peut être accompli de manière fractionnée, si la nature de l'activité concernée le permet. »
Par amendement n° 33, le Gouvernement propose de compléter le troisième alinéa du texte présenté par le paragraphe IV de l'article 6 pour l'article 101-1 de la loi n° 72-662 portant statut général des militaires par la phrase suivante : « Il peut être accompli de manière fractionnée, si la nature de l'activité concernée le permet. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 23.
M. Serge Vinçon, rapporteur. Il s'agit, là encore, d'un amendement de cohérence.
M. le président. La parole est à M. le ministre pour défendre l'amendement n° 33 et pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 23.
M. Alain Richard, ministre de la défense. Le Gouvernement a indiqué qu'il n'était pas favorable à la limitation à deux années de la durée du volontariat. En effet, comme l'a judicieusement souligné M. Rouvière, peuvent survenir des situations concrètes, ne serait-ce que des difficultés de recrutement dans certaines armes, qui risqueraient de faire perdre des possibilités aux jeunes se trouvant dans cette position de volontariat. Donc, le Gouvernement confirme son opposition à l'amendement n° 23.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 33 ?
M. Serge Vinçon, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 23, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 33 n'a plus d'objet.
Par amendement n° 24, M. Vinçon, au nom de la commission, propose, au début du texte présenté par le paragraphe VI de l'article 6 pour l'article 101-3 de la loi n° 72-662 portant statut général des militaires, de remplacer les mots : « Les articles 4 à 30-2, 35, 53 (1°, 2° et 5°), 65-2, 95, 96 et 97 » par les mots : « Les articles 4 à 13, 15 à 18, 20 à 22, 24 à 30-1, 35, 53 (1° et 2°) et 96. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Vinçon, rapporteur. Cet amendement vise à supprimer du texte proposé pour l'article 101-3 nouveau du statut général des militaires des références à des articles de ce statut qu'il ne paraît pas nécessaire d'appliquer d'ores et déjà aux volontaires militaires.
Cet amendement a pour objet d'éviter toute confusion entre le statut des engagés, qui doivent constituer une catégorie prioritaire - c'est en effet sur eux que repose le succès de la professionnalisation - et le statut des volontaires, dont la présence dans les armées ne doit pas relever d'une logique de carrière.
Les articles du statut général des militaires que cet amendement propose de ne pas étendre aux volontaires sont les suivants : l'article 14 concernant l'obligation de demander l'autorisation d'épouser une personne étrangère, l'article 19 concernant les rémunérations et l'article 23 concernant l'accès des familles au service de santé et au service de l'action sociale des armées.
Sont également concernés les articles 30-2, 53-5° et 62-2 relatifs aux congés de reconversion de six à douze mois rémunérés, et l'article 97, qui vise la prise en compte du temps passé sous les drapeaux pour la détermination de l'ancienneté dans des emplois publics dont l'accès est favorisé pour les anciens militaires par l'article 96 du statut.
En revanche, cet amendement vise à préserver l'intégration des volontaires dans la hiérarchie militaire, ainsi que l'extension aux volontaires des dispositions suivantes : droits civils et politiques, obligations, responsabilités, couverture des risques, notation et discipline.
Cet amendement permettrait ainsi de faire bénéficier les volontaires des dispositifs d'évaluation et d'orientation professionnelle destinés à préparer le retour à la vie civile et prévus par l'article 30-1 du statut général des militaires. Il étendrait également aux volontaires le bénéfice de l'article 96, qui permet un report de la limite d'âge pour l'accès à certains emplois publics.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Richard, ministre de la défense. Il n'y a pas de très grande différence entre la position du Gouvernement et celle de la commission.
Le Gouvernement, s'il ne partage pas l'appréciation de la commission sur une limitation de la durée du volontariat qu'il trouve trop rigide, serait néanmoins d'accord pour que certaines dispositions du statut général des militaires ne correspondant pas à la position des volontaires, dont l'emploi est temporaire, ne s'appliquent pas.
Je regrette simplement que la commission veuille écarter l'article 19-1 du statut général des militaires, qui prévoit le système de rémunérations applicable aux volontaires. Il serait en effet beaucoup plus simple que l'emploi des volontaires donne lieu à une rémunération qui trouve sa place dans la réglementation générale des rémunérations des militaires plutôt que d'en faire une position complètement distincte.
De même, en ce qui concerne l'accès aux soins du service de santé des armées et des prestations de l'action sociale des armées pour la famille du volontaire, il paraît un peu dommage de retirer aux volontaires - ce seront des jeunes, souvent en difficulté sociale, parfois chargés de famille et dont ce sera le premier emploi - des prestations très appréciées par les militaires, notamment par les plus modestes d'entre eux.
De même, comme le Gouvernement ne souhaite pas s'opposer à ce que, dans des cas certes exceptionnels, les volontaires puissent servir quatre ans, il pense préférable de leur laisser le droit à l'action professionnelle des armées en faveur de la reconversion.
Ces différences ne sont pas déterminantes. Le Gouvernement n'est pas favorable à l'adoption de cet amendement, mais une conciliation ne semble pas trop difficile.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 24, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 6, modifié.

(L'article 6 est adopté.)

Article 6 bis

M. le président. « Art. 6 bis . - Après le 1° de l'article 21 du code de procédure pénale, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« 1° bis Les volontaires servant en qualité de militaire dans la gendarmerie ; ». - (Adopté.)

Article additionnel après l'article 6 bis

M. le président. Par amendement n° 34, le Gouvernement propose d'insérer, après l'article 6 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« A l'article 229 de la loi n° 93-2 du 4 janvier 1993 portant réforme de la procédure pénale, la date "1er janvier 1997" est remplacée par la date "1er janvier 1999". »
La parole est à M. le ministre.
M. Alain Richard, ministre de la défense. J'ai exposé l'essentiel de la motivation de cet amendement lors de la discussion générale, ce matin.
Le Gouvernement s'est efforcé de faire oeuvre d'efficacité en matière d'adaptation de la procédure pénale aux juridictions militaires. L'Assemblée nationale ne l'a pas voulu, et j'ose encore espérer que le Sénat acceptera cette formule simple et pratique ; en effet, tant que nous attendrons, les militaires déférés devant les juridictions militaires, c'est-à-dire ceux qui sont en service hors de France, ne pourront pas bénéficier de ces dispositions protectrices.
Toutefois, si telle n'était pas la position du Sénat, il faudrait bien qu'une solution juridique soit adoptée. Nous sommes aujourd'hui sous l'empire d'une disposition selon laquelle une loi portant adaptation du code de procédure pénale doit être déposée avant le 1er janvier 1997. Cette obligation n'a pas été respectée. Par conséquent, pour éviter de se trouver à nouveau dans cette situation fâcheuse, le Gouvernement propose que soit fixée comme date limite le 1er janvier 1999, et il s'efforcera de respecter cet objectif.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Serge Vinçon, rapporteur. Cet amendement n'a pas été soumis à l'avis de la commission. Je me permettrai néanmoins d'esquisser en son nom un avis favorable.
En effet, l'amendement n° 34 préserve les prérogatives du Parlement tout en apportant une solution au problème momentané posé par l'extension aux militaires des réformes récentes du code de procédure pénale.
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 34, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 6 bis.

Article 7

M. le président. L'article 7 a été supprimé par l'Assemblée nationale.

Article 8

M. le président. « Art. 8. - Une loi ultérieure définira les conditions d'exécution des volontariats civils mentionnés à l'article L. 111-3 du code du service national. »
Je vais mettre aux voix l'article 8.
M. Jacques Habert. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert. Aux termes de l'article 8, « une loi ultérieure définira les conditions d'exécution des volontariats civils mentionnés à l'article L. 111-3 du code du service national ».
Cet article L. 111-3, dans le chapitre Ier du projet de loi que nous examinons, est ainsi rédigé : « Afin de participer au développement et à l'action de la France dans le monde, les jeunes Français peuvent apporter, sous la forme d'un volontariat, un concours personnel et temporaire dans les domaines de la prévention et de la solidarité, de l'aide technique ainsi que de la coopération internationale et de l'aide humanitaire.
Vous voyez donc, mes chers collègues, à quel point cet article est important, voire primordial, pour les Français de l'étranger.
Il s'agit des volontaires du service national actif ou des volontaires du service national en entreprises, devenus les coopérants du service national, les CSN. Ils oeuvrent dans des domaines aussi variés que l'enseignement, la culture, la santé, le social, l'action humanitaire, sans oublier le domaine économique, avec les postes dans les services commerciaux et le détachement dans des entreprises qui participent, à l'étranger, à l'expansion économique de notre pays.
Dans tous les champs d'activité des Français de l'étranger, ces jeunes coopérants, ces volontaires ont rendu des services considérables. D'où leur importance, et d'où la nécessité de maintenir leur présence et d'assurer leur pérennité.
Aussi, monsieur le ministre, je vous pose la question : quand pensez-vous que cette « loi ultérieure » pourra être présentée et adoptée ? Il est urgent de ne pas tarder à l'élaborer.
Il faut, en tout cas, dans la période de transition qui s'ouvre maintenant, que toutes les dispositions concernant les coopérants à l'étranger et les volontaires du service national soient précieusement gardées et maintenues.
Nous avons besoin de tous ces jeunes gens, qui rendent des services considérables et assurent à l'étranger une présence française jeune et dynamique dans de nombreux domaines.
Nous souhaitons qu'ils conservent intégralement la possibilité de servir à l'extérieur pendant la période de transition et que la loi annoncée à l'article 8 vienne sans retard confirmer et affermir leur position.
M. Alain Richard, ministre de la défense. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Alain Richard, ministre de la défense. A M. Habert et à l'ensemble de ceux qui sont préoccupés par la continuité des actions de coopération et des actions humanitaires assumées par les jeunes appelés aujourd'hui, je pense pouvoir dire que le Gouvernement sera en mesure de déposer un projet de loi dès l'année 1998.
J'ajoute que, heureusement, l'étalement de la période de transition, combiné au fait qu'il s'agit généralement de jeunes assez diplômés, qui bénéficient donc de reports assez longs, permettra d'assurer pendant les années 1998 et 1999 un nombre au moins stable d'appelés par rapport à aujourd'hui.
Si le nouveau dispositif entre en vigueur, comme je l'espère, avant la fin de l'année prochaine, la continuité sera donc absolument garantie.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 8.

(L'article 8 est adopté.)

Articles 8 bis et 9

M. le président. « Art. 8 bis . - Le ministre chargé de la défense remet chaque année au Parlement un rapport sur la réforme du service national, la mise en place de l'armée professionnelle et le fonctionnement de celle-ci.
« Une évaluation des dispositions de la présente loi sera réalisée dans les cinq années qui suivent sa promulgation. »- (Adopté.)
« Art. 9. - Les dispositions de la présente loi, à l'exception de son article 5, sont applicables aux territoires d'outre-mer et à la collectivité territoriale de Mayotte. » - (Adopté.)

Vote sur l'ensemble

M. le président. Je vais mettre aux voix l'ensemble du projet de loi.
M. Alain Richard, ministre de la défense. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Alain Richard, ministre de la défense. Sans alourdir le débat, je souhaite, au nom du Gouvernement, remercier le Sénat pour l'intérêt et le souci d'approfondissement du travail législatif qui a été mené sur ces articles.
Je constate que le Sénat et le Gouvernement se sont trouvés d'accord sur de très nombreux points formant l'ossature de ce projet de loi : le principe de la professionnalisation bien sûr, le rôle de l'éducation nationale dans l'acquisition des notions de défense des jeunes, l'importance du recensement, le développement des préparations militaires et leur continuité avec l'entrée dans les réserves ; un accord globalement assez complet est aussi intervenu sur les mécanismes de reports.
Il reste néanmoins des différences d'appréciation sur le principe de l'examen de santé - le Gouvernement souhaite rendre possible cette formule, mais en la détachant de l'organisation militaire - sur quelques limitations de l'étendue du volontariat et de son statut, ainsi que sur le contenu précis de la journée de préparation à la défense.
Le travail effectué aujourd'hui par le Sénat a été très constructif. Le Gouvernement nourrit l'espoir que la suite des échanges législatifs permettra de déboucher sur une solution pleinement acceptée par les deux assemblées.
M. le président. La parole est à M. Calmejane, pour explication de vote.
M. Robert Calmejane. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, au terme de ce débat, nous ne pouvons que regretter une fois de plus l'abandon du précédent projet de loi, qui était beaucoup plus ambitieux et qui tirait fidèlement les conséquences du projet de réforme de nos armées, voulu par le Président de la République, M. Jacques Chirac.
En effet, comme l'a rappelé notre excellent rapporteur, le présent projet de loi, s'il ne remet certes fondamentalement en cause - en apparence du moins - aucun des aspects majeurs de la réforme du service national engagée pour tirer les conséquences de la professionnalisation des armées, procède en réalité, à bien des égards, d'une logique radicalement différente du projet de loi précédent. Il en est ainsi de l'appel de préparation à la défense, très en recul au regard des précédents objectifs du rendez-vous citoyen, ou encore des contours du volontariat, qui répondent désormais à la seule logique de l'emploi et non plus à celle de la générosité.
De même, nous ne pouvons que regretter les ambiguïtés sur lesquelles repose le texte et qui tiennent en grande partie, comme cela a déjà été souligné, d'une part, aux difficultés pour leurs auteurs d'envisager le nouveau service national sans nostalgie du passé et, d'autre part, aux contradictions qui sous-tendent certaines de ces dispositions.
En conséquence, le groupe du RPR approuve la démarche constructive de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées ainsi que les modifications apportées par la Haute Assemblée ; ces modifications sont cohérentes avec les mesures adoptées lors de l'examen du précédent projet de loi et contribuent ainsi à améliorer un texte essentiel pour notre défense et notre jeunesse.
Pour toutes ces raisons, le groupe du RPR votera ce projet de loi tel qu'il a été amendé.
M. le président. La parole est à M. Trucy.
M. François Trucy. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de loi qui nous est soumis s'inspire certes fortement du précédent projet de réforme du service national, mais il est, à nos yeux, moins ambitieux et quelquefois moins cohérent.
La commission et son rapporteur, M. Serge Vinçon, ont fourni un excellent travail pour tenter de corriger certaines erreurs de conception du projet de loi initial, sans toutefois parvenir à un résultat pleinement satisfaisant, selon nous.
Monsieur le ministre, les réponses que vous vous êtes efforcé d'apporter aux nombreuses questions que soulève ce texte n'ont pas permis de dissiper toutes les inquiétudes des membres du groupe des Républicains et Indépendants.
Votre attitude positive et compréhensive, que nous saluons, ne doit pas pour autant masquer les lacunes du projet de loi.
Que penser, en effet, de l'efficacité et du coût d'une Rencontre armées-jeunesse réduite à quelques heures ?
Quel sera le réel contenu d'un enseignement de la défense confié à la seule éducation nationale, dont ce n'est pas la mission naturelle et dont certains membres peuvent aujourd'hui se montrer réticents à le dispenser ?
Que deviendront les volontariats civils dont la définition précise est renvoyée à un futur projet de loi et qui semblent se confondre avec les emplois-jeunes ?
Qu'adviendra-t-il, enfin, de cette période de transition qui conditionne pourtant le succès de la réforme ?
Voilà autant de questions essentielles demeurées sans réponse malgré les efforts méritoires de la commission et de son rapporteur.
Monsieur le ministre, mes chers collègues, la suspension de la conscription est un acte majeur, non seulement pour notre jeunesse, mais aussi pour la nation tout entière. Elle constitue un véritable choix de société qui dépasse les seuls intérêts militaires et budgétaires. A ce titre, elle mériterait mieux qu'une réforme incomplète qui ne garantit ni le maintien de l'esprit de défense ni la préservation du lien entre l'armée et la jeunesse.
Enfin, le service national participait directement à la cohésion sociale.
Organiser une seule journée au nom d'économies budgétaires espérées, se contenter de recenser les jeunes gens, abandonner l'enseignement de l'esprit de défense à l'éducation nationale, substituer la logique des emplois-jeunes à la générosité des volontariats, c'est oublier le rôle social qu'ont joué jusqu'à ce jour les armées de la République.
Pour toutes ces raisons, la majorité des membres du groupe des Républicains et Indépendants, bien qu'elle approuve la réforme dans son principe, s'abstiendra sur ce projet de loi.
M. le président. La parole est à M. Delanoë.
M. Bertrand Delanoë. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, lors de notre débat sur le même sujet, au mois de mars dernier, j'avais tenu, par-delà nos différences, à saluer la qualité de nos échanges de points de vue, d'informations et de jugements tant au sein de la commission que dans l'hémicycle.
Le même état d'esprit a prévalu aujourd'hui et, comme en mars dernier, le président de la commission et le rapporteur y sont pour beaucoup.
L'actuel ministre de la défense a contribué fortement, par sa qualité d'écoute des divers points de vue, par le respect profond qu'il a témoigné de tous les avis et par l'ouverture d'esprit dont il a fait preuve dans la recherche de solutions communes, à nous faire avancer. Voilà pour le climat !
Sur le fond, le fait que, sur ces sujets essentiels, nous soyons plus proches aujourd'hui qu'il y a quelques mois est bon pour le pays et bon pour la défense nationale.
Que ce projet, par rapport au texte précédent, ait évolué, tout en restant dans le cadre de la professionnalisation, que, quoi qu'en pensent certains collègues, aient été mieux pris en compte, notamment, un certain nombre d'aspects de la défense du territoire et des intérêts vitaux, qu'ait été mieux pris en compte ce qui prépare le nouveau lien armée-nation dans le cadre d'une défense nationale dont l'armée est professionnalisée, que des nouveaux jalons aient été posés pour inventer cette relation entre l'ensemble des citoyens et la préoccupation de défense, que cela devienne effectivement pour tous les citoyens une préoccupation très importante, tout cela constitue un grand progrès.
Bien qu'appartenant à la minorité du Sénat, je considère que le travail qu'a effectué la majorité de la commission a été constructif. Si je ne la suis pas sur un certain nombre de points - on en a débattu largement, je n'y reviens pas - elle n'a pas changé la nature, le sens du projet.
Voilà pourquoi, n'étant pas d'accord avec un certain nombre d'amendements qui ont été adoptés - c'est la loi de la majorité ! - nous ne pourrons pas voter le projet de loi tel quel. Pour autant, nous nous garderons bien de voter contre, car l'esprit est sauf.
M. le rapporteur avait employé l'expression « comportement constructif » ; je dirai que nous aurons une abstention constructive.
Je veux remercier tous ceux qui ont contribué à faire réellement progresser la prise de position de la représentation nationale sur un sujet qui sera majeur dans les années à venir.
Nous aurons d'autres rendez-vous sur ce sujet. Je l'ai dit, il faudra voir alors comment le dispositif se met en oeuvre, quelles sont les difficultés rencontrées, y compris celles auxquelles aucun de nous n'a pu penser, et, à l'aune de ces résultats, des objectifs que nous partageons, faire évoluer encore cette préparation des jeunes citoyens au sentiment de défense.
Enfin, j'espère aussi que nos aurons d'autres rendez-vous pour faire participer, tous les citoyens, de tous âges, à ce sentiment collectif de défense.
M. le président. La parole est à M. Joly.
M. Bernard Joly. Après avoir félicité notre excellent rapporteur, je me contenterai de dire que le groupe du RDSE, à la quasi-unanimité, votera le projet de loi et que, à titre personnel, pour les raisons que j'ai exposées en m'exprimant sur l'article 5, je ne participerai pas au vote.
M. le président. La parole est à M. Hamel.
M. Emmanuel Hamel. J'avais, en mars dernier, voté contre le projet de loi soutenu par M. Charles Millon ; je ne puis, hélas ! monsieur le ministre, quelle que soit la sympathie personnelle que je vous porte - si vous me permettez publiquement de l'évoquer - que voter contre le projet de loi que vous soumettez aujourd'hui au Sénat.
Je rappelle à votre jeunesse, qui n'a connu ni la guerre, ni la défaite, ni l'Occupation, que la France a tragiquement payé, au xixe et au xxe siècle, par l'insuffisance de son effort de défense, l'incapacité de ses armées à faire face aux menaces le jour où elles s'exprimaient, venant du Rhin ou d'ailleurs.
L'idée que je me fais de la patrie, le sentiment que j'éprouve que la chute du mur de Berlin ne supprime pas les menaces qui peuvent venir de l'Est, la conscience que nous devons tous avoir que d'autres menaces peuvent venir du sud de l'Europe et de la Méditerranée, voire de plus loin, le risque qui pourrait naître pour la République, pour la paix civile, d'une armée professionnelle sans conscription, sans service national, le souci que j'ai d'accélérer, d'intensifier les procédures d'intégration de ces jeunes d'origine étrangère qui ont acquis notre nationalité, mais qui ne sont pas réellement français et qui auraient pu le devenir plus facilement s'ils avaient passé quelques mois de leur vie sous les plis du drapeau, tout cela me crée le devoir voter contre un texte dangereux peut-être, à terme, pour la paix civile, dangereux pour la sécurité nationale et qui prive la France du rayonnement plus grand qu'elle pourrait avoir sans conteste dans le monde si elle cessait de refuser de porter son effort de défense au niveau nécessaire à sa sécurité.
M. le président. La parole est à M. Richert.
M. Philippe Richert. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le service national a été pendant des siècles un élément essentiel de la cohérence de notre pays et la marque de sa volonté de se prémunir contre tous les risques. A l'instant même, M. Hamel a d'ailleurs rappelé combien la structure du service national était indispensable à notre pays.
Mais, aujourd'hui, nous n'avons pas à discuter du maintien ou non du service national. La réforme des armées a été avalisée ; nous avons voté la suppression du service national tel qu'il existait.
Maintenant, nous avons à trouver les nouvelles modalités du lien qui doit exister entre les jeunes et la nation, à faire en sorte que ce moment fort dans la vie de notre jeunesse puisse être sauvegardé et à définir les meilleurs perspectives possibles.
Je veux, moi aussi, relever la qualité exceptionnelle du travail qui a été mené par la commission, notamment par son rapporteur et son président.
Le texte qui nous est proposé vise très largement à atteindre les objectifs qui nous ont été fixés. C'est donc bien volontiers que le groupe de l'Union centriste le votera.
Cela étant, bien sûr, nous resterons vigilants dans les autres domaines qui concernent la défense. En particulier, il ne faudra pas oublier que, dans le cadre de la réforme, les moyens qui ont été définis l'ont été strictement, en fonction des objectifs, et il faudra faire en sorte qu'aucun crédit, qu'aucun moyen ne manque, car ce serait attenter au système de défense de notre pays que de le permettre.
M. le président. La parole est à M. Vigouroux.
M. Robert-Paul Vigouroux. Comme d'autres avant moi, je veux remercier l'ensemble des participants pour la sérénité et le sérieux de leurs interventions, sérénité et sérieux qui caractérisent d'ailleurs notre assemblée.
Dans notre groupe, on le sait, la liberté de vote est la règle. Bernard Joly a exprimé l'opinion de la majorité du groupe ; on me permettra d'exprimer l'opinion d'une autre partie.
Il est parfois difficile de faire comprendre au public que l'on s'abstient parce que l'on est pour. Mais c'est pourtant bien parce que le texte a été trop amendé sur certains points que, alors que je suis pour, avec d'autres je m'abstiendrai. Il n'empêche qu'aujourd'hui nous aurons fait des progrès.
M. le président. La parole est à M. Habert. M. Jacques Habert. Ce projet de loi fait une large place aux Français expatriés, dont il reconnaît la spécificité et la particularité. Il tient compte, à tous égards, de leur situation et prévoit, notamment, l'intervention du Conseil supérieur des Français de l'étranger et de son bureau permanent.
Nous remercions le président et le rapporteur de notre commission de la défense et des forces armées ; les amendements qu'ils ont présentés étaient tout à fait judicieux ; nous les avons votés.
Nous vous remercions aussi, monsieur le ministre, pour votre compréhension et votre modération.
Pour toutes ces raisons, les sénateurs non inscrits, unanimes, voteront le texte tel qu'il ressort des travaux du Sénat.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble du projet de loi.
M. Emmanuel Hamel. Je vote contre.

(Le projet de loi est adopté.)8

NOMINATION DE MEMBRES
D'UNE COMMISSION MIXTE PARITAIRE

M. le président. M. le président du Sénat a reçu de M. le Premier ministre la demande de constitution d'une commission mixte paritaire sur le texte que nous venons d'adopter.
Il va être procédé immédiatement à la nomination de sept membres titulaires et de sept membres suppléants de cette commission mixte paritaire.
La liste des candidats établie par la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a été affichée conformément à l'article 12 du règlement.
Je n'ai reçu aucune opposition.
En conséquence, cette liste est ratifiée, et je proclame représentants du Sénat à cette commission mixte paritaire :
Titulaires : MM. Xavier de Villepin, Serge Vinçon, Daniel Goulet, Bernard Plasait, André Dulait, André Rouvière et Jean-Luc Bécart.
Suppléants : MM. Michel Alloncle, Jean Clouet, Claude Estier, Jean Faure, Maurice Lombard, Jean-Luc Mélenchon et André Vallet.

9

COMMUNICATION DE L'ADOPTION DÉFINITIVE
DE PROPOSITIONS D'ACTE COMMUNAUTAIRE

M. le président. M. le président du Sénat a reçu de M. le Premier ministre une communication, en date du 3 octobre 1997, l'informant que :
- la proposition d'acte communautaire E 868 « proposition de décision du Conseil concernant l'adoption, au nom de la Communauté, de l'amendement à la convention sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination (convention de Bâle) conformément à la décision III/I de la conférence des parties » a été adoptée définitivement par les instances communautaires par décision du Conseil du 23 septembre 1997 ;
- et que la proposition d'acte communautaire E 895 « proposition de règlement CE du Conseil établissant certaines mesures concernant l'importation de produits agricoles transformés de Suisse pour tenir compte des résultats des négociations de l' Uruguay round dans le secteur agricole » a été adoptée définitivement par les instances communautaires par décision du Conseil du 23 septembre 1997.

10

DÉPÔT DE PROPOSITIONS
D'ACTE COMMUNAUTAIRE

M. le président. J'ai reçu de M. le Premier ministre la proposition d'acte communautaire suivante, soumise au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- proposition de décision du Parlement européen et du Conseil modifiant la décision du 19 décembre 1996 portant adoption d'un programme d'action pour la douane dans la Communauté « Douane 2000 ».
Cette proposition d'acte communautaire sera imprimée sous le numéro E 929 et distribuée.
J'ai reçu de M. le Premier ministre la proposition d'acte communautaire suivante, soumise au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- proposition de règlement CE du Conseil modifiant le règlement CEE n° 2658/87 du Conseil relatif à la nomenclature tarifaire et statistique et au tarif douanier commun et suspendant, à titre autonome, la perception des droits du tarif douanier commun pour certains produits relatifs aux technologies de l'information.
Cette proposition d'acte communautaire sera imprimée sous le numéro E 930 et distribuée.
J'ai reçu de M. le Premier ministre la proposition d'acte communautaire suivante, soumise au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- proposition de décision du Conseil relative à la contribution de la Communauté à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement en faveur du fonds pour la réalisation d'un massif de protection à Tchernobyl.
Cette proposition d'acte communautaire sera imprimée sous le numéro E 931 et distribuée.
J'ai reçu de M. le Premier ministre la proposition d'acte communautaire suivante, soumise au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- proposition de décision du Conseil relative à la conclusion de l'accord entre la Communauté européenne et la République populaire de Chine sur le commerce des produits textiles non couverts par l'accord bilatéral AMF sur le commerce des produits textiles paraphé le 9 décembre 1988.
Cette proposition d'acte communautaire sera imprimée sous le numéro E 932 et distribuée.

11

DÉPO^T D'UN RAPPORT

M. le président. J'ai reçu de M. Alain Lambert, rapporteur pour le Sénat, un rapport fait au nom de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier.
Le rapport sera imprimé sous le numéro 16 et distribué.

12

DÉPÔT RATTACHÉ POUR ORDRE
AU PROCÈS-VERBAL
DE LA SÉANCE DU 2 OCTOBRE 1997

M. le président. M. le président du Sénat a reçu de M. Michel Charasse une proposition de résolution tendant à requérir la suspension des poursuites engagées contre M. Michel Charasse, sénateur du Puy-de-Dôme.
La proposition de résolution sera imprimée sous le numéro 15, distribuée et, conformément à l'article 105 du règlement, renvoyée à une commission de trente membres nommée à la représentation proportionnelle des groupes.

13

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, fixée au jeudi 9 octobre 1997, à quinze heures :
1. - Questions d'actualité au Gouvernement.
2. - Nomination des membres de la commission spéciale chargée de vérifier et d'apurer les comptes du Sénat.
3. - Eventuellement, discussion en nouvelle lecture du projet de loi relatif au développement d'activités pour l'emploi des jeunes.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée à vingt et une heures.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON





ERRATA
Au compte rendu intégral de la séance du 30 septembre 1997
EMPLOI DES JEUNES

Page 2447, 1re colonne, dans le texte du 13e alinéa, 4e ligne :
Au lieu de : « deux alinéas » ;
Lire : « six alinéas ».
Page 2447, 2e colonne, dans le texte du 5e alinéa, 3e ligne :
Au lieu de : « après le troisième alinéa du texte » ;
Lire : « insérer six alinéas ».
Page 2447, 2e colonne, dans le texte du 10e alinéa, 3e ligne :
Au lieu de : « deuxième alinéa ».
Lire : « troisième alinéa ».

ORDRE DU JOUR
DES PROCHAINES SÉANCES DU SÉNAT

établi par le Sénat dans sa séance du mardi 14 octobre 1997 à la suite des conclusions de la conférence des présidents

Mercredi 8 octobre 1997 :

A 15 heures :
1° Nomination des membres de la commission spéciale chargée de vérifier et d'apurer les comptes du Sénat.
(Les candidatures à cette commission devront être déposées par les groupes au secrétariat du service des commissions le mardi 7 octobre 1997, avant 17 heures.)

Ordre du jour prioritaire

2° Suite du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, portant réforme du service national (n° 426, 1996-1997).

Jeudi 9 octobre 1997 :

A 15 heures :
1° Questions d'actualité au Gouvernement.
(L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au service de la séance avant 11 heures.)

Ordre du jour prioritaire

2° Eventuellement, nouvelle lecture du projet de loi relatif au développement d'activités pour l'emploi des jeunes.

Mardi 14 octobre 1997 :

A 9 h 30 :
1° Dix-huit questions orales sans débat (l'ordre d'appel des questions sera fixé ultérieurement) :
- n° 5 de M. René-Pierre Signé à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie (Statut des psychologues scolaires) ;

- n° 7 de M. Pierre Hérisson à Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité (Assujettissement des travailleurs frontaliers à la contribution pour le remboursement de la dette sociale) ;

- n° 10 de M. Daniel Hoeffel à M. le ministre de la défense (Reclassement des personnels civils affectés par la réorganisation des forces françaises en Allemagne) ;

- n° 13 de M. Ivan Renar à M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation (Principe d'égalité d'accès aux services publics) ;

- n° 14 de M. Louis-Ferdinand de Rocca Serra à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement (Maintien des services publics dans les zones en voie de désertification) ;

- n° 16 de Mme Marie-Claude Beaudeau à M. le secrétaire d'Etat à la santé (Difficultés de préparation des budgets des hôpitaux franciliens) ;

- n° 19 de M. Marcel Vidal à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement (Gestion des déchets ménagers) ;

- n° 20 de M. Germain Authié à M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation (Traitement des ordures ménagères par les collectivités territoriales) ;

- n° 22 de M. José Balarello à Mme le garde des sceaux, ministre de la justice (Mise en place d'une cour d'appel à Nice) ;

- n° 24 de M. Philippe Marini à Mme le garde des sceaux, ministre de la justice (Réforme du droit des sociétés commerciales) ;

- n° 26 de M. Léon Fatous à M. le secrétaire d'Etat à la santé (Retard en matière d'équipement hospitalier dans le département du Pas-de-Calais) ;

- n° 28 de M. Gérard Fayolle à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement (Liaisons routières en Dordogne) ;

- n° 31 de M. Jacques Valade à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie (Enseignement de l'informatique dans les établissements de second degré et à l'université) ;

- n° 32 de M. Paul Masson à M. le secrétaire d'Etat à la santé (Situation de l'hôpital de Pithiviers) ;

- n° 33 de M. Franck Sérusclat à M. le secrétaire d'Etat à la santé (Stérilisation volontaire des sujets sains) ;

- n° 37 de M. Georges Mouly à M. le secrétaire d'Etat au budget (Débits de boissons en milieu rural) ;

- n° 39 de M. Philippe Madrelle à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche (Maintien en activité du site de production laitière de Carbon-Blanc) ;

- n° 40 de M. Jean-Claude Carle à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement (installation d'une ligne à très haute tension au nord d'Annecy).

A 16 heures :

Ordre du jour prioritaire

2° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord d'adhésion de la République hellénique à la convention d'application de l'accord de Schengen du 14 juin 1985 entre les gouvernements des Etats de l'Union économique Benelux, de la République fédérale d'Allemagne et de la République française relatif à la suppression graduelle des contrôles aux frontières communes, signée à Schengen le 19 juin 1990, à laquelle ont adhéré la République italienne par l'accord signé à Paris le 27 novembre 1990 et le Royaume d'Espagne et la République portugaise par les accords signés à Bonn le 25 juin 1991 (n° 427, 1996-1997).
3° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord d'adhésion de la République d'Autriche à la convention d'application de l'accord de Schengen du 14 juin 1985 entre les gouvernements des Etats de l'Union économique Benelux, de la République fédérale d'Allemagne et de la République française relatif à la suppression graduelle des contrôles aux frontières communes, signée à Schengen le 19 juin 1990, à laquelle ont adhéré la République italienne, le Royaume d'Espagne et la République portugaise, et la République hellénique par les accords signés respectivement le 27 novembre 1990, le 25 juin 1991 et le 6 novembre 1992 (n° 428, 1996-1997).
(La conférence des présidents a décidé qu'il sera procédé à une discussion générale commune de ces deux projets de loi, n°s 427 et 428.)
4° Projet de loi autorisant la ratification de la convention sur la base de l'article K. 3 du traité sur l'Union européenne portant création d'un Office européen de police (ensemble une annexe et quatre déclarations) (n° 363, 1996-1997).
5° Projet de loi autorisant la ratification du protocole établi sur la base de l'article K. 3 du traité sur l'Union européenne concernant l'interprétation, à titre préjudiciel, par la Cour de justice des Communautés européennes de la convention portant création d'un Office européen de police (n° 364, 1996-1997).
(La conférence des présidents a décidé qu'il sera procédé à une discussion générale commune de ces deux projets de loi, n°s 363 et 364.)
6° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, agissant dans le cadre de l'Union européenne, d'une part, et la République de Slovénie, d'autre part (n° 388, 1996-1997).
7° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une part, et la République de Lituanie, d'autre part (n° 392, 1996-1997).
8° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une part, et la République de Lettonie, d'autre part (n° 393, 1996-1997).
9° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une part, et la République d'Estonie, d'autre part (n° 394, 1996-1997).
(La conférence des présidents a décidé qu'il sera procédé à une discussion générale commune de ces trois projets de loi, n°s 392, 393 et 394.)
10° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Croatie sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements (n° 342, 1996-1997).
11° Projet de loi autorisant l'approbation du protocole additionnel à la convention-cadre européenne sur la coopération transfrontalière des collectivités ou autorités territoriales (ensemble trois déclarations) (n° 371, 1996-1997).
12° Projet de loi autorisant la ratification de la convention européenne sur la reconnaissance de la personnalité juridique des organisations internationales non gouvernementales (n° 338, 1996-1997).
13° Projet de loi autorisant la ratification de la convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est (ensemble quatre annexes et deux appendices) (n° 386, 1996-1997).
14° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume d'Espagne concernant la construction et l'exploitation de la section internationale d'une ligne ferroviaire à grande vitesse entre la France et l'Espagne (façade méditerranéenne) (n° 201, 1996-1997).
Mercredi 15 octobre 1997 :
A 10 heures et, éventuellement, à 15 heures :

Ordre du jour prioritaire

Troisième lecture du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines (n° 437, 1996-1997).
(La conférence des présidents a fixé au mardi 14 octobre 1997, à 17 heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.)
Jeudi 16 octobre 1997 :

Ordre du jour prioritaire

A 9 h 30 :
1° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet de loi portant réforme du service national.
A 15 heures :
2° Eventuellement, nouvelle lecture du projet de loi portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier.
(La conférence des présidents a fixé au mercredi 15 octobre 1997, à 17 heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.)
Mardi 21 octobre 1997 :

Ordre du jour établi en application de l'article 48,
troisième alinéa, de la Constitution

A 9 h 30 :
1° Proposition de loi de M. Daniel Hoeffel et plusieurs de ses collègues relative au régime local d'assurance maladie des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle (n° 410, 1996-1997).
A 16 heures :
2° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, modifiant le code civil pour l'adapter aux stipulations de la convention de La Haye sur la loi applicable aux régimes matrimoniaux et organiser la publicité du changement de régime matrimonial obtenu par application d'une loi étrangère (n° 281, 1996-1997).
3° Conclusions de la commission des lois sur la proposition de loi de M. Jacques Larché relative à la validation de certaines admissions à l'examen d'entrée à un centre de formation professionnelle d'avocats (n°s 284 et 306, 1996-1997).
(La conférence des présidents a fixé au lundi 20 octobre 1997, à 17 heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ces trois textes.)
4° Proposition de loi organique, adoptée par l'Assemblée nationale, relative à la fiscalité applicable en Polynésie française (n° 261, 1996-1997).

Mercredi 22 octobre 1997 :

A 16 h 15 :
Déclaration du Gouvernement, suivie d'un débat, sur l'éducation nationale.
(La conférence des présidents a fixé :
- à dix minutes le temps réservé au président de la commission des affaires culturelles ;

- à trois heures la durée globale du temps dont disposeront, dans le débat, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe.

(L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant 17 heures, le mardi 21 octobre 1997.)

Jeudi 23 octobre 1997 :

A 9 h 30 :

Ordre du jour prioritaire

1° Eventuellement, deuxième lecture du projet de loi organique déterminant les conditions d'application de l'article 88-3 de la Constitution relatif à l'exercice par les seuls citoyens de l'Union européenne résidant en France, autres que les ressortissants français, du droit de vote et d'éligibilité aux élections municipales et portant transposition de la directive 94/80/CE du 19 décembre 1994.
(La conférence des présidents a fixé au mercredi 22 octobre 1997, à 17 heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi organique.)
2° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet de loi relatif à l'inscription d'office des personnes âgées de dix-huit ans sur les listes électorales.
3° Projet de loi portant transposition de la directive 94/47/CE du Parlement européen et du Conseil du 26 octobre 1994 concernant la protection des acquéreurs pour certains aspects des contrats portant sur l'acquisition d'un droit d'utilisation à temps partiel de biens immobiliers (n° 208, 1996-1997).
(La conférence des présidents a fixé au mercredi 22 octobre 1997, à 17 heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.)
A 15 heures :
4° Questions d'actualité au Gouvernement.
(L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au service de la séance avant 11 heures.)

Ordre du jour prioritaire

5° Suite de l'ordre du jour du matin.
6° Question orale avec débat portant sur un sujet européen de M. Pierre Fauchon à Mme le garde des sceaux, ministre de la justice, sur la constitution d'un espace judiciaire européen.
(La discussion de cette question s'effectuera selon les modalités prévues à l'article 83 ter du règlement.)

A N N E X E
Questions orales sans débat inscrites à l'ordre du jour
de la séance du mardi 14 octobre 1997

N° 5. - M. René-Pierre Signé appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur les problèmes que rencontrent les psychologues scolaires dont l'identité professionnelle n'est pas clairement définie. Ces psychologues ont pour mission d'apporter un appui aux élèves du premier degré. Ils font partie intégrante des équipes pédagogiques. A leur formation initiale de niveau universitaire, la loi n° 85-772 du 25 juillet 1985 ajoute l'exigence d'une expérience pédagogique préalable à leur recrutement. Actuellement, ils sont assimilés à des enseignants avec les mêmes salaires et des évolutions de carrière identiques. Ils sont inspectés, comme les instituteurs, par des fonctionnaires de formation pédagogique ou administrative. C'est une situation étonnante au regard de la loi de 1985 qui protège le titre de psychologue. Dans un souci d'affirmation professionnelle, ils souhaitent l'élaboration négociée d'un texte leur conférant statutairement une fonction spécifique, dans le premier degré, accessible à l'issue d'une formation sanctionnée par un diplôme de 3e cycle en psychologie. Ce statut protégerait l'usage de leur titre, garantirait aux enfants, à leurs familles ainsi qu'aux différents partenaires, les services de professionnels dotés de missions, dans le respect de la déontologie et de l'éthique, et établirait une distinction entre celui qui enseigne et celui qui analyse une situation pour tenter d'y apporter une solution. Il lui demande de lui indiquer quelles mesures pourront être prises pour que ces personnels de l'éducation nationale bénéficient de la reconnaissance qu'ils méritent.
N° 7. - M. Pierre Hérisson appelle l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur l'assujettissement des travailleurs frontaliers à la contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS). En application de l'article 7, alinéa 1, de la convention franco-suisse du 3 juillet 1975, les frontaliers travaillant en Suisse sont obligatoirement couverts par le régime suisse de sécurité sociale. Après avoir décidé de suspendre l'assujettissement des frontaliers à la contribution sociale généralisée (CSG), le Gouvernement les a assujettis, par ordonnance du 25 janvier 1996, à une nouvelle contribution sociale, la CRDS. La Commission européenne, ayant été saisie sur ce point, a confirmé qu'il s'agissait là encore d'une « véritable cotisation sociale », qui ne pouvait en aucun cas être applicable aux frontaliers des pays tiers. La CRDS a été créée dans l'unique but de combler le déficit de la sécurité sociale, ce qui lui confère indéniablement son caractère de cotisation sociale, quand bien même cette dernière serait affectée à un organisme ne redistribuant pas directement de prestation sociales. En conséquence, il lui demande quelles mesures le Gouvernement entend rapidement prendre pour corriger cette erreur manifeste, car il n'est pas raisonnable de demander aux frontaliers de participer solidairement au remboursement d'un déficit auquel ils n'ont, en fait ou en droit, jamais participé.
N° 10. - M. Daniel Hoeffel appelle l'attention de M. le ministre de la défense sur les incidences pour les personnels civils des mesures de restructuration qui toucheront en 1997 et 1999 les forces françaises stationnées en Allemagne. Deux vagues concerneront ainsi en 1997 et 1999 plus de 3 600 civils, parmi lesquels de nombreux personnels français particulièrement implantés dans les zones frontalières. Seuls les fonctionnaires et agents publics sont assurés d'un reclassement dans les services et établissements relevant du ministère de la défense. En ce qui concerne les personnels de droit privé allemand, les plans sociaux ont été négociés. Les modalités de licenciement ainsi fixées ont été améliorées par rapport aux règles propres aux établissements. Des mesures d'accompagnement social ont, par ailleurs, été prévues. Cependant, au vu des difficultés rencontrées lors des précédentes dissolutions de garnisons, il est à craindre qu'un grand nombre de ces agents ne pourra assurer sa reconversion en dépit des mesures prises en sa faveur. Il lui demande si d'autres solutions de reclassement, qui tiendraient compte des années passées à oeuvrer au service de la France, ne pourraient être envisagées pour ces personnels.
N° 13. - M. Ivan Renar rappelle à M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation que de très nombreuses communes appliquent, dans le cadre de leur politique municipale, des tarifs différenciés selon le quotient familial pour certaines activités, comme les activités culturelles ou sportives. Or une jurisprudence du Conseil d'Etat interdit cette pratique selon lui discriminatoire en matière d'égalité d'accès aux services publics. Cette conception très formelle de l'égalité ignore cependant la réalité d'une situation sociale qui prive pour des raisons financières de très nombreuses personnes, en premier lieu les enfants, de l'accès à la culture ou au sport. L'application du quotient familial est dans l'esprit des municipalités un moyen de dépasser les obstacles sociaux. Dans une réponse à une question écrite déjà posée à ce sujet en juillet 1996, le ministre de la culture alors en exercice annonçait qu'« en concertation avec le ministère de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation il a été décidé d'entreprendre une réflexion de fond sur le sujet, qui pourrait donner lieu au dépôt d'un projet de loi ». En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui faire part de l'état de la réflexion du Gouvernement à ce sujet et des décisions qu'il entend mettre en oeuvre.
N° 14. - M. Louis-Ferdinand de Rocca Serra souligne auprès de Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement que le service public, et plus particulièrement en milieu rural, constitue un élément fondamental de l'aménagement du territoire et du maintien des populations dans des zones en voie de désertification. L'Etat est exclusivement compétent à l'égard des services publics nationaux et le principe de l'égal accès de tous au service public a été réaffirmé par la loi n° 95-115 du 5 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire. Les communes sont, quant à elles, très attachées aux services de proximité et oeuvrent quotidiennement pour que ceux-ci soient maintenus dans les meilleures conditions de qualité. De plus en plus fréquemment, cette volonté des élus locaux se traduit par une participation aux côtés de l'Etat au financement de ces services. Face au désengagement toujours plus croissant de ce dernier, face à la logique de rentabilité économique invoquée par les grandes entreprises nationales, les collectivités locales ont-elles d'autres choix que d'accepter ce partenariat ? Leur survie, quelquefois, en dépend. Le manque de concertation que l'on a pu déplorer jusqu'à présent entre les différentes parties aboutit à un transfert de charges toujours plus important en direction des communes. Le cas de La Poste illustre semble-t-il le mieux cette situation. Sur le fondement d'un partenariat souvent déséquilibré, ce sont des conventions hybrides au cas par cas qui sont proposées aux maires, dont les termes posent divers problèmes juridiques (notamment en matière de responsabilité). On assiste à une situation qui peut devenir préjudiciable, si l'on n'y prend pas garde. Les communes ne pourront pas, à elles seules, assumer ces transferts et les usagers pourraient avoir à en supporter les conséquences. Le service public ne pourra plus répondre à ces missions, si tant est qu'on arrive à conserver les réseaux déjà existants. Il souhaiterait obtenir des précisions sur deux points : d'une part, quelle sera la position du Gouvernement lorsque le moratoire sur la suppression des services publics sera arrivé à son terme ? Et, d'autre part, à quel moment sera pris le décret d'application de l'article 29 de la loi du 5 février 1995, qui pourrait constituer le cadre d'une procédure adaptée en matière de contrôle de suppression ou de modification d'un service ?
N° 16. - Mme Marie-Claude Beaudeau attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la santé sur les difficultés rencontrées par les conseils d'administration des hôpitaux franciliens pour préparer les budgets hospitaliers de 1998 et l'établissement des orientations budgétaires. L'absence de directives nouvelles sur la présentation du rapport d'orientation budgétaire prévu par la loi hospitalière (art. L. 71-466 du code de la santé publique) - et obligatoire depuis 1992 - conduit les conseils d'administration à travailler en s'appuyant sur la circulaire ministérielle du 10 mai 1994 fondée sur la définition des objectifs suivants : application du projet d'établissement, prévisions d'activités, présentation des objectifs 1998. Elle lui rappelle que les conseils d'administration rencontrent des difficultés importantes pour établir ce rapport compte tenu du taux négatif de dotation, attribué en 1997, ayant nécessité des mesures drastiques et immédiates afin d'éviter tout dérapage financier important. Elle lui demande quelles directives et quels moyens financiers il envisage pour permettre aux conseils d'administration des hôpitaux franciliens de préparer les orientations budgétaires - le budget 1998. Elle lui demande enfin de lui préciser les mesures de rétablissement à un taux positif des dotations pour les hôpitaux franciliens.
N° 19. - M. Marcel Vidal rappelle à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement que, le 25 février dernier, la commission de la production et des échanges de l'Assemblée nationale adoptait un rapport d'information sur l'application de la loi n° 92-646 du 13 juillet 1992 relative à l'élimination des déchets ainsi qu'aux installations classées pour la protection de l'environnement. Cette loi constitue, comme le souligne le rapporteur, une « révolution culturelle » en matière de gestion des déchets ménagers. Pour la première fois étaient posés les principes de la nécessité du traitement des déchets et de leur élimination dans le but de prévenir et de réduire leur production et leur nocivité, de limiter et d'organiser leur transport et de les valoriser soit par le recyclage, soit par le compostage, soit encore par l'incinération avec récupération d'énergie. Pour la première fois était affirmée la nécessité de supprimer les décharges brutes d'ici au 1er juillet 2002. Les attentes légitimes de nos concitoyens pour un meilleur cadre de vie étaient enfin prises en compte. Cinq ans après l'adoption de cette loi, le rapport d'information de l'Assemblée nationale en dresse un premier bilan. Il souhaite connaître son avis sur les propositions énoncées dans ce rapport, et notamment sur l'opportunité d'un report de l'échéance du 1er juillet 2002 pour l'interdiction de la mise en décharge ainsi que sur les moyens techniques et financiers qu'elle compte mettre en oeuvre pour revenir à l'esprit de la loi de 1992, qui prône non pas le tout incinération, comme il est pratiqué aujourd'hui, mais une gestion multifilière des déchets ménagers.
N° 20. - M. Germain Authié appelle l'attention de M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation sur la nature et l'étendue des difficultés d'ordre juridique rencontrées par des communes soucieuses de confier au département la compétence du traitement des ordures ménagères ; l'article L. 2224-13 du code général des collectivités territoriales dispose pourtant que « les communes (ou les établissements publics de coopération intercommunale) assurent, éventuellement en liaison avec les départements et les régions, l'élimination des déchets des ménages » ; il lui demande donc pour quelles raisons une telle opération serait irrégulière ; en effet, dans bien des domaines (universités, voirie nationale), des collectivités interviennent déjà dans une compétence qui ne leur est pas propre ; en conséquence, il l'interroge sur le point de savoir s'il ne juge pas nécessaire de faire prévaloir, vis-à-vis du traitement des ordures ménagères, la solution la plus conforme à l'intérêt général, les communes se limitant à assurer la collecte, le département, le traitement, dans des conditions fixées par conventions de prestations de services ; le coût des investissements à réaliser, pour le traitement, excédant les capacités financières des communes.
N° 22. - M. José Balarello attire l'attention de Mme le garde des sceaux, ministre de la justice, sur l'importance que revêt la mise en place d'une cour d'appel à Nice. En effet, le délai de traitement d'un dossier devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence, dont relèvent pour l'appel les juridictions de Nice et de Grasse, est de 19,8 mois alors que la durée moyenne de traitement d'un dossier devant une cour d'appel est de 13,1 mois. Ainsi, à titre d'exemple, en matière sociale où les conflits doivent être réglés au plus vite, un salarié licencié doit attendre pendant quatre ou cinq ans après le premier jugement du conseil des prud'hommes ; dans le domaine des travaux publics, la durée des traitements est tellement longue qu'elle entraîne souvent la disparition des entreprises avant que le jugement soit rendu. Cette situation anormale résulte en grande partie du fait que la cour d'appel d'Aix-en-Provence, la deuxième de France, est assise sur un ressort territorial tellement vaste que la population qui en dépend représente le double de la moyenne nationale : 3 700 000 au lieu de 1 850 000, et ce alors que la plupart des débats sur la justice en France sont centrés sur la nécessité d'un rapprochement de celle-ci avec le citoyen. Plus concrètement, il faut faire 360 kilomètres aller-retour pour aller plaider en appel ! Situation d'autant plus impensable lorsqu'on sait que 40 % des dossiers examinés par la cour d'appel d'Aix-en-Provence proviennent du seul département des Alpes-Maritimes et que Nice est la seule grande ville de France à ne pas avoir de cour d'appel soit en son sein, soit à proximité. Cette proposition de création est d'ailleurs contenue dans le rapport Carrez de février 1994 consacré à la réorganisation judiciaire, qui suggère de scinder la cour d'appel d'Aix-en-Provence en deux, avec création d'une cour à Nice. Aussi, il lui demande s'il ne lui semble pas qu'il y a là, à la lumière de sa réflexion, une anomalie à lever pour favoriser une justice plus rapide, humainement plus proche et enfin moins coûteuse.
N° 24. - Aujourd'hui, les impératifs de l'ouverture internationale et la nécessité pour nos entreprises d'évoluer dans un cadre juridique compétitif appellent une remise en cause du modèle français, afin de laisser plus de place à la liberté contractuelle, à l'exemple de plusieurs de nos partenaires européens. La loi n° 66-537 du 24 juillet 1966 sur les sociétés commerciales a plus de trente ans. Elle privilégie une approche institutionnelle dans laquelle la société est porteuse d'un intérêt social distinct de celui des associés. Elle comporte de ce fait une forte proportion de règles d'ordre public sanctionnée par un arsenal répressif très développé. Le dispositif qui en résulte est certes garant de la sécurité juridique mais souvent inadapté et rigide, par défaut d'actualisation. Dans quelques mois, notre pays entrera dans une nouvelle phase de l'Union européenne, marquée par la création prochaine de l'euro. Dans le passé, chaque étape importante de la législation sur les sociétés a correspondu à des changements internationaux majeurs. Si la loi de 1867 était de faire le libre-échange franco-anglais, celle de 1966 doit être mise en relation avec la création du Marché commun. Il faut à présent envisager d'assurer la compétitivité juridique de la France par rapport aux systèmes d'inspiration anglo-saxonne d'un côté et germanique de l'autre, dans le contexte de marchés financiers totalement interconnectés et d'une liberté de plus en plus large de localisation des activités économiques. De nombreuses propositions de réforme ont vu le jour ces dernières années et témoignent d'une insatisfaction croissante. Ces propositions émanent aussi bien des professionnels, des pouvoirs publics, groupes de travail de la chancellerie, rapports de la Commission des opérations de bourse, du Conseil économique et social, des magistrats, notaires, avocats, experts-comptables, commissaires aux comptes et parlementaires. En conséquence, M. Philippe Marini demande à Mme le garde des sceaux, ministre de la justice, quel est le devenir de la réflexion initiée par son prédécesseur sur la modernisation du droit des sociétés. Il lui rappelle qu'un avant-projet de loi inspiré du rapport qu'il avait remis au Premier ministre, le 13 juillet 1996, résultant de sa mission parlementaire, a été établi. Il lui demande aussi le devenir de ce texte.
N° 26. - M. Léon Fatous souhaite interpeller oralement M. le secrétaire d'Etat à la santé sur le retard en matière d'équipement hospitalier dont souffre le département du Pas-de-Calais. En effet, il lui demande que le dossier de l'imagerie par résonance magnétique (IRM) mobile pour les hôpitaux de Calais, Montreuil et Arras soit réexaminé.
N° 28. - M. Gérard Fayolle appelle l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur la catastrophe de Port-Sainte-Foy et sur l'aménagement de la liaison routière et ferroviaire Libourne-Bergerac.
N° 31. - M. Jacques Valade rappelle à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie que l'évocation de la société de l'information est devenue systématique. L'informatique et ses applications les plus sophistiquées en constituent la base essentielle. Les étudiants, les enseignants, les chercheurs, maintenant les chefs d'entreprise et tous nos concitoyens, en deviennent les utilisateurs. Il convient, de ce fait, de mettre les enseignants, l'université et les universitaires en situation d'affronter cette mutation inéluctable et rapide des sciences et des techniques de l'information. Actuellement, l'enseignement de l'informatique au lycée - même s'il est assuré d'une façon satisfaisante - ne l'est qu'à partir d'un volontariat et de la bonne volonté de professeurs d'autres matières. Il en va de même, trop souvent, à l'université. Il importe, par conséquent, de mettre en place rapidement une réelle formation initiale pour l'enseignement de l'informatique au sens large du terme, et de la sanctionner par un CAPES et une agrégation en informatique, à l'image de ce qui a été fait pour d'autres disciplines, pour certaines de moindre rayonnement. Le développement de l'informatique n'est pas seulement lié à des investissements et à des équipements. Il dépend de la bonne maîtrise de la discipline et de la qualité des chercheurs et des formateurs dans ce domaine. Ces nouveaux diplômes seraient une bonne voie pour assurer la qualité des enseignements dispensés et permettraient un meilleur développement des innovations pédagogiques et des animations interdisciplinaires. Ils seraient un soutien considérable pour ces nouvelles technologies, permettant à notre pays de répondre au défi des nouvelles techniques de l'information et de la communication. En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui faire part de son sentiment sur l'opportunité de la création rapide de ces diplômes : CAPES et agrégation en informatique.
N° 32. - M. Paul Masson attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la santé sur la situation de l'hôpital de Pithiviers. L'hôpital de Pithiviers est frappé depuis le 4 juillet 1997 par une décision du directeur de l'agence régionale de l'hospitalisation du Centre. Les activités des services de chirurgie et de gynéco-obstétrique sont suspendues. Les chirurgiens opèrent à Etampes. Les personnels sont transférés. La maternité est arrêtée. Le secrétaire d'Etat à la santé s'est rendu à Pithiviers le 8 septembre. Devant le conseil d'administration de l'établissement, il a confirmé cette décision. Il a cependant laissé beaucoup d'espoir pour la maternité « symbole pour une ville », ainsi qu'il le déclara par la suite. Il serait heureux d'obtenir de M. le secrétaire d'Etat à la santé quelques précisions sur les mesures nouvelles envisagées en faveur de l'hôpital de proximité de Pithiviers et de sa maternité.
N° 33. - M. Franck Sérusclat interroge M. le secrétaire d'Etat à la santé sur la question de la stérilisation volontaire des sujets sains. Une telle intervention est actuellement impossible à pratiquer en France, une jurisprudence de 1920 condamnant cette pratique comme une mutilation volontaire. Pourtant, il s'agit, pour certaines femmes, du seul moyen de contraception. L'impossibilité découlant de la jurisprudence aboutit alors à des grossesses non désirées et à des interruptions volontaires de grossesse. C'est également le mode de contraception le plus utilisé dans le monde. Le Comité consultatif national d'éthique a indiqué dans un rapport n° 50 du 3 avril 1996 que trois solutions sont envisageables, sans montrer de préférence pour l'une d'entre elles : soit interdire toute stérilisation volontaire, soit n'en pratiquer que sur proposition du corps médical, soit, enfin, laisser la possibilité à toute personne d'utiliser cette méthode contraceptive après information et temps de réflexion. Il lui demande quelle est sa position sur ce sujet et s'il ne serait pas souhaitable, face à une question à laquelle les réponses de la société apparaissent très divisées, de permettre à chacun de choisir en conscience la solution qui emporte sa faveur.
N° 37. - M. Georges Mouly attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat au budget sur le problème, régulièrement posé, de la réglementation des débits de boissons en milieu rural. Compte tenu des nombreuses contraintes actuellement en vigueur, ce transfert se révèle toujours difficile alors que dans les villages le café demeure souvent de nos jours le dernier lieu de vie. Il lui demande donc s'il entend réformer cette réglementation ou tout au moins l'assouplir, ce qui permettrait d'aller au-delà des lois de 1987 et 1995.
N° 39. - M. Philippe Madrelle appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur la décision du groupe Nestlé de fermer son unité girondine de produits laitiers implantée sur la commune de Carbon-Blanc. Il lui rappelle que l'usine Chambourcy de Carbon-Blanc, implantée depuis 1971 emploie 223 salariés. Seul, un repreneur dans le secteur laitier serait à même de maintenir l'activité et les emplois sur place. En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui préciser les mesures qu'il compte prendre d'urgence afin de sauvegarder le site de Carbon-Blanc et ses emplois.
N° 40. - M. Jean-Claude Carle rappelle que Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement semble très attachée à la défense du milieu naturel et de notre environnement comme on a pu le constater par le biais de plusieurs décisions récentes et largement médiatisées. Notre territoire est confronté, au quotidien, à de multiples incohérences d'aménagement aux graves conséquences, auxquelles il conviendrait de s'intéresser. C'est le cas actuellement en Haute-Savoie, au nord d'Annecy, avec le projet de construction d'une ligne électrique à très haute tension dite « ligne Cornier-Onnex ». Sans nier la nécessité d'assurer une meilleure sécurité d'approvisionnement en énergie électrique du bassin annécien, le projet, en configuration totalement aérienne, fait toutefois l'objet d'une désapprobation unanime des élus locaux, de la population et du milieu associatif, dont la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (FRAPNA), depuis huit ans. Or M. le secrétaire d'Etat chargé de l'industrie vient de demander la réalisation de cet ouvrage dans les plus brefs délais. Cette double ligne électrique de 225 000 volts s'étendrait dans un cadre de vie exceptionnel, sur le territoire de huit communes et sur une distance de 12 kilomètres. En outre, elle serait associée à la construction d'un transformateur sur une surface de 25 000 mètres carrés. Ces ouvrages seraient situés, pour une part, sur des sites géologiquement instables ou sujets à des crues, voire sur des massifs forestiers d'intérêt communautaire. C'est pourquoi il lui demande de bien vouloir examiner ce dossier de façon toute particulière et de prendre les mesures adaptées et efficaces qui s'imposent, face à un projet largement disproportionné, tout à fait irrespectueux du milieu naturel et dont la réalisation en l'état constituerait un très lourd héritage pour plusieurs générations.

NOMINATION DE MEMBRES
DE COMMISSIONS PERMANENTES

Dans sa séance du mardi 7 octobre 1997, le Sénat a nommé :
M. Jacques Dominati membre de la commission des affaires sociales, à la place laissée vacante par M. Georges Dessaigne, démissionnaire de son mandat de sénateur ;
M. Jean-Pierre Raffarin membre de la commission des affaires économiques et du Plan, en remplacement de M. Jacques Dominati, démissionnaire.



Le Directeur du service du compte rendu intégral, DOMINIQUE PLANCHON QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Problèmes de sécurité
liés à la construction de l'autoroute A 54

49. - 1er octobre 1997. - M. André Vallet attire l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur les problèmes de sécurité liés à la construction de l'autoroute A 54 reliant Salon-de-Provence à Arles. Cette extension du réseau autoroutier a provoqué l'enclavement d'une cité scolaire regroupant 2 000 élèves, dont l'accès n'est possible que par un cheminement piétonnier particulièrement dangereux. La société concessionnaire, qui s'était engagée auprès du précédent ministre des transports à réaliser de nouvelles voies piétonnes plus sûres, semble aujourd'hui revenir sur cette décision. Il lui demande donc de bien vouloir lui indiquer quels sont les moyens qu'il entend mettre en oeuvre afin que ces aménagements soient effectués.

Aménagement des axes routiers de l'Allier

54. - 3 octobre 1997. - M. Bernard Barraux appelle l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur les problèmes que rencontre le département de l'Allier, notamment pour l'aménagement de la route Centre Europe Atlantique et la route nationale 7. Ces deux axes étant aujourd'hui totalement inadaptés à la circulation qu'ils supportent font en effet l'objet d'aménagement en voie express, mais le rythme de réalisation reste très insuffisant par rapport aux besoins. Pour la route Centre Europe Atlantique, l'aménagement en voie express a été déclaré d'utilité publique par décret du 4 février 1993 pour la section A 7-A 20, et par décret du 17 mars 1995, pour la section A 71-Paray-le-Monial. Les travaux prévus au cours de la période 1994-1998 dans les contrats de plan Etat-région ne permettront même pas de réaliser une seule chaussée sur les deux prévues sur la section Donpierre-Besbre-Digoin puisqu'un crédit complémentaire de 250 millions de francs sera encore nécessaire au titre du 12e Plan. Il lui demande de bien vouloir lui préciser le mode de réalisation et le calendrier envisagé permettant de répondre à ces besoins d'aménagement dans un délai n'excédant pas une dizaine d'années, tout en écartant un financement faisant appel aux collectivités locales. Il lui paraît en effet anormal que les collectivités locales participent au financement de ces aménagements de routes nationales qui relèvent de la seule compétence de l'Etat. Pour la route nationale 7, l'aménagement à deux fois deux voies a été déclaré d'utilité publique entre Cosne-sur-Loire et Balbigny par décret du 20 septembre 1995. Il lui indique que le retard pris est extrêmement important et que l'insécurité routière entre La Palisse et la limite de la Loire, en particulier, y est insupportable. On y dénombre, en effet, en cinq ans, sur une douzaine de kilomètres, environ 60 accidents corporels ayant fait 20 morts. Il lui demande, en conséquence, si le Gouvernement envisage de réaliser d'urgence le contournement de La Palisse-Saint-Prix et la section entre Saint-Prix et la limite avec le département de la Loire. Il lui précise qu'il conviendrait également d'établir un calendrier de réalisation de l'ensemble des aménagements et d'ajouter au programme déjà décidé les contournements de Villeneuve-sur-l'Allier et de Bessay-sur-Allier, afin que ces deux petites agglomérations ne constituent pas après la mise en service de l'autoroute en construction au nord de Cosne-sur-Loire des points noirs en matière de sécurité routière et de nuisance aux riverains.

Développement du réseau multimodal en Bretagne

55. - 3 octobre 1997. - M. Jacques de Menou alerte M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur la nécessité de développer le transport combiné rail-route, essentiel pour désenclaver la Bretagne. Aujourd'hui, en effet, le problème de l'éloignement ne se mesure plus seulement en termes de distance mais de temps. Seul un axe européen Ouest-Est au départ du pôle de Brest, pourrait encourager la vocation européenne des départements bretons et placer leurs produits à moins de douze heures du marché communautaire, leur permettant ainsi de rester compétitif en Europe. Depuis que le débat est ouvert, la Bretagne a toujours été écartée des cartes-simulations du réseau multimodal, la frontière ouest s'arrêtant à Rennes et à Nantes. Or il semble impossible que Brest, doté d'un aéroport international, d'un port de commerce dynamique, d'une passerelle Ro-Ro, soit en marge de cette chance de développement que constitue le transport multimodal. Le gouvernement précédent s'était déclaré favorable aux intérêts de la Bretagne et de la plate-forme de Brest. Il souhaite savoir si des mesures en faveur d'un tel développement multimodal au départ de Brest seront prises.

Plafonnement des aides à l'investissement touristique

56. - 3 octobre 1997. - M. Jacques de Menou alerte Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement sur le projet de plafonnement des aides à l'investissement touristique dans les zones éligibles à la prime à l'aménagement du territoire (PAT) et leurs conséquences sur les zones hors PAT. La notification initiale du régime d'aide cadre dans le secteur du tourisme désavantagerait gravement les zones hors PAT (aides plafonnées à 15 %, voire 7,5 % contre 30 % en zones PAT), dont l'activité touristique s'avère pourtant si nécessaire à leur développement. Il semble aussi injuste qu'inadapté à un aménagement harmonieux de notre territoire, d'écarter les zones hors PAT des projets de relance économique. Le développement n'a en effet de sens que s'il profite à tous.

Publication des décrets d'application
de la loi n° 97-179 du 28 février 1997

57. - 7 octobre 1997. - M. Claude Huriet demande à Mme le ministre de la culture et de la communication, porte-parole du Gouvernement, les perspectives de publication des décrets d'application de la loi n° 97-179 du 28 février 1997 relative à l'instruction des autorisations de travaux dans le champ de visibilité des édifices classés ou inscrits et dans les secteurs sauvegardés. Cette loi sera-t-elle limitée aux seuls permis de construire ou s'appliquera-t-elle aussi aux autorisations d'aménagement et aux permis de démolir conformément aux souhaits du législateur ? Par ailleurs, la composition des commissions du patrimoine et des sites sera-t-elle calquée sur la composition des anciennes commissions régionales du patrimoine historique, archéologique et ethnologique (COREPHAE) ? Quelles seront leurs attributions précises ? Auront-elles un rôle de structure de conseil en amont ou bien conserveront-elles les compétences actuellement dévolues aux collèges régionaux du patrimoine et des sites et aux COREPHAE, comme le suggère le texte voté par le Parlement ? Il appartient au Gouvernement d'apporter des réponses précises et rapides à ces questions. En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui faire part de ses intentions.

Situation critique des tribunaux de l'Hérault

58. - 7 octobre 1997. - M. Gérard Delfau interpelle Mme le garde des sceaux, ministre de la justice, sur la situation préoccupante des juridictions de département de l'Hérault et sur le mouvement de protestation et de grève qu'elle a suscité. Plusieurs faits l'expliquent : la forte croissance démographique, observée depuis le recensement de 1982, a provoqué la multiplication des plaintes. Le développement touristique du littoral y a ajouté les procédures liées à une augmentation considérable des accidents de la route et au contentieux de l'urbanisme. Enfin, les transits de population et l'éclatement des cadres de vie urbains et ruraux ont favorisé les transgressions de la norme. De récentes statistiques montrent des taux de délinquance et de crimes de sang supérieurs à la moyenne nationale, en liaison avec le haut niveau de chômage qui caractérise le Languedoc-Roussillon. Or les créations de postes n'ont pas suivi la même courbe ascendante. Aussi, les efforts courageux des magistrats et des personnels du greffe n'ont pu enrayer cette spirale. Le contentieux civil, par exemple, a doublé : de 4 261 dossiers en 1986, il est passé à 8 471 en 1996, mais l'effectif des magistrats, lui, est resté identique à celui de 1984. A cela s'ajoute le fait que le jeu des mutations et changements d'affectation fait passer le nombre de magistrats de 16 à 11,5 postes entre juin et octobre. C'est cette brutale aggravation qui est à l'origine de la grève du barreau. Pour leur part, les juges réunis en assemblée générale constatent dans une motion : « Nous sommes au-dessous de l'effectif dont disposait le tribunal de grande instance il y a quinze ans alors que dans le même temps, le volume d'activité a plus que doublé ». Il sait que des mesures sont en préparation dans les services pour compenser, au moins en partie, ces carences, et il l'en remercie. Mais au-delà, il voudrait connaître les intentions du Gouvernement pour commencer à corriger une inégalité choquante entre les moyens dont dispose cette juridiction et d'autres infiniment mieux pourvues. Il avait posé la même question, il y a quelques mois, au précédent gouvernement mais la crise qui vient de secouer le tribunal et la cour d'appel de Montpellier montre qu'il y a urgence.

Protection des riverains de l'autoroute A 6

59. - 7 octobre 1997. - M. Xavier Dugoin appelle l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur le report, en 1998, des travaux de revêtement de la chaussée de l'autoroute A 6, située entre les communes de Wissous et de Morangis. A défaut de la construction d'un mur antibruit - réclamé depuis de nombreuses années - ces travaux de revêtement, initialement programmés sur les années 1997-1998-1999, devaient permettre de réduire les nuisances sonores subies par les habitants des communes longeant cet axe autoroutier. En conséquence, il lui demande de bien vouloir préciser le nouveau calendrier des travaux de revêtement et de la construction du mur antibruit.



ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL
de la séance
du mardi 7 octobre 1997


SCRUTIN (n° 5)



sur l'amendement n° 6, présenté par M. Serge Vinçon, au nom de la commission des affaires étrangères, à l'article L. 111-2 du code du service national inséré à l'article 1er du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, portant réforme du service national (contenu des obligations du service national universel).

Nombre de votants : 317
Nombre de suffrages exprimés : 300
Pour : 219
Contre : 81

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Abstentions : 16.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (22) :

Pour : 15.
Contre : 6. - MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin, Mme Joëlle Dusseau et M. Robert-Paul Vigouroux.
Abstention : 1. - M. Guy Cabanel.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (94) :

Pour : 92.
Contre : 1. - M. Emmanuel Hamel.
N'a pas pris part au vote : 1. - M. Jacques Valade, qui présidait la séance.

GROUPE SOCIALISTE (75) :

Contre : 74.
N'a pas pris part au vote : 1. - M. René Rouquet (député).

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (59) :

Pour : 58.
N'a pas pris part au vote : 1. - M. René Monory, président du Sénat.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (45) :

Pour : 45.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9) :

Pour : 9.

Ont voté pour


Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Gérard Fayolle
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Jean-Pierre Lafond
Pierre Lagourgue
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
François Mathieu
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre


René Trégouët
François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Xavier de Villepin
Serge Vinçon

Ont voté contre


François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Marcel Bony
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Aubert Garcia
Emmanuel Hamel
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Dominique Larifla
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Baptiste Motroni
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Paul Raoult
René Régnault
Roger Rinchet
Michel Rocard
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
André Vezinhet
Marcel Vidal
Robert-Paul Vigouroux
Henri Weber

Abstentions


Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Danielle Bidard-Reydet
Nicole Borvo
Guy Cabanel
Jean Derian
Michel Duffour
Guy Fischer
Pierre Lefebvre
Paul Loridant
Hélène Luc
Louis Minetti
Robert Pagès
Jack Ralite
Ivan Renar
Odette Terrade
Paul Vergès

N'ont pas pris part au vote


MM. René Monory, président du Sénat, et Jacques Valade, qui présidait la séance.

Ne peut participer aux travaux du Sénat

(En application de l'article L.O. 137 du code électoral)

M. René Rouquet.
Les nombres annoncés en séance ont été reconnus, après vérification, conformes à la liste de scrutin ci-dessus.